Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 30 juin 2021

MÉCHANT HAÏKU

Ne vous retournez pas sur ce qu’on dit dans votre dos… vous seriez obligé(e) d’y faire face !

mardi 29 juin 2021

AÏE, HAÏKU BAS

Tout ce qui est petit est dangereux car c’est, las, que le bas blesse !

LE MIÈVRE & LA TORDUE

Petite fable affable d’après Le lièvre & la tortue
de J. de La Fontaine (Fables, VI, 10)

Rien ne sert de mourir ; il faut partir à point.
Le Mièvre et la Tordue nous en font témoignage.

« Gageons, dit-elle : ma mort fera plus de foin
                                                    Que la vôtre ! 

                         - Fi, que la mienne !… À ton âge,
Mamie ? Fit-il gai comme un geai.
Qu’importent les vieux objets
Comme les antiques amphores !

- Si c’est vol qu’un pari l’honore ! »

On misa donc et chacun d’eux
Mit sa vie en péril par jeu.
Savoir comment ? La belle affaire !
Mais arriva vite leur fin.

Celle du mièvre n’a pu, las, satisfaire
Que la gazette et les ragots de ces confins
Et on oublia jusqu’à son nom en sa lande
Où reprirent les sarabandes.

On pleura fort la tordue, à n’en pas douter,
Sans radoter ni filouter.
Car c’est toujours ainsi lorsque se tue
Ou meurt le moindre fondateur
D’une dynastie de tortus
Qui fait la joie du spectateur
En scènes ou cirques faisant pâmer l’auditoire
Sans toujours offrir fortune et gloire.

C’était là son baroud d’honneur :
Les mièvres ne firent pas de pause
À moquer cette « étrange chose »,
Qui rêva d’ « être quelqu’un » toute sa vie.

Son décès lui donna la gloire hors ses bruyères :
On la remarquait enfin, commentant à l’envi
Avec maints éloges sa longue carrière.
Mais put-elle jouir d’avoir ainsi raison ?
Nenni !… Le prix de la justesse
De vue vaut-elle la tristesse
D’un deuil venu avant saison ?

lundi 28 juin 2021

HAÏKU DE FILE

Les réseaux sociaux sont d’étranges machines à laver les esprits : ils aiment à blanchir les coupables et à salir les victimes.


dimanche 27 juin 2021

VOUS - S’HAÏKU - RIRE

Est-il si important que je sois insignifiant ?

ON A LA NUIT

Sur « We’ve got tonight » de Bob Seger rendu
 populaire par Sheena Easton et Kenny Rodgers

Sous ces étoiles le ciel est clair
Nos solitud’ sont en cavale
Mettons les voiles et prenons l’air
Cette quiétud’ nous est un châle

Sous ces étoiles soyons éclairs
D'un' multitd' d'amours florales
On a la nuit pour s’faire un chemin
On a la nuit viens
Jusqu’à demain.

Viens donc mon cœur parmi les ombres
Marions donc nos âmes sœurs
Soyons vainqueurs de la pénombre
Loin des quelconqu’ et des jouisseurs
Loin des railleurs et loin du nombre
La lune luit toute en douceur

On a la nuit pour s’faire un chemin
On a la nuit viens
Jusqu’à demain.

Sous ces étoiles le ciel est clair
Pas d’inquiétud’ de peur triviale
Mettons les voiles et prenons l’air
Aux prés d’Auclair
On a la nuit pour s’faire un chemin

Zéphir fait choeur pas d’malencombre
En ramée s’meurt et se fait sombre
On a la nuit viens
Jusqu’à demain…
Et d’autr' demains.

samedi 26 juin 2021

HAÏKU PLEUREUX

À tous ceux qui me trouvent « complètement con », je rappellerai qu’ayant épousé une femme je ne suis, techniquement, que « la moitié d'un con » !


vendredi 25 juin 2021

LE SIEN HAÏKU

Certains parents envahissants oublient qu’ils sont « de notre famille » et non « notre famille ».

PÉPÈRE, LE RESPECT S’PERD !

Petite fable affable d’après Confucius

Les tous premiers frimas, avec art, treillent
Givre et glace aux végétaux soudain figés.
L’été dormira donc sur l’une et l’autre oreille,
Somme simulé qui annonce, pour les moins âgés,
Le temps de l’école revenue au grand chêne.
Toutes les bêtes y vont et au savoir s’enchaînent
Sous l’égide et la houlette du Maître Hibou,
Sage savant qui, sur tout, sait tout, les p’tits bouts !

La journée finie, on viendra chercher sa marmaille
Pour rentrer chacun en sa chacunière. Au chaud.
Ce soir-là, Dame écureuil qui avait eu maille
À partir avec son tricot retrouve, en son poncho,
Son fiston qui allait quitter son bon et brave maître
Sans même le saluer d’un mot que fait naître
La politesse sur toutes les lèvres bien
Éduquées. Ce même chez les amphibiens.

Elle tance fort vertement l’impoli qui baisse,
Contrit, les yeux et qui lance à la volée
En guise d’excuse : « Mais les autres, eux ils laissent
Tout et tous sans saluer ni sans affoler
Leurs parents pour autant !

                                     - Que m’importe « les autres » !
Je ne t’ai pas élevé comme ça, graine d’épeautre !
La Civilisation sans civilité
Comme la vie en ville sans urbanité
Est insupportable ! Si tu ne le fais guère
Pour « les autres », fais-le donc pour toi :
Rester policé est toujours de bonne guerre
Dans un monde rustre et un temps grossier
Ça reste la gloire des gens comme il sied. »

Dans un sourire le Hibou, moins philosophe
Que résigné, par ces mots la mère apostrophe :
« Ma Noble Dame, n’oublie pas que ton enfant
Est moins ton fils que celui, je le déplore,
De son temps où le maroufle, hélas, est triomphant
Et la goujaterie un art de vivre même chez Flore ! »




















Illustration : Elisa Stagé, printemps 2020

mercredi 23 juin 2021

HAÏKU PAR EN-DESSOUS

Pour tout usager de l’autoroute, le péage a tout du pillage !

J’AIME À VIBRE LIVRE…

Le ciel a remis sa tenue de novembre,
Ses habits de pluie, gris sombre et ombre d’ambre.
Las, je me drape alors dans un corset de mots.
Dans leur rugosité et dans leur crudité,
Je glisse le corps de ma vie et de mes maux,
Mettant mon cœur à vif, dans sa natureté.

Alors, le front face à la coupole céleste,
J'écris sans en attendre rien. Souvent preste.
J’écris sans me croire écrivain. Peut-être en vain.
Je gratte et noircis du blanc pour que disparaisse
Mon tourment, portant ma plume au bord du ravin
Qu’est cette plaie avec des lettres sans adresse.

Je rime encore, les cieux pleins les yeux,
Devant le dôme divin, en fils des dieux
Du Parnasse, marchant en phrases inégales
Sur l’azur, de l’éther plein mes poumons séchés,
Au-dessus des souffles chauds de ces vents qui râlent,
Déambulant entre les nuées éméchées.

Je vis alors au-delà des saveurs des villes
Évitant serviles fumées, fumerolles viles.
Dans cet impalpable je vais, et je viens,
Evanescent comme l’atmosphère est vaporeuse.
Je suis ombre dans la lumière, rien
Dans ce grand Tout où se traînent vos vies peureuses.

L’esprit vagabondant et le cœur cheminant,
J’y cherche les muses qui vont se chagrinant
De n’être plus les élues de tous les poètes 
De ce monde et de ce temps, foulant aux pieds
Les cimes de ces clochers auxquels, en bluettes,
Vous êtes accrochés comme au sol les pourpiers.

J’avoue : mes Champs-Élysées sont en cet Olympe,
Empyrée interdit aux porteuses de guimpe.
Et puis mon âme harassée, au point final,
Quitte ces limbes, secret et serein asile
Où elle s’était recluse. Hélas au banal
De mes jours je retourne. Et, là, mon cœur s’exile…

mardi 22 juin 2021

lundi 21 juin 2021

FOL HAÏKU

Dans notre médiacratie, pour un mot on est jugé sage ou sot…

LE JARDINIER & LE ROUGE-GORGE

Petite fable affable

Un jardinier marnait dur sur son lopin,
Laissant vaquer, ici ou là, ses lapins
Ou sa volaille sans gourmander gourmandise
Des uns ni se lamenter du lourd labour
Des autres. Ce n’était là ni feignardise
Ni balourdise, comme on croyait au bourg,
Mais le simple et véritable amour des bêtes.
On comprend mal ça chez les faucheurs d’herbettes.

Un rouge-gorge venait à piauler
Souvent auprès de lui, sans s’affoler.
L’homme lui répondait et ainsi, les minutes
Passaient vite au travail à tant discuter
Parfois fort, et souvent haut, mais sans dispute.
Cela le faisait passer pour un « pas futé »
Auprès des voisins qui avaient vu la chose
Et, las, s’en gaussaient jusqu'à l’overdose.

« Vous parlez bien à vos chats, à vos ânes,…
Sans qu’on vous envoie illico à Sainte-Anne !
Et ils vous répondent sans doute moins bien
Et vous aiment moins vous que votre pitance,
Que mon ami même s’il n’est pas chrétien ! »
Et il partait retrouver l’accointance
De son matou avec il partageait logis,
Repas et monologues d’anthologie.

Un matin, après leur rurale causette,
Ayant épuisé l’habituelle gazette,
Ils allaient se quitter, fort satisfaits
De l’autre et d’un moment né des fées, sans doute
Quand le seul compagnon du coupeur de haies
- Jalousie, mesquinerie ou casse-croûte
En retard - d’un saut prompt et précis occit
L’oiseau distrait en vrai félin sans merci.

Il prouvait au bon jardinier en larmes
Devant ce crime commis sans nul vacarme,
Que le chasseur sommeille dans l’animal
Le plus domestique et que, plus que ce mal,
Les amis de nos amis, mes chers apôtres,…
Ne sont pas nécessairement les nôtres.

dimanche 20 juin 2021

samedi 19 juin 2021

HAÏKU D’HIER

Ne pleurons pas le passé : il a fait son temps !

HALALLI À LA LIE ?

Mon ami, si pour toujours ton enfant,
Cervelle d’oiselle, yeux de faon,
Reste hermétique aux mathématiques,
Et fait l’amnésique en cours de physique, 
Ne t’en afflige pas plus que ça :
Il n’est pas né pour être forçat !

S’il se montre allergique, aphasique
À leur « éducation physique »,
Allons, pas de crainte et pas de peur
Et s’il ne sort pas de sa torpeur,
Lorsqu’il doit faire langue espagnole,
Encore endormi ou tartignole,
Ne t’effraie pas : sans sobriété,
Il va végéter en S.V.T. !

Et s’il reste  étranger à l’anglais
Comme au français qui est pis que plaie
Pour lui, c’est là, chose normale.
À son âge c’est même une animale
Réaction face au monde qu’il sait
Devenir, demain, sien, tout d’excès
N’offrant ni horizon ni succès.

Que l’enseignement informatique 
Lui reste à jamais antipathique,
Qu’il fasse ce dont il a envie :
Pour devenir, las, « chômeur à vie »,
Il n’a nul besoin de vain diplôme,
De ce bac’ sans valeur ni arôme !

jeudi 17 juin 2021

SÈM’HAÏKU

Qui se plante n’en pousse que mieux.

LA BAIGNEUSE

Petite fable affable

Un marin surprit une belle baigneuse,
Dans l’aurore rosée, à ses ablutions.
Dans sa natureté. Des plus avantageuses.
Taille faite au tour, ventre sans tension,
Poitrine généreuse et minois de rêve
Sous des cheveux d’or, follement dénattés.
À l’instant, il l’aurait aimée sur la grève
Si pareille opportunité lui avait été 
Permise. Étant des hommes qui ne savent
Prendre que ce qu’on leur donne, lui, il s’abstint.

Alors, en pêcheur sachant un bon coin, grave
Et heureux à la fois, ce gabier revint
Voir, à l’aube, en douce, cette Vénus presque 
Sortie des eaux. Et il la trouvait toujours 
À sa toilette, en vraie coquette de fresque,
Laissant, dans la naissance d’un nouveau jour,
Deviner la part de son corps plongé dans l’onde.
Il s’enhardit enfin et donc l’aborda. 
Elle ne s’effaroucha le moins du monde.
À son beau bagou, elle offrit un « Oui da ! »

Sans cérémonie, le caboteur embrasse
Sa beauté, la soulève pour la porter
À terre. La stupeur aussitôt le terrasse…
À mi-corps, sa si belle sublimité
N’était qu’écailles et queue !… Las, il la rejette
Et heurte le peuple des mers, révolté.
« Que voulez-vous que je fasse d’une sujette
Mi thon mi-morue !… fit-il aux insultés.

- Quand on aime comme tu dis “aimer”, Homme,
On aime jusqu’aux “défauts” de l’être aimé !
Réplique Triton appelé à juger le Guillaume.
Si voir n’est pas savoir, quoiqu’on n’en puisse mais,
Voir à demi est savoir moins que mie, Gnome : 
Nos sens nous trompent parfois, le coeur jamais ! »

mardi 15 juin 2021

HAÏKU DE POIX

Les blancs-becs d’aujourd’hui sont plus doués plus lever de la fonte qu’une fille !

TA MAIN…

Je ne lâcherai pas ta main,
Quel que soit le mal ou l’obstacle
Qui nous attend en nos demain.
Dans l’horreur ou dans la débâcle,
Nous continuerons le chemin
Loin des oracles sur parchemins
Et des noirs devins en cénacles,
Jaloux, sots comme maints gamins,…

Je ne lâcherai pas ta main,
Même si nous vient l’embâcle
De ce sentiment si commun,
Que ma plume porte au pinacle
Tant j’ai âme et cœur au termin.
Pour les mortels, c’est un spectacle
De nous voir la main dans la main
Malgré le Temps et tous ses tacles.

Je ne lâcherai pas ta main.
Que l’on ne crie pas au miracle !
Sur tes pas était mon chemin
Que tu as bordé de jasmin ;
Et ma vie vouée au pentacle
Tu coloras lors de ton carmin,
Comme en mes jours semas ormin ;
Plus besoin de vains tabernacles…

dimanche 13 juin 2021

HAÏKU DEMAIN

On demande, de plus en plus tôt, à nos adolescents, quelle sera leur future « orientation professionnelle » alors qu’ils sont à l’âge où seule les préoccupe… leur « orientation sexuelle » à venir !


DE VRAIS FAUCONS ?

Petite fable affable

Voulant être remarquée sans faire 
De chose remarquable, une paire
D’amis, de naissance vrais faucons,
Voyait ce monde comme infécond
Si elle n’y mettait son grain de sel âcre
Dans des liens fleurant simulacre.

Familiers sans être amicaux,
Quand le moins sage des animaux
Est amical avec ses prochains et proches
Sans être familier, fils de roches
Et de chaos, ces rapaces voulaient
Qu’on voie cette Terre qu’ils survolaient
Et, pis, les Cieux qu’effleuraient leurs ailes
Comme ils les voyaient. Et avec leur zèle.

Et ils avait beau être de ceux qui,
Se frappant le crâne en en quelque Pâquis
Contre un pot, entendant ce pauvre vase
Sonner creux, estimaient, avec emphase,
Que ce-dernier était vide hélas.
Il s’obstinaient pourtant en leur atlas…

Froids, frappant du bec comme de la serre
Nos prosélytes n’eurent que viscères
Assez vite à convertir ici-bas.
Et ainsi s’acheva leur vain combat
Dont l’issue mit leur Dieu en colère :
« Ne suis pas, Pilote, cette galère !
Qui, en mon saint nom, de haines fait don,
Ne mérite ni paradis ni pardon ! »

vendredi 11 juin 2021

HAÏKU LASSE

Lorsque les mots perdent leur sens les maux n’ont plus de sens !

NOCTAMBULISME

Quand la nuit sèmera là ses ombres,
Au gré de tous ses souffles les plus sombres,
Refleuriront cent mille étoiles nues.

Dans le silence bien froid des nues,
Prairie de nos rêves, Dame la Lune,
Toute en faucille d’argent importune,
Les fauchera pour m’offrir quelques vers
Dorant jusqu’aux plus noirs de mes hivers.

Ces gerbes feront la bonne fortune
De mes jours si gris quand, une à une,
Elles s’effeuilleront sur les décombres
Des souvenirs qui, déjà, trop m’encombrent.

jeudi 10 juin 2021

mercredi 9 juin 2021

HAÏKU À TITO

L’Homme a apprivoisé le chat… qui l’a domestiqué !

LA CHAUVE-SOURIS PLUS

Petite fable affable

« Ne parlez jamais de vous, ni en bien, car on ne vous croirait pas,
ni en mal car on ne vous croirait que trop. » Confucius

La nature les fit semblables, 
Et la vie, las, si différents,
Ces deux-là, animaux errants,
Qu’on croit, las, voués à Diable.
Elles étaient chauve-souris.

L’une avait l’humeur au gris,
Aveugle au malheur d’autrui,
Et insensible à ses cris
Ou souffrances. Plus qu’aigrie,
Elle se voyait fort grande
Car, vu d’en haut, dans les brandes,
Tout vous paraît si petit,
Mesquin et, pire, aplati !

L’autre était serviable,
Pleine d’allant, agréable,
Avec ses sœurs fort ployable.
Donc elle était de leurs tables
Et de leurs frairies aimables.
Jalousée par la chameau,
Elle eut avec elle des mots,
Et des plus désagréables.
Ce qui est fort regrettable.

La rejetée n’a pas ri
Quand l’autre, de guerre lasse,
Lâcha qu’elle n’aurait place
Dans aucune confrérie.

« Et pourquoi donc, la Causeuse ?

- Car, si on met un fruit
Blet, pourri ou que ver creuse
En panier, il nuit
Aux siens sains qui s’y trouvent
Sans que jamais ceux-ci
Ne bonifient, Fleur de flouve,
Ses frères… Fin d’arguties ! »

lundi 7 juin 2021

HAÏKU ROND

Notre monde tourne moins rond depuis qu’il s’est aliéné à la ronde des heures…

NOUVELLES DU CAVEAU

Le poids froid de ma stèle
Pèse lourd sur mes mots,
Les place sous tutelle
D’instincts animaux.

Aussi libre que l’ombre,
 La nuit de mon cercueil
M’offre espoirs de pénombre
Et maigres jours de deuil…

L’abîme de ma tombe,
Las, me happe déjà
Et, sans art ni fard, plombe
Mon temps restant, béat.

Ici-bas, en ce monde,
Il n’est pire linceul
Que foule qui abonde
Pour qui se sent tout seul…

samedi 5 juin 2021

HAÏKU LAS

S’il est des pays qui sont des puissances, leurs peuples ne sont souvent qu’impuissance.

LE LAPIN DE VILLE & LE LAPIN DES CHAMPS

Petite fable affable d’après Le rat de ville & le rat des champs
J. De La Fontaine, Fables,  I, 9

Ce jour le lapin de ville
Convie le lapin des champs,
Parent certes un peu débile,
En son clapier de ciment.

Loin des garennes, des maquis,
Il ne fait q’un mètre à demi…
Ça laisse à penser la vie
Qu’on mène en pareil réduit.

On mangea granules, et non bettes,
Ou trucs ayant goût de brin ;
On but du jus de purin
Non eau courant l’herbette.

Serrés dans cet antre sale,
Empli d’odeurs et de bruits :
On devient chevaux en stalle,
Aveugles au jour à la nuit.

L’hôte des champs se retire
De ce lieu au plus tôt,
Édifié, mais n’osant dire
La raison hâtant son trot.

« C’est trop ! pensait le rustique.
J’ai peu, certes, en mon chez moi,
Mais l’air jamais ne me pique
L’œil, ne met ma glotte en émoi,…

Et si Renard peut interrompre
Ma repue, tout à loisir,
Je vis selon mon plaisir
Et sans rien pour le corrompre… »

jeudi 3 juin 2021

PAS D’HAÏKU !

Ce qui me fait ch…, je le confesse, c’est que ce que pensent les trous-du-cul n’est souvent pas sans fondement.

PAROLES D’EN BAS

Cycle pyrénéen

La montagne a mis son col d’hermine,
Pour mieux étouffer tous mes mots
Plus noirs qu’une galerie de mine.
Ils ne souilleront pas les rameaux
Blanchis accrochés à la muraille
Ni leur lourd manteau dèjà sans faille.
 
Mes vers, dès lors, resteront terrés
Aux vallées des pensées et des songes,
Car gravir la feuille inaltérée
Pour devenir l’un de mes mensonges
Couchés sur quelque papier blanc
Leur est aventure en faux semblant.

Froide ascension, chute glaciale
Ne m’intéressent plus. Fin des rappels.
Plus de ces randonnées spéciales,
Cœurs encordés, de lointains appels
Lancés de mon versant vert au vôtre
Je laisse cimes et pics à d’autres…

mardi 1 juin 2021

HAÏKU NIT

Le plaisir se cueille, la joie se glane mais le bonheur se cultive…

LE CRÉPUSCULE D’UN MONDE

Petite fable affable avec l’aimable
- et involontaire - complicité d’Élisa

C’était un mardi, s’il m’en souvient.
Il faisait alors un temps de chien ;
Un de ceux donc où l’on ne saurait mettre
Un chat dehors. Pourtant fuyant son maître
Ce félin, l’insomnie faisant son nid
Au cœur de sa nuit vaquait. Sans déni
C’était prendre un gros risque à l’heure où d’autres
Habillent leur sommeil de rêves, vautrent
Dans des songes fous les si tristes jours
Qui font le fil du terrestre séjour.

C’est ainsi que Matois, nom du noctambule
Matou, tint un vrai conciliabule
Avec Cocoterine au poulailler
Voisin. Car, quitte à être prou raillée,
Elle refusait de mettre la tête
Sous l’aile  à la nuit tombée : pas bête,
Selon ses propres dires, la pluie lustrait
Son plumage, embellissant ses attraits.
Vu sa couleur, cette piquante poule
Se disait « de Roussie », morguant toute foule.

« Pourquoi ce col hautain et cet œil méchant ?
Fit le chat dans son parler qui est chant.
- Mais parce que je m’aime et, plus, que moi n’aime.

- Rien ne vaut « l’amour des autres ». Il mène
Mes pattes à toi, ce soir, car pour mon bon
Hôte je cherche un présent. 

- Vagabond,
Sache que « l’amour des autres » est fugace
Sensation, « l’amour de soi », s’agace
L’emplumée, un durable sentiment !

- … Qui ne va guère loin, bel excrément
De fumier, qu’au bout de sa vie propre !

- Qu’y a-t-il donc après, dis-moi, Mal-Propre ?

- Mais le souvenir qu’on laisse de soi,
Plus chaud que laine et plus doux que soie ! »

Et il estourbit du croc et des griffes
La beauté égoïste pour l’offrir
À la main qui le nourrit sans coup férir.
Celle-ci la dédaigna mais, sans paraître,
 Le propriétaire du volatile, être
Vindicatif, a tout vu. Et ainsi
Naquit une querelle de gens rassis,
Une de ces guerres de voisinage
Qui, las, se perpétuent à travers les âges
Pour « l’amour des autres » prôné tout haut
Par un chat, bon apôtre un peu chameau…