Petite fable affable
Un jardinier marnait dur sur son lopin,
Laissant vaquer, ici ou là, ses lapins
Ou sa volaille sans gourmander gourmandise
Des uns ni se lamenter du lourd labour
Des autres. Ce n’était là ni feignardise
Ni balourdise, comme on croyait au bourg,
Mais le simple et véritable amour des bêtes.
On comprend mal ça chez les faucheurs d’herbettes.
Un rouge-gorge venait à piauler
Souvent auprès de lui, sans s’affoler.
L’homme lui répondait et ainsi, les minutes
Passaient vite au travail à tant discuter
Parfois fort, et souvent haut, mais sans dispute.
Cela le faisait passer pour un « pas futé »
Auprès des voisins qui avaient vu la chose
Et, las, s’en gaussaient jusqu'à l’overdose.
« Vous parlez bien à vos chats, à vos ânes,…
Sans qu’on vous envoie illico à Sainte-Anne !
Et ils vous répondent sans doute moins bien
Et vous aiment moins vous que votre pitance,
Que mon ami même s’il n’est pas chrétien ! »
Et il partait retrouver l’accointance
De son matou avec il partageait logis,
Repas et monologues d’anthologie.
Un matin, après leur rurale causette,
Ayant épuisé l’habituelle gazette,
Ils allaient se quitter, fort satisfaits
De l’autre et d’un moment né des fées, sans doute
Quand le seul compagnon du coupeur de haies
- Jalousie, mesquinerie ou casse-croûte
En retard - d’un saut prompt et précis occit
L’oiseau distrait en vrai félin sans merci.
Il prouvait au bon jardinier en larmes
Devant ce crime commis sans nul vacarme,
Que le chasseur sommeille dans l’animal
Le plus domestique et que, plus que ce mal,
Les amis de nos amis, mes chers apôtres,…
Ne sont pas nécessairement les nôtres.
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