Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 31 juillet 2012

HAÏKU TITÉ

Ceux qui nous imposent des mesures d’austérité
seraient bien inspirés d’être les premiers à les suivre !

EN ROUTE POUR… LA SIESTE

Cajolée, caressée par l'aile
D'un papillon ou d'un oiseau,
Bercée, effleurée par le zèle
Des alizés, comme un roseau
Qui se courbe aux nues en biseau
Je me prélasse,
Loin des goujats, des damoiseaux,
Et me délasse.

Alanguie près de la balancelle,
Enveloppée de soie en réseau,
Le soleil me hâle, me hèle,
Me fait les cieux doux au closeau
D'un patio fleurant la canelle.
Je me délace,
BFleurie d'envies et de dentelles
Et tu m'enlaces…

Sous la tonnelle sensuelle
De cette place,
Corps et cœurs, l'ombre en ombrelle
Nous entrelacent…

UN SOIR DE JOUR DE FÊTE



Et dans le soir qui tombe tranquillement,
Les ramures dans le silence se murent.
Là, les chevaux tournent inlassablement,
De ce pas mesuré qu’avaient les lémures.
Figés dans le vent, jamais ils ne dévient
De cette ronde sans joie mais pas sans vie.

La lumière inonde ici quelques rotondes,
Alors la fête reprend sa folle ronde ;
Et pour quelques instants s’arrête le monde,
Il s’étourdit, l’oubli a ouvert sa bonde…

Le manège lent passe comme les jours,
Alors que tonitrue le gros limonaire.
Quelques saluts discrets croisent des bonjours
Mal appropriés au temps mais débonnaires,
Dans les cris et les ris, les heurts et les heurs
D’enfants aux yeux tout écarquillés de bonheur.

L’esprit absent, la raison ailleurs, dans l’onde
D’odeurs sucrées, la fête poursuit sa ronde :
Là, le taiseux a la faconde féconde, 
Et le bourgeois les rêves qui vagabondent…

Le carrousel trottine docilement,
Un orgue de barbarie se plaint, murmure.
Un vieux et son singe vendent, aimablement,
Des oublies plus grandes que l’empaumure
Oui, pour un soir qu’on soit sage ou bambocheur
Plus de soucis, de problèmes, de malheurs,…

Pour les parents et leurs têtes blondes,
La fête continue encor’ sa ronde
Dans les bruits et les couleurs qui se fondent
À la nuit que des ballons, lâchés, sondent.

L’ombre, qui doit fuir le nocturne séjour,
Drape filles et soldats concussionnaires
Que le chant et la danse lassent toujours…
L’heure, délacée, n’est plus aux questionnaire,
Ni aux préavis mais aux minois ravis,
Désirs assouvis de plaisirs asservis.

Les petits jouent, les grands se dévergondent
La fête s’amuse à tourner sa ronde
Partout, les convenances font leur fronde,
Et les conventions deviennent secondes…

LE RAT & LE LION

Petite fable affable
Après Le Lion et le Rat, livre II, 11

On ne peut obliger, tout le temps, tout le monde :
On a souvent besoin d’un plus gourmand que soi.
Ce qu’il advint au rat et au lion fait foi
Que l’immoralité abonde.
Le rat libérant le lion
Fut pris à l’estomac de vils maux, maladie
Née des excès de chère et de mastication.
À le voir tant souffrir, le lion eut envie
D’abréger les maux du dodu.
Et donc, il le goba tout cru.
Qu’y avait-il donc d’autre à faire ?
On en jasa, fort mal, des prés jusqu’aux guérets,
Et des bois jusques aux fourrés.
Le roi dut s’expliquer sur cette triste affaire :
« Le rat ayant payé sa dette, griffe et dent,
Il apaisa, aimant servir, ma faim, ma rage,…
On s’est rendu service autant
L’un qu’à l’autre. Où est l’outrage ? »

PLAISE AU TEMPS, À DIEU & AUX MOIRES…

Alenti, accéléré,
Le temps marche à nos côtés
Sans rien, de Nous, altérer,
Sans rien pendre, ni ôter,
Gâter ou exaspérer,
Lui qui est si culotté.
Persécuteur avéré

Alenti, accéléré,
Le Temps marche à nos côtés
Sans rien, de Nous, altérer,
Sans rien prendre, ni ôter,
Gâter ou exaspérer,
Lui qui est si culotté.
Persécuteur avéré
Des Amours les mieux bottées,
Le Temps nous a préféré
Les amants qui complotaient
À leurrer, à modérer
Leurs effets sans trembloter…
On a du persévérer
Quand Lui, tout, nous sabotait !

 Qui pourrait entendre et nous comprendre
Quand on dit tout bas, sans se méprendre,
Qu’on ne s’est jamais trompé
Qu’on se savait avant de s’entreprendre,
Qu’on continue encore à s’apprendre,
Que rien ne s’est estompé ?!

Avachi, empoussiéré,
Dieu n’aura pas mégoté,
Bien qu’il aime, vénéré,
Chipoter ou comploter
S’emporter, vociférer,
Contre ceux qui, jabotés,
Se sont trop désaltérés
À des lèvres sirotées.
Il nous a considérés,
Sans doute, trop empotés
D’être tant immodérés,
De n’rien raboter,
Obérer, oblitérer
Des liens qu’on se tricotait…

Qui croirait qu’on ne veut pas surprendre
Ni se vanter par peur de reprendre
Sa parole, ni pomper
L’air de tous ceux qui n’ont su s’éprendre
Que le temps de se rendre, se prendre
Pour mieux être détrompés ?

Alanguies, énumérées
Comme autant d’empopotées,
Les Moires s’indifféraient
De ce que Vénus sanglotait
À bénir sans différer,
Une union qui chuchotait
“Nous” en rêves espérés.
Elles n’ont pas papoté,
Maudit ni vitupéré
Qu’on fasse ainsi cahoter
Le destin désespéré,
L’avenir massicoté
Des amours exagérées,
Mortes d’avoir vivoté…

dimanche 29 juillet 2012

HAÏKU DE CHANCE

Les rieurs avec moi, les pas rieurs au tiercé !

EN ROUTE POUR… SAINT-PIERRE

Le siècle avait à peine éclos,
Prometteur mais bonimenteur,
Qu'il nous abreuvait de sanglots.
Sous ces doux cieux tout en moiteur.
La montagne, toute en hauteur,
Nous a punis
De nos joies et de nos bonheur,
Nous, les Vernis.

Cendre en brume, flammes en flots,…
Rien ne nous fut plus destructeur
Car les pierres étaient du complot.
Un ciel d'enfer, blasphémateur,
Suait colère et puanteur ;
La mer ternie,
Bouillait, grouillait de déserteurs,
Tous démunis…

Ainsi, Créoles et planteurs
Ont tous fini,
À la droite du Créateur,
Hier béni !

C'ÉTAIT HIER

C’était hier,
Le miroir de ma mémoire, au tiers
Empli d’histoires dont je suis fier,
Me rappelle que c’était hier…

C’est si soudain,
Cet aujourd’hui naissant de demain,
Alors qu’il va calmement son train,
Et puis hier frappe à l’huis soudain.

Pourquoi soudain ?
Rien ne se garde ni ne s’acquiert
Qu’un souvenir fleurant sous la main,
Pour faire refleurir un hier…

Oui, un hier.
Car ici tout s’achève en hier
Mais on l’oublie, on ne s’en enquiert
De peur que vienne trop vite hier…

Hier radin
Mais qu’on goûte encore à la cuiller
Quand l’âge nous fait ronce au jardin,
Pousse à évoquer nos beaux hiers…

Tout en dédain,
Le temps, ne se conquiert pas : Gredin,
Il passe, ne se lasse et, mondain,
Vous dit « C’était hier ! », l’air badin…

C’était hier.
Dit ma tête ou bien quelque tiers.
Oui, je crois bien que c’était hier,
Ou déjà, peut-être, avant-hier…

TOUS NOS PETITS MATINS

Rien n’est plus beau, ni plus tendre,
Que tous nos petits matins,
Quand j’abandonne à la cendre
Ces rêves tout en satin
Que ton chaud parfum engendre,
Pour, Dieu, me noyer aux cieux
De l’eau si bleue de tes yeux…

Sans cérémonie,
Nos cœurs endormis
Quittent l’agonie,
Au ciel qui blêmit,
D’heures infinies.
On s’était promis
Et sans félonie,
Et sans compromis,
De fuir les génies
Inconstants, commis
Aux amours bénies.
On y a soumis
Nos âmes unies,
Amants et amis.

Rien n’est plus beau ni plus tendre,
Que tous nos petits matins
Quand ton corps, las, vient s’étendre
Contre mon corps et d’instinct
Voudrait, là, tout réapprendre
De nous deux en d’audacieux
Et délicieux jeux gracieux…

Finies insomnies,
Songes creux, semis
De ces vilenies
Où tout est permis,
Non sans ironie,
Ces nœuds vite omis
Parole dénie,
Sentiments commis
Morts en zizanie,…
Et l’Amour m’admit,
Sensations honnies,
Il nous entremit.
Que je ne renie
Ce qu’il me transmit !

Rien n’est plus beau ni plus tendre,
Que tous nos petits matins
Quand le jour, fat, revient fendre
Au cri du réveil'-matin
L’ombre qui va nous attendre
Jusqu’au soir, voile gracieux
Harmonieux et facétieux…

LE MIROIR & LA GLACE

Petite fable affable

Dans le long couloir d’une grande demeure,
Qu’au jour, le soleil éclairait à toute heure,
Une grande glace et un petit miroir
Se faisaient face, fort loin de ces boudoirs
Que l’on sait feutrés en actes et paroles.
Lui, peu poli avec chacun, se croit drôle :
 « Vous avez votre mauvais tain du matin… »
Disait-il pour commencer son baratin
À la digne et longue figure d’en face.
« Toi qu’ici, tous négligent, brisons la glace ! »
Puis ajoutait : « Si j’en juge par mon reflet
Dans votre eau que rien ne trouble ni soufflet
Ni camouflet, je me porte comme un charme. »
L’autre ne répondait jamais au vacarme,
Sage comme image, toisant le coquet.
Un jour, lassée, elle lâche au paltoquet :
« Réfléchissez donc, mon Petit qui tant s’admire :
Il est facile, pour qui de loin, aspire
À se voir entier, d’ignorer le détail,
Le défaut à corriger ; c’est mon travail
Et mon honneur : je suis illusion et flatte.
D’autres, petits et vicieux, sont poils qui grattent :
On ne s’y voit qu’en partie et c’est toujours
Pour remarquer, sur soi, sans joie, le labour
Des fatigues, les semailles du temps,… choses
Désagréables s’il en est, qui composent
Le dépit des Hommes, vos gloire et labeur !
On vous prête plus d’attention qu’à moi, certes,
Mais votre vérité fera votre perte :
Chacun préfère embrasser ses qualités,
Que trop voir sa faille ou sa fragilité ! »

vendredi 27 juillet 2012

HAÏKU DE SPLEEN

Les pauvres pleurent sur tout ce qu’ils nont pas ;
les riches braient à propos de la seule chose qui leur manque !

EN ROUTE POUR… SARAJEVO

Ici, un pays métissait
Des religions qu’on dit hostiles,
Des peuples qui se haïssaient
Au nom d’un passé si utile
Quand on retient ce qui mutile,
Blesse et punit ;
Les hiers fertiles en futile,
Bénis, bannis,…

Ici, une cité hissait
La tolérance versatile
Et le respect qui renaissait
Au plus haut des vertus, subtile.
Depuis l’aversion infertile
À tout terni,
Bruni : même l’âge infantile
Finit honni !

Le temps, ce vorace reptile,
Si raccorni,
Offre aux haines des projectiles
Qu’on rajeunit…

LE TAUREAU CHEZ LES GRENOUILLES

Petite fable affable
Après Les deux Taureaux et une Grenouille, Livre II, 4

Être piétiné par un taureau navré
Que peut-il y avoir de pire ?
La mare en souffrit, outrée
D’une ire devenue délire :
Il n’y a rien de plus blessant
Que de perdre sa Toute Belle,
D’être chassé de sa parcelle,
Par une peau de vache, un veau envahissant.
Et ça détruit, Madame, une bête meurtrie !
Car cette vacherie fut une boucherie
Pour plantes et bêtes, sauf bien sûr les oiseaux,
Les insectes volants et, tapies dans les eaux,
Les sournoises sangsues qui glissent jusqu’aux cuisses
De l’amoureux transi de Dame La Génisse.
Les uns, en batterie de cent,
Harcèlent le taureau qui pleure,
Les autres le suçent au sang
Tant et tant qu’il fuit leur demeure.
Taiseux, vos efforts, insistants
Et conjugués, font fuir ou plier plus d’un Grand !

DES THRACES EN GRÈVE ?

       Des Thraces en grève, des invités de Marc, laissant des sillons par millions, des empreintes en traînées que nos regards entraînés empruntent, des cachets que le souffle du vent qui maroufle un sable insaisissable et l'écume en voile de plumes couleurs de brume policeront : l'estampille d'espadrilles qui s'éparpillent, le sceau d'un seau, la griffe d'un râteau et la cicatrice d'un coup de pelle,… Autant de stigmates éphémères d'un été sensible qu'a peaufiné un soleil insubmersible et raffiné.
     Ces sillages sont autant de mirages et de maquillages en cours de déchiffrage, signatures sans lendemain qui n'étaient pas là hier, des impressions plus fugaces que des sensations, des indices qui plissent, complices, le sablon blond. Le soir, vorace, qui ondule de ridules les ilunera, entre ombres et aura. Le matin, rapace, régénérera les plus tenaces de ces traces loquaces et sans grâce.
     Ces traits imparfaits qui raturent un littoral hébété d'être autant embêté, sont l'épure impure d'une parure fugitive, vêture hâtive toute en vergetures, qui trahit à chaque pli et dans tous ses replis, la marque de l'accouchement forcé d'une saison laissant sur l'arène aride, des rides en symétrie et des stries torrides. Ils sont à l'image de notre vie gagnée par la marée montante de l'oubli, sauvée par le reflux des souvenirs. Et nos hauts faits comme nos bienfaits ne sont pas mieux traités quand s'esquisse la fin de nos jours d'été qui est une nuit à sa façon. Une nuit n'ayant pas de lendemain pour rançon.

TROP MAL AU VENTRE

Sur une musique d'Anne MARCHAND-TOUJAS
Extrait du conte musical : « Faims d'enfance » (créé le 28 mai 2013, Acte I, scène 05)
d'après Les enfants de Timpelbach de H. Winterfeld


Les filles : Trop mal au ventre,…
Les garçons : Trop mal aux dents !
Tous : Laissez qu’on entre
Un peu dedans !
Les garçons : Trop mal au ventre,…
Les filles : Trop mal aux dents !

Marie (faussement grondeuse) : Mais que se passe-t-il, vous êtes tous malades ?
                                                   On dirait que c’est bien fini, la rigolade !




Les filles : Trop mal aux dents,…
Les garçons : Trop mal au ventre !
Tous : Aux imprudents,
Ouvrez votre antre !
Les garçons : Trop mal aux dents,…
Les filles : Trop mal au ventre !


Paule :                   On a mangé plein de chocolat, de gâteaux,
          Dévoré des glaces, des bonbons par quintaux…


Les filles : Trop mal aux dents,…
Les garçons : Trop mal au ventre !
Tous : Pitié, qu’on entre
Ici dedans !
Les garçons : Trop mal aux dents,…
Les filles : Trop mal au ventre !


Jo’ :                                           On avait soif, y’avait pas d’eau - Quelle panade ! -
                    On a bu des sodas et de la limonade !

Illustration : Élisa Satgé, 2016