Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 15 avril 2020

LE RAT & LE CHAT EN PRISON

Petite fable affable

Impertinentes disputes, vaines passes d’armes.
Dans un de ces appartements humides où l’on 
N’est jamais importuné par les brûlants charmes
De Râ, un rat de geôle et un chat de maton
Plus gras qu’un carme de Parme avec grand vacarme
Se déchiraient sur quelques questions d’ego 
Et des querelles de néant plutôt humaines.

Par honneur de pacotille, hérité des Goths
Qui, en leur temps regrettaient déjà les amènes
Heures où s’illustraient leurs grands-pères, tout de go,
Le rat, engrossé au pain sec et grand buveur, Dame,
D’eau croupie tenait qu’il n’était plus grand plaisir
En ce monde, et c’était sans doute là le drame
Des minets tous trop gras, de ne prendre plaisir 
À rien. Raminagrobis, aux griffes pis que lames,
Disputeur autant que discoureur, au discourtois
Envers la gent féline en cul de basse fosse,
Répliquait que c’était archifaux : sous tout toit,
Des rongeurs chahuteurs colportent cette idée fausse,
Alors qu’un chat, même si ça laisse pantois
Et fait causer haut et fort de cachots en geôles,
N’est désireux que de n’avoir aucun désir !

Vous imaginez que pour tous les mortels qu’en taule
On loge et pour qui l’ennui, sans prou rosir,
Est ce que musique fut à Bach, c’était drôle :
Nous laissant des œuvres de beaucoup d’intérêt 
Mais de peu de mérite sur les murs des cellules,
Ils témoignèrent de cette polémique et des rets
De la rhétorique et de discours où pullulent
Lieux communs ampoulés comme sauce ou apprêt
Aux banalités emphatiques qui, sans cesse,
Parlaient en fait de « Liberté » alors qu’eux,
Les embastillés que l’on avait mis en laisse,
En avaient bien moins que ces deux merdiqueux.
Ils erraient ici et vaquaient là sans presse
Ni pression n’ayant besoin, comme beaucoup
De personnes, pour être ignorants de ces choses
Dont ils causaient à tort et à travers du coup.

Trop souvent, qui se croit savant, par trop, glose
À la face du monde, se hausse le cou
- Ou se le tord - en évoquant ce qu’il ignore
Comme si se taire, en ce monde, déshonore.

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