Petite fable affable
Deux brigands, que vice plus que nécessité
A poussés à épouser leur état, se cachent
Dans les monts ou les vaux dominant la cité
Par peur des gens d’armes & de la hart, ces deux lâches.
L’horreur de leurs crimes, tout en atrocités,
Ferait à la crème de Hommes prendre hache…
Par gourmandise, ils ont leur pécule mangé :
Goulus et sans façons, comme goinfres qui bâfrent.
Puis n’ont songé, nos deux malfaiteurs, qu’au danger
Qu’il faut fuir craignant les tourments et les affres
Que tant de bonnes gens voulaient leur ménager.
Ils avaient commis leur forfait de bestiale
Façon et maintenant, la peur et, pis, la faim
Étaient leurs compagnes d’exil et de cavale.
Car c’est hélas disette et fringale sans fin
Pour qui court au-devant de la provinciale
Milice qui aime à molester l’aigrefin.
Plus ils ont faim et plus, en tout antre, ils se terrent ;
Une faim à se manger les doigts… ou les dents.
Même un caillou ferait bon ventre où ils s’enterrent.
Puis un soir, n’y tenant plus, un couteau dedans
Un de leur dos entra. Le reste, je vais taire…
Est-il leçon facile à tirer, Grand Dieux ?!…
Si un moraliste qui prétend s’y connaître
Vous dit que « les loups ne se mangent pas entre eux »,
Mouchez-le : c’est risqué que de tant méconnaître
La bête fauve et la la faim… ou, pire, les deux
Qui, ensemble unis, feraient pâlir un reitre.
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