Qui est con comme ses pieds marche souvent sur la tête qu’il n’a pas !
Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques
parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…
jeudi 30 avril 2020
JOUR NEUF À L’AN NOUVEAU
Dans une aurore apaisée,
Belle au bois dormant encore,
Ma dame Nature accore,
Apportant le doux baiser
Du jour à nos éveils sobres
Qui suivent des sommeils probes.
À ce bec, tendre et discret,
Feuilles de gel, fleurs de givre,
Que le froid a rendu ivres,
S’illuminent à leurs crêts
Pour fêter l’aube venue,
Dans le rose ému des nues.
Puis un nuage pudique
Enlace l’astre levant,
Qu’embrasse en passant le vent
Venu des terres nordiques,
Sourit à cet an nouveau
Encore sur l’écheveau.
Seul le chant de quelque oiselle
Salue l’année enfuie
Au loin avec la nuit,
Perdu dans la filoselle
D’une haie tenace au vert
Ténu qui met à couvert…
Belle au bois dormant encore,
Ma dame Nature accore,
Apportant le doux baiser
Du jour à nos éveils sobres
Qui suivent des sommeils probes.
À ce bec, tendre et discret,
Feuilles de gel, fleurs de givre,
Que le froid a rendu ivres,
S’illuminent à leurs crêts
Pour fêter l’aube venue,
Dans le rose ému des nues.
Puis un nuage pudique
Enlace l’astre levant,
Qu’embrasse en passant le vent
Venu des terres nordiques,
Sourit à cet an nouveau
Encore sur l’écheveau.
Seul le chant de quelque oiselle
Salue l’année enfuie
Au loin avec la nuit,
Perdu dans la filoselle
D’une haie tenace au vert
Ténu qui met à couvert…
mercredi 29 avril 2020
LA MOUETTE MUETTE
Petite fable affable
Écharpes échappées voguant au vent
Qui en fait chiffe et charpie trop souvent,
Les nuages habillent le ciel triste.
Et là, sous un arbre échenillé, bistre,
L’auteur prolixe peine, fabulant
Très à rebrousse-plume. Virulent.
Avec l’arrogance de l’ignorance,
La mouette se pose en l’occurence.
Déranger ce dérangé, c’est risqué !
Surtout qu’il est venu à manquer
D’inspiration : un rien le trouble,
Bruit ou mot. Tout est, hélas, encouble
Au chant de ses Muses parfois lassées
D’un rimailleur n’aimant point ces placets
Aidant à se bien placer au monde
Des lettres qui tant de talents émonde.
Mais cette mouette à peine posée
Se tait. Le prolifique, teint rosé
Par l’ire, prou surpris, en suspend son encre
Aux nues qui, ou ici, ou là, s’échancrent
Sur un azur pâli. Il sent, il sait
Que cette insensée-là va l’encenser…
Ce plumitif n’aime pas plus l’éloge
Qu’il ne goûte à la critique, l’horloge,
Comme le goût, allant vite à son gré.
Aussi il grogne fort, râle et maugrée
S’apprêtant à semoncer notre intruse,
À la sermonner sans user de ruse.
Mais son silence obtus le laisse coi.
Cette importune, elle lui veut quoi ?
Ça lui perdre son fil mais ça l’inspire,
Il n’aura pas perdu son temps au pire !
Cet oiseau immobile, auprès de lui,
Devient objet de fable et la pluie
S’annonce. Mais, pourtant, les vers s’enchaînent
Et un conte naît, là, dessous le chêne.
Le plus beau qu’il ait composé, dit-on,
Sa morale en devint même dicton.
Au point final, la mouette muette
Prit son envol laissant cette bluette…
Elle nous enseigne en sa moralité,
Du lointain Soleil Levant héritée,
Que l’homme silencieux, vérité !,
Est toujours le plus beau à écouter.
Qui en fait chiffe et charpie trop souvent,
Les nuages habillent le ciel triste.
Et là, sous un arbre échenillé, bistre,
L’auteur prolixe peine, fabulant
Très à rebrousse-plume. Virulent.
Avec l’arrogance de l’ignorance,
La mouette se pose en l’occurence.
Déranger ce dérangé, c’est risqué !
Surtout qu’il est venu à manquer
D’inspiration : un rien le trouble,
Bruit ou mot. Tout est, hélas, encouble
Au chant de ses Muses parfois lassées
D’un rimailleur n’aimant point ces placets
Aidant à se bien placer au monde
Des lettres qui tant de talents émonde.
Mais cette mouette à peine posée
Se tait. Le prolifique, teint rosé
Par l’ire, prou surpris, en suspend son encre
Aux nues qui, ou ici, ou là, s’échancrent
Sur un azur pâli. Il sent, il sait
Que cette insensée-là va l’encenser…
Ce plumitif n’aime pas plus l’éloge
Qu’il ne goûte à la critique, l’horloge,
Comme le goût, allant vite à son gré.
Aussi il grogne fort, râle et maugrée
S’apprêtant à semoncer notre intruse,
À la sermonner sans user de ruse.
Mais son silence obtus le laisse coi.
Cette importune, elle lui veut quoi ?
Ça lui perdre son fil mais ça l’inspire,
Il n’aura pas perdu son temps au pire !
Cet oiseau immobile, auprès de lui,
Devient objet de fable et la pluie
S’annonce. Mais, pourtant, les vers s’enchaînent
Et un conte naît, là, dessous le chêne.
Le plus beau qu’il ait composé, dit-on,
Sa morale en devint même dicton.
Au point final, la mouette muette
Prit son envol laissant cette bluette…
Elle nous enseigne en sa moralité,
Du lointain Soleil Levant héritée,
Que l’homme silencieux, vérité !,
Est toujours le plus beau à écouter.
Illustration : Élisa Satgé, été 2019
mardi 28 avril 2020
LE CHANT DES DAMNÉS DU REIN dit « LA MAL À L’AISE »
D’après Cl. J. Rouget de Lisle
Refrain : Aux larmes les doyens
Nos plus faibles maillons
Cloîtrons cloitrons
L’EPHAD si sûr
Où nous vous enfermons
Couplet 1 : Allons Enfants c’est pour papy
Qu'ce con d’virus est arrivé
Il faut confiner les mamies
Pour un souci nous enlever (bis)
Ces inutiles et leurs compagnes
Vont nous foutr’ dans de sales draps
Embouteiller l’hosto’ fouchtra
Comme en Italie en Espagne
Refrain
Couplet 2 : Que faire donc de ces enclaves
De vie en saison morte ancrées
Ce ne sont que dépenses entraves
Que tous ces vieux si mal barrés (bis)
L’ennui pèse sur leur grand âge
De solitude allons les tuer
Jeunesse ils n’ont que trop duré
Les suive qui crie à l’outrage
Refrain
Couplet 3 : Fi de ces valeurs mensongères
Faisons prisons de ces foyers
Voulant encor’ de ces mégères
De ces croulants déshabillés (bis)
Dieu que d’énergies enchaînées
De moyens à eux seuls livrés
Quand la ceinture est à serrer
Pour sauver notre éco’ nos portées
Refrain
Couplet 4 : Que faire d’autre de vies vides
Et de gens à moitié partis
Comment ce serait parricide
De nos beaux jours tel est le prix (bis)
Dans notre monde il faut se battre
Pour survivre et pas comme un pot
Attendre qu’on vous change ou comme un veau
Que pour vous on se mette en quatre
Refrain
Couplet 5 : Enfants faisons de ces mots un hymne
Soyons solidaires entre nous
Et pour nous seuls nous les victimes
De l’égoïsme des vieux clous (bis)
Si on ne peut comme naguère
Les piquer on va se débrouiller
Pour qu’y’est moins d’retraites à payer
Car après tout on est « en guerre »
Refrain
Couplet 6 : Soyons tous de la partie
Que ces mouroirs soient ravageurs
Pauvreté misères se rient
Des coups d’un virus voyageur (bis)
Et nous entrerons dans l’Histoire
Pour avoir purifier nos sangs
De cet assassin d’innocents
Au pris du sommeil de sans-mémoire
Refrain
Couplet des enfants : Nous entrerons dans ces fourrières
Quand nos aînés n'y seront plus
Nous bâtirons sur leur poussière
Un « monde d’après » plein d’vertus (bis)
Où à l’aise nous pourrons vivre
Ayant conduit de leur fauteuil
Ingrats au confort d’un cercueil
Tous ceux qui ne pouvaient plus suivre.
lundi 27 avril 2020
LE LOUP FACE AUX OURS
Petite fable affable
Dans un lieu dont le nom m’échappe,
Au cœur d’un pays vivant sous la chape
De plomb du terrible peuple grizzly
Faisant d’autrui des dessus de lit,
Faible des yeux et dur d’oreille,
Un vieux loup semblait leur résister.
Et pas que ces grands soirs où il était
Sous l’empire de l’alcool, sous sa treille.
Il parlait haut dans la langue des loups
Dont, las, plus de la moitié des terres
Avaient été prises lors d’un traîtreux coup
De force des ours au fort caractère.
Cela se sut. Tout se savait alors.
Il fut incarcéré et mis, dès lors,
À la question. Mais le seul reproche
Que lui faisait Bourreau à chaque approche
Était de perpétuer le patois
Lupin quand la loi des ours, seule règle
À valoir sous leur règne, et sous tous les toits,
Était de grogner, pas besoin d’être aigle
Pour le comprendre, leur ursine langue
En tout lieu où tous ces mal léchés
Avaient tué ou dressé des bûchers,…
Pour dominer des affamés exsangues.
Sans écraser sous amas d’arguments
Ses tortionnaires le récalcitrant
S’obstina, qu’il était en droit de faire
Et d’agir de la sorte. Cette affaire
Fit du bruit quand on sut, car tout se savait,
Qu’il affirma que les ours seraient fort bêtes
De ne pas l’imiter. Faisant courbette,
Il ajouta : « N’importe quel vervet
Sait qu’un jour nul loup et aucune louve
N’échappera plus à votre autorité
Car toutes les terres où, las, ils se trouvent
Seront vôtres ! Quelle ingénuité
Que croire que vous pourrez les dominer,
Régner sur ces futurs petits minets
Sans parler leur charabia, mes Frères !
Votre triomphe, il n’y a pas à braire,
Ne saurait être complet et total
À ce prix-là. Et pour l’avenir, même
Cela peut, pour vous, s’avérer fatal. »
Or ce discours vint au roi lui-même
Qui nomma ce loup-ci Grand Chambellan,
Fit interdire son propre idiome
Et apprendre louve langue en son royaume,
À tous les plantigrades à l’esprit lent.
Ainsi le jargon ursin mourut vite…
Les loups savent qu’avec l’âne bâté
Une simple ruse fait, qu’à son invite
Même, il pourrait jusqu’à sa mort hâter !
Au cœur d’un pays vivant sous la chape
De plomb du terrible peuple grizzly
Faisant d’autrui des dessus de lit,
Faible des yeux et dur d’oreille,
Un vieux loup semblait leur résister.
Et pas que ces grands soirs où il était
Sous l’empire de l’alcool, sous sa treille.
Il parlait haut dans la langue des loups
Dont, las, plus de la moitié des terres
Avaient été prises lors d’un traîtreux coup
De force des ours au fort caractère.
Cela se sut. Tout se savait alors.
Il fut incarcéré et mis, dès lors,
À la question. Mais le seul reproche
Que lui faisait Bourreau à chaque approche
Était de perpétuer le patois
Lupin quand la loi des ours, seule règle
À valoir sous leur règne, et sous tous les toits,
Était de grogner, pas besoin d’être aigle
Pour le comprendre, leur ursine langue
En tout lieu où tous ces mal léchés
Avaient tué ou dressé des bûchers,…
Pour dominer des affamés exsangues.
Sans écraser sous amas d’arguments
Ses tortionnaires le récalcitrant
S’obstina, qu’il était en droit de faire
Et d’agir de la sorte. Cette affaire
Fit du bruit quand on sut, car tout se savait,
Qu’il affirma que les ours seraient fort bêtes
De ne pas l’imiter. Faisant courbette,
Il ajouta : « N’importe quel vervet
Sait qu’un jour nul loup et aucune louve
N’échappera plus à votre autorité
Car toutes les terres où, las, ils se trouvent
Seront vôtres ! Quelle ingénuité
Que croire que vous pourrez les dominer,
Régner sur ces futurs petits minets
Sans parler leur charabia, mes Frères !
Votre triomphe, il n’y a pas à braire,
Ne saurait être complet et total
À ce prix-là. Et pour l’avenir, même
Cela peut, pour vous, s’avérer fatal. »
Or ce discours vint au roi lui-même
Qui nomma ce loup-ci Grand Chambellan,
Fit interdire son propre idiome
Et apprendre louve langue en son royaume,
À tous les plantigrades à l’esprit lent.
Ainsi le jargon ursin mourut vite…
Les loups savent qu’avec l’âne bâté
Une simple ruse fait, qu’à son invite
Même, il pourrait jusqu’à sa mort hâter !
dimanche 26 avril 2020
HAÏKU L’EAU RIAGE
Je me suis mis au verre pour guérir mes bleus du cœur,
et quoique fort rouge j’ai fini plus noir que gris !
STATUFICATION
Là, nimbée de grâce et de silence,
Sur le corail de ses lèvres un doigt
Fin posé, elle semblerait ma foi
En prière, absorbée sans balance,
Le regard loin perdu et pourtant,
Elle m’écoute et elle m’entend.
Elle s’abîme tout entière,
Sur le corail de ses lèvres un doigt
Fin posé, dans tous le sous-bois
De ses réflexions même amères.
Toute à ses pensées et le regard
Fixe, elle ne dit mot par égard.
Elle semble de marbre, Blanche.
Sur le corail de ses lèvres un doigt
Fin posé, mûrissant à bon droit
Sa réponse. Pas un cil ne flanche.
Puis elle replie son doigt traînard
Et ses lèvres murmurent : « Connard ! »
Sur le corail de ses lèvres un doigt
Fin posé, elle semblerait ma foi
En prière, absorbée sans balance,
Le regard loin perdu et pourtant,
Elle m’écoute et elle m’entend.
Elle s’abîme tout entière,
Sur le corail de ses lèvres un doigt
Fin posé, dans tous le sous-bois
De ses réflexions même amères.
Toute à ses pensées et le regard
Fixe, elle ne dit mot par égard.
Elle semble de marbre, Blanche.
Sur le corail de ses lèvres un doigt
Fin posé, mûrissant à bon droit
Sa réponse. Pas un cil ne flanche.
Puis elle replie son doigt traînard
Et ses lèvres murmurent : « Connard ! »
samedi 25 avril 2020
L’HOMME AUX QUARANTE ÉCUS DE REVENUS
À Voltaire.
Petit conte en prose
Petit conte en prose
Je ne suis ni trigaud ni chicaneur et sais la valeur des choses et plus encore du travail. Homme simple à la moralité exemplaire, mon père me légua une bonne terre qui me promettait un honnête parti s’élevant, bon an mal an, à quarante vertueux écus si elle était à rente et un peu plus si je la faisais moi-même fructifier. Par goût de l’effort plus que du lucre, j’optai pour la seconde voie et m’y installai comme éleveur, le gain espéré, ici, dans le grain étant plutôt maigre pour le coût. Je ne savais pas, alors, que guère n’ayant de trop j’allais, bientôt, ne plus avoir assez !
Quoique libre de fait et mien de droit, ce lopin était sous la juridiction d’un hobereau que je ne vis jamais. Pourtant son tabellion me réclama pécunes pour exercer dessus sa justice, dont les bons fruits pendaient à tous les arbres du lieu. Puis, pour pouvoir emprunter gratuitement ses routes qu’il me faudrait entretenir avec ses serfs ou passer ses ponts que je devais construire avec mes pairs, comme pour jouir de son four et de son fouloir dont je n’aurai point l’usage - faisant dans le mouton - il ne me rançonna que de dix écus l’an. Cens qui n’avait rien d’insensé selon les mœurs du temps ou quand on savait l’appétit de ses pairs. Avec cette simplicité qui sied aux simplets, le bedeau du chapelain du châtelain me mit à contribution : pour me permettre d’ouïr une messe à laquelle, en toute bonne foi, je n’allais pas et me dispenser des sacrements dont je n’avais cure, il m'en prit quatre pour l’année en cours, selon la coutume du pays qui voulait qu’on ne ferme point les yeux sur des pratiques blasphématoires qui sentaient l’impiété et donc devraient me faire tomber sous la divine main de l’Inquisition. Au risque de puer le soufre de l’autodafé, en toute conscience, pouvais-je ne pas défrayer de quelque argent, sans m’effrayer, cette bonne âme ?
Mais je n’avais pas fini d’allonger et de m’allonger. Le roi de mon seigneur dont j’ignorais jusqu’au nom, pour ses menus plaisirs et ses grandes guerres tailla dans mon pécule annuel pour en retrancher dix écus de plus mettant à nu de plus de la moitié le corps attendu de mon salaire total déjà fort amputé. N’ayant pas intérêt à refuser, je les bayais en bayant à son bailli à bail qui réclamait que je le payasse comptant. Je le fis, en monnaie sonnante et trébuchante, pas si content que cela mais que pouvais-je dire ou faire face à ses archers ? Je n’avais pas de famille à nourrir et mes bêtes pouvaient, s’engraissant un peu encore, l’herbe étant donnée par Dieu, me rapporter assez pour compenser un brin. Mon revenu éclopé déjà parti me reviendrait donc, alors, en partie. À moins d’écoper… or je n’avais pas fini d’arroser de mes liquidités.
Car c’était sans compter l’octroi de la ville où il me fallut conduire mes ouailles. Si je m’étais économisé le salaire d’un berger, suffisant par moi-même amplement à la tâche, je dus me résoudre au prix du tailleur de toison, aux charges du ramasseur de laine, aux faux-frais du boucher, à la gabelle du saleur, au dédommagement de l’équarrisseur qu’encombraient mes carcasses, à la marge du marchand,… soient quelques malheureux dix écus sur lesquels je n’aurais pas à pleurer car mon cheptel m’avait fait un bon… huit écus. Moins un pour l’hébergement chez un ami qui me faisait un prix digne de notre frairie pour un précaire logement et une autre pièce pour ma maigre repue mais qui fut prise à sa table. On ne carotte pas les gens qui vous sont chers. C’est un principe chez qui sait amortir ses frais alors qu’il prétend que peu lui en chaut que de vous donner sa chemise… si vous la lui payiez.
Le péage au retour se limita à un pillage infondé - on appelait cela une « fouille au corps » - de mon aumônière au prétexte qu’allant seul je semblais un errant vagabondant. Et parce que, dès lors, je n’avais plus un sou vaillant de mon maigre bénéfice, le guet me confia à la police car la charité ne s’exerçait que le dimanche au parvis de l’église… et que je n’avais pas fait l’aumône au prêtre du lieu du doit de m’y produire. En plus nous étions un lundi. Pour le dérangement des gens d’armes, l’usure des fers qui ont mordu mes poignets et griffé mes chevilles, pour le pain sec set l’eau croupie qui me fut servie avec parcimonie, j’en fus de quatre écus d’amende toutes taxes comprises. Le papier timbré qui officialisait mon passage infamant dans la geôle locale, deux écus, formalités d'enfermement et d'élargissement comprises ; les épices pour son rédacteur, un écu. C’était là honnête tarif pour une époque épique me dit-on. « La chance du débutant » sans doute ou ma modeste contribution à la formation d’un futur officier sans grever les finances publiques ; un acte citoyen, en somme. Et pas à taux fisc, car je ne manquais pas d’obole pour un manant, fils d’un peuple fripon et larron. Je sais cela ne vaut pas un louis de finesse. Mais dans ces moments-là, rire de ses maux plutôt que d’en pleurer vaut tout l’or du monde.
Quand je retrouvai enfin ma terre, elle était occupée par des forains qui en grevaient la moitié avec leurs roulottes et en crevaient le reste avec leurs rossinantes. Ils exigèrent, après moult marchandages et forces palabres, pour déloger, à titre d’indemnités, quatre écus d’or non rognés. C’était cela ou appeler une maréchaussée que j’avais déjà par trop vue. Je payai tribut à cette tribu de baraquins qui décampa non sans avoir saccagé mon bien même si je les avais régalés. Il me fallut raquer quatre autres écus pour le remettre en état de recevoir mon prochain cheptel car les agneaux que j’y avais laissés, fruits de mon premier troupeau, s’étaient apparemment égarés dans les ventres affamés des romanichels qui m’avaient quitté non sans être acquittés, eux.
Quand l’assureur du village, averti de mon malheur par je ne sais quel canal car il n’eut pas à me dédommager, vint réclamer son dû et ses arriérés j’en restai pantois. En effet, la loi du pays voulait qu’il ne fut de terre sans seigneur et exigeait qu’il ne soit de sol sans impôt, mais plus encore qu’il n’existât de champ qui ne fusse dûment garanti contre tous les risques naturels ou humains, du raz-de-marée au Déluge biblique, maux récurrents de nos contrées comme chacun sait. Et Justitia ne plaisantait pas avec la protection des biens et donc de leurs propriétaire : elle les soulageait plus de leurs deniers que de leurs malheurs, lesquels ne viennent jamais seuls contrairement aux premiers. J’en fus pour quatre écus de ma poche qui me paraissait plus percée que panier, heureux que le non-règlement des arriérés me soit gracieusement offert. Cracher au bassinet semblait un sport national mais c’étaient toujours les mêmes qui déboursaient !
Me retrouvant ruiné, moi qui ne fus jamais Crésus, je dus vendre mon petit patrimoine au détenteur du fief qui me le racheta généreusement, et sans barguigner, vingt écus flambant neufs. Parce que j’avais une bonne tête. Je ne sais de quoi mais comme j’y tenais, je ne discutai point. Sur la transaction, le bon roi pris sa quote-part se montant à une somme moitié moindre que celle de l’acquéreur ; et le clerc qui la gageait, avec son timbre, cinq de plus. Formalités administratives.
Délesté de tout, je dus prendre la route avec mes vieilles hardes, mon maigre baluchon et une fortune se montant à cinq pièces dont trois me furent arrachées, non sans violence, par des croquants vaguement caïmans, l’avant-dernière par de charitables vrais moines pour une nuit gracieusement proposée sur la paille de leurs chevaux, et l’ultime par un généreux mitron qui me vendit, malgré la mâle faim qui avait alors déjà gravé sur tout mon être les lauriers de sa prochaine victoire, un quignon racorni au prix d’une tourte aux viandes. S’il faut aider son prochain, charité bien ordonnée commence par soi-même et c’est avec les pauvres qu’on fait des affaires, ajouta-t-il en croquant en ma pièce. Des guignes me firent dessert. Tout un symbole.
C’est ainsi que je compris, dans les dents de la mort, que si labourages et pâturages sont les deux mamelles de la France, ce ne sont pas ceux qui font gonfler ce pis-là qui en boivent le lait et encore moins goûtent la crème !
Quoique libre de fait et mien de droit, ce lopin était sous la juridiction d’un hobereau que je ne vis jamais. Pourtant son tabellion me réclama pécunes pour exercer dessus sa justice, dont les bons fruits pendaient à tous les arbres du lieu. Puis, pour pouvoir emprunter gratuitement ses routes qu’il me faudrait entretenir avec ses serfs ou passer ses ponts que je devais construire avec mes pairs, comme pour jouir de son four et de son fouloir dont je n’aurai point l’usage - faisant dans le mouton - il ne me rançonna que de dix écus l’an. Cens qui n’avait rien d’insensé selon les mœurs du temps ou quand on savait l’appétit de ses pairs. Avec cette simplicité qui sied aux simplets, le bedeau du chapelain du châtelain me mit à contribution : pour me permettre d’ouïr une messe à laquelle, en toute bonne foi, je n’allais pas et me dispenser des sacrements dont je n’avais cure, il m'en prit quatre pour l’année en cours, selon la coutume du pays qui voulait qu’on ne ferme point les yeux sur des pratiques blasphématoires qui sentaient l’impiété et donc devraient me faire tomber sous la divine main de l’Inquisition. Au risque de puer le soufre de l’autodafé, en toute conscience, pouvais-je ne pas défrayer de quelque argent, sans m’effrayer, cette bonne âme ?
Mais je n’avais pas fini d’allonger et de m’allonger. Le roi de mon seigneur dont j’ignorais jusqu’au nom, pour ses menus plaisirs et ses grandes guerres tailla dans mon pécule annuel pour en retrancher dix écus de plus mettant à nu de plus de la moitié le corps attendu de mon salaire total déjà fort amputé. N’ayant pas intérêt à refuser, je les bayais en bayant à son bailli à bail qui réclamait que je le payasse comptant. Je le fis, en monnaie sonnante et trébuchante, pas si content que cela mais que pouvais-je dire ou faire face à ses archers ? Je n’avais pas de famille à nourrir et mes bêtes pouvaient, s’engraissant un peu encore, l’herbe étant donnée par Dieu, me rapporter assez pour compenser un brin. Mon revenu éclopé déjà parti me reviendrait donc, alors, en partie. À moins d’écoper… or je n’avais pas fini d’arroser de mes liquidités.
Car c’était sans compter l’octroi de la ville où il me fallut conduire mes ouailles. Si je m’étais économisé le salaire d’un berger, suffisant par moi-même amplement à la tâche, je dus me résoudre au prix du tailleur de toison, aux charges du ramasseur de laine, aux faux-frais du boucher, à la gabelle du saleur, au dédommagement de l’équarrisseur qu’encombraient mes carcasses, à la marge du marchand,… soient quelques malheureux dix écus sur lesquels je n’aurais pas à pleurer car mon cheptel m’avait fait un bon… huit écus. Moins un pour l’hébergement chez un ami qui me faisait un prix digne de notre frairie pour un précaire logement et une autre pièce pour ma maigre repue mais qui fut prise à sa table. On ne carotte pas les gens qui vous sont chers. C’est un principe chez qui sait amortir ses frais alors qu’il prétend que peu lui en chaut que de vous donner sa chemise… si vous la lui payiez.
Le péage au retour se limita à un pillage infondé - on appelait cela une « fouille au corps » - de mon aumônière au prétexte qu’allant seul je semblais un errant vagabondant. Et parce que, dès lors, je n’avais plus un sou vaillant de mon maigre bénéfice, le guet me confia à la police car la charité ne s’exerçait que le dimanche au parvis de l’église… et que je n’avais pas fait l’aumône au prêtre du lieu du doit de m’y produire. En plus nous étions un lundi. Pour le dérangement des gens d’armes, l’usure des fers qui ont mordu mes poignets et griffé mes chevilles, pour le pain sec set l’eau croupie qui me fut servie avec parcimonie, j’en fus de quatre écus d’amende toutes taxes comprises. Le papier timbré qui officialisait mon passage infamant dans la geôle locale, deux écus, formalités d'enfermement et d'élargissement comprises ; les épices pour son rédacteur, un écu. C’était là honnête tarif pour une époque épique me dit-on. « La chance du débutant » sans doute ou ma modeste contribution à la formation d’un futur officier sans grever les finances publiques ; un acte citoyen, en somme. Et pas à taux fisc, car je ne manquais pas d’obole pour un manant, fils d’un peuple fripon et larron. Je sais cela ne vaut pas un louis de finesse. Mais dans ces moments-là, rire de ses maux plutôt que d’en pleurer vaut tout l’or du monde.
Quand je retrouvai enfin ma terre, elle était occupée par des forains qui en grevaient la moitié avec leurs roulottes et en crevaient le reste avec leurs rossinantes. Ils exigèrent, après moult marchandages et forces palabres, pour déloger, à titre d’indemnités, quatre écus d’or non rognés. C’était cela ou appeler une maréchaussée que j’avais déjà par trop vue. Je payai tribut à cette tribu de baraquins qui décampa non sans avoir saccagé mon bien même si je les avais régalés. Il me fallut raquer quatre autres écus pour le remettre en état de recevoir mon prochain cheptel car les agneaux que j’y avais laissés, fruits de mon premier troupeau, s’étaient apparemment égarés dans les ventres affamés des romanichels qui m’avaient quitté non sans être acquittés, eux.
Quand l’assureur du village, averti de mon malheur par je ne sais quel canal car il n’eut pas à me dédommager, vint réclamer son dû et ses arriérés j’en restai pantois. En effet, la loi du pays voulait qu’il ne fut de terre sans seigneur et exigeait qu’il ne soit de sol sans impôt, mais plus encore qu’il n’existât de champ qui ne fusse dûment garanti contre tous les risques naturels ou humains, du raz-de-marée au Déluge biblique, maux récurrents de nos contrées comme chacun sait. Et Justitia ne plaisantait pas avec la protection des biens et donc de leurs propriétaire : elle les soulageait plus de leurs deniers que de leurs malheurs, lesquels ne viennent jamais seuls contrairement aux premiers. J’en fus pour quatre écus de ma poche qui me paraissait plus percée que panier, heureux que le non-règlement des arriérés me soit gracieusement offert. Cracher au bassinet semblait un sport national mais c’étaient toujours les mêmes qui déboursaient !
Me retrouvant ruiné, moi qui ne fus jamais Crésus, je dus vendre mon petit patrimoine au détenteur du fief qui me le racheta généreusement, et sans barguigner, vingt écus flambant neufs. Parce que j’avais une bonne tête. Je ne sais de quoi mais comme j’y tenais, je ne discutai point. Sur la transaction, le bon roi pris sa quote-part se montant à une somme moitié moindre que celle de l’acquéreur ; et le clerc qui la gageait, avec son timbre, cinq de plus. Formalités administratives.
Délesté de tout, je dus prendre la route avec mes vieilles hardes, mon maigre baluchon et une fortune se montant à cinq pièces dont trois me furent arrachées, non sans violence, par des croquants vaguement caïmans, l’avant-dernière par de charitables vrais moines pour une nuit gracieusement proposée sur la paille de leurs chevaux, et l’ultime par un généreux mitron qui me vendit, malgré la mâle faim qui avait alors déjà gravé sur tout mon être les lauriers de sa prochaine victoire, un quignon racorni au prix d’une tourte aux viandes. S’il faut aider son prochain, charité bien ordonnée commence par soi-même et c’est avec les pauvres qu’on fait des affaires, ajouta-t-il en croquant en ma pièce. Des guignes me firent dessert. Tout un symbole.
C’est ainsi que je compris, dans les dents de la mort, que si labourages et pâturages sont les deux mamelles de la France, ce ne sont pas ceux qui font gonfler ce pis-là qui en boivent le lait et encore moins goûtent la crème !
vendredi 24 avril 2020
À MES ENFANTS…
D’après deux vers de Delolly (Oliver Delabre) avec son consentement
Le froid vous attendra
Non ne vous hâtez pas
Profitez du printemps
De la brise de l’instant
Respirez ses parfums
Avant qu’ils soient défunts
La pluie attendra
Non ne vous pressez pas
Vivez donc votre été
Ses joies et ses gaietés
Ses chaleureux moments
Échos du firmament
Le gris vous attendra
Ne vous dépêchez pas
Jouissez des couleurs
D’automne sans pâleur
De la douceur d’un temps
Encore palpitant
Car l’hiver viendra
Jà il presse son pas
Non ne vous hâtez pas
Profitez du printemps
De la brise de l’instant
Respirez ses parfums
Avant qu’ils soient défunts
La pluie attendra
Non ne vous pressez pas
Vivez donc votre été
Ses joies et ses gaietés
Ses chaleureux moments
Échos du firmament
Le gris vous attendra
Ne vous dépêchez pas
Jouissez des couleurs
D’automne sans pâleur
De la douceur d’un temps
Encore palpitant
Car l’hiver viendra
Jà il presse son pas
jeudi 23 avril 2020
HAÏKU DANS L’ARBRE GYNÉCOLOGIQUE
Comme dans la famille de Marie on était vierge de mère en fille,
dans la mienne on est puceau de père en fils !
C’EST DANS LA BOÎTE
Petite fable affable
Certains sont tellement bêtes qu'au lieu
De se battre pour avoir plus, mon vieux,
Las, ils se battent pour que d’autres aient moins.
Sur cela nous allons faire le point.
Avec indifférence un grand patron,
Voulant complaire aux bons actionnaires
De son entreprise qui tournait rond,
Décide de réduire, tonnerre,
Son petit personnel quitte à broyer
Des êtres et des familles car l’âme
N’a pas d’état - ce serait dévoyé ! -
Dans notre économie, Ma Bonne Dame !
Ses employés, par trois, sont des porteurs
De fort gros rochers. Il y a de plus sotte
Profession ! Aussi notre exploiteur
Créé-t-il un poste de cadre à sa botte
Pour lui faire ce sale boulot :
Virer un atlante surnuméraire.
Ce qu’on fit sans se soucier du lot
De travail restant aux autres. Au contraire.
Mais on s’adapte, chez eux, sans trop braire.
Comment faire autrement ?… Trop téméraire !
Le manque de compétitivité
Oblige à dégraisser, las, plus encore.
C’est la clé de la rentabilité !
Notre monde impitoyable est hardcore.
Avec la toute dureté d’un gnome
Et un signalé courage, le boss
Embauche un nouveau cadre, un économe,
Pour lourder, sans façon, c’est là qu’est l’os,
Le second des portefaix sans logos,
Ni, parce que c’est temps perdu, de pathos.
Qu’advint-il à l’ultime de nos mâles
Cariatides ?… Elle fut écrasée
Sous son lourd fardeau, cette peau de balle !
Preuve, pour le singe, dès lors blasé,
De l’incompétence des prolétaires.
Alors un nouveau cadre rédigea
Un oiseux rapport, certes terre-à-terre,
Allant dans ce sens pour tous les rajahs
De l’action car on ne peut plus taire
Que syndicats et droit réglementaire,
Charges, impôts,… ont mis cette boîte à terre !
De se battre pour avoir plus, mon vieux,
Las, ils se battent pour que d’autres aient moins.
Sur cela nous allons faire le point.
Avec indifférence un grand patron,
Voulant complaire aux bons actionnaires
De son entreprise qui tournait rond,
Décide de réduire, tonnerre,
Son petit personnel quitte à broyer
Des êtres et des familles car l’âme
N’a pas d’état - ce serait dévoyé ! -
Dans notre économie, Ma Bonne Dame !
Ses employés, par trois, sont des porteurs
De fort gros rochers. Il y a de plus sotte
Profession ! Aussi notre exploiteur
Créé-t-il un poste de cadre à sa botte
Pour lui faire ce sale boulot :
Virer un atlante surnuméraire.
Ce qu’on fit sans se soucier du lot
De travail restant aux autres. Au contraire.
Mais on s’adapte, chez eux, sans trop braire.
Comment faire autrement ?… Trop téméraire !
Le manque de compétitivité
Oblige à dégraisser, las, plus encore.
C’est la clé de la rentabilité !
Notre monde impitoyable est hardcore.
Avec la toute dureté d’un gnome
Et un signalé courage, le boss
Embauche un nouveau cadre, un économe,
Pour lourder, sans façon, c’est là qu’est l’os,
Le second des portefaix sans logos,
Ni, parce que c’est temps perdu, de pathos.
Qu’advint-il à l’ultime de nos mâles
Cariatides ?… Elle fut écrasée
Sous son lourd fardeau, cette peau de balle !
Preuve, pour le singe, dès lors blasé,
De l’incompétence des prolétaires.
Alors un nouveau cadre rédigea
Un oiseux rapport, certes terre-à-terre,
Allant dans ce sens pour tous les rajahs
De l’action car on ne peut plus taire
Que syndicats et droit réglementaire,
Charges, impôts,… ont mis cette boîte à terre !
mercredi 22 avril 2020
ENCRE EN TOMBÉE
À cet instant où la laideur s’invite
En nos journées, entre chien et loup,
Marchant d’un pied égal, mais si vite,
Les heures allaient devenir un peu floues.
La brune jetant un voile pudique
Sur nos petits moments de vérité,
A drapé l’âme de sérénité
Et, bientôt la nuit, fatidique,
Mettra un terme momentané
Aux brèves joies, aux plaisirs éphémères,…
Ce obscur linceul va donc condamner
Au repos l’esprit des Muses, mes mères.
À l’amère solitude des draps
Ce crépuscule me lie, en récurrente
Punition d’un auteur ingrat
Qui ne loue pas assez, chose courante,
Ce souffle divin d’inspiration
Qui se pose, tout doux, comme une plume
Sur ses lignes chantantes qu’en volume
Il emprisonne sans compassion,
Comme un bel oiseau au brillant ramage
Que l’on veut, à son monde, présenter
Au lieu de le laisser, seul mais libre,
Chanter à sa guise et en plaisanter,
Entre ses vie et mort en équilibre.
En nos journées, entre chien et loup,
Marchant d’un pied égal, mais si vite,
Les heures allaient devenir un peu floues.
La brune jetant un voile pudique
Sur nos petits moments de vérité,
A drapé l’âme de sérénité
Et, bientôt la nuit, fatidique,
Mettra un terme momentané
Aux brèves joies, aux plaisirs éphémères,…
Ce obscur linceul va donc condamner
Au repos l’esprit des Muses, mes mères.
À l’amère solitude des draps
Ce crépuscule me lie, en récurrente
Punition d’un auteur ingrat
Qui ne loue pas assez, chose courante,
Ce souffle divin d’inspiration
Qui se pose, tout doux, comme une plume
Sur ses lignes chantantes qu’en volume
Il emprisonne sans compassion,
Comme un bel oiseau au brillant ramage
Que l’on veut, à son monde, présenter
Au lieu de le laisser, seul mais libre,
Chanter à sa guise et en plaisanter,
Entre ses vie et mort en équilibre.
mardi 21 avril 2020
LE MOINEAU & LES CHIENS
Petite fable affable
Quoiqu’ayant vu un insecte en maraude
Et que son appétit fort le taraude,
Un moineau sur les allées arborées,
Sans réflexion plus que logorrhée,
Enfila la venelle à force allure,
Comme, pris de vent, s’enfuient galures.
Point de petits calculs ni de grands desseins :
Une meute de chiens, roussins
Lâchés je ne sais pourquoi, tout d’audace,
Lui courait au train comme on fait en chasse.
Lors l’oiseau avise un cheval, superbe
Que l’on n’avait pas mis, matin, à l’herbe
Attaché à un anneau, au mur clavé,
Et battant du fer sur le gris pavé.
Le fugitif se glisse entre les pattes
De la bête, une vraie bonne pâte
Appesantie de rustiques labours,
Mais que les abois fous rendent cabourd.
Apeurée, elle joua des semelles
Et plus d’un cabot alors se gamelle.
Cette ruade prouve que l’on a
Ma foi, toujours besoin qui ci, qui là,
D’un plus grand et plus fort que soi
Quitte, parfois, à le mettre hors de soi…
Et que son appétit fort le taraude,
Un moineau sur les allées arborées,
Sans réflexion plus que logorrhée,
Enfila la venelle à force allure,
Comme, pris de vent, s’enfuient galures.
Point de petits calculs ni de grands desseins :
Une meute de chiens, roussins
Lâchés je ne sais pourquoi, tout d’audace,
Lui courait au train comme on fait en chasse.
Lors l’oiseau avise un cheval, superbe
Que l’on n’avait pas mis, matin, à l’herbe
Attaché à un anneau, au mur clavé,
Et battant du fer sur le gris pavé.
Le fugitif se glisse entre les pattes
De la bête, une vraie bonne pâte
Appesantie de rustiques labours,
Mais que les abois fous rendent cabourd.
Apeurée, elle joua des semelles
Et plus d’un cabot alors se gamelle.
Cette ruade prouve que l’on a
Ma foi, toujours besoin qui ci, qui là,
D’un plus grand et plus fort que soi
Quitte, parfois, à le mettre hors de soi…
lundi 20 avril 2020
TOUT HAÏKU L’HEUR
J’ai les joues rouges et les lèvres bleues pour garder la main verte malgré le temps !
VERSUS UN VIRUS
Librement inspiré de Tu m’auras pas (Frédéric Fromet)
Sacré olibrius que ce foutu virus.
Il a mis au malus le monde, et en chorus :
À l’ombre du ficus, tisane à l’eucalyptus,
Plus d’stradivarius, de cirrhus, de stratus,…
Et ça fait consensus, bientôt habitus,
Qu’on soit un vrai Crésus, portant chapeau gibus
Ou bien un foetus, une Vénus voire plus
On est à l’oculus quand fleurit le prunus,
Lisant des prospectus, grattant des papyrus…
Le moral rasibus, plus côtés à l’argus.
Dis donc Confucius, l’est à toi ce virus ?
Ce minus est pire qu’un vrai diplodocus
Et il tue en surplus de nous mettre au blocus
Les rues et les campus. Parties peur du typhus
Et crainte de l’infarctus dont on fit opus.
Y’a comme un hiatus à Caen ou à Fréjus :
Comme de gros guguss, on se prend pour l’Négus,
Relit Britannicus, carbure au bifidus
En rêvant d’un Phoebus dorant notre plexus
Et guettant nos mucus et le facteur… rhésus.
De quel vain thésaurus, il sort ce gros virus ?
Les professeurs Nimbus aux nébuleux cursus,
Nous en font des lapsus en d’assommants laïus
Devant des hibiscus. Chauffe le cumulus…
On s’amuse à Phallus qui rencontre Utérus
Depuis l’angélus jusqu’à l’autre angélus,
Ou vient en nos us le culte du rébus.
Rasé comme un cactus, arborant un rictus,
En fleur de lotus, on médite, on fait motus
Car c’est fini l’Airbus et même l’abribus.
On est jamais quitus, avec ce virus,
Car ce gus, en bonus, nous fera, las, humus
Si, stricto sensus, en jetant les détritus,
Il nous chop’ les sinus, l’cubitus, l’humérus
Voire le radius, et ce s’ra terminus.
Dessous le tumulus. Alors des orémus
On en a un corpus. C’est notre stimulus
Qui rend fou ou urus. En baisse de tonus,
Dans tout ce processus : malgré le collapsus,
Sur nous on fait focus, on s’sort l’doigt de l’anus…
dimanche 19 avril 2020
LE BACHELIER FACE AU VIRUS
Petite fable affable
Un escholier, studieux comme seul sait l’être
Un nauséeux réfractaire aux chiffres et aux lettres,
Piaffe à l’annonce qu’un mal
Venu de… là-bas, l’animal,
Pourrait, las, l’éloigner de ses chères études,
Le confinant chez lui en toute latitude.
Cela doit durer plus d’un mois.
« Mais c’est fort peu, excusez-moi ! »
Aux premiers jours de l’enfermement, l’élève
Jouit tout son soul des plaisirs et de leur sève.
La semaine touchant à sa fin,
Il trouve que c’est long, mais la faim
Du savoir scolaire ne l’ayant pas pris, même
Au dépourvu, il voudrait tirer sa bohème
Jusqu’après la fin de l’été,
Au moins. Pour commencer. Ben té !
Au dimanche suivant, l’ennui point à peine.
Mais les minutes s’allongent un peu, arachnéennes.
Les profs ne manquent certes pas,
Mais les amis si ; les sympas
Comme les autres. Alors il joue, dort et sommeille
Entre deux siestes et tâte de la bouteille.
La semaine peine à finir,
Mais ce virus est à bénir !
Semaine trois. Notre brave cancre ne s’amuse
Plus guère. Délaissés, ses jeux jonchent cambuse
Et couloirs. Mais sa mie lui fault
Et Onan a plus d’un défaut…
La quatrième huitaine déjà l’insupporte
La réclusion ne lui est plus si accorte :
Avoir les parents sur le dos,
Tout le jour, c’est pas un cadeau !
Ce bêta bâté retrouve enfin et, à date
Dite, ses bons bancs détestés quittant l’ouate
De son cocon, lors abhorré
Et qu’il avait tant adoré.
C’est ainsi, quand on obtient ce que l’on souhaite ;
Le temps érode ses charmes et, en girouette,
Ce que l’on voulait et aimait
Finit détesté… à jamais.
samedi 18 avril 2020
HAÏKU’TE EN MOINS
Contrairement à beaucoup, celles et ceux à qui ont compte les côtes, je ne m’en bats pas les flancs !
VIVANT EN MILIEU FORT SUPERSTITIEUX
Je n'suis pas pieux mais prie ce Dieu
Qu’avaient nos aïeux, et que je sais vieux
Et loin de ce lieu, pouvant faire mieux
Mais fort judicieux voire sourcilleux.
Il est chatouilleux, le Grand Sommeilleux,
Miséricordieux avec les odieux
Luxurieux, dispendieux ou factieux
Mais acrimonieux envers séditieux,
Irrévérencieux qui, jamais glorieux,
Bousculent suspicieux, ignominieux,…
Or, point obséquieux et pas ambitieux,
Pour moi, c’est adieu les cieux radieux,
Anges mélodieux aux chants harmonieux,
Nuages soyeux, blancs en camaïeu,…
C’est trop ennuyeux tout ce merveilleux.
Certes prestigieux, ce si fallacieux
Soyeux, apparaît trop cérémonieux
À mes yeux chassieux, moi le bilieux.
Et c’est trop spacieux, et c’est trop sérieux,
Quoique prodigieux et fort giboyeux !
À moi grisailleux enfer, ou sa banlieue,
Avec industrieux ploucs et tous ces pouilleux,
Disgracieux, pagailleux, oublieux,…
Tous ces laborieux, ces impécunieux
Ces gens silencieux et moins licencieux
Que ces beaux messieurs, vivant insoucieux
Mais prou prétentieux, et pis sentencieux,
Ocieux, spécieux, surtout dévotieux.
Ces fesse-Mathieu, las, un brin classieux,
Nous trouvent furieux, et ignominieux…
Sourcils brousailleux, accent rocailleux,
Pas cérémonieux, je suis un curieux
Religieux. Pas vicieux ni captieux,
Éternel anxieux, jamais précieux,
Parfois compendieux face au cafouilleux
Labeur, si fastidieux et si studieux,
Qui est mien, Fieu !, je reste gai, joyeux,
L’air pas mystérieux, mais le teint crayeux
Offert aux jours pluvieux, artificieux,
Et mes actes aux malicieux orgueilleux…
Qui est mien, Fieu !, je reste gai, joyeux,
L’air pas mystérieux, mais le teint crayeux
Offert aux jours pluvieux, artificieux,
Et mes actes aux malicieux orgueilleux…
Je hais les orgueilleux et les élogieux,
Tous gens insidieux parfois impérieux,
Victorieux en ce monde avaricieux,
Qui croit Dieu, impérieux, pointilleux
Vétilleux même, ce copieux calomnieux
Sont injurieux quand je suis facétieux,
Très consciencieux et pas tendancieux,
Goûtant le délicieux d’avant les Cieux
Pas l’artificieux de ces pernicieux,
Parcimonieux sauf pour le litigieux…
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