L’INJURE DU TEMPS

« Le bonheur et la vieillesse se rencontrent 
rarement sur la même tête » Sénèque

L’horloge du temps ralentit tout mon corps.

Il bloque mon bras et paralyse ma main

Ainsi, hélas, dans mes doigts filent encor’

Ces rêves faits de vent partant vers nul demain,

Corps et âme étant déjà en discords.

Deviennent furtives mes pensées,

Les longues minutes simples secondes au jour

Où mes neurones, par trop condensées,

Se carapatent, mus par quelque peur, toujours

Plus avant d’un esprit las, carencé,…

Ma mémoire perd la boule, l’ami ;
Boule qui se retrouve en ma gorge souvent.
Ma peau garde écrites, et pas à demi,
Mes années ; parchemin sillonné et mouvant,
Incrusté à jamais comme feu ma mie.

Mes jambes refusent de me porter
Et, vrai, je suis assez vieux pour faire un mort
Et n’aurais même pas, en aparté
Soit dit, la chance de l’oublier. Pas d’remords :
Ce miroir me vomit sa vérité.

Cette mer de soupirs, embruns en moins,

Est l’asile de cent rides lassées d’avoir

Vécu qui repoussent un peu plus loin

Mes jours et fécondent mes nuits au lavoir

Des insomnies et des regrets… Mors en appoint.

L’instant présent prend une pose ?!… Hélas,

Le cœur agité et l’esprit bouleversé,

 Le moment d’après remet, patatras,

La pendule arrêtée à l’heure. Renversé

Le temps, qui de baie se fait vasistas…

Chronos ne me fait aucun cadeau,

Mon destin se sauve et fuit mon avenir ;

Le temps perdu désormais a bon dos.

L’océan des silences s’étend sans finir :

J’y vogue en mes souvenirs faits radeaux…