Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 1 janvier 2019

LE LIÈVRE, L’ÉCUREUIL & LE LOUP

Petite fable affable D’après D. Allemand

Un grand lièvre, médecin de son état, 
Ayant, hélas, de maladie, perdu sa hase
Se morfondait, à tout heure à l’amer constat
De ne l’avoir pas curée de ses métastases ;
Il parlait même en tout lieu d’ « en finir »
Ayant échoué où il devait réussir.
Notre pitoyable s’en alla courir l’antre
Du loup pour s’offrir à sa gueule, ayant
Perdu sa raison de vivre, le ventre
Creux, le cœur las et l’âme vide. Mais en oyant,
Fort pantois, le quoi et le qu’est-ce de sa quête,
Cette mâle bête noulut de sa requête.

« Ne sachant ni tromper, ni feindre, ni mentir,
Je te refuse céans la mort ce que tu cherches :
Tu ne vois que ton passé, et en faux derche,
Veux que je fasse, pour que cesse ton pâtir,
Ce que tu n’oses te faire à toi-même.
Va de l’avant, et à nouveau aime :
Les remords et les souvenirs qui t’ont épuisé
Et t’engluent sont des nasses de naze friandes.
Inutile de me tenter, de me tantaliser :
Le stress est mauvais, je le sais, pour la viande ! »

Or, non loin de là, un jeune et bel écureuil
Devant l’Éternel, grand accapareur de provende
Geignait en la ramée, vivant un autre deuil :
Il ne retrouvait plus noisettes ni amandes
Amassées plus tôt en ses nombreux magasins
Alors que les treilles portaient encor’ raisins.
Il comprit alors qu’il ne pourrait prou survivre
Aux frimas prochains. Donc, pour hâter son trépas 
Il court chez notre Ysengrin, se dit las de vivre
Et, là, incontinent, se propose à ses crocs.
Mais sa piètre chair ferait un maigre rôt !

« Voilà une idée fort saugrenue, sotte bête.
D’abord parce qu’un vrai loup se fait fierté 
De ne devoir pitance qu’à soi, liberté
Qui fait que parfois je jeûne ou m’use gambettes
Pour, là, quelque potelé chapon chaparder 
Ou volailles voler sans trop y regarder.
Mais, las, je ne suis pas un vil croque-mitaine :
Au pauvre malchanceux effrayé par demain,
Comme au malheureux qui pleure comme fontaine,
Hanté par hier, je ne donne coup de main.
Qu’ils sachent qu’aujourd’hui est un présent qui offre
Des chances de regarnir leurs cœur et leurs coffres. »

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