Et dans le soir qui tombe tranquillement,
Les ramures dans le silence se murent.
Là, les chevaux tournent inlassablement,
De ce pas mesuré qu’avaient les lémures.
Figés dans le vent, jamais ils ne dévient
De cette ronde sans joie mais pas sans vie.
La lumière inonde ici quelques rotondes,
Alors la fête reprend sa folle ronde ;
Et pour quelques instants s’arrête le monde,
Il s’étourdit, l’oubli a ouvert sa bonde…
Le manège lent passe comme les jours,
Alors que tonitrue le gros limonaire.
Quelques saluts discrets croisent des bonjours
Mal appropriés au temps mais débonnaires,
Dans les cris et les ris, les heurts et les heurs
D’enfants aux yeux tout écarquillés de bonheur.
L’esprit absent, la raison ailleurs, dans l’onde
D’odeurs sucrées, la fête poursuit sa ronde :
Là, le taiseux a la faconde féconde,
Et le bourgeois les rêves qui vagabondent…
Le carrousel trottine docilement,
Un orgue de barbarie se plaint, murmure.
Un vieux et son singe vendent, aimablement,
Des oublies plus grandes que l’empaumure
Oui, pour un soir qu’on soit sage ou bambocheur
Plus de soucis, de problèmes, de malheurs,…
Pour les parents et leurs têtes blondes,
La fête continue encor’ sa ronde
Dans les bruits et les couleurs qui se fondent
À la nuit que des ballons, lâchés, sondent.
L’ombre, qui doit fuir le nocturne séjour,
Drape filles et soldats concussionnaires
Que le chant et la danse lassent toujours…
L’heure, délacée, n’est plus aux questionnaire,
Ni aux préavis mais aux minois ravis,
Désirs assouvis de plaisirs asservis.
Les petits jouent, les grands se dévergondent
La fête s’amuse à tourner sa ronde
Partout, les convenances font leur fronde,
Et les conventions deviennent secondes…
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