Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

lundi 31 décembre 2012

POUR FAIRE HAÏKU'R

Le vrai talent, qui déteste l’exhibition,
n’a pas besoin de public pour s’exercer !

EN ROUTE POUR… LE KIVU

Le Kivu bout. Le Kivu meurt.
De l’aurore prourpre à la brune,
Semeurs de morts et écumeurs
Ont teint en rouge la fortune,
En carmin la joie importune,
À l’opinel
Au fusil, sans haine ni rancune :
C’est pulsionnel !

Le Kivu roue. le Kivu meurt.
Du soir vermeil au levant prune,
Dans ses humeurs, dans ses rumeurs,
On peint de cramoisi chacune
Des cases, d’incarnat les dunes,
Au shrapnel
Ou à mains nues pour quelques thunes.
C’est du véniel !

Meurtre écarlate à l’opportune
Froid, rationnel,
Dans le silence nu des unes.
Coi. Criminel.

samedi 29 décembre 2012

jeudi 27 décembre 2012

L'HAÏ(dé)KU PEU

La vraie coquette dénonce l’afféterie de ses pareilles
pour mieux prouver qu’elle n’en a pas !

LES AVOINÉES DE L'ÂNE

Petite fable affable

L’âne d’un colporteur, plus têtu qu’une mule,
Se fait tancer et disputer
Par son maître, excédé, comme dit la formule.
Moins active qu’un député,
Voleuse et sournoise, plus que le vendeur même,
Cette graine était « de pendu »,
N’obéissant aux ordres jamais qu’au cinquième.
Chaque jour, il chapitrait
 Ce mauvais compagnon, gras comme un chanoine,
 Là menaçait de le cloîtrer,
Le sermonnait ici, lui flagellait la couenne,…
Mais, las, jamais rien n’y faisait :
Sans fin, il l’interpelle et toujours le querelle,
Sans guère d’amélioration ;
Il le menace s’il traînasse sous la grêle,
L’autre ignore la sommation ;
Il le réprimande tout bas pour qu’il s’amende
L’âne, fin, feint le repentir ;
Il le houspille s’il roupille, le gourmande
Quand ce gourmand, à s’abrutir,
Pille les haies, les champs qu’ils longent sur leur route,
Oui, il l’ignore à chaque fois !
S’il a dressé cet âne c’est contre lui, sans doute,
Tant l’autre est de mauvaise foi
Et pis, de plus mauvais vouloir, à chaque étape.
Qu’il proteste, l’air agressif,
Ou insinue, l’œil vers les nues : quand il l’attrape
L’autre se fait sourd et passif.

Cette anecdote-ci, qui n’a rien d’historique,
Nous montre qu’à vouloir vraiment
Laver la tête drue d’une sale bourrique,
On perd sa lessive,… et comment !

mardi 25 décembre 2012

POIL HAÏKU

Invité par hasard et, sûrement, par erreur à un pince-fesses aixois,
J’y ai rencontré du « beau linge », ces gens qui pètent dans la soie :
Ce n’étaient que faux-culs indécrottables et merdeux culs-bénis
Souffrants de diarrhée verbale… Je m’y suis fais chier. Et ce sans possible déni.

dimanche 23 décembre 2012

HAÏKU PONT COURT

Les coups de foudre allument des feux
dont les braises mettent, souvent, longtemps à s’éteindre… 
sans, parfois, n'arriver jamais à s’étendre.

À DOS RÂBLE

Donnons dos, non !

  Plus docile que docte, sans dauber qui que ce soit, car je ne suis pas du genre à parler dans le dos de quiconque, je l’avoue : je suis pour… « le développement du râble ». Oui, là, je parle non du nez mais du dos, Minot !
  Car, même si on fait le dos rond, il vaut mieux l’avoir développé, entendez par là «large », le dos, à force de devoir le courber, le ployer, le plier,… devant les dos d’ânes et les cahots de l’éco’ qui nous mènent au chaos avant qu’on ait le dos tourné. Ah râble, quand tu nous tiens !
  Que nous en ayons plein le dos, ou pas, de se laisser manger la laine sur le dos, nous finissons toujours par l’avoir dans le dos à l’inverse de certains nantis, pépères et dolents, dont déjà les pères avaient le dos au feu et le ventre à table et sont sur notre dos du berceau à la bière !
  Eh oui, il n’est de dominé, même le dauphin dodu, qui ne soit flexible à moins de faire, non le dodo, mais le gros dos. Même si ça fait froid dans le dos, la réalité nous prend, à tout propos, par la peau du dos, et nous casse du sucre dessus, renvoyant dos à dos nos rêves et nos espérances… auxquels on apprend trop vite à tourner le dos.
  Alors le dos au mur, pour ne pas se mettre à dos d’aucuns capables de vous y frapper ou pire, de vous y faire un enfant, on met sur le dos d’autrui - et pas avec le dos de la cuillère - nos problèmes dès qu’ils nous sautent sur le râble. Do…mmage !

vendredi 21 décembre 2012

HAÏKU DE SANG

Je vous aime beaucoup, belle nuque !


Dessin : David Sanjaume, 15 janvier 2011

TRISTESSE

L’absence est toujours là…

Plus d'un an a passé. Je sais.
Pour d’aucuns, c’est histoire ancienne.
On préfère, sans se lasser,
Les récentes qu’on fait antienne.
La poussière d’hier s’oublie ;
La cendre de suaire aussi.
Au seuil de ce siècle aux silences
Cadencés, aux mots costumés
Et à l’impuissance assumée,
Rien ne console mes vers, mes stances.

Certaines pensées ne fleurissent
Jamais au temps, ni autant,
Qu’on veut et ce n’est pas caprice
Quand ces fleurs tourmentent longtemps.
Au terme de tes jours d’errance
Tu sommeilles loin des souffrances
Insatiables qui consumaient
Jusqu’aux nuits de désespérance
Où tu aspirais aux délivrances
Qu’offre une fin toute embrumée.

Couchée non loin du cyprès, dalle
Parmi les dalles, qu’un rosier
Caresse d’une ombre loyale,
Ton nom est travail de bronzier,
Toi, Roseau que l’Universelle
Volonté, celle qui harcèle
Ou bien soutient jusqu’au cercueil,
Mena, sinueux sentier ou onde,
Sans secret, à cet autre monde
Où il n’est plus de vaste écueil…

Si la vie n’est qu’un passage,
Entre sol et ciel, sable et nues,
Pourquoi la quitter avant l’âge,
Sans douceur mais à pas menus ?
Tu as sué dans cette lutte,
Injuste, inégale et si brute.
Ombre aspirée par le néant,
Tu susurres encore en ma tête
Bien que tu ne sois que miettes
Et gis en l’immense océan…

mercredi 19 décembre 2012

HAÏKU'R DES MIRACLES

On est toujours plus compétent et efficace
pour l’emploi qu’on espère et mérite
que dans celui qu’on occupe !

lundi 17 décembre 2012

C'EST BIEN HAÏKU MODE

Combien de jours sombres succèdent à des nuits claires ?!

LE COUCOU & LE HIBOU

Petite fable affable sur un aphorisme de Francis B.

Il est des vieux fossiles,
Toujours donneurs de leçons,
Pour qui tout est facile
Et le disent sans façon.

Un vieux et gras coucou,

Authentique parasite,
Sans se gêner beaucoup,
Prétextant une visite,
Un certain mois de mai,
S’invita à jamais
Chez un voisin néophyte
Qu’il prenait pour bêta,
Blanc-bec, béjaune et bleu-bite,
Hibou de son état.

Notre imposant jésuite,

Ayant là gîte et couvert,
Dicte à l’autre conduite
À tenir ; à bec-ouvert,
En tout, il le conseille,
Pour tout, il le surveille.
Et, sublime travers,
Pour rien, cet égoïste
Ne l’aide : été ou hiver,
En rien, il ne l’assiste.

Pendant ce temps, son hôte,

Traquait le ver et l’épeautre
À se rompre les côtes,
Lui offrant, pour tout patenôtre,
Une mine coincée
Ou une moue pincée.
« C’est que le travail des autres,
N’a jamais fatigué
Personne, Mon bon apôtre ! »
Expliqua le pas gai
À bout de patience
Quand l’autre oiseau se plaignit,
Non sans inconscience,
D’une telle compagnie !


jeudi 13 décembre 2012

HAÏKU ANNE DU PORT

Certains, pressés, jurent « sur l’Honneur »,
Et puis l’on découvre, avec horreur,
Qu’ils s’engageaient sur ce qu’ils n’ont pas.
Car ce faire ne coûte rien, Fat…
Et ne contraint guère plus, d’ailleurs !

PAYSAGE ASSOUPI

La résille du gel couvrait la lande.
En pointes de cristal léger,
Aux genêts nus, pétrifiés, des guirlandes
Pleuraient, tout en larmes figées, 
Retombant en dais  affligés.

Là, le givre, en frêle et fine dentelle,
En saupoudrage sur la croix,
Se noyait dans quelques tombes sans stèles,
Ces flaques où se mirait, roi,
Le silence gris d’un ciel froid.

Sous le ciel engourdi, linceul de brumes
D’un air morne, lourd et froidi
Sur le sol durci, en manteau d’écume,
Rien ne réveillait l’écho endormi,
Par les frimas endolori.

Au miroir d’acier poli des ornières,
Au marbre des terres froissées,
Au granit de l’église des Bruyères,
Aux rideaux des perles glacées, 
Le vent murmurait, comme étouffé.

Prises aux rets d’une mort papillonne,
Aux lacs de nuages cireux,
Les nues se déplumaient, là, monotones,
De leur duvet blanc et soyeux,
En lents ballets cérémonieux.

La lande, hélas emprisonnée de neige,
Drapée de sons tout assourdis
Aux pierres assoupies, dormait, grège.
Tout s’est assoupi, aujourd’hui,
Et le temps nous devient un puits.

dimanche 9 décembre 2012

HAÏKU DERRIÈRE L'EN-TÊTE

Notre intelligence nous élève ;
la bêtise des autres aussi !

LA HURE EN BURE

Petite fable affable

Une truie mauvaise et sale, car sans soin,
Grasse d’esprit et crasse de jugement,
Grosse de préjugés et crosses au groin,
Voulait qu’on la jugeât, sans emportement,
Meilleure qu’elle n’était et, l’habit faisant
La moniale, mit la bure à son pesant
Embonpoint.

Vraie caricature, de sa race au moins,
Ayant tout raté de sa vie, espérant
Racheter ce que Dieu, ce vieillard chafouin
N’a pas voulu lui offrir - estime et rang -,
Elle priait en contrefaisant la ferveur,
Louait le Très Haut pour avoir des faveurs
En appoint,…

Elle donnait le change à tous, néanmoins,
La sultane en soutane rapidement,
Se lasse du calice loin des témoins
Et délaisse le cilice prestement,
Pour revenir à sa bauge et, ce faisant,
Aux bains de boue qu’elle trouvait bienfaisants.
Deux bons points !

L’ayant surprise un jour, l’âne du lieu,
Moins bâté que ses frères, dit, l’air pieux :
« On ne peut sortir de farine, l’Amie,
D’un sac de charbon… même à demi ! »

vendredi 7 décembre 2012

HAÏKU TEUX

Le caprice est à la femme ce qu’est le rayon au soleil :
une partie de son éclat qui, d’agréable, peut devenir insupportable !

mercredi 5 décembre 2012

HAÏKU MORTEL

Le ridicule des autres
nous console bien du nôtre !

LA CHANSON DU GOUJAT

En réécoutant les Dexys Midnight Runners…

(Allons, viens donc Aline,
Son Canon, Sa Câline !)

« Au bal des pêcheurs »,
Il y aura bien d’autr’ morues
Et, comme toi, pas de la premièr’ fraîcheur,
Ou bien d’autres thons
Qui viendront, car l’endroit est couru !
N’aies crainte :
Je m’pointe,
Dans ma veste aux reflets sardine
(Ah, Son Aline !)
Car j’me sens l’anguille qui frétille,
Vu ta proue et ta poupe, Ma Bille !

Allons, Aline !
Moi, j’ai mis
(C’est la class’ !)
Mes grolles de maq’,
Bicolores, oui bi’.
(Flash !)

Dans ta rob’-sac,
Où t’as tout qui déborde,
Ça baborde et ça triborde,…
Oui, Viens donc, Aline !

(Allons, viens donc, Aline !)

Je t’refilerai, pas bêcheur,
La vérole que m’offrit
Carol’, ta petite sœur,
Qui la tient d’un vieux merlan frit.
Pas d’plainte, (ni d’peur)
Ni d’complaint’, (ni d’pleurs)
Avec tous mes bijoux de rappeur, (Sa Câline !)
Moi, j’ai la quille à ras l’écoutille
Vue la proue et la poupe des filles !

Allons, Aline !
Moi, j’ai mis
(Ça c’est class’ !)
Un tube et demi
D’gel, des ray-bans
(Ouais) faits à Taïwan,
- Tout beau, tout bon !-
Aline, (Sois pas vach’ !)
Et du sent-bon
 - Un bidon ! -
Oui, viens donc Aline
(Ouais) Ch’mise à jabot,
Aline ! (L'est pas lâch’ !)
Oui, viens donc !
J’suis tout beau !
Oui, viens donc Aline !…

(Allons, Aline !
Oui, viens-donc, Câline,
Toi qu’es maline,)
J’ai la chenille
Qui s’fait godille !
Oh, mon Aline !
Oui, viens donc, Aline,
Fais-toi gentille, comme ta mère
L’a été,
Avec moi, ô quelles joies éphèmères,
L’autre été.
Bonne mère !
Mais j’l’ai largué, restant dans la famille,
Vu la proue et la poupe d’ses filles !

Allons, Aline !
Moi, j’ai mis
(C’est la class’ !)
Mes grolles de maq’,
Bicolores, oui bi’.
(Flash !)

Dans ta rob’-sac,
Où t’as tout qui déborde,
Ça baborde et ça triborde,…
Oui, Viens donc, Aline !
Allons, Aline !
Moi, j’ai mis
(Ça c’est class’ !)
Un tube et demi
D’gel, des ray-bans
(Ouais) faits à Taïwan,
- Tout beau, tout bon !-
Aline, (L'est pas lâch’ !)
Et du sent-bon
 - Un bidon ! -
Oui, viens donc Aline…

lundi 3 décembre 2012

HAÏKU BIEN (Res)SENTI

Il existe des gens tellement cloches
 qu’il faudrait leur taper dessus
pour les entendre raisonner un peu juste !

samedi 1 décembre 2012

HAÏKU MULATION

De la misère et de mes soucis sont nées
des pensées qui me sont autant de roses !

LE PAIN AU CHOCOLAT

D’après Le petit pain au chocolat
(Del Turco & C. Bigazzi / P. Delanoë)

Coppé, un jour, a chanté
Qu’un p’tit pain au chocolat (Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe !)
Avait été arraché
Par un beur pas très sympa… (Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe !)

Ah vraiment, elle est très bête
Notre Droit’, quand ell’ s’embête !
Il faut dire que Coppé
Était l’affidé des brillantes
Idées de l’agaçant
Buisson, du Sarko’ médiatique,
Président dont la clique
Avait régné un temps.

Il était populist’, c’est tout,
Se voulait calif’, pacha (Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe !)
Dans ses rêves les plus fous,
D’son parti à coups d’crachats. (Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe !)

Mais voilà, la vie est bête,
Il y a Fillon, la sale bête,
Qui se découvre un côté rebelle
Sur le tard, quel malheur,
Et veut aussi la plac’ si belle
Que convoit’ l’autre brêle :
Êt’ chef lui tient à cœur !

Entre bons mots à la volette,
Les cous tordus et les coups bas, (Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe !)
Des primair’ entre eux sont faites
Pour décider qui s’rait roi. (Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe !)
C'est évident, elle est très bête
Notre Droit’, quand ell’ s’embête !
Chacun se voulant primé,
L’déprimé et l’autre rosse,
L’Parti ils mènent au trépas,
Et non sans plaies et non sans bosses,
Entre chienlit et négoce…
Pour un pain au chocolat !

 (Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe !
Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe !)

Ah vraiment, elle est très bête
Notre Droit”, quand ell’ s’embête !
Car, quand on y pense,
Elle s’est, tout’ seul’, défaite,
Décomposée, c’est mieux,
Au profit d’un’ blondinette
Nasillarde et ses piètres
Nazillons tout heureux.

 (Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe !
Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe !)

jeudi 29 novembre 2012

mardi 27 novembre 2012

PLAN D'HAÏKU'PEU

La nudité de la vérité plaît moins que ses oripeaux…

COMME UNE OMBRE

Sur Comme un arbre (Maxime Le Forestier)


Le nez collé au goudron,
Couché devant ta maison,
Dans la pluie, je rêve aux îles
Nées dans l’ombre de vos villes.

Moi, je sombre dans ta ville.
Personne n’a remarqué
Que ma vie est à l’arrêt
Que je suis être immobile,
Comme une ombre dans ta ville

Gris béton ou noir bitume,
Pour bouffer, las, je me bats,
Et mon grabat fait débat
Sur ton trottoir où tout fume,
Gris béton ou noir bitume.

Comme une ombre dans ta ville,
Les poubelles pour voisines
Mon sommeil, sans but, cousine
Avec de vieux magazines,
Comme une ombre dans ta ville

Comme une ombre dans ta ville,
J’attends, là, l’espoir en deuil
Et, las, plus de larmes à l’œil,
Face au flot d’automobiles,
Comme une lombre dans ta ville.

Gris béton ou noir bitume,
Le cœur cru et l’âme à nue,
Ma vie s’est tue dans la rue
Où toi, tu passes, en costume
Gris béton ou noir bitume.

Comme une ombre dans ta ville
Je ne suis qu’un simple corps
Qui se fond à ton décor
Comme son chien, sa sébile,
Autant d’ombres dans ta ville…

dimanche 25 novembre 2012

vendredi 23 novembre 2012

UN HAÏKU TERRIBLE

Être déshonnoré blesse ;
être ridiculisé tue.

LA CHÈVRE MÉCONTENTE

Petite fable affable

« Ma vie ici-bas est triste et pitoyable !
L’herbe est bien plus verte de l’autre côté
De cette rivière aux flots impitoyables.
Et traverser, je crois, ne peut m’en coûter
Puisque j’y sais un passage praticable !
Pleurait une biquette qui portait un bouc
Et puait tout autant que la bête à plouc.
En plus, on voit moins de loups dans ces parages,
Moins d’hommes qui, d’un rien, font tout un fromage ! »

Mais, Dieu, qu’agaçe ce petit bout-de-chou !
Aussi la plus sage et vieille des brouteuses
De son troupeau qui, noire comme un cachou,
Dit-on, se perd les chèvres, chose douteuse,
D’avoir trop ménagé la chèvre et le chou,
Lui dit : « Mais qu’attends-tu pour partir, Blanchette !
Depuis qu’il t’a poussé une barbichette
Je t’entends geindre sur ton sort et envier
L’autre berge dont tu rêves pour foyer.  »

Celle qui rendait chèvre ses congénères
Lui rétorque : « Il faut choisir le bon moment
Sinon bien vite et, pis mal, tout dégénère :
La belle aventure deviendra tourments,
Regrets et remords. Ma vie, si ordinaire
Ici, serait-elle, là-bas, sans revers ?
Quels maux peuvent se cacher dans tant de vert ?
Choisir tu le vois n’est pas aisé, Commère ! »
L’ancêtre répondit d’une voix amère :

«Lorsqu’on ne sait vers quel port naviguer,
Aucun vent ne saurait être le bon
Prétendait aux Hommes, le sage Sénèque.
Qu’importe de connaître le lieu du gué
Quand on ne veut pas traverser pour de bon !
Réplique-t-on à qui, en vain, se rébèque… »

lundi 19 novembre 2012

HAÏKU MIGNON

Idole à dorer se vend mieux
que Dieu des argentés !

L'HONNEUR DE LA FAMILLE


Mon Grand-père voulait que j’devienne « quelqu’un »,
Un homme respecté parmi ceux qui fourmillent,
Ces quidams sans-grade et obscurs tout-un-chacun.
Il me voulait « l'Premier », « l’honneur de la famille »…

« Petit,
Ne parais pas vaincu, par rien ni par personne :
Pleurer accroîtra tes soucis
Et rager n’arrange pas qui se hérissonne.

Quand le faible façonne,
Et le frileux frissonne,
Sois sans peur, Petit, et sois sans pitié aussi.

Quoi qu’en disent les grands gaspilleurs de salive,
Seuls les plus forts survivent ! »

C’était du Vieux la scie :
 « Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent !

Va, bats-toi , peu ou prou,
Contre tous, contre tout,
Joue des crocs, joue des ongles :
Ce monde est une jungle !

Coucou ou casse-cou,
Sois fier, froid. Fat parfois.
Et qu’importent les coûts.

Affronte fous et foi
Et vois la boue des choses :
Il est plus d’épines que de fleurs à nos roses
Petit, c’est à ce prix-là que viendra “ton jour” ! »

Il me disait toujours :
 « Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent !

N’sois pas gentil matou,
Ni tendre toutou :

Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent !

Joue toujours tes atouts
Et risque ton va-tout :

Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent !
Quoique d’aucuns écrivent

Ne crains ni Dieu ni coups,
Ni les grands Manitous,

Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent ! »

Mon pauvre Grand-père, je ne suis pas Vulcain.
Juste un péquin comme il en est des escadrilles,
Un quidam, du fretin, à pein’ mieux qu’un Pasquin
Qui n’sera pas « l’Premier »,… ni « l’honneur d’la famille » !