Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 30 avril 2016

HAÏKU DE PAU (TARBES & AILLEURS)

En matière d’Économie, nos dirigeants, quels qu’ils soient ou aient été, depuis la Crise des années 1970, ont appliqué et continuent d’appliquer la célèbre devise des Shadocks : « En essayant continuellement on finit par réussir donc : plus ça rate plus on a de chances que ça marche ! »

FUNÈBRE ORAISON

En toute bonne conscience
Non sans quelque mauvaise foi,
D’aucuns se disent, quelquefois,
Que c’est bien bon cette Alliance
Avec un vrai et Bon Dieu
Pour que partout l’inexplicable,
L’inconnu ou bien l’insondable
À leurs sens et à leurs yeux
Leur soit là expliqué, sensible,
Compris… mieux, compréhensible.

Oui, en toute mauvaise foi
Et avec bonne conscience,
Quelques-uns font une science
D’être prosélytes, parfois,
Tant c’est facile et très pratique,
D’avoir, sous plusieurs noms, un Dieu,
Tout là-haut au sein des cieux, 
Qui les trouve assez sympathiques,
Pour leur servir de bonne excuse
À leurs vil actes et à leurs ruses.

En toute bonne conscience
Non sans quelque mauvaise foi,
Certains croient ici-bas, parfois,
À la puissance, l’omniscience
De ce Dieu qu’ils ont créé
Pour que le pire Il leur pardonne
Le véniel, le mortel, donne
Tout, Lui qui les a pas créés.
Alors au Diable, prières
Et temple donnant des œillères !

vendredi 29 avril 2016

HAÏKU DE CANON PAS CHEZ (Le)BEL

Heureusement qu’il y a les civils et les hommes de troupes pour payer les fautes et faire oublier les erreurs des États-Majors !

FABULEUSES FARIBOLES 5 (Apologie de l’apologue)

Quatrième de couverture imaginaire


Ayant repris humblement le flambeau de l’ineffable métier de fabuliste, je marche sur les pas d’un autre qui fut fabuleux, même si, dit-on, ce genre d’exercice ne laisse guère de traces… Alors je traque aux agrestes abords de mon chez moi de quoi vous narrer de modestes histoires à ma façon : « Quel esprit ne bat pas la campagne » comme disait feu mon maître
Trempant ma plume acérée dans l’âcre de notre quotidien, observateur partiel et compilateur partial, je n’aspire qu’à m’amuser de nous par ces histoires et qu’à faire sourire celle - ou celui - qui se trouve de l’autre côté du livre et pour qui j’écris. Même si tout auteur a peur de n’être pas à la hauteur de son lecteur, rimeur à mes heures et poète à celles des autres, on prétend qu’avec ces mots, je fais médisant. Peut-être… Mais de loin alors car il y a longtemps que je ne les ai plus même si ce serait là avoir l’âge de ces fabulettes, vaines amulettes, selon d’aucuns grands esprits :


« La Poésie n’était au premier âge qu’une Théologie allégorique, pour faire entrer au cerveau des hommes grossiers par fables plaisantes et colorées les secrets qu’ils ne pouvaient comprendre.
(Pierre de Ronsard, Abrégé de l’art poétique

Alors je viens, hôte étranger, vous déranger une dernière fois avec mon petit théâtre, aux personnages souvent animaux à défaut d’être bêtes, de contes. Et si le conte est bon, il devient un mensonge dont on tire une vérité

Vous retrouverez donc, ici, au travers de strophes cousant à vif des vers cuisants, gros défauts, tares inavouables et dérives provisoires… traits de caractère insupportables propres à nos voisins et néanmoins, pour certains, amis ; et c’est sans doute pour cela qu’on les apprécie. Ah, quel délice de pouvoir se vautrer sur la paille de leurs inavoués penchants sans avoir à se chauffer en brûlant la poutre de nos petitesses !


« C’est assez, suspendons ma lyre,
Terminons ici mes travaux.
Sur nos vices, sur nos défauts,
J’aurais encor beaucoup à dire. »
(J.-P. Claris de Florian, Fables, Épilogue)

jeudi 28 avril 2016

HAÏKU DEUIL DENLEURÉ, TROP !

Un bigleux qui persévère n’ira pas plus loin qu’un « voyant » qui s’aveugle sur son prétendu don !

UNE VIE TOUTE PRESCRITE

Chanson sur ordonnance

Dans notre monde où il faut aller
Bien, vite, loin sans brinquebaler,
Pour, matin, un peu moins tituber,
Ne pas vaciller, jamais tomber,
Pour le soir me ressusciter
Et courir les nuits de la cité…

Je me bourre de pilules,
Me rassasie de gelules
Et m’abreuve de vitamines
Pour le moral et la mine,
Puis me grave de granules.
Ça fait plus que Sainte Ursule !

De nos jours qui courent sans trébucher
Pour foncer sans souffler ni hucher,
Sans chavirer, crier ou ruer
- Il faut cela pour le Temps tuer !
Pour rester bon, docile, hébété,
Bien dressé, tout en banalité,…

 Oui, je bouffe des pilules,
Des tabs, des caps, des gelules,…
- Faut bien qu’je me réveille…
Ou m’endorm’, pas com’ la veille ! -
Des cachets en monticule
Qui grignotent mon pécule !

Pour te relaxer, te reposer,
Pour dormir là où on t’a posé,
Pour décompresser, s’désaturer,
Pour n’pas faiblir, d’peur d’être enterré
- Vaincu et oublié, abîmé,… -
Bref, pour rester un peu estimé…

T’avales plein de pilules,
De stimulants de gélules,
T’ingurgites du chimique,
Effervescent et tonique,
Calmants, suppo’ et capsules
Dont t’ignores la formule !

Pour garder notre bonne santé,
Bon pied, bon œil et s’en vanter,
Pour par tout temps quitter notre quai ;
On est tous prêts à s’intoxiquer
Se détruire, au mieux, s’esquinter,
Pour exister mais pas sans étai…

Aussi on s’bour’ de pilules,
Se rassasie de gelules
D’inhalation, de piquouzes
- Boît’ de six ou boîte de douze ?
Puis se grave de granules.
Ça fait plus que Sainte Ursule
Ou la cure aux Campanules !
Sans compter les sprays qu’on sniffe,
Les sirops, les pils,… qu’on kiffe,
Bonne vie nous y accule,
Belle vie nous en macule !
On ingurgit’ du chimique,
Effervescent et tonique,
Qui vers la Mort véhicule
Mais le malaise recule…

mercredi 27 avril 2016

HAÏKU’NDIMENT

Le poivre des emmerdes met du sel dans ma vie qui tournerait vinaigre si je ne mettais pas de l’huile dans ses rouages.

LE GIBBON GOUAILLEUR

Petite fable affable 

Sur le chemin doré à l’orée de la forêt,
Une famille de gibbons part en promenade.

Le plus jeune du groupe se gausse sans arrêt
De son papet et rit tout seul de ses couillonnades :
Il contrefait son phrasé, parodie son patois ;
Sa claudication il singe, imite son masque
Et plagie sa loucherie à vous laisser pantois.

Quoique dernier, et tout à sa charge, on le démasque :
Son père sans en avoir l’air ralentit son pas.
Son fiston tout à ses mimes ne s’en rend pas compte
Et continue à charrier fort son bon-papa
Qui ne remarque rien : il est sourd, le géronte !
Un coup sur la tête arrête l’insolent bipède.
Son géniteur dit ces mots, l’œil plus noir que la suie :

« Ne te moque pas de qui, ici-bas, te précède,
Tu pourrais bien être daubé par qui te suit ! »

mardi 26 avril 2016

HAÏKU RDELOR

Quand on vous force à trop ferrailler, on finit par faire ailleurs !

CHAMPS D'AUTOMNE

D'après un travail de Camille Lesterle

Sous des cieux qui tonnent et des nues qui moutonnent,
Les ombres de l'automne, au sol se pelotonnent.
Aux branches boutonnent les bruns qui se capitonnent
D'ocres ; ors en cretonne et carmin y chantonnent.

Les marrons mitonnent un paysage que molletonnent

Des châtains et des havane où la rosée pitonne ;
Le sol bronze croutonne et les haies drues matonnent.
La terre s'enchatonne, aux pas pèse une tonne.

L'horizon se bétonne en gris et s'encartonne

Sous l'eau qui déboutonne et met à nu l'atone
 D'un ciel qui gueuletonne un soleil qui bretonne.

Heures piétonnes, minutes qui tâtonnent,

Le temps autochtone s'alentit, monotone.
Dans la nuit gloutonne, le froid, le frais bâtonnent.

Illustration : Camille Lesterle, mars 2016

lundi 25 avril 2016

HAÏKU DE POMPE… FUNÈBRE

À la vitesse où se déroulent les enterrements de nos jours, je ne vois pas pourquoi on parle encore de « marche funèbre » !

LE PÔTE AGÉ DU LOUP

Petite fable affable

Un loup, tyran sanguinaire,
En rien un débonnaire,
Régnait sans partage au bois.
Rampant, Volant, Bête à bois,…
Chacun lui rendait hommage
De crainte qu’un vil dommage
N’écourtât la triste vie
Qu’ils vivaient, las, sans envie.
Car même tapis dans leur antre
La peur leur rongeait le ventre
Quand le loup et ses nervis
Sortaient du bois, que diantre !

Seul à pouvoir lui parler
Un merle laissait perler
La vérité au monarque,
En bouffonnesques remarques
Et cornichonnesque humour :
« Même sans prêcher l’amour,
“Despote” est rédhibitoire
Pour qui veut laisser son nom
Au panthéon de l’Histoire,
Fit-il, un matin. Sinon
À risquer éternelle opprobre,
Il vous faut devenir sobre
Quand vous usez de terreur
Jusqu’au comble de l’horreur.
- Et qu’est-ce que tu conseilles,
Épouvantail à corneilles ?!

- Soyez moins tsarien,
Devenez végétarien
Et vous aimera le plèbe.
Plus, retournez à la glèbe,
Cultivez votre jardin,
Soyez un brin plus badin
Le peuple aime la nature
Tout autant que la droiture. »
Le loup sans plus enrager
Se fait donc un potager.

N’abandonnant pas le trône,
N’abdiquant pas sa couronne,
Il devint jardinier
A remplir ses paniers
Et greniers d’abondance.
Mais un beau jour, pas de chance,
Des taupes se font un nid
Dessous ses sillons prospères.
Et, suivant leur manie,
Ces bêtes trouant leur repaire,
Les enterrent par plaisir,
Les pillent tout à loisir,
Pelleversent et déterrent,
Ruinent cette bonne terre.
Tous ces obscurs cul terreux
Rendent le roi malheureux.

« Sire, pas de violence, 
Rappelle avec insolence
Le vieux merle que cris
Et rage, sortent du nid
Réglez en roi le problème ! »
Et l’autre écrase sans flemme
Tous ces gros dômes impies
Qui repoussent sans répit.
« C’est inutile manœuvre
De ne détruire que l’œuvre
Et non son auteur, papy ! »
Glisse alors une couleuvre.

dimanche 24 avril 2016

HAÏKU’N SCIENCE ?

Crée-toi la vie que tu désires sinon tu devras subir celle que l’on t’impose !

REÇU ?

Issue
Ossue,
De quoi la Vie rend veuf ?
Ses jours font pas du neuf…
Hors l’âge lâchant prise !
Ce recommencement
Fait de renoncements,
La Vie, est sans surprise :
Un gâteau sans cerise
Dessus…
Déçu ?

Fessue
Dessus…
Mais pleine de redites,
En rien inédites,
Et pour nous sans égard.
Seul change ce regard
Qui cherchant l’insolite,
Par le temps névrosé,
Que l’on voudra poser
Dessus…
Déçu !

samedi 23 avril 2016

HAÏ(danle)KU

Une idée en l’air c’est un peu somme un soufflet… ça retombe vite !

FABULEUSES FARIBOLES 4 (Apologie de l’apologue)

Quatrième de couverture imaginaire

Je reviens à la charge, au pas du même nom, pour vous peindre des portraits animaliers familiers et vous pondre de bêtes histoires à déboires. Mais pas que… car cet ouvrage suit encore et toujours les traces discrètes des apologues d’antan par le rôle dévolu à la gent animale, mais les bêtes que l’on y retrouvera vivent sous d’autres tropiques que les nôtres. Pour exotiques qu’elles soient, elles parlent toujours et encore de nous et d’aujourd’hui, tenant le haut d’un pavé vite jeté dans plus d’une mare, sans autre prétention littéraire que celle de distraire… et de faire réfléchir, chacune et chacun, sans exception, à commencer par l’humble « Méchant écriveur de lignes inégales » auteur qui les a commises du haut de la sienne de hauteur. Aussi, ici,

« Je chante les héros dont Ésope est le père,
Troupe de qui l’histoire, encore que mensongère,
Contient des vérités qui servent de leçons.
Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons :
Ce qu’ils disent s’adresse à tous tant que nous sommes ;
Je me sers d’animaux pour instruire les hommes. »
(Jean de La Fontaine, Hommage à Ésope)

Abreuvé tout jeune à La Fontaine auquel je ne comprenais, alors, goutte, et contraint de l'ânonner durant ma prime enfance - tout conte fait n’est pas affaire ! - je m’essaie, comme dirait Montaigne, à ces petites nouvelles qui se veulent universelles et se prétendent intemporelles. Jeu puéril pour d’aucuns, en vers et contre tous, ce qui pourrait n’être qu’un simple exercice de style voire un banal devoir scolaire est en fait un un jeu de nains, un jeu de vaurien, qui n’est pas réservé à la formation morale de nos chères têtes blondes,… brunes ou rousses. Alors que les apologues dont je fais l’apologie,

« Les fables ne sont pas ce qu'elles semblent être :  
Le plus simple animal nous y tient lieu de maître. 
Une morale nue apporte de l'ennui : 
Le conte fait passer le précepte avec lui. »
(Jean de la Fontaine, Le pâtre & le lion, Fables, VI, 1).

vendredi 22 avril 2016

HAÏKU HAUT CŒUR

Une petite nature peut-elle éprouver de grands sentiments ?

SI TU RETOURNES…

Cycle toulousain

Si tu retournes au village,
Si tu revois ton clocher,
Qui sont restés bien sages
Là où tu les as lâché…

Restera-t-il des pierres
N’ayant pas roulé
Au loin de ta rivière ?
Verras-tu les clairières
Où tu pourras cueillir,
Esprit prêt à défaillir
Mémoire enfin entière,
Des souvenirs refoulés,
Un passé fait fondrières ?

Franchiras-tu les grillages,
Feras-tu des ricochets,
Si tu retournes au village,
Si tu revois ton clocher ?

Reconnaîtras-tu passages
Et chemins tout embûchés
Si tu retournes au village,
Si tu revois ton clocher ?
Les rues n’y sont plus si sages,
La ville s’est rapprochée…

Si tu retournes au village,
Si tu revois ton clocher,
Ils accuseront ton âge
Tant tu les verras changés…

Restera-t-il les lierres,
Sur les façades roulés,
Du cresson aux mouillères ?
Verras-tu dans les millères,
Maïs qu’il faut défeuillir,
Cru d’ici prêt à bouillir,
« Patanes » sous tréflières,
De ton enfance éboulée
Ramassée à la cuillère ?

Retrouveras-tu les feuillages,
Les coins où tu te cachais,
Si tu retournes au village,
Si tu revois ton clocher ?

Illustration : Élisa Satgé, 2016

jeudi 21 avril 2016

HAÏKU’ART

Quel Tartuffe oserait critiquer l’hypocrisie sans jésuitisme.

LE VIEUX RAT PRESSÉ D’EN FINIR

Petite fable affable… en prose


     Un vieux rat ratatiné, ratiocinait en rafale qu’il en avait ras le poil de la vie dont il ne raffolait guère, qui le rabaissait avec les ans son terme se rapprochant. Ces plaintes rameutent la Camarde qui ne rame jamais à venir porter sa faux sous les ramures où on l’appelle… comme celles où on ne la rameute pas d’ailleurs pour ramoner, non sans excès et toujours avec succès, le monde de ses excédents. Mais quand la Faucheuse, venue pour sa radieuse rafle, invita ce rabougri rabâcheur à razzier les radis par la racine, le bouffeur de ragoût radoteur, se trouva rafraîchi, et mieux ragaillardi, lui le ramolli du râtelier, le radin du caniveau, le raboté du cerveau,… Le voilà ranimé et mieux rabiboché avec sa vie rafistolée et si peu gaie. On avait mal informé Thanatos ; on avait colporté des ragots. S’il tenait, lui qui n’a rien d’un radical, la racaille qui avait raconté… il y aurait de la ratatouille de râble en rabiot au repas !
Ce râleur racorni n’a pas beau ramage, rabat-joie ralenti vivant de rapt et de rapine, tout juste bon à s’asseoir et se rasseoir, mais de là à le radier des vivants… Il exigea, rarement aussi radouci, que la Mort rapace, au manteau râpé et rapiécé, le rapatrie à sa vie rapetassée et ramasse ailleurs ses candidats, ratisse d’autres égouts où elle trouvera sa ration de rastaquouères et des ramassis de Ratapoil de même race à ramener. Ils lui conviendraient sous tous rapports !
La mort qui ne rassure personne rassemble ses idées puis se rallie à sa position et , plutôt que de rester en rade, va, sans rien rajouter à la rasade de paroles creuses entendues, rapide autant que cupide, raturer, ravager, raser ou ravir plus loin, sa lame rajustée, son éclat d'éclairs ravivée,…
Après tout ce n’était qu’un rachitique rat qui avait rajeuni, s'était raffermi, après ce ratage alors pourquoi lui raccourcir des jours avec lesquels il s’est raccommodé enfin ?… Quoique rabrouée, sa mâle humeur ravalée, elle reviendrait pour le rappel bien assez tôt. Elle n'avait pas fini de racoler sur ces terres pour ratifier son contrat et filer la rageuse raclée à qui le méritait, ce rat-là en particulier, qu'elle rêvait, désormais, Elle qui jusque là n'y songeait, de précipiter au ravin du néant. Plus terrible est l’attente du second coup car point de rachat avec Elle : si on a droit à une rallonge, ça ne rate pas, on n’échappe pas à son racket si peu raffiné et nul ne la raccompagne deux fois à son radeau en la laissant bredouille !
Réfléchis toujours à deux fois avant d’en appeler au terme de ta vie, car n'oubliant  jamais personne, elle arrivera toujours bien assez vite comme ça…

mercredi 20 avril 2016

HAÏKU ITOUCRU

On m’a dit de mettre le vin au frais… mais aux frais de qui ?

UN AMOUR A FLEURI

D'après un portrait signé Camille Lesterle

Un amour a fleuri
Aux bois d’un mari marri,
Un amour a fleuri
À fleur d’un ciel contrit…

Il fait baver des plumes,
Tout fiel et amertume ;
Il fait grincer vos plumes
Comme c’est de coutume…

Un amour a fleuri
Pour dissiper les brumes
D’un bond u cœur péri,
Lourd comme cette enclume…

Un amour a fleuri,

En couleurs zingaris,
Un amour a fleuri
Dans le gris de Paris…

Tout jeune et plein de sève,
Le temps n’est plus un glaive ;
Tout jeunes et pleins de sève,
Reverdissent les rêves…

Un amour a fleuri
Dans un monde qui crève,
Il ne fait le pari
Que d’être heureuse trêve…

Un amour a fleuri,
Parfum de féérie,
Un amour a fleuri
Dans nos cendres et scories…

Éclatant de pétales,
Éclairant en sépale,
Une vie trop étale,
Cette fleur est létale…

Cet amour a fleuri,
Et plus vite flétri,
De l’Amour s’est guéri
Sans avoir dépéri…

Illustration : Camille Lesterle, avril 2016

mardi 19 avril 2016

HAÏ(li)KU

Il y a plus stupide que l’âne… c’est souvent celui qui croit le conduire.

LE ZORILLE TROP ZÉLÉ

Petite fable affable sous- titrée « Gare au zorille ! »

Dans la lointaine Afrique, un zorille
Ayant des façons de gorille
Malgré sa taille, pattu, griffu,
Toujours aux abois et à l’affût
Veut s’acheter une conduite.
Il se rend donc à la mission,
Auprès du bon père jésuite
Qui a pour sainte vocation
D’apporter la divine parole
Aux vils peuples de ces lieux-là,
Tel un Sisyphe, sans être las,
Y gagnant la petite vérole
Et, auprès de Rome et de l'État,
Une auréole et un galetas.

« Se racheter, quand on a péché,
Est bel et bon. De là à prêcher… !
- Padre, j’ai la foi, la Vraie :… la vôtre. 
Et je vous serai un bon apôtre 
Sachant les textes sacrés, prier,
Chanter les psaumes sans gambiller,…
Bref je connais le rite et le culte
Mieux que vous. Sans vous faire insulte !
- Pour la gloire de notre Dieu
Il est chose plus essentielle
Que des messes révérencielles :
Joindre les mains pour les cieux 
C'est bien ; les ouvrir, pour les hommes
C’est bien mieux, crois-moi bonhomme ! »

lundi 18 avril 2016

HAÏKU DES GRANDS BRETONS

Par une aberration de la géométrie d’outre-Manche :
l’Angle est nul mais reste droit,… plein il est plat !

TROIS PETITS MOTS

Trois petits mots m’ont mis en joie
Trois petits mots venant de toi.
Toi, d’ordinaire peu loquace.
Inattendus. Inespérés.
Auxquels je ne peux qu’adhérer.
J’en rêve tant qu’ils me tracassent
Ces trois mots que tu m’as écrits,
Sans ironie ni moquerie,
Avec mon nom en dédicace.

Oui, trois mots vont changer nos vies.
Trois mots dont j’avais tant envie
Mais n’osais dire. Perspicace,
Tu as, ma mie, tout deviné
Tout arrangé sans lambiner,
Toi, toujours directe, efficace.
Tu irises notre avenir,
Nous fabrique des souvenirs,
De ceux dont les autres ricassent.

Trois petits mots m’ont mis en joie
Trois petits mots venant de toi.
De ces mots qui font qu’on jacasse
Cacasse, coucasse ou pis.
Trois mots qui m’ont laissé flapi
De bonheur, l’air d’une bécasse.
Ils sont comme un vrai faire-part
Évoquant un nouveau départ,
Tes trois petits mots : « Je me casse ! »

dimanche 17 avril 2016

HAÏKU DE PIF

Pourquoi dit-on, à propos de quelqu'un qu'on ne plus sentir, qu'on l'a dans le nez, appendice olfactif s'il en est ?

FABULEUSES FARIBOLES 3 (Apologie de l’apologue)

Quatrième de couverture imaginaire

Pour mettre en lumière les insuffisances bien encrées et le sans-gêne des suffisants et autres malfaisants chez qui est bien ancré le côté « sans-façon », j’ai pondu cet épais opus, manuel de savoir-survivre plein de malfaçons pour affronter notre si chère société… Votre Cicérone, sans faire la morale à qui que ce soit si n’est peut-être à lui-même, qui traine les pieds de ses vers sur les routes pavées de nos meilleures intentions et de nos plus mauvaises habitudes puis les chemins de traverses de nos travers et les sentes les moins décentes, vous fait ici livraison de ses déraisons sans rime ni raison. Même si, d’aucuns prétendent qu’

« il faut, si l'on veut vivre, renoncer à avoir une idée nette de quoi que ce soit. L'humanité est ainsi, il ne s'agit pas de la changer, mais de la connaître. »
(Gustave Flaubert, L’éducation sentimentale, 1869).

On retrouvera ici donc des satires de traits saillants ou des petites lâchetés secrètes de chacun de nous. Car ces nouvelles bluettes, chroniques croquant le monde tel qu’il va, offrent, vers après vers, leur tournée de philosophie de conteur et n’ont d’autre ambition que celle de faire fleurir, ça ou là, quelque sourire entendu.
J’y joue les rimeurs solidaires, en homme d’un peu d’humour et de beaucoup d’humeur, que j’ai aussi mauvaise que ma vue, je joue les contempteurs peu contemplatifs de nos temps troubles et de ses mœurs à deux roubles ; l’âge passant, je reviens toujours et encore à mon tas de fables et, à chacune de mes plages de temps libre, pour y émietter notre vain quotidien. J’y érige des châteaux que d’aucuns voudraient avoir en Espagne. Hélas, toujours trop tôt, vient les écrouler l’écume de jours semblables à eux-mêmes qui me vaguent à l’âme tant la marée des nos us et mœurs recouvre de ses pas grand chose nos petits riens… Et

« Si la vérité vous offense,
La Fable au moins se peut souffrir :
Celle-ci prend bien l'assurance 
De venir à vos pieds s’offrir,
Par zèle et par reconnaissance. »
(Jean de la Fontaine, Le lion amoureux, Fables, IV, 1)

samedi 16 avril 2016

HAÏ(FO)KU

S’il n’est de mauvaises paroles nées des idoles,
il n’est de bon exemple venu de leurs temples !

FOREVER FAUX RÊVEUR

Ma mie, serais-je un faux rêveur
Aux valises devenues pleines,
Pas d’habits de lin ni de laine
Mais de songes creux, sans saveur,
De souvenirs à coupe-pleine,… ?

Que reste-t-il aux faux-rêveurs
Avec leurs vers et cantilènes,
Chants pour baveurs, ode aux viveurs,
Aux souvenirs à coupe-pleine,… ?

Oc, vais-je en perdre ta faveur,
À force d’oublier Verlaine,
De mots répétés sans ferveur,
D’habitudes qui aliènent,
De souvenirs à coupe-pleine,… ?

Me faut-il prier le Sauveur
Pour que se mêlent nos haleines,
Rires suiveurs, regards buveurs
Et souvenirs à coupe-pleine ?

vendredi 15 avril 2016

HAÏKU, LISEZ !

Depuis que je gravite autour des Graves, la Sécu’ refuse de me rembourser mes Médoc !

L'ENVOL DU CERF-VOLANT

Petite fable affable
Librement inspirée par Le cerf-volant & la comète 
de Bartélémy Imbert (Fables nouvelles, 1773)

Un cerf-volant accouplé à une lanterne
En bout de corde, balançant,
Se voulait meilleur que la lune, astre terne
À son goût, fort peu innocent.
« Elle est si lointaine, si grosse et si hautaine
Alors qu’elle n’éclaire pas plus
Qu’un lumignon des moins brillants !… La fontaine
Où elle vit comme un reclus
Me l’a dit dans un bref salut ! »

Pas-dessus sa tête, hélas, passe une comète
Et lumineuse, et chevelue,
Qui traverse le soir plus vive qu’allumette.
Il crut avoir eu la berlue
Mais une autre étoile file et court à sa suite.
« Ces feux m’indiquent un chemin !…
Leur apparition ne peut être fortuite :
Ils guident en un tourne-main
Leur élus vers de beaux demains ! »

Croyant ainsi que le destin lui fait un signe,
Le captif s’agite et secoue,
Jà, sa lumière en tremble et crisse cet indigne
Fil qui le lie au sol, licou
Sans cœur qui le bride. Il en rougit de rage.
Son lampion aussi. Glissant,
De dextre à senestre, il use avec courage
Ce lien si avilissant,
L’élime et le rompt, l’agaçant.

Libre, il monte aux Cieux avec toute la grâce
Que lui donne le vent léger.
Mais une soudaine bourrasque le terrasse
Et vient à le piéger
Dans une mare où se noie vite sa lanterne,
Où se déchirent toile et corps,
Sous l’œil de Séléné qui, déjà se prosterne :
« Je suis, cher ami si accort,
Certes pâle… mais là, encor ! »

jeudi 14 avril 2016

HAÏKU DE VENT DERRIÈRE

Plutôt que le fuel il vaudrait mieux utiliser les gaz.
Même un gaspacho ?

LE ROSIER EST UN RONCIER

Les roses du grand-père ont perdu leur éclat,
Les voilà devenues gratte-culs d’aubépine,
Sans tenue, sans parfum et le pétale las,
N’offrant à nos regards et à nos doigts qu’épines.

Elles qui embaumaient nos jardins, en belles-que-voilà,
Se sont effeuillées, en coupable copines
Non des sabots mais des souliers de gala,
Préférant à Jeanne et Jules, Auguste, Agrippine,…

Et nous voilà sans fleur pour affronter les lacs
D'un monde sans saveur aux us et mœurs lupines
Qui bannit tout espoir, fauteur de pugilat,

Qui perçoit le printemps comme un temps de rapines
Et nous condamne tous, jusque dans l’au-delà,
À être de race lapine ou bien vulpine !