Petite fable affable
Cycle pyrénéen
Margoton, la jeune bergère
Ayant pour galants deux goujats
Devait, et pas à la légère,
Départager ces amants, jà,
En donnant son bon cœur de fille,
Et le reste avec à un drille
Plutôt qu’à l’autre. Mais hélas,
Beaux également et pis, chiches
Pareillement, quel Stanislas
Entre eux choisir sans triche ?
Elle dit à voix haute aux vents,
À bout de songes : « Qui de Pierre
Ou de Jeannot ? », comme souvent
En nos montages aux murs de pierres,
L’écho s’en mêle et répète alors
Le dernier des noms. Son for
Remparé par ces voix célestes,
Elle court à ses prétendants,
L’esprit léger et le pas leste,
Annoncer qui est son Adam.
Arrivée aux estives, où paissent
Les troupeaux de nos pastoureaux
Elle s’écrie haut toute en liesse,
« Vaï, Jeannot sera mon héros…
Je suis si désolée mon Pierre ! »
Alors sa voix forte et fière
Fit retentir encor’ l’écho
Qui crie, comme faisant suffrage,
Le second nom. « Dia, quezaco ? »
Margot sent battre son corsage :
Quoi, les vents ont changé d’avis ?
Voilà qui ne fait guère sage.
Les pastous sont des moins ravis.
Elle se ravise alors, penaude.
Nos déconfits pour faire cour
Jouent du chalumeau et de l’ode.
Mais d’idées elle reste à court
Et rien n’emporte au loin ses larmes
Ni, hélas, au plus près ses charmes.
Elle ne sait plus, la pauvrette,
À quel saint, Dieu, se vouer
Quand eux, l’espoir dans la musette,
Le savent trop, faut avouer !
Ils restèrent célibataires
Car la pastourelle ne sut
Jamais quel vent de notre terre
Ou quel écho ouïr en sus.
Vouloir, comme c’est de coutume,
Donner du contour à la brume,
Voire du poids à la fumée,
Mène aux mêmes désespérances :
Ami(e), quand il s’agit d’aimer
Pour éviter l’erreur, l’errance
N’écoute jamais que ton cœur ;
S’il hésite ou ne sait, souffrances ?
Non, c’est qu’ailleurs est son vainqueur !
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