Mon Grand-père voulait que j’devienne « quelqu’un »,
Un homme respecté parmi ceux qui fourmillent,
Ces quidams sans-grade et obscurs tout-un-chacun.
Il me voulait « l'Premier », « l’honneur de la famille »…
« Petit,
Ne parais pas vaincu, par rien ni par personne :
Pleurer accroîtra tes soucis
Et rager n’arrange pas qui se hérissonne.
Quand le faible façonne,
Et le frileux frissonne,
Sois sans peur, Petit, et sois sans pitié aussi.
Quoi qu’en disent les grands gaspilleurs de salive,
Seuls les plus forts survivent ! »
C’était du Vieux la scie :
« Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent !
Va, bats-toi , peu ou prou,
Contre tous, contre tout,
Joue des crocs, joue des ongles :
Ce monde est une jungle !
Coucou ou casse-cou,
Sois fier, froid. Fat parfois.
Et qu’importent les coûts.
Affronte fous et foi
Et vois la boue des choses :
Il est plus d’épines que de fleurs à nos roses
Petit, c’est à ce prix-là que viendra “ton jour” ! »
Il me disait toujours :
« Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent !
N’sois pas gentil matou,
Ni tendre toutou :
Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent !
Joue toujours tes atouts
Et risque ton va-tout :
Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent !
Quoique d’aucuns écrivent
Ne crains ni Dieu ni coups,
Ni les grands Manitous,
Seuls les plus forts survivent…
Et les autres dérivent ! »
Mon pauvre Grand-père, je ne suis pas Vulcain.
Juste un péquin comme il en est des escadrilles,
Un quidam, du fretin, à pein’ mieux qu’un Pasquin
Qui n’sera pas « l’Premier »,… ni « l’honneur d’la famille » !
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