Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

dimanche 30 novembre 2014

HAÏKU S’MOSS

Paradoxalement, on dit de quelqu’un d'âgé qu’il est « sur le retour »
alors que la vie n’est qu’un aller simple ?!

samedi 29 novembre 2014

HAÏKU’IN DU BOIS

Je voudrais vivre et pas seulement exister !

C'EST INOUBLIABLE

Sur Unforgettable (I. Gordon)

C’est inoubliable,
Ces premières fois
Tout’ inoubliables
Qui donnent la foi…
Le premier faux-pas
Ou des derniers mots,
 Le premier trépas
Qui vous font, en maux,
Différent d’avant,
Moins moulin à vent,
Plus savants.

C’est inoubliable,
Ces tours de la vie
Tombant sur le râble
Qui ôtent l’envie
De vivre ou effraient
Une âme friable
Offrant au Diable,
Ogre insatiable,
Les pires moments,
Faits inoubliables…

(Ça nous vient souvent
Comme un coup de vent
Aggravant)

C’est inoubliable,
Ces seuils de la vie,
Récurrents décès
De soi, tous servis,
Las, jusqu’à l’excès
C’est incroyable,
Ces deuils en suivis,
Tous inoubliables
Qui nous font la vie,
Passage oubliable…
Et fable.

vendredi 28 novembre 2014

RE HAÏKU NAISSANCE

Souvent, les gens qui prétendent avoir mauvaise mémoire,
se souviennent parfaitement de ce qu’on leur a fait de déplaisant
mais ont oublié quand ils ont offensé ou blessé.

jeudi 27 novembre 2014

HAÏKU S’TÊTE

En un mot offensant, votre avis, je m’assois dessus, ce qui est une façon élégante de vous dire que je me le mets au cul !

ENVOL PRIS À LA VOLÉE

Hélas, délaissant la rose pour sa tige,
Deux papillons, fleurs de satin qui voltigent,
Déploient, aux nues, leur éventail revêtu de soie
Aux couleurs de vitrail et aux yeux surpris.
Fugace et gracile, leur fol entre-soi
Froisse l’air dans un vol vif, aux vents vains, pris.
Loin, il laisse à nos rétines les vestiges
D’une beauté qui vous donne le vertige.

L’illusion est partie comme elle est venue,

Sans bruit et sans bris, à peine reconnue,
Elle est veloutée, rappelant la caresse
D’un regard posé avec délicatesse,
Et fragilité, appelant la tendresse
Des pensées fleuries au jardin des tristesses.
Quand ces rêves s’envolent, la vue est nue,
Privée d’un doux plaisir, simple et bienvenu.

mardi 25 novembre 2014

HAÏKU RIS D’AGNEAU

Une beigne… et ça baigne !


Dessin : David Sanjaume, 3 décembre 2014

ON NE PEUT PIS…

Petite fable affable

Un oiseau, au loin, déjà discourt
Alors qu'une encre âcre et noire court
Sur la page d’une autre nuit blanche.
Accroché au bras mort d’une branche,
Près d’un gave étourdi de remous,
Une pie broie du noir, fait la moue.
Cette concierge, à l’accent rustique,
Épie ses voisinage et pratique,
Prête à clabauder, sur tout et rien,
Avec de vrais faux airs victoriens.

Elle était de ce sottes caillettes
Que pas assez de police inquiète 
Et, las, que trop de police effraie.
Passe un papy dans le matin frais,
Elle accueille ce flapi amène
Comme on le fait d’un énergumène,
Avec pour tout miel son fiel,
Lui qui vient baigner ses yeux de ciel.
Sans répit, cette harpie harcèle
Du ton aigre des voix de crécelle.
« Quoi ? glapit le tasteur de chenin,
Des mots à sève de venin ?
Chipie, ce sont là des manières
De vile et vaine poissonnière ! »
Aimant se faire Madamer,
La voilà dépit d’être blâmée,
Aussi cette toupie dit de l’homme
Qu’il était sans gain, hippie en somme.
Car pour femme de mauvaises vues,
Toute est faute, erreur ou bien bévue.

On tint donc, dans la Vallée, concile
Contre ce vieux-là si peu facile,
La pie le dit donc monstre et impie ;
Ses groupies le voulaient au tapis,
Ayant la faconde assez féconde
Mais la pensée bien moins profonde
Que leur ample décolleté.
Notre Vieux alors s’est révolté,
Il était sans roupie mais honnête,
Poli,… et pas pour la dandinette.

Un brin brouillon et un rien bavard,
Il évitait crevards et louvarts,
 L’esclandre comme l’échauffourrée,
La pie en traquenard l’a fourré,
Il était victime du paraître.
Quant à Dieu, pour ne pas être
En délicatesse, que c’est mignon !,
Avec qui se dit « l’Opinion »,
Il préférait, et de loin, se taire
Mais ajouta, un peu terre-à-terre :

« Tout croyant vient un jour à douter,
Même au sein de la béatitude.
Les autres n’ont rien à redouter,
Ni à questionner leurs attitudes,
Leurs pensées donc, ont la quiétude ;
Mécréants, athées,… sont arc-boutés
Eux, dans un carcan de certitudes ! »

lundi 24 novembre 2014

HAÏKU’IN COIN

Il faut attendre des lustres pour que la lumière
vienne d’une discussion entre personnes peu brillantes !

dimanche 23 novembre 2014

HAÏ(ka)KU

À attendre que la vie nous offre des opportunités,
on oublie de se les créer.

AU MATIN

Astres soudain éteints
Dans le lointain,
La nuit, las, a roulé sans la moindre oraison
L’ombre sans tain
De ses long draps déteints
Sur le lit de la mer embrassant l’horizon.

Une nuit, là, s’endort, 
Au rouge essor
De rayons lamant d’or l’air clair et lumineux,
Impalpables trésors
D’un messidor
Aux contours et abords flous et vertigineux.
Soleil d’étain
Nuançant le platin,
De roses épineux et d’ocres affamés,
Tu viens, las, ce matin,
En ton latin,
Porter du matineux dans la ramée.

Venant toujours, 
Rapace est le jour,
Surpiquant pli et bords de reflets indolents,
Gommant l’entour
D’une lune polie,
Assoupie, pleine encor’ de rêves somnolents.

Astres enfin éteints
Dans le lointain…

Illustration : Camille Lesterle, 29 décembre 2014

samedi 22 novembre 2014

vendredi 21 novembre 2014

HAÏKU NU

Le chemin le plus court pour faire entendre raison
à une femme n’est jamais celui que l’on prend !

L’ÉTOURNEAU ÉTOURDI RETOURNÉ

Petite fable affable

Pour le pays des soleils généreux
Où, venue à toute tire d’ailes,
Vient se blottir l’errante hirondelle
Et courent des varans véreux,
Initiative peu heureuse,
Un jeune étourneau des plus étourdis
For sa bourgeoise, à ce qu’ici on m’a dit,
Partit, un matin, courir la gueuse…
Résignée à son sort, la répudiée
Se laissa mourir peu à peu, crédié.
Et lui, de grenadiers en amandiers,
Trompait le temps et la malheureuse
Avec moulte et moulte coureuse,
Vierge, épouse, veuve,… sans mendier
Ni regretter passé ou passades.
Il se lassa - sans défaut, tout se défait ! -
Mesura enfin sa faute et ses effets :
Revenu chez lui, il apprit, roide,
Que celui qui se perd dans sa passion
Perd moins que celui qui perd sa passion.

mercredi 19 novembre 2014

R’HAÏKU R’SIS

Avec un simple filet de voix, il est des sirènes
qui vous hameçonnent l’esprit et harponnent le cœur.

Dessin : David Sanjaume, 19 novembre 2014

DANS MA RUE…

Dans ma rue, le rêve vogue à la voile :
Des êtres y dansent en cadence
Alors que là-haut se balance
Un grand trapèze accroché aux étoiles.
Va au vent, sur ce belvédère,
L’acrobate des lampadaires.
La nuit qui l’absorbe et le dévoile
Habille ses strass de cent ombres,
Déchire, pour lui, sa pénombre,…

Un magicien, tout en jambages,
Fait des bulles de lune,
Jongle avec l’autre et l’une,
Irisées dans leur enrobage
De paillettes et de lumière.
Elles montent comme prières
Aux nues noires, plus légères que plumes,
Promesses faites aux noctambules,
Par ce cirque qui déambule
Sous un ciel obscur que la fête allume.

Une souris au minois de minette
Joue avec des bâtons en flammes,
En avale le feu, Madame,
Le recrache en gerbes longues, nettes,…
On applaudit à la science
De la jeunette ; à sa confiance.
Toujours plus loin le spectacle avance,
Les cœurs et les corps s’y réchauffent ;
On commente, on sourit, s’échauffe,…
Notre vie prend là un bain de jouvence.

Mais, dans ma rue, ce rêve a mis les voiles.
Chacun prend son indépendance
Entre rires et confidences,
Après ce frisson entré dans nos moelles.
Le cirque va plus loi en ville
Donner sa magie incivile
À qui reste toujours l’émotion close,
- Loin des trapèzes et des bulles,
Du feu ou des funambules,… - 
Confit de solos jusqu’à l’overdose.
Illustration : Camille Lesterle, 17 novembre 2014

lundi 17 novembre 2014

HAÏKU’ SKOUSS

Il est des gens qui, présomptueux,
affichent leur bonne mine
alors qu’ils n’ont trouvé qu’un bon filon !

LE COQUELET BAFOUÉ

Petite fable affable

N’ayant pourtant rien d’un béjaune,
Un vrai coquelet, ayant été
Fait coq en sa basse-cour, tonne :
Un vilain chapon, l’air hébété,
Lui a, hélas, piqué son trône
Légalement…
Et sottement !

Jadis plébiscité par la plèbe,
Quand cet audacieux se rêvait
Au plus haut des cieux - Cet “éphèbe”
Nous en rasait tant il se barbait ! -
Le voilà, le cul nu, dans la glèbe,
Mesquinement,
Mais pleinement.

Comment lui, gringalet splendide,
Bien en Cour - l’autre l’est en chair 
Et fut candidat presque candide -
Fut-il éconduit ?… Il est clair,
Qu’il y a, là, manœuvres sordides,
Retournements
Et boniments.

Car le coquelet avait su plaire
Aux oies hier blanches, aux perdreaux
De l’année, jeunes clientélaires, 
Pour pintades et dindes héros,
Complètement,
Mais simplement.

Il s’entendait fort à faire croire
Qu’il chiait dur et pissait dru
À tous vents qui échotaient sa gloire,
Chantaient les hauts faits de ce membru,
Engagements
Et beaux serments.

Mais, hélas, les bavards fils d’Eole
Répétaient aussi et, à l’envi,
Pour enluminer son auréole,
Jusqu’au plus intime de sa vie,
Égarements
Et errements.

Ruminant l’amère rebuffade,
Il peste contre ces souffles, hier
Amis, qui l’ont ruiné - cagade ! -
Aidé l’Autre, pas lui, si fier,
Résolument
Sans argument.

Cachés sous ses bonnes manières,
Sa haine et ses mauvais sentiments,
Las, nuisent moins qu’altières
Bourrasques frappant continûment.
Acharnement ?
Harcèlement ?

Ne savait-il pas, ce fils d’écume
Qui tempête, qu’à se mettre au vent
On ne prend que forts mauvais rhumes
Et qu'on doit se moucher, très souvent,
Bruyamment
Et longuement ?

samedi 15 novembre 2014

HAÏKU PET

Il est plus facile de retirer ce qu'on a dit,
que de donner du sens à son silence.

PRINTEMPS 1915

Dans le boyau tout n’est qu’ombre et boue,
Regards froids, fiévreux ou hagards,
Mutisme dans le calme ou la mitraille,
Nerfs tendus qui vous tiennent debout…
Qu’on s’appelle Edgard ou qu’on soit sagard,
Notre tombe est hors, et dans ces murailles…

Dans le boyau, sachant notre avenir
Inscrit aux trous du sol, au gris du ciel,
Comme au cœur des coquelicots plus rouges
Que notre sang, tout n’est que souvenirs
Car rêver devient pêcher véniel
Pour l’instit’ ou le manieur de gouge…

La tranchée a pris notre Humanité
Comme, un soir, elle prendra notre vie
Après avoir tué l’Espoir, l’Envie,…
Et rendu jusqu’au plus croyant athée.

Dans le boyau, chacun mange sans goût
Et boit sans joie se sachant condamné :
Après la fumée de la cigarette,
Au milieu des rats de cet égoût,
Viendra le canon qui va glaner
Sa moisson de corps par-dessus la crête.

Dans le boyau, c’est silence : on écrit ;
La bête brute, pour un temps, n’est plus
Bien qu’au dehors ça tonne, explose et gronde.
Au loin, noyé de bruits, s’entend un cri :
Pluie et poussière, au revers du talus
Mais « Marche et crève ! » partout à la ronde.

La tranchée a pris notre Humanité
Comme, un soir, elle prendra notre vie
Après avoir tué l’Espoir, l’Envie,…
Et rendu jusqu’au plus croyant athée.

Dans le boyau, on attend feu et fer,
On craint la blessure plus que la mort ;
Cette dernière heure viendra sans larme :
Elle nous délivrera de cet enfer
Qui nous fait bêtes brutes et simple corps
Sans âme, seuls, accrochés à notre arme.

Dans le boyau, on patauge et ça pue,
On s’englue dans le bran, la peur, le sang,…
Mêlés de boue sale et d’ombres vampires.
Dans le boyau, vivre est mot corrompu
Mais le quitter est dur, chacun le sent,
Car, là, hors du boyau, crois-moi, c’est pire !

jeudi 13 novembre 2014

HAÏKU DUR À AVALER

Plus je le lis plus je me dis : « Quelle peau de vache, Allais ! »

DUELS AU SOLEIL

Petite fable affable

Alors que dans le ciel,
Volaient les noirs vautours…

Il y a bien longtemps,
L’espace d’un instant,
Bout de temps en suspens,
Au-delà de Campan,
Les mouflons, les isards
Et puis les bouquetins
Mirent tout en bazar,
Jusque dans le lointain,
Pour savoir qui, d’entre eux,
Régnerait aux sommets
De nos monts si venteux.
Cela vous assommait
De les voir s’attraper,
Pour un peu s’écharper,
En toute impunité
Et sans aménité.

Pendant ce temps, au ciel,
Coups bas et mauvais tours,
Glissaient les noirs vautours,
Faisant de tout leur miel.

Les doux mouflons, cornus
De façon biscornue,
On les diabolisa,
Les ridiculisa.
Les isards, gracieux
Mais sots comme l’Humain,
Courant jusques aux cieux
Et en un tournemain,
Se divisèrent, Dieu !,
Entre eux et leur combat
Fit plus de malheureux
Et de navrés, c'est bas !,
Que cornes ennemies.
Les bouquetins, amis
Du double-jeu, pardi !,
Perdirent tout crédit.

Et pourtant dans le ciel,
Planaient les noirs vautours
Qui attendent leur tour
Et que sert tout ce fiel.

C’est ainsi que ces sots,
Qui jouent bien du cuissot,
Laissèrent tout le champ
À de bien plus méchants :
Les oiseaux charognards,
Qui restaient aux aguets
Ces fachos montagnards,
Régnèrent, l’âme gaie
Parce que ces ongulés
Étaient trop occupés
À s’entrestranguler,
Se nuire ou se duper.
Ils laissèrent venir
Des matins bruns et froids
À trop se désunir,
À se vouloir tous, rois !

Mais désormais du ciel,
Règnent les noirs vautours…

mardi 11 novembre 2014

HAÏKU TAPÉ

Quand on ne se prend pas le premier venu,
on a la décence d’arriver en retard !

BOULET ENCELLULÉ

Je suis incarcéré dans cette forteresse
Que l’on baptise « ville » : un dédale de rues,
De barres serviles écrasant tout intrus
Et de tours acérées où court notre détresse.

Le bitume affairé, le béton qui oppresse,…
On vit à l’incivile, aveugles, sourds, recrus,
Un triste vaudeville en jours montant à crû
Sur l’horizon barré où la nuée se presse.

La prison du rêve égoïste et ventru
Nous tient, et son glaive, la solitude accrue,
Fait carcan à l’espoir, teints gris que rien n’enlève.

Empoussiérés au soir et enfumés sans trêve,
Au pilori infâme, on se meut, enrênés,
Sans pouvoir libérer âme ou cœur enchaînés.

lundi 10 novembre 2014

HAÏK(r)U AROUGE

Bien que nous fussions du même sang, nos destinés
furent différentes car j’avais plus de veine que lui !

dimanche 9 novembre 2014

HAÏKU DANS LES PARTIES

Existe-t-il un sale gosse bon enfant ?

Dessin : David Sanjaume,19  novembre 2014

L’AIGLE & LE MILAN

Petite fable affable

Quoiqu’étant de race et de lieu famés,
Un grand aigle, quelque peu affamé,
S’abattit sur la faune des estives
Pour y carnager, et à récidive.
Un milan qui vint à passer lui dit :
« Dia, comment Votre Majesté peut-elle,
Sans craindre ridicule ou discrédit,
Accepter de souiller ses si mortelles
Serres, son noble bec avec ces rats
De hautes prairies et, pis, ces vipères ?
- Dans ma situation, point d’embarras !
Tout fait ventre qui peut nourrir mon aire.
- Mais vous êtes le monarque des airs !
- Pour être de mon rang tout à fait digne 
Dois-je mourir de faim dans mon désert ?
Comme toi, certains arguent par leurs lignes
Ce que Bon Sang ne doit pas accepter
Mais comme moi, ils devront s’adapter :
Quand, pour manger, il n'est que des marmottes
Même l’Aigle s’abaisse au rase-mottes ! »

vendredi 7 novembre 2014

TIROIR HAÏKU’ESSE

Somme toute, faire tous les frais de la conversation
coûte moins que d’être payé de mots…

PAS DE POSE…

De peur qu’on me dépose
Quoi que l’on me propose
Ou bien que l’on m’expose,
Quiconque s’interpose,
Je m’oppose et m’impose 
Si un autre antépose :
De moi, nul ne dispose !

Et puis, las, je compose,
Quoi que l’on me propose,
Non, sans prendre la pose,
Vouloir qu’on recompose
Décompose ou transpose
En cent hypotyposes.
Enfin rien qui repose !

Ainsi je contrapose,
Réécrit me prépose,
Et donc me surexpose
Pour que ma griffe appose
Ma patte, superpose
Juxtapose et postpose
Ce, quoi que l’on suppose,
Et jusqu’à l’adipose.

jeudi 6 novembre 2014

JE VOUS SÈME B’HAÏKU

« La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a » dit-on ;
 mais la plus laide aussi, et si on a plus à perdre, on a moins à craindre ! 

mercredi 5 novembre 2014

HAÏKU RBINE

J’ai tellement peur qu’on me jette un sort
que je fuis les harengs… et autres poissons !
Dessin : David Sanjaume, 19 novembre 2014

UN CAMPAGNOL TARTIGNOLE ?

Petite fable affable

Vivant comme un moine escouillé en sa cellule,
Un rat des moissons fuyait la compagnie
Des siens, préférant le vol des libellules
À la saillie de ses pareilles. Donc, haï
De sa race, il vivait au loin de celle-ci,
Versatile engeance, veule et vindicative,
Vénérant le premier veau d’or survenu si
Celui-ci était grains en provende hâtive.

Pourtant on le craignait car ce sage était mots

À double - mais bon - sens ; aussi devint-il juge
De nos prés et des champs, résolut bien des maux,
Tranchant les différends, évitant le grabuge,…
On s’étonnait qu’un être, ma foi, aveuglé
Au point de refuser, au grand jour, la Croyance
Permît à la vie de tous d’être bien réglée
Et que Dieu lui donnât pareille clairvoyance.

Un jour, on apporta devant son tribunal

Un beau cas d’école : une jeune musaraigne,
Contre la Tradition et, bien moins banal,
Contre ce que les lois de la Nature enseignent,
Aima un vieux mulot et fugua avec lui
Pour vivre leur amour interdit aux estives.
On les reprit. D’aucuns voulaient qu’avant la nuit,
On les pendît tous deux. Justice expéditive.

Notre campagnol, lui, écouta les amants.

Rien ne le choqua : ils étaient de deux races
Mais de la même espèce et rien d’infamant
Non plus à leurs âges différents, car la grâce
De l’Amour n’y voit pas malice ou perversion ;
Quant à leur fuite, elle était compréhensible
Et, face aux us du temps, fort sage solution
Qui évitait rancœurs et ragots impossibles.

Le jour où il rendit, devant tous, son arrêt

Il dit qu’eurent tort le vieillard et la jeunette
Autant que ceux qui les avaient contrecarrés.
Il les gracia disant que : « Sur cette planète,
Si les vérités du cœur sont plus intangibles 
Que celles nées de la Raison, tout bien compris,
Les faiblesses du cœur doivent être admissibles
Et plus pardonnables que celles de l’Esprit ! »