Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 29 février 2020

L’HÔTEL DES HAÏKUS TOURNÉS

Pourquoi m’avoir fait une cité interdite de ton Empire du milieu ?

PROCHAIN INCIPIT OU REMERCIEMENTS À VENIR ?

C’est, seul, le regard du lecteur qui fait naître en nous 
Le génie ou l’envie. Même chez Dugenou.
Car un texte comme un paysage, d’ailleurs,
N’a d’intérêt ou de de valeur que par le regard
Qu’on veut bien poser sur lui, soit-il hagard,
Curieux ou clément. On reste rimailleur
Ou simple écrivailleur jusqu’à ce qu’à vos mots
On s’arrête pour panser ses affres et maux.

Écrire le monde est ma seule ambition.
Je laisse à d’autres la sotte prétention
De le blâmer ou, pire, de le transformer
Alors qu’ils sont incapables de se réformer.
Ne pas plaire à tout le monde sera mon lot.
Je le sais et l’assume. Je ne suis ballot :
Agréer chacun, c’est plaire à n’importe qui 
Or pour moi, lecteur, tu n’es pas n’importe qui…

jeudi 27 février 2020

HAÏKU MI

Je préfère être coiffé à mon aise que sur le poteau…

J’EN FAIS DES WAGONS

Édito inédit pour RuedesFables (non publié à cause du décès d’A. Reffes, été 2019)


          Moi qui allais mon train, et plutôt un bon train faut-il l’avouer, on a ferré ma voix comme un vulgaire sabot. N’en déplaise à la madone des sleeppings, j’en suis tombé, misère, sur mon arrière-train qui n’en a pas sifflé trois fois de mécontentement. Mais quand même !… On m’a assuré qu’il était en effet des chemins de fer comme il fut des Gaston du même nom - car il avait la santé Deferre -  et qu’il me fallait suivre la cadence de l’air du temps, bielle en tête, si je voulais avoir un bon ticket. Je le comprends n’étant poinçon. Mais de là à m’atteler à pareille mécanique, c’est inhumain. Quel mal-embranché a eu pareille idée saugrenue ? Un qui carbure au diesel côté neurones, sans doute. Non, on ne me fera T.E.R. sur ce coup-là !
     Ainsi, au lieu de pousser des wagonnets au fond de la mine  de charbon, je fabule contre un siècle qui marche à voile et à vapeur à la mine d’un crayon. Mais je suis contraint d’aller à un train d’enfer, Rochereau ou autre, confondant vitesse et précipitation, horaire S.N.C.F. et quart d’heure bigourdan. Aussi, je cours à côté de mes rails, malgré les contrôleurs, tirant à la ligne tel un T.G.V., quand je voudrais rester à quai et à quia. Hélas, trois fois hélas, les Huns et les autres allant, eux, à fond de train en vraies locomotives du changement… d’heure, je les suis comme on suit sa voie, sans conviction mais avec vélocité, caténaire de rien. Je renvoie le ballast l’adversaire, surtout si c’est un voyageur sans billet, étant fair-play comme un anglais !
     Au train où vont les choses, qui étaient pourtant jusque là sur de bons rails, je m’égare Saint-Lazare car un doute m’étreint (de 19 h 17 sûrement car j’ai raté le précédent) : en serait-il fini de mon train de sénateur que je suivais sans entrain dans un quotidien train-train qui se refusait au fond de train ? Ce n’est pas que je mène grand train, non depuis ce jour où je me suis embarqué dans l’omnibus de l’écriture, Micheline (il n’y a que le train qui ne lui soit pas passé dessus), du genre plates formes, à mes côtés, ma voix s’éraille comme il sied souvent au savant que je ne suis pas et n’aspire pas à devenir, préférant la voie de garage à celle du stentor et les échangeurs autoroutiers aux aiguillages ferroviaires où ces cocus de chefs de gare sifflent à tue-tête car cheminot chemine bas et file ses collants. Et n’oublie pas de mettre ton pull, Man, sinon il ne te restera que l’essieu pour pleurer ou, si tu veux arrêter la machine, à tirer l’alarme à l’œil !
     Oui, quoique plus beau que feu bogie et malgré mon gabarit, le cul sur mon coussinet, je suis en train de dérailler sans crier (aéro)gare alors que je devrais mettre en train, non mes enfants qui vont encore au pot, mais quelque apologue où il serait question de crocodile amoureux d’un passage à niveau ou d’un autorail voulant devenir trolleybus, pour illustrer mon propos plein de dépôts de vin. Je ne puis plus vivre à fleur de fable en allant mon petit train parce qu’il me faut désormais prendre le train en marche, un express qui plus est. Cela n’est pas de tout repos. Alors je crie « Halte ! Arrêt d’urgence ! E pericoloso sporgersi ». En d’autres termes comme on dit à Ax, « Terminus, tout le monde descend ! », s’il me faut m’atteler à la besogne, tiré par quelque motrice que ce soit, je m’en fous comme de colin tampon, autant que ce soit à mon rythme, celui du tortillard, c’est plus classe, l’important étant que le garde-barrière en poste soit là à l’heure pour saluer mécanicien et chauffeur. Alors, « à bonne en tendeur, salut » comme disait A. Allais et…

     Fabuleusement vôtre.

mardi 25 février 2020

HAÏKU M’UN

Malheureusement, souvent, la lie de l’Humanité constitue la crème de nos sociétés !

LES BALEINES QUAND LA COUPE EST PLEINE

Petite fable affable

Dames baleines qui ne se marraient pas,
Toujours en quête d’un coin à bon repas,
Reines, chacune, en leur part d’océan causent
En leur patois de leur rôle et fonction,
Se lamentant comme veaux marins because,
Au risque d'une vraie relégation,
Il faut toujours rappeler qui est le maître
À tous ces poissons qui s’obstinent à naître
Sans mémoire ni cervelle. « Se frotter
À ce fretin, hélas, fait l’une, me lasse,
Me harasse bien plus qu’emmailloter
Ma marmaille agitée. Ah la populace !

- Avec les mammifères et crustacés,
L’amie, on en a tout aussi vite assez !
Dit l’autre. Alors il faut cogner dans la masse
Après avoir, de but en blanc, convoqué
Le banc et l’arrière-banc qui grimace
De ces condamnés à la nasse et aux quais
Où traînent ces longs filets qui les piègent !

- C’est bien fait pour ces maillotiniers
Pour qui je dois toujours en faire tonnes :
Grouillante engeance née de parents niais,
Elle me contraint, même si ça l’étonne,
 Moi, à jaillir hors de l’eau pour écraser
Sa révolte de tout mon poids, araser
Les têtes qui dépassent, et enfin calmer 
Les queues qui, ici ou là, par trop frétillent.
C’est épuisant !… Car même les palmés
S’excitent. Et moi qui suis si gentille !

- Pourquoi frapper tout ton monde et au hasard,
C’est inutile et digne d’un balbuzard !
Fais comme moi et châtie comme tu aimes :
Pour limiter le nombre de mécontents
Tape donc encore, et toujours, sur les mêmes…
Tu seras tranquille bien plus longtemps ! »

Illustration : Élisa Satgé, été 2019

dimanche 23 février 2020

HAÏKU VERT DE VERRE DURE

Vieille branche, à dormir somme une souche tu vas finir pas prendre racine !

LA PHILO’ ?… FACILE !

Idées creuses qui, dit-on, font si bien
Et vérités qui ne servent à rien,
On fait donc de la philo’ en nos lycées
Désincarnée, empoussiérée, glissée
Là, entre une culture étique et des maths
Écrasantes qui vous font échec et mat.
Aristote avait fait graver au burin,
Et sans doute pas pour les plus sots murins,
Au portique de son université
De la pensée - le Lycée ! - mots récités
Qui disaient en relief : « Nul n’entre ici 
S’il n’est philosophe. » Foin d’impéritie !

Et donc les potaches, à cause de cela,
Lisent et relisent, même cancrelats,
Les adeptes de la masturbation
Neuronale. Et avec force passion.
Sans rien en comprendre ni en tirer…
Ainsi en va toute leur scolarité.

Mais j’avoue : je les comprends. Platon citant
Socrate aurait dit en un tout autre temps :
« Nul ne peut philosopher sans retrouver
L’émerveillement de son regard d’enfant ! »
T’as lu déjà un bouquin de philo’ ?… ‘Fan
De puta !… Pour le comprendre ‘faut s’lever
Matin, avoir un bon dico à portée,
Tout son temps pour saisir voire cogiter
Et, en plus, une mémoire d’éléphant !
Bref, avoir tout sauf un vrai « regard d’enfant »
Car les gamins s’arrêtent à l’essentiel,
Poètes, se noyant au profond du ciel…

vendredi 21 février 2020

HAÏKU’R TOISE

Je préfère le poisson de Sète au cheval de Troyes !

GECKO & CO

Petite fable affable

En vrai calotin, un peu cabotin,
Un gecko prêchait prou en son lointain
Désert sans rencontrer âme qui vive
Goûtant à ses sermons, ni de convives
Voulant bon gré communier avec
Lui. Ça ne lui gelait pas le bec !
Sa foi était celle d’un naja d’Inde
Qui avait converti pintades et dindes,
Au temps jadis. Préceptes éculés
Et, hélas, ascétisme calculé
Avaient permis à ce serpent modèle
D’avaler, tous contes faits, ses fidèles.

L’histoire se sut jusques aux confins 
Du monde et notre reptile, peu fin,
Y vit opportunités pour sa pitance
Si maigre en son désert de circonstance.
Mais ses prêches ne faisaient pas florès
À cause de l’aventure à Bénarès !

Notre gecko, dans l’eau intermittente
D’un oued timide, l’âme contente,
Aimait à se mirer comme un crapaud :
Il s’y trouvait, très humblement, fort beau.
Sous le sceau du secret, je vous confesse
Qu’il adorait, oui, y tremper les fesses.
Un jour qu’il s’adonnait à ce plaisir
Bien véniel, il eut le loisir
D’entendre un bruit et prit la fuite :
Un prédateur était à sa suite,
Sans doute. Chacun le vit donc courir
Et on glosa lors qu’il noulait mourir.

Et puis on s’interrogea sur la cause,
Sur qui voulait lui faire des choses
Menant à trépas. Et on en déduisit
Que sa foi, condamnant l’hypocrisie,
Avait indisposé un grand ou le trône.
C’est ça : il a déplu à la couronne !

Par solidarité ou par esprit
De contradiction, là, on se prit
À se convertir vite à sa si chaste
Religion du réprimé. Ah baste, 
Rien ne vaut la persécution
Et le martyre, ou son illusion
Pour pousser à l’imitation,
Aux vils tourments voire à la passion.
C’est bien connu, même chez les Hommes
Qui répètent en écho, pauvres pommes :
« Suivez, et on vous fuira
Mais fuyez, et on vous suivra ! »













Illustration : Élisa Satgé, été 2019

mercredi 19 février 2020

HAÏKU POURCOU

La violence ne résout pas les problèmes, elle les crée.

LE BOIS

Il est, ici, depuis toujours,
À la lisière ocre de mes jours,
Faisant à mon sommeil bassinoire,
Hélas, une forêt d’idées noires, 
Un vil abri d’arbres à cauchemars,
Aux racines profondes et aux branches
Nues penchées dessus mon plumard
L’obrombrant d’une pénombre franche.

Ce breuil-là, en ses sombres ramées,
Des rapaces sournois, affamés, 
Cache, et tous ces oiseaux de nuit,
Inlassables facteurs d’ennui,
Ont les ailes froissant la futaie,
Des cris envahissant le feuillage,
Fouillant tous ces taillis alités
Où, couchée, mon âme est au pillage.

Pas d’espoir aux sombres frondaisons
Poussant mon esprit à déraison.
Pourtant existe une lumière
Je le sais, en une clairière
Là-bas, à l’orée des nuits.
Oui, c’est celle de mes idées claires
Qui au noir labyrinthe nuit,
Trouées de feuillées spectaculaires…

lundi 17 février 2020

HAÏKU, VÉ !

Petit à petit l’oiseau fait son nid à moins qu’il n’aime à changer d’aire.

CRABETTE & SES DEUX SŒURS

Cycle pyrénéen
Petite fable affable d’après un conte local

Crabette est une charmante biquette,
Qui avec, ses deux jeunes sœurs, caquette
En culeyant, c’est-à-dire en tortillant
Du croupion d’aise, quand elle avance
Vers les pâtis des estives, brillants 
De rosée fraîche qui font sa jouvence.

Là, tapi, on ne sait comment perché,
Un ours les guettait sur un gros rocher :
« Où allez-vous donc aimables fillettes ? »
Crabette, bêlant de peur, répondit 
Au Monsieur aimant les plus grassouillettes
Proies, fort cordial, entre nous soit dit.

« Alors je vous croquerai mes bichettes
Au retour, quand replètes bachelettes
Vous serez donc ! » et de rire il bailla.
Crabette et ses deux sœurs pourtant reprirent
Leur route vers les hauteurs, à quia,
Sans plus se trantoler et sans sourire.

Nos chèvres, à peine arrivées à leurs prés ,
Craignent déjà le moment d’après,
Celui, tantôt, de la redescente
Où, las, elles vont finir en ventrée
D’ursidé et donc elles se lamentent.
Les oit un renard de cette contrée.

« Allons petites, pourquoi tant de larmes ?
Vous n’avez pas encor’ rendu les armes !
N’êtes-vous point cornues ? fait le malin

- Certes, mais c’est un ours qui nous espère !

- Contre une bolée de lait opalin
Je vous promets de revoir mère et père ! »

Sur le qui-vive car c’est un roué
Que ce bon roux-là, et des plus doués,
Nos trois cabres avec la bête pactisent.
Contre son bol, le goupil leur roula
Des billes avec la pâte que, bêtise ?,
Un pastou avait abandonnée là.

Puis il écrasa au jus des framboises,
Les y roula après qu’éclat d’ardoise
Il y planta. Il ficha ces objets
Au sommet des cornes de Crabette
Surprise, comme alentour quelques geais,
Et aussi à celles de sa cadette.

Mais rien pour la benjamine.
Là les caprines interrogent, la mine
Soupçonneuse, le renard satisfait
De lui : « Quand l’ours, sans doute en attente,
En bas, vous verra avec ces effets,
Prou repues, donc encore plus tentantes,
Il ne pourra s’empêcher, ce balourd
De vous demander, la voix de velours,
Ce que sont ces choses, là encornées.
Dîtes-lui que ce sont yeux de fauves :
Toi de renard ; elle de loup. Borné
Oui, mais curieux car, on ne s’ensauve
Pas comme cela chez ces bons gros lards,
Il demandera donc pourquoi ses dards
Ne portent rien. Là, vous direz qu’elle
N’aime rien moins que les ours du coin
Et, qu’hélas, aujourd’hui cette cruelle
Veut se payer l’un de ces malengroins.

Il s’enfuira alors à toutes pattes
Et cherra peut-être en sa carapate
Car il n’est pas, ici-bas, de menace
Aussi terrible soit-elle, dont on
Ne se soustrait pas, même pris en nasse,
Avec un peu d’habileté dit-on. »

samedi 15 février 2020

HAÏKU GNAFIÉ

Qui y laisse des plumes se retrouve parfois à poil !

QUATORZE FÉVRIER DEUX MILLE VINGT

Ma plume est toujours en partance
Cherchant chez les Muses pitance
Mais je me perds en ton absence
Tout à mon impuissance
Et m'égare dans tes silences
Mon âme n’est que somnolence

Mon encre pourtant si intense
Las est là toute d’impotence
Tu es devenue mon essence
Éternelle réjouissance
Se meurent mes vaines insolences
S’éteint un temps ma virulence

Las aucune de mes stances
N’a pour moi ton importance
Et tout ne m’est qu’évanescence
Sans toi voire déliquescence
La vie ne m’est que violences
Pestilence et malevolences

Début et fin de mon existence
Mot ne sait dire l’importance
Que tu as ton incandescence
Qui fait au jour ma renaissance
Donne aux nuits leur opulence
De turbulences en succulence

Tu es à mes côtés constance
Dans l’assistance et l’accointance
Ces vers sont ma reconnaissance
Dans une aube toute opalescence
Qui éveille un jour tout d’excellence…

vendredi 14 février 2020

jeudi 13 février 2020

HAÏKU PAS FRO

Peut me chaut d’être chauve et chauvin quand il fait un coup de chaud !

INCIPIT DE « PETITES FABLES AFFABLES… DES CHAMPS D'EN FACE »

Aux lecteurs et aux amateurs
Qui penseraient, avec l’auteur,
Que les fabuleux fabulistes
- Esope, Phèdre, La Fontaine
Et Florian en tête de liste -
Trop vite mis en quarantaine,
Sont plutôt aimables docteurs
Qu’affables affabulateurs…

mardi 11 février 2020

HAÏKU DE PUB

Chez Spontex, le hérisson est un animal récurrent…

AH, LES VACHES !

Inspiré par Les vaches en ribambelle d'Anne-Marie,
poétesse contemporaine

Une troupe, nonchalamment, se dandine
En ruminant, calme et sereine. Elle dîne
À se remplir à ras la panse de fleurs,
D’herbe à pleine glotte, mâchant sans douleur,
Pour bouser dessous cette queue qui fouette,
Nonchalante et imperturbable couette,
Des mouches bruyantes rongeant leur frein,
Avant d’assouvir leur faim sans peur ni chagrin.

Ainsi ce groupe de croupes va à soupe
Par les grasses pâtures et les verts prés.
Ça chaloupe de la houppe et de la poupe
Parce qu’on l’a envoyée, là, paître auprès
Des chênes en un agreste et fort champêtre
Décor. À satiété, elle va se repaître
Puis s’avachir, repue, dans les champs bleus
De bruyères, lin et myosotis morbleu.

Ainsi vont et font, en ces lieux, nos vaches
Qui, en ribambelle encore, vont broutant
Et que rien au monde, jamais, ne fâche
Pourvu qu’elles aient graminées et beau temps.
La corne au vent, mesurant leurs faits et gestes,
Le sabot lent, jamais preste, jamais leste,
Elles viennent à nous meuglant ou beuglant,
Le mufle plein d’allant, en quête d’un gland.

lundi 10 février 2020

HAÏK(o)U KU

Femme trompée, il faut guérir le mal par le mâle… un autre s’entend !
Même si vous n’êtes pas adeptes des : « ô Tallion » ?

dimanche 9 février 2020

HAÏKU RENTE

Il n’est de grands jours quand on vit à la petite semaine.

À LA SAINTE ARAGNE

Petite fable affable

Son passé étant devenu un vieillard
Qui n’avait, hélas, plus rien à lui dire,
Une araignée vorace un peu sur le tard
S’est revêtue de bure pour le têtard
Convertir, prêcher aux mouches qu’elle gruge
Dans son fin réseau de dentelles de Bruges,…

Officiant dans sa rosace de soie,
La filandière est fort bien en chaire :
Elle prie et fait l’coup du Père François
À qui vient l’écouter puis la chère
Sainte, et oui, communie d’elle ou de lui,
Fidèle ou chaland passant par son huis.

Elle qui parlait tant de frugalité,
D’amour du prochain, de salut,… Sa tenture
Délicate, ouvragée, moins de rédemptés
Que d’âmes perdues accueillait. Sa vêture
Plaidait pour elle mais ses actes contre elle ;
Rien ne résistait, avec ou sans ailes.

Voyant l’aérienne tapisserie
Tant garnie de reliefs de repues fines,
Un gros diable de frelon, rosseries
Aux mandibules et auréole surfine
À l’occiput vint, matin, la sermonner
Avec l’air de tout sauf, las, de pardonner.

Il la crucifia, lançant : « Notre monde
Se trouverait moins chargé de péchés
Si nous tentions tous de vivre, à la ronde,
La vérité plutôt que de la prêcher… ! »

vendredi 7 février 2020

HAÏKU'M PÈTE

Je connais des grandes gueules qui ne jouent pas trop les fines bouches !

SANS FIÉVREUSE ÉLOQUENCE

Souvenances pénibles et troubles souffrances
Venues d’une enfance vécue sans nuance…

Noyée dessous les profondeurs du ciel,
Dans l’épaisseur moite d’un lourd silence
Une enfant avec une craie miel
Dessine autour d’un caillou qu’elle balance
Les carreaux d’une marelle à l’étourdie.
Sans ordre ni méthode, sans ligne droite
Pour la contraindre au bon gré, comme on dit,
Elle va à son pas. Et pas maladroite,
Elle a fait un choix celui du « vouloir » :
Elle dessine après chaque jet de pierre
Un espace protecteur, pas un couloir
Où la cloitrer voire la mettre en bière.

Elle se dessine à chaque jet de pierre,
Quelque avenir à lui inventer
Une histoire qu’il reste à conter, fière
Comme une épopée qu’il faut bien vanter,
Refusant de l’enfermer, non conformiste,
Dans un chemin tout tracé et balisé
Par des conventions. L’opportuniste
Que je suis y voit, sans en être avisé
Un manifeste de ce qu’elle veut faire
De sa vie malgré pleureuses prophéties
Et commérages qui en font une affaire
Qu’une tête d’enfant soit si libre ici.

Mon cœur de gosse sent que cette enfant-là
Sait  que la différence est solitude
Ayant compris ce qui, hélas, me rend las :
Qu’autrui souvent est une servitude ;
Que la roublarde et mesquine destinée
Ne nous vêt que de haillons et de hardes,…
Et surtout que l’imagination née
D’une liberté qui, si on n’y prend pas garde,
Est étouffée. Or c’est un don qui sauvera
De la banalité, de l’obéissance,…
Aliénant l’âme aux abracadabras
Et l’esprit à tout, sauf notre indépendance.

mercredi 5 février 2020

HAÏKU DE J. RAFF

Mieux vaut griller un feu que griller au feu !

LE MERCENAIRE SANS MERCI

Petite fable affable

Devenue, un beau jour, soldat de fortune
Du Roi Lion pour une poignée de tunes
Valant mieux que de finir chômeur,
Cette mangouste, disait-on, avait l’humeur
Toujours fort égale. Certes aussi mauvaise 
Que sa vue « Mais où est donc, dis, le malaise ?! »
Aimait-elle à mander toutes dents dehors.

Son maître, lui, sur deux oreilles dort
Au long de ses jours grâce à sa soldatesque
Qui réprime rumeurs, « pourquoi pas t’est-ce que »,…
Lui fournissant force faisans et connils
Pour ses repues. Ce souverain tout délaisse
Se souciant peu qu’il il y ait grain au mesnil
Pour ses humbles sujets ou foin au fenil.
L’important étant qu’ils fussent bien en laisse
Et que partout chien soit en son chenil.

Craintive, la plèbe soumise, rumine 
Sa rancœur, ronchonne sur ce qui la mine,
Semblant, hélas, attendre des jours meilleurs
Qu’apportera un monarque ferrailleur
Qui renversera, c’et sûr, ce trône inique.
La mangouste a lu d’anciennes chroniques
Relatant cela et craint donc pour son cas.

Au nom du peuple, sot et indélicat,
Comme seule sait l’être ici cette engeance
Qui ne songe qu’à jacqueries et vengeance,
Parce qu’elle fait le souverain travail
En lieu et place du félin monarque
Elle décide de le renverser, et prend à bail
Le palais : règnera donc qui au foirail
Mène les bêtes ! Enfin, ce sera la marque
D’une justice restée longtemps au portail.

Ainsi un putsch éclate-t-il en savane :
Mais notre mangouste a là ouvert les vannes
De la publique colère en tuant le lion
Et celle-ci s’est retournée, rébellion
Contre elle car tout-un-chacun fut victime
Du croqueur de serpents ou de ses intimes
Ainsi tout fut révolution, chaos,…

Quelques fauves voisins, sans trop de cahots,
Se sont emparés des terres et des titres
Du défunt. La mangouste n’avait, ce pitre,
Pas lu toutes les annales des savants.
Elle aurait vu que se soulever pour le compte
D'un peuple ignorant, revient souvent
À s'immoler par le feu un jour de vent
Pour éclairer le chemin à un aveugle*.

* D'après Mohamed Rachid Rida, réformateur arabe syrien. 1865-1935
Illustration : Élisa Satgé, été 2019

lundi 3 février 2020

HAÏKU L'EAU

En toute bonne conscience, j’ai mauvais esprit mais reste bon cœur, bonne âme.

LES BÊTES SONT SANS MORALITÉ

Un peu loulou, un peu marlou, un vieux loup
S’amouracha, matin, d’une très jeune biche
Qui l’envoya se faire voir chez les zoulous.
Avait-elle peur de finir sauce gribiche
Si ce gros relou lui ôtait son pilou ?
Revoilou notre loup qui sa caboche esbiche,
Lui dont le cerveau gîtait jà en igloo.

Jaloux, ce filou que l’on disait andalou,
N’aimait pas qu’à sa barbiche la belle biche.
Il alla voir un cigalou (son gabelou !).
Contre un matabiche, il sut qu’elle était pas lesbiche
Mais détestait qui, en caisse, avait pas un clou.
L’espoir revint à cet as du pied de biche
Pour coffre qu’on croit fort. On le surprit. Walou !