Petite fable affable
Un étalon, destrier de métier,
Et grand champion sur maints champs de course,
Voisinait en un pré sans amitié
Avec un gros cheval de trait, sans ressource,
Ayant connu et halage et labours,
Commis au charroi à maigre débours.
Notre rustaud sentait trop le rural,
Était trop rustique pour la vedette,
Pur-sang de surcroit, qui, c’est normal
N’avait pas le goût démodé des fadettes,
Ni des temps où, au pré, on copinait ;
Plaisir, pour lui, des plus surannés.
C’était le seul grief que ce trotteur
Avait envers son lieu d’élevage :
Car picotin et caresses à tout heur
Arrivaient avec soins, brosse, avantages,…
Il était roi et voulait tous les jours
Être traité comme tel en ce séjour.
Le débardeur, vrai bagnard au labeur,
Ne recevait que bien peu d’avoine
Et moins de foin encor’ que le flambeur.
Qui est au servage a peu de couenne !
Mais il sait qu’un jour, à l’équarrisseur,
Il mènera ce crack… tout en douceur.
Toute peine mérite, nous dit-on,
Salaire ici mais qui vraiment travaille
S’enrichit, las, plus en coups de bâton
Qu’en piastres… et guère plus en cliquailles !
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