Petite fable affable
Un petit singe aux yeux globuleux
Avait las maille à partir, quoique libre,
Avec Léopard, seigneur crapuleux
Des forêts du terrible Sire Tigre.
Que ce tarsier fût mini, épais
Comme pigne, il n’en avait guère cure :
Se sentir craint et quérir un respect
Immérité car on a la dent dure,
Voilà le grand plaisir qu’il retirait
À le maltraiter, à le torturer.
Si son jouet se perdait en prières,
Implorant merci, il se haussait du col,
Grisé par ce grand pouvoir, clairière
Dans les devoirs dus, et pour pas un sol,
Au monarque du lieu. Cette écorne
Galopait fort à l’encontre pourtant
Du vouloir du Roi, sans nulle borne :
Ah, se sentir seul souverain de temps
En temps !… Il suffisait donc, à l’entendre,
De ne pas, à ce jeu, se faire prendre.
Mais, las, bois bruit toujours de rumeurs,
Et son suzerain apprit, d’aventure,
Ce qui le mit de fort male humeur
Comme on le comprend, qu’en sa dictature
Ce sujet-là, d’ordinaire indolent
Assez, et beaucoup courtisan sans dire,
Jouait sans vergogne aux insolents
Dès que son Maître courait son empire.
Peu discoureur, certes il le tança prou
Mais fit pis à ce petit garou.
Il fallait faire de lui exemple :
Il le souffleta. En public plus est.
Ça condamnait à l’exil, sans plus ample
Parole ni supplique. Accoisé,
Gifle baillé, joue striée, en bonds souples,
Quoique l’honneur navré, Léopard
Part incontinent et, mieux, découple
Les chiens pour partir encore plus loin.
Face au tigre ce n’est pas là vain soin.
Le singe veut dire sa gratitude
À ce roi toujours si peu avenant.
Qui acquiesça, comme à l’habitude,
Voulut soumission dès maintenant.
Ce petit bout dut se plier en quatre
Pour le servir plus : troubles prévenir,
Trouver provende, attitude idolâtre,…
Mais il perdit tout autre avenir,
Amis, faim, sommeil,… Santé ensuite.
Puis l’envie de vivre par la suite.
La reconnaissance des puissants
Est lourd fardeau, plus est avilissant…
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