Petite fable affable
Les grives, bêtes voyageuses
Sont, passant chez nous, vendangeuses.
Et n’est rien n’irrite plus nos paysans.
Mais, las, bien rares sont ceux qui vont brisant
Les ravages de ces oiselles
Quittant frimas à tire d’elles.
Pourtant gobant muscat, becquetant chasselas,
Elles finissent par avoir ventre gros et gras :
C’est à la nuit que leurs vendanges
Sont faites. Vite. Et l’aube orange
Ne voit plus que leur envol pour des climats cléments
Et le désespoir de vignerons véhéments.
Or, une de ces demoiselles
Manquant de courage ou de zéle,
Partit tard des terres où le froid givrait le sol,
Laissant toute bête sur sa faim, sans un sol.
Elle arriva chez nous en octobre.
Plus de raisins. Elle fut sobre.
Déjà amaigrie et fatiguée, elle reposa
En un hallier où trébuchet, sans visa,
L’envoya dans un autre monde,
Régalant rustaud à la ronde :
Elle était arrivée trop tard pour le festin,
Et partie trop tôt accomplir son vain destin.
S’il vaut bien mieux arriver une minute
En retard ici-bas, qu’une seconde trop tôt
Outre-tombe, sans espérer de chappechute,
Sachons faire les choses ni avant ni tantôt.
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