Quatrième de couverture imaginaire
Parce que La Fontaine fait ma jouvence, juvénile d’âme et sénile d’années, je brosse à l’envie la girafe et un portrait d’après nature des travers du porc, des tares de l’ovipare, des défauts du gerfauts, des vices de l’écrevisse, des imperfections du lion, des faiblesses de la tigresse,… en n’oubliant toutefois jamais que
« De tous les animaux qui s’élèvent dans les airs,
Qui marchent sur la terre ou nagent dans la mer,
De Paris au Pérou, du Japon jusqu’à Rome,
Le plus sot animal, à mon avis, c’est l’homme. »
Nicolas Boileau, Satires (1666)
Aujourd’hui, j’offre à mes pairs pas toujours si spirituels que cela et à leur descendance qui, elle, est unique, une deuxième livraison de nouvelles rimées, récits agrestes au langage pourtant urbain, comptant leurs pieds sur les doigts de la main et contes bucoliques à dormir debout marchant sur la tête. Comme leurs prédécesseurs, ils témoignent plus qu’ils ne dénoncent qui, ou quoi que ce soit, désireux de faire cogiter un instant et de distraire longtemps sans que leur auteur qui à force de se penser penseur est devenu pansu et en oublie de réfléchir vraiment mais
« Il y a tant de gens dont c’est le gagne-pain de penser,
de nos jours, que ce petit livre refermé et oublié,
les occasions d’être profond ne vous manqueront certainement pas. »
Jean Anouilh, Avertissement hypocrite, Fables (1962).
Chacun trouvera donc ici dans l’une ou l’autre de ces bluettes, je l’espère, ce qu’il est venu y chercher… et peut-être même un peu plus. Les autres, rats de bibliothèque ou pies de salon, qu’insupporte l’esprit bon enfant du sale gosse que je n’ai cessé d’être ou qui n’aiment les paraboles que lorsqu’elles les enchaînent à leur télévision, déploreront un insigne bestiaire en vers - d’aucuns diront “vermisseaux” ! - digne d’un bestial bêtisier abêtissant… à défaut d’être appétissant oubliant qu’ « une fable est un pont qui conduit à la Vérité » (A.-I. S. de Sacy, Chrestomathie arabe, 1826), celle qui, éternelle, interroge nos petits égoïsmes et questionne nos sottes lâchetés.
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