L’Accrocheuse se meut, la Crocheuse se meurt
Sur les remparts d’Elseneur.
Ce soir, elle veut fuir la sueur du suaire,
Stèles, urnes et ossuaires
Elle qui fit bonne chère de tant de chairs
De disparus toujours chers
Sa tombe impavide attend, encore bien vide,
Fosse sans os mais si avide !
Il en est, hélas, ainsi, Mon Ami :
Puisqu’il faut aller à Dieu ou au Diable,
Ayant si bien servi ces vieux ennemis,
À laquelle des deux augustes tables
Mangera-t-elle, une fois endormie ?
Jamais ne le disent ni fresques ni retables !
Habillée de sapin, la Mort a faim, feint sa fin,
Se refusant à compter sans fin
Des ans ou à n’égrener que des jours pour des âmes
À faire passer à gauche, Dame !
La Faucheuse est fauchée de tant tuer le temps,
N’a plus du feu secret battant
Dans ses veines car elle a, le destin est funeste,
La vie dans le sang, cette peste !
Il en est, hélas, ainsi, Mon Ami :
Elle devait se vouer au Diable
Ou à Dieu, plus est, pas à demi
Pour les nourrir de gens inoubliables
Ou d’êtres irremplaçables voire, à mie
Et pis aux leurs, des plus indispensables…
En posthume, en l’éther du dernier sommeil,
Lassée des grands sauts, yeux vermeils,
Face macabre et robe funèbre, la Camarde
Ne veut plus aller à maraude et arde,
Sous sa capuche, jà, de vivre au fil de soi
Non à celui de lame aux abois,
De purger le purgatoire et d’orner les limbes
D’ailes blanches, de pâles nimbes,…
Il en est, hélas, ainsi, Mon Ami :
Sceptres en main, les dieux, les diables,
Se réconcilient sur son dos, l’anémient,
Dans leur soif de fantômes acceptables,
Poussières ou squelettes en semis,
Pour peupler Edens, Tartares pitoyables,…
Donc Thanatos, tas d’os, remit son sablier,
Ce bourreau des corps a oublié
Sa tête d’enterrement, ses souhaits et ses rêves :
Dans un ultime soupir, sans trêve,
Elle roule à tombeau ouvert vers des trépas
De fêtes, des glas sans appâts,…
Celle qui a toujours le dernier mot cède
À ceux pour qui elle intercède.
Il en est, hélas, ainsi, Mon Ami :
C’est elle-même en l’âme, pour Diable
Et Bon Dieu redevenus amis,
Que l’Immortelle se remet à table,
En bonne camarde, le teint blémi,
Cafardeuse et impitoyable…
Ce fut le chant du signe de son bon vouloir,
La limite de son pouvoir :
La Porte-Faux en porte-à-faut, décharnée, blafarde
Éradique depuis, ne tarde
À faire agoniser de futurs macchabées athées
Et tout dernier souffle hâter.
Sans savoir-vivre, elle reprend goût à l’envie,
Partout, pour tous, d’ôter la vie.
Il en est, hélas, ainsi, Mon Ami :
C’est la faute à Dieu et au Diable,
Si l’on s’éteint, lors, cruelle infamie,
D’une étreinte de celle qui, charitable,
Tomba sur un os car, sans prud’homie,
Voulant une morte-saison à son état…
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