Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 31 décembre 2020

HAÏKU’ETTE

J’ai un beau matelas de confessions sur l’oreiller qui devraient me permettre de tirer la couverture à moi en mettant d’aucunes dans de beaux draps !

LES BÊTES DU MARIN

Petite fable affable

Un marin ayant couru tous les océans du globe
Posa son sac et ses trésors, prou claustrophobe
Devenu, non loin d’échoppes auxquelles il amenait
Du chaland car sa cassette à lui était faune :
Un perroquet embastillé, un singe enchaîné
Et un vieux matou de rafiot brun-jaune.

Pour soulager sa peine l’oiseau pérorait ;
Entre sauts et bonds, le fagotin, tout grimaces,
Passait ses jours. Quant au chat,…il dormait au frais.
« Je parle comme l’homme et je vous sais fumasses
De me voir à ce point son ami ! » fit l’ara,
Un matin de vaine dispute entre ces bêtes.

« Profites-en pour lui demander, Malfrat,
De t’ouvrir la porte ! fit Minet, sans courbette.
Il le fait bien pour moi à longueur de journée,
Sans se lasser ni se fâcher. Ai-je à flagorner
Comme tu le fais, dis-moi, Buveur de gobette ?

Lors, le quadrumane partit d’un rire mauvais :
« A-t-on besoin de ces gens qui parlent sans cesse
Et ne font jamais rien ?… Il aime mon duvet,
Notre maître, autant que mon incroyable adresse.
Je suis à sa semblance et fais tout comme lui…

- C’est pour sûrement pour cela qu’il t’a mis en laisse !
Glisse le mistigri dont l’œil, dans l’ombre, luit.
Comme moi vous n’êtes utiles qu’aux quotidiennes
Petites joies d’un homme vivant à la bohémienne.
Mais je l’ai domestiqué, régnant derrière l’huis.
Nul besoin de cris ni de singeries pour ça, Frères :
Il est devenu mon esclave volontaire :
La plus solide et belle des cages est son amour ;
Sa tendresse, le meilleur des fers… tout velours. »

mardi 29 décembre 2020

HAÏKU’NTEUR ÉLECTRIQUE

Perdre le fil conducteur des choses n’a rien d’électrisant.

LE ROUÉ PRÉDICATEUR

Petite fable affable d’après Le Renard Prédicateur
d’A. Houdart de La Motte (Fables nouvelles, V, 3, 1719)

Un gros renard, docteur es-douleurs
Et, certaines nuits, en malheurs
Professeur, assiégeait poulaille
Ou piégeait, à la volée, volaille
Et volatile de tout poil, si
L’on peut dire sans rire, ici
Se trouva, matin, perclus par l’Âge
Et la victime de ses outrages.

Ne pouvant plus croquer ni vaquer
Comme le font ses pareils, caquet
Très actif, il demanda asile
En basse-cour, se sachant habile.
Le corps moins alerte, l’esprit vif
Voix fort doucereuse et ton naïf,
Il prêcha pour sa neuve paroisse
Où n’existe point peur ni angoisse.

Il prônait la paix et l’harmonie
Entre les bêtes et cette infinie
Beauté d’un monde sans prédateur
Ni proie si, comme ce bel acteur
Disait, on renonçait aux viandes
Et au sang brûlant lippe friande.

Hélas, aux premiers de ces sermons,
Foule de poules ouït ce démon
Repenti ou vint voir ce prodige,
Vrai miracle en verbale voltige,
Un doute s’immisça mais fort peu :
Le bavard, bien trop adipeux,
Ne pouvait manger que des légumes
Sans flotter au vent de son costume !

Aussi, il vécut lors au pondoir
Et nulle pensionnaire au soir
N’y disparut. Mais notre loquace,
De succès grisé, crut efficace
De rajouter du plus au mieux,
Obséquieux comme un orgueilleux.
On le chassa sans plus de lanlère :
On déplaît vite à vouloir trop plaire…




















Illustration : Elisa Satgé, printemps 2020


dimanche 27 décembre 2020

HAÏKU PELLE

Un nom d’emprunt donne du crédit.

DEUX VIEUX OISEAUX

Petite fable affable

Un compère Loriot plus chargé d’ans
Que de plumes, hélas, dans la ramée, jubile.
Autour de lui,  et jusqu’à l’obsédant,
Des jeunes qui ne se font guère de bile
S’ébrouent et s’ébattent, tout en vains bruits
Et agitation, jusqu’à la nuit.

Un vieux hibou, qui fut jadis la dupe
De jupons et de jupes, le tance fort :
« Dis donc l’Impotent, te guette la dérupe,
Cacochyme comme tu l’es, le renfort
De gens de ton âge t’est lors nécessaire.


- Serai-je aussi décrépit que tes viscères ?
Répliqua l’autre. C’est grand soulagement
Et vrai bonheur pour moi que cette jeunesse
Turbulente et tous ses divertissements.
J’oublie tous mes maux et la faux patronnesse
Qui me guette. Les vieux sont trop saoulants :
Ils geignent et critiquent, brinquebalants.

- Les jeunes avec les jeunes !… Dame Nature
En a fait sa loi pour tous et pour chacun.

- Ne refusant pas ses dons en courbatures
Qu’elle me laisse ce plaisir, Importun !

- Aurais-tu de salaces penchants, Grand-père ?

- Moins que tu n’as de sales idées, Pépère ?

- Tout gamin nous doit servir et travailler
Pour nos retraites et non bâiller et brailler !

- Mais qu’ils chantent donc et qu’ils se divertissent ;
Surtout qu’ils restent gourmands au moins autant
Qu’habiles. Il se trouve si peu de solstices
Des premiers temps au dernier instant !
Leur jeunesse, Ami, m’éloigne de la tombe
Quand ta vieillesse est, las, catacombe ! »

vendredi 25 décembre 2020

POIL HAÏKU

Un chauve qui a un poil dans la main et un cheveu dans la langue est traître à sa calvitie ?

LUEURS DANS LA NUIT

Petite fable affable

Une luciole éclairant son chemin
Parce qu’elle se savait brillante,
Se vantait fort, plus fière qu’un humain,
 De savoir guider la défaillante
Bête comme l’être le plus fort et sain
Alors que la nuit écrasait le monde
D’ombres noires et d’effrois à dessein.
Elle était seule à pouvoir ça à la ronde…

Le ver luisant que moquait l’insecte
Lumineux, allait au lumignon
Sa route. Hésitant. La mine circonspecte.
Certes, il errait, rendant fort grognon
Qui, au-dessus de sa condition, rêve.
Mais lui ne menait que sa vie,
Ne voulant point de fidèle et pas d’élève.
La luciole en fut prou ravie…

Mais l’autre la mouche d’une phrase brève 
Et ancienne gardant toute sa sève :
« Qui n’a que des questions louvoie,
Qui n’a que réponses se fourvoie ! »

jeudi 24 décembre 2020

HAÏKU’MPLICATION

En ces temps de pandémie, « rester positif » est des plus compliqués… c’est même suspect !


QUE NIB DE NOUBA !

21 décembre 2020

Noël et Jour de l’An sont au trépas !
Les Amis, ni baloche ni « bamboche » :
Les fêtes, cette année,… n’se fêteront pas.
L’oukase est tombé : pas de bamboula.
Ni de festivités. Ni de galas.
Cette fois, quand résonneront les cloches,
On saura que c’est vraiment pour la messe
Car Niet pour la bombe ou la kermesse.

‘Faudra attendre, Amis, le mois d’août
Pour les ducasses et l’hivernal raout !
Ribotes et parties c’est pour l’Elysée,
Pas pour le quidam ni pour la pécore
Qui veut faire noce et java encore.
Ce ne sont que sauteries vulgaires !
Sales manies ces coupables féries,
Bacchanales mi fêtes mi  affaires,
Ces vains banquets en famille ou pairie.

Pour que ces « irresponsables » consomment
Mais ne se consument, c’est couvre-feu
Urbi et orbi sur ce que l’on nomme
“Soirées”… Sus aux vilains, aux suiffeux !
Seul le virus fait la foire, pépère,
Dans ce grand marché de dupes, Mes Frères !

mercredi 23 décembre 2020

HAÏKU DANS L’AILE

Même un mauvais pas fait avancer !

L’ABEILLE & LA FOURMI

Petite fable affable d’après Le valet & l’écolier
d’A. Houdart de La Motte (Fables nouvelles, 1719,  V, 17)

La jeune fille de la Reine des abeilles
Et le tout-dernier fils du Roi des fourmis
Font commerce de leurs griefs. Si l’une veille
À fustiger Mère, l’autre passe au tamis
Faits et gestes de qui est plus patron que père.

« Elle me désespère, n’autorise rien,
Interdit tout : esclave de son vouloir, Compère,
Moins bien traitée que le dernier des vauriens
Qui chercherait, ma foi, moins pollen qu’aventure
Ou la plus petite sujette en son pouvoir.
Je n’ai que devoirs, dans ma caricature
De jeunesse. Circulez y’a rien à voir !

- Et lui m’horripile à me donner des ordres.
Moins valet que laquais, mes gages à moi sont coups
Et engueulades. Un mot de moi et c’est discorde !
Silence et soumission préservent beaucoup
D’un tyran qui ne sait ni encourager ni dire
Merci. Caporaliste, il vous joue au petit chef ;
Capitaliste, tout retard me fait maudire,
Toute perte le fait médire en tout le fief. »

Ayant touché, un beau matin, leur héritage
Elle devint reine-mère et lui maître à bord
Et, parce que ça ne passe pas avec l’âge,
Tous deux continuent à ouvrir leurs sabords
Pour récriminer sans fin sur d’actuels problèmes :

« Les enfants sont fardeau : aucune n’obéit,
Pas une n’écoute. La rage me rend blême !
Je crains et crois qu’elles ne voient en moi, l’Ami,
Qu’un de ces vieux rasoirs qui par trop vous barbe.
Apprendre les exaspère, et elles renvoient
Aux calendes grecques ou bien sur les joubarbes
Toute obligation. Ça me laisse sans voix !

- Mes subordonnés m’irritent plus que des roses
Sans puceron !… Il sont tous cafards et cossards,
Ils sont toujours malades, souvent moroses,
Pis que tique ou teigne, cette bande de  poissards
Qui ne produit pas assez et, las, me vole  ! »
Oubliant ce que l’on fut et, pis, oublieux
De ce qu’on sera, quoique parole s’envole,
On se plaint toujours de ce que, sous ces cieux ,
L’on est ou l’on a… C’est pourtant si spécieux  !

mardi 22 décembre 2020

HAÏKU ?… RONEZ !

Reine de beauté un jour, graine de potée toujours…et, las, d’empotée souvent*.

* Avec l’aimable complicité de l’irremplaçable Françoise.

lundi 21 décembre 2020

HAÏKU’R TISAN

Baladin qui se fait paladin vire au baratin…

LA GRIVE DES PREMIERS GIVRES

Petite fable affable

Les grives, bêtes voyageuses
Sont, passant chez nous, vendangeuses.
Et n’est rien n’irrite plus nos paysans.
Mais, las, bien rares sont ceux qui vont brisant
Les ravages de ces oiselles
Quittant frimas à tire d’elles.

Pourtant gobant muscat, becquetant chasselas,
Elles finissent par avoir ventre gros et gras :
C’est à la nuit que leurs vendanges
Sont faites. Vite. Et l’aube orange
Ne voit plus que leur envol pour des climats cléments
Et le désespoir de vignerons véhéments.

Or, une de ces demoiselles
Manquant de courage ou de zéle,
Partit tard des terres où le froid givrait le sol,
Laissant toute bête sur sa faim, sans un sol.
Elle arriva chez nous en octobre.
Plus de raisins. Elle fut sobre.
Déjà amaigrie et fatiguée, elle reposa
En un hallier où trébuchet, sans visa,
L’envoya dans un autre monde,
Régalant rustaud à la ronde :
Elle était arrivée trop tard pour le festin,
Et partie trop tôt accomplir son vain destin.

S’il vaut bien mieux arriver une minute
En retard ici-bas, qu’une seconde trop tôt 
Outre-tombe, sans espérer de chappechute,
Sachons faire les choses ni avant ni tantôt.

dimanche 20 décembre 2020

samedi 19 décembre 2020

HAÏKU PASSION

Sortir prendre l’Eire est, hélas, une vieille habitude anglaise !

DEUX AVIS POUR UN AVEU ?

Petite fable affable
Cycle pyrénéen

Margoton, la jeune bergère
Ayant pour galants deux goujats
Devait, et pas à la légère, 
Départager ces amants, jà,
En donnant son bon cœur de fille,
Et le reste avec à un drille
Plutôt qu’à l’autre. Mais hélas,
Beaux également et pis, chiches
Pareillement, quel Stanislas
Entre eux choisir sans triche ?

Elle dit à voix haute aux vents,
À bout de songes : « Qui de Pierre
Ou de Jeannot ? », comme souvent
En nos montages aux murs de pierres,
L’écho s’en mêle et répète alors
Le dernier des noms. Son for
Remparé par ces voix célestes,
Elle court à ses prétendants,
L’esprit léger et le pas leste,
Annoncer qui est son Adam.

Arrivée aux estives, où paissent
Les troupeaux de nos pastoureaux
Elle s’écrie haut toute en liesse,
« Vaï, Jeannot sera mon héros…
Je suis si désolée mon Pierre ! »
Alors sa voix forte et fière
Fit retentir encor’ l’écho
Qui crie, comme faisant suffrage,
Le second nom. « Dia, quezaco ? »
Margot sent battre son corsage :
Quoi, les vents ont changé d’avis ?
Voilà qui ne fait guère sage.
Les pastous sont des moins ravis.

Elle se ravise alors, penaude. 
Nos déconfits pour faire cour
Jouent du chalumeau et de l’ode.
Mais d’idées elle reste à court
Et rien n’emporte au loin ses larmes
Ni, hélas, au plus près ses charmes.
Elle ne sait plus, la pauvrette, 
À quel saint, Dieu, se vouer
Quand eux, l’espoir dans la musette,
Le savent trop, faut avouer !

Ils restèrent célibataires
Car la pastourelle ne sut
Jamais quel vent de notre terre
Ou quel écho ouïr en sus.
Vouloir, comme c’est de coutume,
Donner du contour à la brume,
Voire du poids à la fumée,
Mène aux mêmes désespérances :
Ami(e), quand il s’agit d’aimer
Pour éviter l’erreur, l’errance
N’écoute jamais que ton cœur ;
S’il hésite ou ne sait, souffrances ?
Non, c’est qu’ailleurs est son vainqueur !

vendredi 18 décembre 2020

jeudi 17 décembre 2020

HAÏKU D’AILE OU DE FOURCHE ?

Fais attention aux gueules d’ange : elles ont souvent le démon de midi !

LE MAUVAIS AUGURE

Petite fable affable

Ayant brouté, trotté et crotté le pays 
Un bon mouton gras à lard songe
Haut : « Quel coin pourri ! » Mais une brebis trahit,
Malgré quelques pieux mensonges,
Une malheureuse phrase qui l’aurait fait 
Bouter hors de cette terre de bienfaits.

Sentant sa dernière herbe venir, astrologue
Il se prétendit. Tout de go.
Étoiles et constellation en catalogue,
Il disait, contre viragos
Et mesquins, connaître ronde des planètes
Et plus, interpréter la course des comètes.

Tout roi lit son horoscope au petit matin,
Consulte devins et oracles,
Ouailles sont-elles plus malines, mâtin ?!
Il faut sans crier au miracle
Savoir anticiper tous les petits bonheurs, 
Prévenir les grands malheurs,… selon l’embobineur.

Suintant de fièvre et suant d’effroi, ses frères
Et ses sœurs pour tout le consultent :
Pour connaître, avant les autres, le meilleur horaire
Pour bien paître ou voyager à Cythère, occultes
Égoïsmes, mais aussi pour administrer
Sous les hêtres un clystère ou se calamistrer.

Voulant profiter plus encor’ de sa nouvelle
Aura, il aimait apeurer
Cette plèbe ovine qui a moins de cervelle
Qu’agneau et souvent l’écœurait,
En prophétisant non le meilleur mais le pire
À venir, raffermissant ainsi son empire.

Hélas, on se lassa : si la Raison dort,
Elle n’aime point les Cassandre
Aux augures n’offrant pas poussière d’or
Tant désespèrent suie et cendres.
Le vent de la peur n’amenant pas nuées promises
On le chassa de cette nation soumise…

Qui veut son pouvoir faire longtemps perdurer
Donne aux sujets moins à craindre qu’à espérer…

mercredi 16 décembre 2020

mardi 15 décembre 2020

HAÏKU, RIEZ !

Donner du timbre à sa voix, ça a du cachet !

L’HARASSÉ & LE RACÉ

Petite fable affable 

Un étalon, destrier de métier,
Et grand champion sur maints champs de course,
Voisinait en un pré sans amitié
Avec un gros cheval de trait, sans ressource,
Ayant connu et halage et labours,
Commis au charroi à maigre débours.

Notre rustaud sentait trop le rural, 
Était trop rustique pour la vedette,
Pur-sang de surcroit, qui, c’est normal
N’avait pas le goût démodé des fadettes,
Ni des temps où, au pré, on copinait ;
Plaisir, pour lui, des plus surannés.

C’était le seul grief que ce trotteur 
Avait envers son lieu d’élevage :
Car picotin et caresses à tout heur
Arrivaient avec soins, brosse, avantages,…
Il était roi et voulait tous les jours
Être traité comme tel en ce séjour.

Le débardeur, vrai bagnard au labeur,
Ne recevait que bien peu d’avoine 
Et moins de foin encor’ que le flambeur.
Qui est au servage a peu de couenne !
Mais il sait qu’un jour, à l’équarrisseur,
Il mènera ce crack… tout en douceur.

Toute peine mérite, nous dit-on,
Salaire ici mais qui vraiment travaille
S’enrichit, las, plus en coups de bâton
Qu’en piastres… et guère plus en cliquailles !

dimanche 13 décembre 2020

HAÏKU DE HASCH’

Prendre la peine, parce que ça le vaut, évite d’en donner.

SEÑOR LLAMA & DON CONDOR

Petite fable affable

« Si parfois l’amitié s’endort
Sur nous, la haine, elle, toujours veille ! »
Se dit, alors que le jour sommeille,
Un lama qu’épie un grand condor.

Ce haut parleur conduit des hommes
Jusqu’aux plus hauts pics et grands sommets
De ce coin du monde où, désormais,
Agissent en pilleurs ces guillaumes
Qui détruisent aires et couvées,
Comme petits dépourvus de plumes.
Et la rage de notre oiseau de proie
Est sans pareille, remplit d’effroi
Jusqu’aux échos tout emplis d’amertume.

La bête de bât sent le terroir
D’un pays de hauts plateaux et d’herbes
Chiches, n’a las guère de superbe :
Elle n’ose se voir dans un miroir !
Elle fuit les soucis, les problèmes
Et par peur de trop tôt couiquer,
Opine à tous, aime à abdiquer
À tout. Cela sans plus de dilemme.

S’épargnant dispute avec l’Humain
Elle n’a guère, parmi les bêtes,
De déboires, faisant des courbettes
À chacun. Et en un tournemain.

Elle touche, aujourd’hui, les limites
De cette stratégie. Le tueur 
Des airs, en ce désert, et sans peur
Si l’on en croit légendes et mythes,
Va vite la désentripailler,
Au milieu de ces pierrailles
Si sèches et ces stériles rocailles
Avec qui il s’est encanaillé.

Ami, à trop vouloir qu’on vous fiche 
La paix, hélas, vous ne l’avez plus
Car il est des planches vermoulues,
Partout, attendant le plus fortiche.

vendredi 11 décembre 2020

HAÏKU PLACET

Il est des paroles aussi déplacées que le sont certains gestes… 
Les unes comme les autres sont à l’honnête homme indigestes.

LE RENARD OPPORTUNISTE

Petite fable affable

Près des bois et des landes de bruyères,
Une épidémie de grippe aviaire 
Frappe un fort bon poulailler
Le roux renard, sans railler,
S’en vient toquer chez cette volaille
En grand péril de mort par les rocailles.

On panique d’abord mais
Le fin roué a charmé,
Tout sourire, la peureuse poulaille
Qui, de le voir, a mal jusqu’aux entailles.
« Toute panique est erreur
Car ce jour n’est de terreur.
Je vous viens en voisin solidaire
Distribuer ces bons masques légendaires
Qui préservent de ce mal
Tout homme et  tout animal. »

La crainte enfuie, enfouie la cervelle.
On crut donc à cette bonne nouvelle.
Même les vils chicaneurs
Devinrent vains opineurs.
Nul ne plaida contre l’opportunisme
D’un geste généreux plein d’altruisme.
Quand notre rusé partit,
Il avait déjà partie
Gagnée : par la liesse des pécores,
Il savait qu’il avait gagné encore.

Racontant à ses deux fils cette histoire
Et laissant tout pantois cet auditoire
Qui, las, ne comprenait mie
De ce qu’il a entremis :
« Vous me croyez changé, lippes friandes ?
Que non : virus avarie la viande !…
Tel qui nous aide se sert
Ou pis nous nuit… en der ! »

mercredi 9 décembre 2020

UN BON HAÏKU… DE PINCE HAUT

Il n’y a pas à dire : Fernand Léger, c’est du lourd !

LE CANETON & LE VIPÉREAU

Petite fable affable d’après Le canard et le serpent 
de Marie Romey traduite de l’Espagnol d’Yriarte

Allant, l’air bête, dans l’herbette,
Un caneton déambule au train de sénateur,
Faisant aux fleurettes courbettes
Et aux vers révérences goulues, amateur.
Un serpenteau, au soleil, bâille
Sur son chemin. Le palmipède nasillard
S’écrie : « Le beau ver !… Il faut vaille
Que vaille qu’il finisse en ventrée. Et voilà !

- Halte là, Joujou de Jeunesse,
Pour qui te prends-tu donc, jaunâtre cancrelat ?

- Mais l’ami, pour le Roi du monde :
 Moi, Vermisseau, je sais marcher, nager, voler,
Habite l’air et la terre et l’onde
À mon gré quand toi, tu rampes au sol accolé !

- Que tu es vain : tu cours moins vite
Qu’un vieux daim, fraie l’eau moins bien qu’un poisson
Maladif et n’iras jamais, Mite,
Aussi haut que l’aigle. Alors ici finissons !
Ajouta le fils de vipère
En mordant fort l’autre. Sache que le plus dur
N’est pas de tout faire, P’tit Père,
Mais de faire bien… et de faire à coup sûr. »

lundi 7 décembre 2020

HAÏKU PEU VENT

En Espagne, les fenêtres ne sont que jalousies !

FAÎTES SORTIR L’ACCUSÉ(E) !

Petite fable affable

Il est certes des climats plus cléments
Que le nôtre, où la fable aime
 À s’encanailler ; mais soucis et tourments
Étant, hélas, partout les mêmes,
Pourquoi partir en ces terres de bonté ?
Cela posé commençons à conter…

Plus vindicative que sorcière 
Qu’un charme aurait pris en souricière,
Une poule houspille les piliers
De son abreuvoir et ses condisciples
De mangeoire, toutes buses au triple,
En bref cette poulaille aigrie liée
À elle par la même vie oisive
Qui unit bien moins qu’elle ne divise.

Un quidam,  quelque chérubin cafard
Ou jalouse pécore comme volaille
Seule sait en produire, sans fard,
Lui a brisé son œuf, le seul qu’elle baille
Au fermier en toute sa journée.
Le ton papelard, une gourgandine,
Une de ces oies qui tant se dandine,
Parle “accident” sans langue en bec tourner.

« Ah c’est donc toi, la garce, la coupable
Du forfait !… Tu as beau jeu, pitoyable
Animal, d’essayer de te trouver 
Excuse mais tu seras châtiée, Dame,
Par l’ergot du coq qui vous ôte l’âme
Des criminelles sans peur éprouver !

- Point du tout !… Mais c’est là chose possible
Autant que malveillance ! » clame l’oie
Qu’approuvent Prince Canard, impassible,
Et compère Dindon, un brin matois.
Lors, Maître Matou, par cette algarade 
Attiré, vient faire sa police
Dans cette République et y parade
Parmi une volaille sans malice.

On lui octroie un bel accueil,
Terni de crainte : il a mis en cercueil
Des poussins naguère, d’où des paroles
Ombrées de soupçon pour cet enquêteur
Qui prend par trop au sérieux son rôle,
Et l’en blâment en couvant les caqueteurs.

Lui méprise cette horde poulaillère
Inconsciente, confinée en son clos,
De sa médiocrité de rombière
Qui ne coûte que peu d’efforts, Ballot,
Et ne dérange ni sommeil ni songe.
Très vite, son œil perce le fautif
Qui ne résiste pas, malgré ses mensonges,
À l’inquisition de ce furtif.

C’était bien la poule à l’œuf brisé,
La maladroite. Et l’oie, quoique risée
De cette cour, fut portée en triomphe :
Le chat policier l’a adoubée 
Auxiliaire”. Et notre croque-gomphe
En est fort fière… à la dérobée.

« Tu l’as confondue ! Fait une coquette.

- C’est des plus simples et, las, toujours pareil
Dans ce genre d’affaire, Ma Biquette,
Foin d’interrogatoire ou d’appareil,
Il suffit de se rappeler l’adage
Que l’on n’apprend qu’au contact des plus sages
Faisans qui dit :C’est la poule perdue
Qui chante le plus haut qui a pondu !” »