Des faux espoirs naissent les seules vraies déceptions.
Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques
parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…
mardi 30 avril 2019
NOUS VOILÀ EXAUCÉS :… NOUS SOMMES SAUCÉS !
Choyant froide et drue, la pluie flagelle
Sans pitié sol et margelles
De puits saturés, toits de bois,…
La terre, pourtant avide, boit
Moins hélas qu’elle ne ruisselle,
En torrents d’eau, en coulées de boue,…
Tous ces bruits le silence cèlent,
Nous tiennent éveillés, debout…
L’eau que nous espérions, en larmes,
Que nous implorions pour ses charmes,
La pluie qui est promesse de vie,
Semailles réussies à l’envi,
Et, plus, l’espoir de moissons fécondes
Apporte destructions et mort.
Déjà le fleuve grossit. Son onde
Grogne, gronde et rugit sous l’effort
Qu’elle fait pour accoucher très vite
De ces débordements qui n’évitent
Jamais de saccager, ravager
Ce que les averses enragées
N’ont pas jà laminé quand s’emportent
Ainsi les nues noircies, obscurcies.
Hélas, il en est toujours ainsi,
Quand pleurent les cieux à nos portes…
Et la cascade des flots d’en haut,
Aux courants d’en bas tout en rehauts
Va se joindre comme une divine
Malédiction que l’on devine
Sans la comprendre : certes, on priait
Pour avoir ondée, crachin, bruine,…
Mais pas gros grain menant à ruine.
Or le Ciel de nos maux riait…
Sans pitié sol et margelles
De puits saturés, toits de bois,…
La terre, pourtant avide, boit
Moins hélas qu’elle ne ruisselle,
En torrents d’eau, en coulées de boue,…
Tous ces bruits le silence cèlent,
Nous tiennent éveillés, debout…
L’eau que nous espérions, en larmes,
Que nous implorions pour ses charmes,
La pluie qui est promesse de vie,
Semailles réussies à l’envi,
Et, plus, l’espoir de moissons fécondes
Apporte destructions et mort.
Déjà le fleuve grossit. Son onde
Grogne, gronde et rugit sous l’effort
Qu’elle fait pour accoucher très vite
De ces débordements qui n’évitent
Jamais de saccager, ravager
Ce que les averses enragées
N’ont pas jà laminé quand s’emportent
Ainsi les nues noircies, obscurcies.
Hélas, il en est toujours ainsi,
Quand pleurent les cieux à nos portes…
Et la cascade des flots d’en haut,
Aux courants d’en bas tout en rehauts
Va se joindre comme une divine
Malédiction que l’on devine
Sans la comprendre : certes, on priait
Pour avoir ondée, crachin, bruine,…
Mais pas gros grain menant à ruine.
Or le Ciel de nos maux riait…
lundi 29 avril 2019
SIRE GROGNOURS
Cycle pyrénéen
Petite fable affable
Un ours qui ne se mouvait qu’à la voile
Mise au vent virant de sa vanité,
Avait régné, les yeux pleins d’étoiles,
En des temps surannés, ébruités
Par les plus replets des livres d’Histoire,
Qui recensent aussi bien l’accessoire
Que l’essentiel des fléaux subis
Par nos contrées connues pour leurs lubies.
Malengroin et malcontent au possible,
Ce souverain qui pâtissait de maux
Divers même l’été, voyait la cible
Parfaite chez bêtes et animaux
Passant, par malheur, auprès de sa patte.
Mieux, friponnerie, truanderies
Et camouflets, pour ce lourd psychopathe
Étaient communs sous sa commanderie.
Herculéen et rebutant, farouche
Aussi, ce triste Sire bannissait
Compassion et bonté, faisant mouche
Du croc, la griffe tirée à l’excès.
Il n’était que chamailleries et grogne,
Violence envers faibles et petits,
Intolérance pour les autres : pogne
D’acier d’un gant de fort fer sortie !
Tenant à honneur de manger trop parce
Que ses manants ne mangeaient pas assez,
Il se goinfrait que c’aurait été farce
Si tant de ses sujets n’en trépassaient
Pas pour l’heur !… Et puis, sans que l’on sache
Pourquoi, un beau jour, il disparut : caches
Et trônes il avait vidés. L’homme eut-il
Raison de ce gros baron sans tortil ?
Mise au vent virant de sa vanité,
Avait régné, les yeux pleins d’étoiles,
En des temps surannés, ébruités
Par les plus replets des livres d’Histoire,
Qui recensent aussi bien l’accessoire
Que l’essentiel des fléaux subis
Par nos contrées connues pour leurs lubies.
Malengroin et malcontent au possible,
Ce souverain qui pâtissait de maux
Divers même l’été, voyait la cible
Parfaite chez bêtes et animaux
Passant, par malheur, auprès de sa patte.
Mieux, friponnerie, truanderies
Et camouflets, pour ce lourd psychopathe
Étaient communs sous sa commanderie.
Herculéen et rebutant, farouche
Aussi, ce triste Sire bannissait
Compassion et bonté, faisant mouche
Du croc, la griffe tirée à l’excès.
Il n’était que chamailleries et grogne,
Violence envers faibles et petits,
Intolérance pour les autres : pogne
D’acier d’un gant de fort fer sortie !
Tenant à honneur de manger trop parce
Que ses manants ne mangeaient pas assez,
Il se goinfrait que c’aurait été farce
Si tant de ses sujets n’en trépassaient
Pas pour l’heur !… Et puis, sans que l’on sache
Pourquoi, un beau jour, il disparut : caches
Et trônes il avait vidés. L’homme eut-il
Raison de ce gros baron sans tortil ?
Qu’importe !… On fêta la bonne nouvelle
Et la neuve liberté qu’elle supposait.
La peur partie portait toute cervelle
À ébullition : lors, on osait
Sortir, courir, jaser par les estives
Et les gaves. Insouciance et joies
Étaient devenues communicatives :
On mouchait Cassandres et rabat-joies !
Le plaisir anesthésiait les sages.
La fin du bonheur semblait incongrue :
On vivait, désormais, dans un autre âge…
Et puis, un matin, notre ours reparut.
Méfions-nous de ces bêtes immondes
Que l’on croit mortes voire disparues
Et qui ne sont, hélas, en ce bas-monde,
dimanche 28 avril 2019
QUESTIONS ANGOISSÉES D’UN GÉOGRAPHE DÉBOUSSOLÉ
Vaut-il mieux être Addis-Abeba (Ethiopie), Cassis (13) à Troyes (10) ?
La commune de Bessans (73) est-ce celle où viennent au monde les enrhumés ?
Cela n’étonne que moi de trouver un Bled en Slovénie ?
Y-a-t-il un lupanar forestier à Bosc-Bordel (76) ?
Y a-t-il de la basse tension à Haupoul (81) ?
Est-ce si chiant que cela d’aller à La Celle (83) ?
Je ferais un détour par La Haba (Espagne) Puycelsi (81) ?
Peut-on jumeler Lasse (64) et Arras (62) ?
Les habitants de Nyon (12) sont-ils plus bagarreurs qu’ailleurs?
Vivre au Trou-du Nord (Haïti) vaut-il mieux qu'habiter Coin Perdu (Belgique) ?
samedi 27 avril 2019
MARIAGE D’UN AUTRE ÂGE
Petite fable affable
Un hobereau, de haute lignée
Mais, las, de bien moindres pécunes,
Sur les écus d’un bourgeois guignait.
Con à souhaits mais cousu de tunes,
Ce roturier-là plus nigaud
Que ribaud, vivait tout en esbroufe
Passant lors à tire-larigot
Pour un bouffon bouffi, une couffe
Aisée à léser. Il aspirait
À marier sa fille, un peu raide,
Au-dessus de son état sans l’aide
D’une entremetteuse au teint ciré…
Si le seigneur s’enquit de « la Belle »,
Le négociant le fit du nom
Du titre et du rang, blanches chandelles
Valant moins que bougies et renom
Plus qu’argent comptant. La demoiselle
Connivente à l’infâme bargouin,
Avait vu déjà le loup, oiselle,
Et toute sa meute avec au moins.
Qu’importe : ce qui est, en ce monde,
Compte moins que ce que l’autre croit
Être, que l’on soit manant ou roi.
Ainsi des bonnes gens va la ronde…
Le négociant le fit du nom
Du titre et du rang, blanches chandelles
Valant moins que bougies et renom
Plus qu’argent comptant. La demoiselle
Connivente à l’infâme bargouin,
Avait vu déjà le loup, oiselle,
Et toute sa meute avec au moins.
Qu’importe : ce qui est, en ce monde,
Compte moins que ce que l’autre croit
Être, que l’on soit manant ou roi.
Ainsi des bonnes gens va la ronde…
Engagement pris, notarié,
On put se mettre si tôt à la noce,
Union d’un titre avarié
Et de subsides nées du négoce.
Il fallut quand même des amen,
- Des épingles à la cathédrale,
Des épices aux jurats - et l’hymen
Fut validé, sans nulle autre forme
De procès, chaque partie tenant
Ce qu’elle souhaitait en menant
Son marchandage selon ses normes…
Et chacun en sortit fort content :
Le père put afficher l’austère
Mine de qui compte aussi son temps,
Le mari s’occupait de ses terres,
De relever son château fort,…
L’épousée, négligée, fut volage
Comme il seyait à une Dame alors.
On se gaussa fort de ces « milords »
Et de leurs grands airs en leur village.
Mais peut leur chaulait, en fin de conte
Puisqu’à leurs fins bien arrivés
Aucun d’eux n’eut plus déboires ni honte,
Pouvant à chacun son clou river…
Le hobereau fit une entrée remarquable
À la Cour, sa femme dans le lit
Du Roi et le marchand critiquable
Acheta une charge qui l’anoblit :
Si l’appétit vient en mangeant,
L’ambition, ma foi, elle, arrive
Avec la réussite et ses agents !
vendredi 26 avril 2019
DÉCEMBRE DEPUIS MA CHAMBRE
Cycle pyrénéen
Lentes, les plumes des anges tombent du ciel
Sur les sommets qu’elles encapuchonnent de neige
Peu à peu et couvrent les bleus artificiels
Des glaciers qui miroitent malgré ce manège.
La mousseline immaculée accrochée aux rochers,
D’abord dentelle ajourée se fait là couverture,
Fourrure d’hermine parant moraines chevauchées,
Cérusant cairn et chaos plus plans que nature.
Les balcons abrupts des nues écrues devenus grèges,
S’estompent au point de rendre tout immatériel ;
Et ce lourd manteau de flocons agrégés allègent
Un décor devenu ainsi confidentiel.
La poudreuse fait que couleurs ne sont que teinture.
Les lointains sont ébauchés, le proche baroché
Qui veut s’effacer de ma fenêtre sans tenture,
Où devant, seul, émerge, net et noir, un clocher.
jeudi 25 avril 2019
LES TERRESTRES RÉVOLUTIONS
Petite fable affable
Pour briser l’échine d’une inique Justice,
Toujours prompte à demeurer vigilante afin
De punir sans pitié les gnomes, d’un solstice
À l’autre, épargnant les grands à la seule fin,
De préserver la quiétude de ces bonnes
Gens, las, tout un concours de plèbe encolérée
Voulut renverser le vil pouvoir des Griffonnes
Qui les encarcanait, pour lors s’en libérer.
On exécuta de pleins tombereaux de sicaires
Et de reîtres ayant par trop bien servi
Ces monstrueuses gorgones en rendant précaires
Tout un chacun et pauvre qui n’était nervi
De harpies songeant à emplir l’insatiable
Tonneau des Danaïdes d’un trésor jamais
Repu, coûte que coûte, de désagréables
Taxes en impôts nouveaux à n’en pouvoir mais…
De quelque nom que vous décoriez la chose,
La révolte se fit Révolution mais
Les dés, à peine jetés, étaient pipés, la cause
Entendue : gibier de gibet mal famé
Et potentats de potence prirent le pas
Sur un peuple qui n’avait, hélas, pas la tripe
Tant guerrière ni, plus manants et sherpas,
La fibre aussi militaire que ces tordeurs de lippe…
Ainsi installèrent-ils leur régime tant dur
Que celui qu’il remplaçait et pour tous, tyrannique.
Pour en revenir à nos moutons, hier d’eux si sûrs,
La part de laine qu’on leur ôta lors de la tunique
Ne fut pas moindre qu’aux proches temps anciens !
Cette engeance avait eu, là, la mémoire courte :
Clio aurait appris à ces béotiens
Comment faire pour ne pas finir tarte ou tourte
Patience et longueur de temps faisant bien
Plus que rage ni que force, on sait combien
Aux vaines et bruyantes révolutions
Sont préférables saines évolutions…
Que l’on soit représentants d’un pouvoir en place
Ou de tous ceux qui entendent qu’on le remplace…
mercredi 24 avril 2019
MA VIE D’AVANT MA VIE
Jadis, je me rêvais la meilleure des vies
Où je vivrais à vif, repu de mes envies,
Une vie libre et calme
Sans entrave ni limite, ici ou là-bas,
Valant lauriers, palme,…
Reconnaissance en tout cas pour seul et vrai bât.
J’aurais l’âme adoucie
Fors ennuis, soucis,…
Mes appétits seraient assouvis en ce monde,
Sans contre-partie et sans compromis immonde,
Sans ruse ni lacis,
Sans dedite ni scie.
Une vie simple et calme
Où j’irais de l’avant, toujours debout, cœur qui bat
Et poings serrés mais almes,…
Même au plus noir des échecs, au gris des débats,
Sur mes regrets assis,
Loin de remords rancis,…
Jadis, je me rêvais la meilleure des vies
Où je vivrais à vif, repu de mes envies…
mardi 23 avril 2019
LE REDRESSEUR DE TORTS
Petite fable affable
Un brin cavalier, un gros marteau voulut
Clouer le bec, un matin, à quelques semences,
Non sans une pointe d’amertume, je pense.
Jà plantées à demi sur une planche, élues
Elle devaient l’être plus sans trop de dépense
Car il vaut mieux river son clou, et profond,
À ces têtes d’hommes un peu basses de plafond.
Sans déplaisir ni se mettre martel en tête,
Le percuteur commence son œuvre. En esthète
Car, loin d’être un manche, un seul coup suffisait
À bien faire avec celui-là. Sur la dizaine
De victimes qui jouaient au mât de misaine
Une seule en réchappa et, haut, s’en grisait…
Les enfoncés, maigres comme les clous ou pointes
Qu’ils étaient tous, pleuraient comme d’aucuns jasaient
Sur leur sort : « Peu me chaut de devoir m’écraser,
Fit l’un, mais pourquoi a-t-il oublié notre adjointe ?
- Parce qu’il est bon à mettre au clou, l’abrasé !
- Ou qu’il est complètement marteau, cette enflure !
- Bien le rebours ! C’est voulu, la chose est sûre :
« L’oublié » ne vaut pas un clou car il est tors,
De ceux qui ne valent pas un clou, Par Thor !
Et si vous voulez être fixés, sachez qu’en ce monde,
On tape toujours sur celui qui est droit ;
Les tordus en général on les laisse, crois
Moi, bien tranquilles. Inutile de faire fronde ! »
lundi 22 avril 2019
ANADIPLOSE
Tiède et tendre se pose ma main
Main qui fait que paresse la caresse
Caresse de doigts que rien ne presse
Presse laissée au dehors en chemin
Chemin caché exploré lentement
Lentement insatiablement
Insatiablement jusqu’à ce terme
Terme doux où commence ce qui finit
Finit flatté dans tous les sens du derme
Derme frissonnant chanté par l’aède
L’aède des intimités tièdes
dimanche 21 avril 2019
LE GRAND KOUDOU & LE LION
Petite fable affable
Sous un soleil blanchi qui a safrané
L’horizon d’une savane hélas fanée,
Un grand koudou, pour le coup peu doux, inspecte,
L’œil inquisiteur et la moue circonspecte,
Les terres de son souverain, Roi Lion,
Dont il est Vizir… Traité en morpion
Par un souverain fat et fol qui lui tombe
Sus pour un oui ou un non, et en trombe.
Pâtissant des atteintes de l’âge, souffreteux
Ce grand chancelier chancelant et malingre,
Tenait en lisière de tout son cauteleux
Et insultant sultan au demeurant plus pingre
Que mangouste : mais ce dernier préférait
Courir poils et plumes par garenne et guérets
Aux affres des affaires de l’État, épreuves
Insufférables. Il en avait eu maintes preuves.
Et si ne tombaient en quenouille acacias
Et herbages, il le devait à ce cornu, tête
Tant belle que bonne qui, sans falbala,
Sur toute chose connaissait, pas si bête,
Assez pour savoir se taire mais que le roi
Traînait dans la boue dont il était issu, froid
Et insinuant, agissant en grande gueule,
Ayant petite vertu et mine bégueule…
« Plaise à vous, Sire… » disait l’humble serviteur…
Le souverain ayant toujours un « Je veux ! » sur la langue,
Un « S’il me plaît… » à l’encontre d’un débiteur
Ou pour clore toutes ses vaines harangues,
Arrogance et impudence étant, là, les deux
Mamelles de ce sombre fauve un brin merdeux.
Aussi, le ministre parlait de mort sans cesse
Comme pour conjurer le sort qui seul dit la messe.
Trouvant que les us et la mode corrompaient
Les mœurs comme vermoulussure et pourriture,
Le gnare ignare encriniéré voulut saper
« Ce monde » pour en créer, sans fioriture
Un « nouveau » qui lui soit plus sage et soumis
Celui-ci, tant sen faut, étant moins qu’à demi
Satisfaisant. Il allait, lors, mener la danse.
Tant dit, tant fait… Et sans attente ni clémence !
Comme un scélérat ou le plus exécrable coquin,
Le bon koudou, chose tout à plein décroyable,
Se trouva la tête sur le billot, un faquin
De croco’ le mettant sous couperet ployable.
Du diantre si l’on comprit alors pourquoi
Mais on l’entendit prononcer ces mots narquois :
« Ce n’est que votre exemple qui change le monde
Pas vos opinions*, vous fassiez-vous immonde ! »
* D’après Paulo Coelho…
samedi 20 avril 2019
HAÏKU’K SI NELLE
Qui cherche par trop la petite bête risque fort d’en trouver une grosse pour lui expliquer le sens de l’avis.
MA NOSTALGIE À MOI
Je chantais, sur un ton d’autrefois,
L’hier des « il était une fois… ».
Seul. J’ai du fuir, de guerre lasse,
Ces lieux où les hommes s’entassent
Pour faire cité en les laissant
À leur tohu-bohu incessant
Et à leur cécité éternelle,
J’ai pris la sente vers les brunelles,
Les narcisses et les coquelicots,…
Bref, vers la campagne et ses échos.
Et, voulant échapper au désastre
D’âmes tremblantes se voulant astres,
Loin des nues du progrès
Des limbes de la modernité,
Sans fin, je m’abreuve à La Fontaine
Cours les muses ou, pis, la prétentaine,
Jusqu’à plus soif croque le portrait
Des bêtes, des hommes sous leurs traits
Les plus noirs en leur vie oscillante,
En y cherchant sagesse insolente.
Me voilà comme nef échouée
Sur la rive d’un rêve enjoué,
Ou comme vaisseau qu’immobilisent
Les cieux incléments qui, traîtrise,
Refusent d’en gonfler le gréement
Conscient que chacun des moments
Que je vis aux vents, je les vole, ivre
Comme prisonnier qu’on délivre,
À mon temps, à mes contemporains
Si inflexibles en leur foi d’airain.
J’avance. Pas dans les pas d’un autre,
Refusant lors d’être votre apôtre,
Avalant des cris qui m’ont étranglé,
Pétri d’impuissance, sanglé
De rimes et bottés de vers, mornifles
À vos certitudes quand gifle
L’aube m’offrant pour toute repue
Et pitance cet air qui me pue,
Venu en droite ligne de villes
Qui vous ont vite rendus serviles.
Ce souffle noie les cris de la nuit,
Tombe ouverte sur tout votre ennui,
Enterre les peines souterraines
Et occulte les fées souveraines.
Hier, nous étions troubadours,
Nous délectant de chansons d’amour…
À dire mon siècle d’abysses,
Abîme de « l’instant », dès l’esquisse
Du jour, lors, je m’attache aussitôt
En fais ligne d’horizon tantôt.
Abîme de « l’instant », dès l’esquisse
Du jour, lors, je m’attache aussitôt
En fais ligne d’horizon tantôt.
vendredi 19 avril 2019
BEE HAPPY
Petite fable affable
N’étant pas de celles qui pleurent pour plaire,
Une abeille bedonnante bourdonnait
Sa malenconie, la vie ayant donné
À son destin tout en traverses et galères,
Lui faisant mille écornes et moults chamaillis.
D’où, las, son pâtiment et ses rechignantes
Dispositions envers ses sœurs, feignantes
Contrariées saillies de tous les taillis,
Jamais plaignantes et encore moins geignantes,
Frisquettes avettes toutes hâtiveté
Pour leurs forts bruissantes activités.
Elle fait tâche chez ses pairs, cette amère !
La reine informée convoque l’infortunée
Vivant tout au rebours de ses aînées :
« Je moissonne un chagrin lourd, ma bonne mère,
Serrés en d’épais dépits, car les ennuis
Comme champignons en fumier me poussent,
Fit-elle. Certes personne ne me repousse
Mais nul ne me remercie quand vient la nuit,
Ne me félicite pour mon labeur, ne met un pouce
En l’air pour dire qu’il m’a appréciée,…
J’en suis plus sombre que suie de crassiers ! »
Pourquoi escarmoucher cette fate et fade
Mouche à miel qui ne s’est point rebéquée
Mais n’eut pas sa râtelée de ces becquées
De mots choisis, servis jusqu’à l’estouffade,
Qui remotive le plus démotivé,
Apazime le plus déquiété, fait taire
Le plus révolté des vains contestataires
Ou le retourne, un public va captiver,…
Sa Majesté, la prisant prou, sachant faire,
La caressa de ces termes qui font rosir
Mais qu’oreille ne se lasse de saisir.
Mais qu’oreille ne se lasse de saisir.
Foin de « communication », « propagande »,…
En ce bas monde, combien de nos maux
Se soignent, Altesses, par de simples mots
De reconnaissance qu’oublie qui commande
Trouvant normal et logique qu’il en soit ainsi,
Voulant que ce silence nous contente aussi.
En ce bas monde, combien de nos maux
Se soignent, Altesses, par de simples mots
De reconnaissance qu’oublie qui commande
Trouvant normal et logique qu’il en soit ainsi,
Voulant que ce silence nous contente aussi.
jeudi 18 avril 2019
EXHORTATION
Difficile est la route qui mène aux étoiles…
Écris et crie pour le savant et le vulgaire,
Pour que règne l’amour, pour que cesse la guerre !
Plonge une plume affûtée, pour faire saignée
De mots, dans la veine poétique imprégnée
De souffrances, de tristesses, de maux, de peines,… !
Ouvre en grand portes closes et fais sauter loquets
Pour semer sur leur seuil sons, couleurs,… même en graines
Et fais fleurir des sentiments las embosqués… !
Livré à l’ivraie de ce temps qui, de lui-même
S’enivre, refuse les livrées et enthymèmes ;
Va for ancre sur toutes terre et chaque mer
Aux berges d’encre et n’en reviens pas amer !
Suis, partout, les muses et les Grâces à la trace,
Soeurs inapprivoisées au choeur improvisé ;
Approche-les sans les dompter, sois de la race
Des poètes qui n’ont que beau et bon en visée !
Aie le cœur toujours à rimer quoi qu’il t’advienne !
Ne te veux prophète arrimé à l’antienne
Mode, arcboutée à ses certitudes, arrimée,
Et ne te paie pas de mots qui vont t’abîmer !
Sois Pénélope, et sois Sisyphe, pour sans trêve
Fuir ritournelles vides et creux refrains !
Fuis les sommeils sans miel, les veilles sans sèves,
Pour traverser la colère de foudres sans frein.
Sois serein face à ces tempêtes qui trompètent
Là où l’on préfère eau tiède et carpettes !
Reste chanteur enchanté face à ces pédants
Et ces cuistres faits critiques condescendants,
Face à ces bonnes dames, toutes d’impostures,
Qui entre les grandes coupes et petits fours
Se piquent, sans vergogne, de littérature
Comme on causerait dentelles et brandebourgs !
Va, dénonce toujours ce qui étouffe la femme,
Brise l’homme, fane toute fille et prend l’âme
À chaque gars !… Sois la complainte du progrès !
Sois la plainte des valeurs, le chêne et le grès !
Sur la harpe d’Orphée, sois le fils du Parnasse
Et le descendant va nu-pieds d’Apollon,
Même si « les honneurs » te veulent prendre en nasse,
Sirènes d’un succès qui n’est jamais très long… !
mercredi 17 avril 2019
L’ARBRE QUI CACHE LA FORÊT
Édito’ pour RuedesFables (Décembre 2018)
Si l’on excepte le chêne chenu, jadis un peu gland, qui rivalisa de verve et de morgue avec le roseau assez pensant pour plaire à Pascal - et il était aussi balèse que Blaise celui-là - et ne pas mériter ipso facto quelque coup de joncs ou autre volée de bois vert, peu d’arbres hantent les Fables de nos maîtres qui n’ont guère de moindres défauts… L’arbre, bois tendre ou dur de la feuille, prompt à animer tous les foyers, sentirait-il le fagot ? À quel bûcher des vanités a-t-on promis ce bellâtre parce qu’il a trop cheminée ? Même, cette vieille branche de biblique pommier y fait pâle figure soit-il en quelque sorte un abri côtier. Le fabuliste, même faisant feu de tout bois, reste donc plutôt de bois face à ces troncs et feuillées, quitte à ramée, alors que le bois est un hallier privilégié des personnages qu’il a créé, la forêt un cadre brillant ou un décor défendant qui hante bien de ses bonnes feuilles à la sève des plus puissantes. Sinon, bois bandé ou pas, il pourrait prendre quelque teck pas piqué des vers en prétendant s’élever, lierre de rien, jusqu’aux faîtes d’une philosophie de conteur ! Car ce n’est pas du petit bois que la sagesse de ces petites nouvelles rimées quoi que d’aucuns croient et crient.
Pourtant hêtre ou ne pas hêtre est justement la question que tout facteur d’apologues, bois vert ou peuplier par l’âge et mal fagoté. Sa plume, pour le moins futaie, aussi affûtée que fusain, dessine un monde de bouleaux et de paresse où chacun promet à son prochain, voire à ses proches, châtaignes, marrons et autres raisins de sa colère. Où est le houx quand hiboux, cailloux, choux, bijoux, joujoux, genoux et autres poux sont omniprésents ? Sans jouer les casse-noisettes, pourquoi cette atimie du coudrier ? J’en ai l’épinette dorsale toute remuée de ce constat amer qui m’atterre : figuier-vous, l’arbre est absent des fables par trop à moins d’être tombé au saule. Séquoia cette histoire de mise à l’écart au sein d’une Nature foisonnante ? Ce serait pêcher que d’en rester là. Planté. Sans rien faire comme aurait dit Jean Racine. Même si ce qui est entrepris paraît à d’aucuns joueurs de hautbois nul à scier ou nous amène quelque embûche.
En ces temps froidureux qui sentent décembre et donc le sapin, j’ai les boules. Et quitte à me faire allumer voire enguirlander, je voudrais qu’on réhabilite les ligneux en nos lignes, que nous envoyions quelque bouée aux noyers même si nous freinent les us de ce temps si peu enclins à protéger les vieux feuillages, cyprès soient-ils de noue. Sinon qu’adviendra-t-il de notre travail ? J’en tremble d’effroi même après avoir enfile un pull de plus. À perpétuer cet ostracisme de mauvais aloi, je crains que le charme de nos naturelles bluettes ne se rompe, faute de savoir à quoi les raccrocher, sachant le malaise des mélèzes et les lauriers fanés des oliviers.
M’avez-vous, chers collègues qui comme moi avez la gueule de bois à ce triste constat, ouï et reçu cep sur cep ?… Je ne vous demande pas, vieux bois boiteux ou jeunes pousses aux senteurs boisées, de faire le poirier pour nos bois aux abois ou de mettre le doigt entre l’écorce et l’arbre mais d’œuvrer juste à rétablir en sa noble place ces bosquets embusqués riches en buissons creux et fourrés chaffourés, de faire érable rase de cette infâme mise au ban des mis en banc ! Soyons des ormes, des vrais, sous nos écorces tannées et prenons ce problèmes à bras le corps comme on embrasse ces gardiens de nos champs et de nos chemins. En nos contes, foin de langue de bois, mangeons de ce pin-là, bois blanc ou exotique, noueux ou pas, pour la plus grande gloire des végétaux qui végètent à nous ombrer car ils pourraient ne nous plus servir que de cercueils ! Croyez m’en, ça en vaut l’ébène : ne laissons pas aux bois de lit si peu dormants soient-ils ou de justice la mémoire des cernes de ces écorcés vifs. Ce serait l’hache et tout le reste n’est que sciure de mouche et bûchettes pour apprendre à conter sous l'arbre à palabres !
En nous souvenant que « Tant qu’il y a de la sève, l’arbre ne tombe pas », en touchant du bois, je vous quitte d’un « fabuleusement vôtre » de boit-sans soif à jambe de bois reverdie glissée dans ce tronc de nos pauvres habitués à se contenter de pin noir ; tous ces oubliés qu’on a, eux aussi, caché sous le boisseau de nos bois sots !
Pourtant hêtre ou ne pas hêtre est justement la question que tout facteur d’apologues, bois vert ou peuplier par l’âge et mal fagoté. Sa plume, pour le moins futaie, aussi affûtée que fusain, dessine un monde de bouleaux et de paresse où chacun promet à son prochain, voire à ses proches, châtaignes, marrons et autres raisins de sa colère. Où est le houx quand hiboux, cailloux, choux, bijoux, joujoux, genoux et autres poux sont omniprésents ? Sans jouer les casse-noisettes, pourquoi cette atimie du coudrier ? J’en ai l’épinette dorsale toute remuée de ce constat amer qui m’atterre : figuier-vous, l’arbre est absent des fables par trop à moins d’être tombé au saule. Séquoia cette histoire de mise à l’écart au sein d’une Nature foisonnante ? Ce serait pêcher que d’en rester là. Planté. Sans rien faire comme aurait dit Jean Racine. Même si ce qui est entrepris paraît à d’aucuns joueurs de hautbois nul à scier ou nous amène quelque embûche.
En ces temps froidureux qui sentent décembre et donc le sapin, j’ai les boules. Et quitte à me faire allumer voire enguirlander, je voudrais qu’on réhabilite les ligneux en nos lignes, que nous envoyions quelque bouée aux noyers même si nous freinent les us de ce temps si peu enclins à protéger les vieux feuillages, cyprès soient-ils de noue. Sinon qu’adviendra-t-il de notre travail ? J’en tremble d’effroi même après avoir enfile un pull de plus. À perpétuer cet ostracisme de mauvais aloi, je crains que le charme de nos naturelles bluettes ne se rompe, faute de savoir à quoi les raccrocher, sachant le malaise des mélèzes et les lauriers fanés des oliviers.
M’avez-vous, chers collègues qui comme moi avez la gueule de bois à ce triste constat, ouï et reçu cep sur cep ?… Je ne vous demande pas, vieux bois boiteux ou jeunes pousses aux senteurs boisées, de faire le poirier pour nos bois aux abois ou de mettre le doigt entre l’écorce et l’arbre mais d’œuvrer juste à rétablir en sa noble place ces bosquets embusqués riches en buissons creux et fourrés chaffourés, de faire érable rase de cette infâme mise au ban des mis en banc ! Soyons des ormes, des vrais, sous nos écorces tannées et prenons ce problèmes à bras le corps comme on embrasse ces gardiens de nos champs et de nos chemins. En nos contes, foin de langue de bois, mangeons de ce pin-là, bois blanc ou exotique, noueux ou pas, pour la plus grande gloire des végétaux qui végètent à nous ombrer car ils pourraient ne nous plus servir que de cercueils ! Croyez m’en, ça en vaut l’ébène : ne laissons pas aux bois de lit si peu dormants soient-ils ou de justice la mémoire des cernes de ces écorcés vifs. Ce serait l’hache et tout le reste n’est que sciure de mouche et bûchettes pour apprendre à conter sous l'arbre à palabres !
En nous souvenant que « Tant qu’il y a de la sève, l’arbre ne tombe pas », en touchant du bois, je vous quitte d’un « fabuleusement vôtre » de boit-sans soif à jambe de bois reverdie glissée dans ce tronc de nos pauvres habitués à se contenter de pin noir ; tous ces oubliés qu’on a, eux aussi, caché sous le boisseau de nos bois sots !
mardi 16 avril 2019
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