Petite fable affable
En vrai calotin, un peu cabotin,
Un gecko prêchait prou en son lointain
Désert sans rencontrer âme qui vive
Goûtant à ses sermons, ni de convives
Voulant bon gré communier avec
Lui. Ça ne lui gelait pas le bec !
Sa foi était celle d’un naja d’Inde
Qui avait converti pintades et dindes,
Au temps jadis. Préceptes éculés
Et, hélas, ascétisme calculé
Avaient permis à ce serpent modèle
D’avaler, tous contes faits, ses fidèles.
L’histoire se sut jusques aux confins
Du monde et notre reptile, peu fin,
Y vit opportunités pour sa pitance
Si maigre en son désert de circonstance.
Mais ses prêches ne faisaient pas florès
À cause de l’aventure à Bénarès !
Notre gecko, dans l’eau intermittente
D’un oued timide, l’âme contente,
Aimait à se mirer comme un crapaud :
Il s’y trouvait, très humblement, fort beau.
Sous le sceau du secret, je vous confesse
Qu’il adorait, oui, y tremper les fesses.
Un jour qu’il s’adonnait à ce plaisir
Bien véniel, il eut le loisir
D’entendre un bruit et prit la fuite :
Un prédateur était à sa suite,
Sans doute. Chacun le vit donc courir
Et on glosa lors qu’il noulait mourir.
Et puis on s’interrogea sur la cause,
Sur qui voulait lui faire des choses
Menant à trépas. Et on en déduisit
Que sa foi, condamnant l’hypocrisie,
Avait indisposé un grand ou le trône.
C’est ça : il a déplu à la couronne !
Par solidarité ou par esprit
De contradiction, là, on se prit
À se convertir vite à sa si chaste
Religion du réprimé. Ah baste,
Rien ne vaut la persécution
Et le martyre, ou son illusion
Pour pousser à l’imitation,
Aux vils tourments voire à la passion.
C’est bien connu, même chez les Hommes
Qui répètent en écho, pauvres pommes :
« Suivez, et on vous fuira
Mais fuyez, et on vous suivra ! »
Un gecko prêchait prou en son lointain
Désert sans rencontrer âme qui vive
Goûtant à ses sermons, ni de convives
Voulant bon gré communier avec
Lui. Ça ne lui gelait pas le bec !
Sa foi était celle d’un naja d’Inde
Qui avait converti pintades et dindes,
Au temps jadis. Préceptes éculés
Et, hélas, ascétisme calculé
Avaient permis à ce serpent modèle
D’avaler, tous contes faits, ses fidèles.
L’histoire se sut jusques aux confins
Du monde et notre reptile, peu fin,
Y vit opportunités pour sa pitance
Si maigre en son désert de circonstance.
Mais ses prêches ne faisaient pas florès
À cause de l’aventure à Bénarès !
Notre gecko, dans l’eau intermittente
D’un oued timide, l’âme contente,
Aimait à se mirer comme un crapaud :
Il s’y trouvait, très humblement, fort beau.
Sous le sceau du secret, je vous confesse
Qu’il adorait, oui, y tremper les fesses.
Un jour qu’il s’adonnait à ce plaisir
Bien véniel, il eut le loisir
D’entendre un bruit et prit la fuite :
Un prédateur était à sa suite,
Sans doute. Chacun le vit donc courir
Et on glosa lors qu’il noulait mourir.
Et puis on s’interrogea sur la cause,
Sur qui voulait lui faire des choses
Menant à trépas. Et on en déduisit
Que sa foi, condamnant l’hypocrisie,
Avait indisposé un grand ou le trône.
C’est ça : il a déplu à la couronne !
Par solidarité ou par esprit
De contradiction, là, on se prit
À se convertir vite à sa si chaste
Religion du réprimé. Ah baste,
Rien ne vaut la persécution
Et le martyre, ou son illusion
Pour pousser à l’imitation,
Aux vils tourments voire à la passion.
C’est bien connu, même chez les Hommes
Qui répètent en écho, pauvres pommes :
« Suivez, et on vous fuira
Mais fuyez, et on vous suivra ! »
Illustration : Élisa Satgé, été 2019
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire