Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 30 novembre 2024

vendredi 29 novembre 2024

HAÏKU FATAL

Vaut mieux être con que mort : voler au ras des pâquerettes c’est quand mieux que de manger les pissenlits par la racine !

LES BRONZIERS

Petite fable affable d’après Les deux potiers
d’Henri Richer (1685-1748)

Deux bronziers se faisaient concurrence
Pour orner les meubles du grand maître Reboul.
L’un d’eux ayant le cœur des plus rances
Blâmait l’ouvrage de l’autre comme un maboul :
« Ceci est mal coulé !… Que d’errances :
Cela aurait mérite à être ciselé !…
C’est trop poli, ça ; en référence,
Là, ce n’est pas assez fin pour des annelés… 

- Vous ne voyez pas, c'est une chance,
Le plus condamnable, hélas, de tous leurs défauts.

                                                       - Qui est, Monsieur ?

                         - Que, par malchance,
Mes œuvres ne sortent pas de votre atelier
Le seul où se trouve l’Excellence…
Reconnaître le mérite d’autrui 
Du nôtre n’ôte en rien fleurs ni fruits. »

mercredi 27 novembre 2024

HAÏKU’MODE

Vu le niveau des conversations dans les sauteries, le buffet proposé sert surtout à meubler.

RIMEUR NAVIGATEUR

Sur une toile d’Elisa, octobre 2024

Moi je vogue bateau fantôme
Sur les vagues floues sans arôme
D’un monde las qui mal vieillit
Tant il est défait a failli
À desserrer un peu l’étreinte 
De ce temps qui court et l’éreinte

Dans des ciels tardant à brunir
Et par des rêves d’avenir
Je cours les mers océanes
Recherchant partout ma Guyane
Et vais par les flux et les flots 
À voile que veux-tu hors clos

Je cingle pour vous fuir les Hommes
Croise et louvoie loin de vos Rome
Passant sans que me me voyiez
Voilier aimant à flamboyer
Quand vous, abreuvés de futile
Vous vous engraissez d'inutile…



lundi 25 novembre 2024

HAÏKU DE PIEUX

N’envoyez jamais un curé au diable : il pourrait s'en trouver bien !

LES DEUX CRAPAUDS

Petite fable affable

Deux crapauds vivaient au milieu des grenouilles.
L’un politisait ; l’autre filait quenouille.

Le premier servait avec zèle sa Majesté
De la Grenouillère quand, sans protester,
Son frère labourait parmi dames cuissardes
Comme un manant, en portant jusqu’à leur hardes.
Le courtisan était zélé, diligent,
Jamais assez pour lui. Mais, les bonnes gens
De la cour de la mare, qui peu le respectent,
De tenter un vil coup d’état le suspectent.
On le dénonce. La souveraine banni
Celui qui l’avait si bien servi et nie.

Entre temps, sachant sa noble parentèle
Dans le peuple de nos rainettes, on harcèle
Le croquant crapaudier voulant obtenir
Par lui cossu pensions, poste d’avenir,…
Comme il n’en faisait rien, car son digne frère
Coupa tout lien avec ce plouc de mouillère,
On le chassa, hélas, des plus prestement,
Estimant qu’il nuisait, par son infâme comportement
Au bien commun, comme une mise à l’amende
Pour n’avoir même pas tenté de demande.

N’en faîtes pas plus qu’à bon droit pour votre roi
Un jour, il vous pensera sans foi ni loi ;
N’en faites pas moins que n’espère la plèbe,
Vous lui rappelleriez qu’elle pue la glèbe !

samedi 23 novembre 2024

HAÏKU MORTEL

Qui vit têtu, souvent meurt buté !

HALLOWEEN NOUS CHAFOUINE…

Sur une photo de mArc-Yvan Custeau, 2 novembre 2024

La nuit d’Halloween s’est attardée jusqu’au matin…
Ses brumes laissent apparaître des forêts fantômes
Que l’Automne a rendues squelettiques aux yeux des Hommes
Et ont fait disparaître ses ocres et ses châtains.
La nuit d’Halloween s’est attardée jusqu’au matin…

Pour un moment, la peur a bâti son vain royaume
En ce labyrinthe mouvant, soie fraîche et froid satin ;
On perdra, çà ou là, et le nord et son latin,
Les frissons plus que les frimas aidant, Mon Bonhomme.
Pour un moment, la peur a bâti son vain royaume…

Certes, l’aurore endort notre saison polychrome
Mais réveille les nues et, dans les prés, les arômes
Que les ombres de la nuit ont contenu ou éteint.
Certes, l’aurore endort notre saison polychrome…

Déjà, du lac s’anime le grand miroir sans tain
Qui se pare, dans ses clapotis, de tons d’étain
Fors ce voile arachnéen de brumes sur les chaumes.
Déjà, du lac s’anime le grand miroir sans tain…



jeudi 21 novembre 2024

HAÏKU AMOR

On dit souvent que l’amour rend stupide. 
Rien de plus normal : on effeuille mieux la marguerite quand on vole au ras des pâquerettes…

LE SOLITAIRE EN SOCIÉTÉ

Petite fable affable

L’âme encore dans la lune et le cœur pendu
Aux clous d’or étoilant une nuit distendue,
Son oreille guette le murmure des Muses
Qui faiblit dans l’aube aux ocres lueurs diffuses,
En allées à peine nées, venues pour sécher
Les larmes de rosées par l’aube dépêchées…

C’est un plumitif, un maladif à l’encre âcre,
Qui ancre ses peines et joies, loin des simulacres
De bonheur, et douleurs qui marquent notre temps
Qui ne sait plus ce qu’est le moment ou l’instant.
Le matin le trouve brisé à l’écritoire
Mettant un mot final sur des maux que l’Histoire
Oubliera parce qu’il ne veut fêter son génie
Lui-même en ce siècle égotique qui bannit
La réserve comme une vanité plus grande,
Plus immorale encor’ que lauriers en guirlande !

Alors quand sommeille son époque, il va rêvant
À ces quelques strophes qu’il peut voler au vent,
Aux vers qui chanteront les verts d’une nature
Qu’hélas les bonnes gens d’ici-bas, ces raclures,
Prennent l’humilité pour fausse modestie
Et promotion d’une œuvre pour immodestie !

mardi 19 novembre 2024

HAÏKU Y ZINE

J’aime bien mettre les pieds dans le plat, surtout les pieds-de-mouton.

GAZA

Regards suppliants et doigts mendiants
Une enfant tousse 
Des ruines poussent
Sous quelque bombe aux feux irradiants
La ville est brousse
Regards suppliants et doigts mendiants

Quand vivre est un incessant souci
Désespérance
Il n’est pas d’ennui en nuits ici
Peurs et souffrances 
S’y meurt l’enfance
Survivre est un incessant souci

Ceux que les armes oublient la faim tue
Haine avide
Et tout le monde hélas s’habitue
Aux yeux si vides
Faces livides
De ceux qu’armes oublient que la faim tue

Voix acide sans regret ni remord
Heures furtives 
Heures fautives
Le temps file en silence de mort
En définitive
Génocide sans regret ni remord

lundi 18 novembre 2024

dimanche 17 novembre 2024

HAÏKU DU CALANDOS

Les soupe-au-lait font vite de tout un fromage !

AU TRIBUNAL DE LA HAIE

Petite fable affable

Une pie pérore en halliers et buisson
Qu’un chemin serpentant longtemps longe.
Par ses harangues, l’agasse plonge
Le peuple du brise-vent, restant sans son,
Dans l’attention la plus béate
Ce qui la pousse à discourir, sans hâte,
Encore et encore, et ci et ça,
Et puis patati et patata…

Ses belles adresses ne lassent guère
Que le troglodyte, un petit pépère
Ne goûtant ni laïus ni leçons,
Qui finit par le dire à sa façon :
« Que de riches sermons, de bons prêches,
Amie palabrant à la voix rêche :
T’aimeraient grognards comme chignards…
Si tu n’étais aussi… charognard.
J’aime ce que j’entends, charitable,
Mais rien ne vaut ce, qu’hélas, je vois :
Quand le faire est des plus discutables,
Les beaux dires mie ne me fourvoient ! »

vendredi 15 novembre 2024

HAÏKU DE RAYONNAGES

Il est des bibliothèques qui sont des paravents à l’inculture.

À LA RIGAUD

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau,  19 octobre 2024

La rivière noyait les feux du matin,
Las, sans les éteindre. Bien au contraire.
De cet écho céleste, je ne pouvais m’abstraire,
En ces reflets, je ne voyais que satin.

Et mon regard ne pouvait se distraire
Du jeu de l’eau et du ciel, argentin.
Las, sans les éteindre, bien au contraire,
La rivière noyait les feux du matin.

La beauté se passe de baratin :
Juste on l’admire sans rien en extraire,
Car, tant pis pour les âmes littéraires,
Même un poète y perdrait son latin.

La rivière noyait les feux du matin…



mercredi 13 novembre 2024

HAÏKU UNIQUE

La foule c’est le fanatisme féroce et la folie furieuse.

LES DEUX VOISINS

Petite fable affable d’après le Marquis de Calvière (1695-1777)

Non loin des riches garennes de Garonne,
Aride de faim et sec de soif un terrain
Donne peu et mal. Lors, un jour s’en étonne
Son tant pauvre métayer au teint d’airain
À son premier voisin que le labeur brise
De l’aurore au crépuscule offrant à voir
Un champs où le blond blé abonde, surprise
Auprès de la friche triste à émouvoir.

« Mon cousin, sans être exagérateur,
Je suis pareillement que toi ouvrageur,
Et le sol rien ne me donne en récompense :
Ça doit venir de lui, plus piètre, je pense,
De mon outillage… ou bien du mauvais temps. »

L’autre répond, l’œil aux cieux un bref instant :
« Comme mon père disait à ses locataires,
Collègue, “Tant vaut l’homme, tant vaut la terre” ! »

mardi 12 novembre 2024

lundi 11 novembre 2024

HAÏKU DE MER

Les voiliers ont fait naître des rêves que des cargos ont tué !

ROUGEURS VIRGINALES

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau (08 mai 2023)

Je vis le temps à l’endroit dans l’aube écarlate
Aux instants cuivrés, aux moments ardents,…
Je marche dans l’éclat amarante de stries violates
Où filent des traits mordants et sanglants,
Où se traînent des fièvres flamboyantes et célestes
Qui prennent tous les cieux vineux des lieux agrestes…

J’admire les carmins, le corail cramoisi
Qui brûlent de garance purpurine,
Le feu et les flammes de ce levant rosi,
Où je baigne mon âme aigue-marine.
Je vogue entre vineux, vermeil et vermillon,
Le temps pourpré où le jour est rougeoyants sillons.

Le soleil y sème grenats et rubis qui germent
En un matin aux reflets lie-de-vin, 
Y fleurissent des heures incarnat, épiderme
Frissonnant d’un jour sur lequel le divin
Se fait palette où même le néant se dore…
Ce rubicond est vite, hélas, franchi par l’aurore.



dimanche 10 novembre 2024

HAÏKU ENRAGÉ

Se soustraire à sa langue, s’abstraire à sa culture n’est pas une erreur, c’est une faute. Mais ne pas les enrichir de celles d’autrui est un crime.

samedi 9 novembre 2024

HAÏKU DE TOMME

Il en est qui d’un rien te font un fromage, mais ce n’est là qu’eau de faisselle !

AUX PORTES DU PARADIS

Petite fable affable

« Maîtres, régents, préfets, qui ne pardonnez rien,
Ne punissez jamais sans y regarder bien ! »

Ainsi parle le Dieu du Ciel à ceux qu’il nomme,
Hors des célestes cieux, pour diriger les Hommes.
Son truchement ailé, Gabriel le zélé
Le reprend : « Majesté, je ne peux vous celer
Qu’il va y avoir, en bas, bien du grabuge
Car vous voulez aussi, et point je ne vous juge,
Que Fortune souvent traite avec cruauté
Travail et Probité quand la licence

Oisive et le calcul, au milieu des délices,

Nagent dans l’abondance et la prospérité.

- Gagner le Ciel doit se mériter, Mon Archange,
Et choir en Enfer ne doit pas être un challenge.
N’oublies mie que patience et, mieux, longueur de temps
 Feront à jamais plus que rage ni que force.

- Oublierais-tu, divin maître, que tout autant
Brève sera leur vie face à la Mort retorse. »

vendredi 8 novembre 2024

jeudi 7 novembre 2024

HAÏKU GÉNÉRATIONNEL

Il n’est pas rare que le premier imbécile venu soit né de la dernière pluie !

VIES PARALLÈLES

Sur une photo de. Marc-Yvan Custeau,  17 octobre 2024

On vit tous hélas des vies parallèles
À vouloir voler de nos propres ailes
Se grisant de vitesses démentielles
Comme de destinations irréelles

À ne vouloir que des joies matérielles
On vit tous hélas des vies parallèles
Où les soucis les ennuis sont kyrielles
Pour des destinées devenues vénielles

Au long de nos heures artificielles
Dans un temps aux courses concurrentielles
On vit tous hélas des vies parallèles
Allant à l’essentiel et donc partielles

Au sein de nos sociétés actuelles
Cruelles habituant dès la mamelle
Aux peurs aux angoisses perpétuelles
On vit tous hélas des vies parallèles



mardi 5 novembre 2024

HAÏKU D’INFOX !

Paradoxalement, « Comme j’aime !™» me gonfle !

LE RAT SAVANT & LA SOURIS SACHANT

Petite fable affable

Un rat croyait s’être acheté une sainteté 
En robant une auréole au mont de piété.
Mais se vantant bien plus qu’il n’était loué, ce compère
Trouve qu’on ne l’admire pas autant qu’il l’espère.

Il vole alors un livre, en dévore plus les mots
Que les pages, chose rare chez ces grimauds.
Et le voilà à parader en citant quelques poètes
Oubliés… Il fait sensation chez les bonnes bêtes
Qui, aussitôt, le promeuvent au rang de Grand Savant.
Respecté et écouté, il jubile en son fors et, souvent,
Décrète le bon, le bien et le beau chez les unes
Ou le ridicule chez d’autres gobeurs de lune.

La souris qui, jadis, avait appris à comprendre,
À ses grands airs et bons mots ne se laisse pas prendre :
Elle lui pose, sur ses dires, une question
Qui laisse Rat coi. Béate d’admiration
La foule de ses affidés entend la voix frêle
De la grisette clore débat avec la brêle
D’une sentence qui, à maints fou rires, condamnait
Le cuistre qu'a discrédité la leçon donnée :

« On a toujours bien du talent quand les mots des autres 
Nous rendent plus fin et intelligent que les nôtres ! »

dimanche 3 novembre 2024

HAÏKU À NIVEAU

Faisons en sorte que ce qui ne court plus les rues ne se retrouve pas sur le trottoir !

COMME UN ARBRE…

D’après une photo de Marc-Yvan Custeau, 7 octobre 2024

Comme un arbre seul en plaine,
Je domine les blés mûrs
Qui plient aux venteuses haleines,
Plus solide qu’un vieux mur.
Ce matin, il n’est que brumes
Sur vos maigres horizons
De bosquets, de frondaisons,
Promis à devenir grumes.

Je toise les bêtes à laine
Qui errent d’un pied peu sûr
Par tous les pâtis obscurs ;
Ma vie n’a mie coupe pleine,
Comme un arbre seul en plaine.

Qu’écume le ciel qui fume
Ou déraisonnent les saisons 
Rien ne me donne amertume,
Que j’ai ou non feuillaison.

Si la grêle est certes alènes
Et l’orage, éclats impurs,
Je résiste aux tire-laines,
Avec mon cœur droit et dur,
Comme un arbre seul en plaine.



vendredi 1 novembre 2024

YES, HAÏKU’D !

Si savoir parler peut être un art, savoir écouter est assurément un talent.

UNE FEMME HONNÊTE

Petite fable affable

« Ma fille, maintenant, tu es devenue femme.
Il faut savoir, dès lors, préserver le peu d’âme
Qu’on te reconnaîtra en préservant les dons
Qui seuls te vaudront, au soir de ta vie, le Pardon.
Ils devront conduire le reste de ton âge
Dès avant, comme bien après, le mariage :
La première est « la Vertu », de ton intimité,
Ta vie privée sera gardienne assermentée ;
L’autre est « l’Honneur » guide strict de ta vie publique,
Épiant tes mots et gestes, hélas, tous symboliques.

Ces cicérones te feront la vie rangée
Qu’on attend de toi qu'on ne doit que louanger.
Elle feront ta « Réputation », ta richesse.
La seule. Car, las, pour d’aucuns ce que tu fais
N’est que frêle moitié de ce, qu’au fond, tu es.
Il n’y a de fumée sans feu, sois-tu duchesse !

- Donc je vais, sans cesse, être jaugée ou jugée,
Parce que mon sexe souffre de préjugés !…
Je crois surtout que ces trois grâces sont des garces
Dans ce monde qui n’est qu’une fort triste farce
Car qui me l’impose et me juge, patatras,
Sera qui fera tout pour m’en défaire, hélas ! »