Petite fable affable
Dames baleines qui ne se marraient pas,
Toujours en quête d’un coin à bon repas,
Reines, chacune, en leur part d’océan causent
En leur patois de leur rôle et fonction,
Se lamentant comme veaux marins because,
Au risque d'une vraie relégation,
Il faut toujours rappeler qui est le maître
À tous ces poissons qui s’obstinent à naître
Sans mémoire ni cervelle. « Se frotter
À ce fretin, hélas, fait l’une, me lasse,
Me harasse bien plus qu’emmailloter
Ma marmaille agitée. Ah la populace !
- Avec les mammifères et crustacés,
L’amie, on en a tout aussi vite assez !
Dit l’autre. Alors il faut cogner dans la masse
Après avoir, de but en blanc, convoqué
Le banc et l’arrière-banc qui grimace
De ces condamnés à la nasse et aux quais
Où traînent ces longs filets qui les piègent !
- C’est bien fait pour ces maillotiniers
Pour qui je dois toujours en faire tonnes :
Grouillante engeance née de parents niais,
Elle me contraint, même si ça l’étonne,
Moi, à jaillir hors de l’eau pour écraser
Sa révolte de tout mon poids, araser
Les têtes qui dépassent, et enfin calmer
Les queues qui, ici ou là, par trop frétillent.
C’est épuisant !… Car même les palmés
S’excitent. Et moi qui suis si gentille !
- Pourquoi frapper tout ton monde et au hasard,
C’est inutile et digne d’un balbuzard !
Fais comme moi et châtie comme tu aimes :
Pour limiter le nombre de mécontents
Tape donc encore, et toujours, sur les mêmes…
Tu seras tranquille bien plus longtemps ! »
Illustration : Élisa Satgé, été 2019
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