Petite fable affable
Rien ne vient à point à qui ne fait
Qu’attendre songeait, en son for, une jeune ourse
Sortant d’hiberner, ventre plat et teint défait.
En route elle se met donc pour faire ses courses.
Tout égarée, elle croise un môme effaré
Qui, pestant et suant, poussait une brouette
Chargée d’une barrique ventrue, amarrée.
À sa vue il fuit comme rat devant houette.
Mais il laisse tout à l’animal déconfit :
« Ah, me voilà fort marrie, croyez-m’en ! dit-elle.
J’ai vin pour satisfaire à ma soulographie,
Et du bois pour battre le briquet mais d’entelle
À braiser pour accompagner, point. Ce potelé
Galapian me prive d’un repas que mon ventre
Réclame ! » Le destin lui mit des roitelets,
Des sittelles,… sur son chemin et dans le centre
De ses réflexions une fois embrochés
Et rôtis. Hélas un coup de feu, des rochers
Venu, lui coupa la digestion… Le gosse
Avait gagné la hutte d’un noir charbonnier
Qui fit un sort funeste à cette ourse plus rosse
Que grosse qui pilla, jadis, son poulailler.
Il n’est d’aubaine dont on profite sur place
Vraiment : mieux vaut la différer dans le temps
Ou la déménager quelque peu dans l’espace
Pour en jouir plus tranquillement et longtemps.
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