Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

jeudi 31 mars 2022

HAÏKU’N VERS ÇA, SION !

Il faut plus que de l’esprit pour s’opposer à la Raison !

L’ÉLECTEUR

D’après Le déserteur de Boris Vian

Monsieur le Président,
Ou toi qu’aspires à l’être,
Je te fais cette lettre
Avant que t’aies le temps
De tous les décevoir
Gens de peu, prolétaires
De l’usine et des terres,
Ou êtres sans avoirs.

Monsieur le Président,
Tu peux te satisfaire
D’être un Grand sur la Terre,
Sans voir les indigents
Qui pourraient se fâcher,
Te faire lâcher prise,
Lassés qu’on les méprise,
Comme manants ou gueux,
Que tu n’aies, las, d’yeux
Que pour qui est prospère,
Bien allant, pépère,…
Ayant par trop d’argent
Quand d’autres sont aux fers
D’avoir robé, pauvre homme,
Pour manger une pomme
Sous ce ciel d’Enfer.
Pense aux sans-deniers,
Qui partout bidonvillent,
N’ayant qu’une sébile ;
À ces valeurs niées
Mais gravées au fronton
De mairies aux portes closes,
Toutes en décrets et clauses,
Laissant sans rogaton
Le migrant, le vieux,…
Ainsi va notre France,
De Bretagne en Provence,
Grâce aux soins diligents
Des califes et vizirs
Occupant jà ce trône
Pour lequel tant tu prônes,
Pour mieux t’en saisir.
Ce sera par le sang,
Qu’il se peut qu’on t’en sorte
Non par d’aucune porte…

Monsieur le Président,
Les gens sont harassés,
Écoute plainte et larmes
Garde au loin tes gendarmes
De ceux qui sont « cassés » !

mercredi 30 mars 2022

HAÏKU FAIT

Ne pas faire ce qu’on devrait ou faire ce qu’on ne devrait pas, voilà les mêmes sales affaires !


mardi 29 mars 2022

HAÏKU’NTE D’AUTEUR

Peu d’auteurs prennent de la hauteur car qui conte peu compte !

« PLUS L'EFFET SE RECULE, PLUS LE DÉSIR S’ACCROIT » (Corneille)

Petite fable affable d’après un aphorisme de Jean de La 
Bruyère (Les caractères, I, 41) et un certain texte de Ronsard

« Mignonne, allons voir si la chose
Qui doit déclore votre rose
Et vous offrir le doux sommeil
Comblé d’épouse enamourée,
Au creux de nos grands draps froissés,
Ce soir, connaîtra son éveil.

Le temps use tout, tant il passe
Et, plus que lui, je me lasse :
Six jours que je suis au surseoir !
Reniant ce qui fait ma nature,
J’attends votre aval, Ma Si Pure,
Pour vous passer, là, au boutoir.

Quoique vous disiez, Mignonne,
L’Eglise qui ici patronne
Tout, unit en nous, c’est un fait,
Votre si raffinée jeunesse
À mon empressée hardiesse :
J’aimerais en cueillir les effets ! »

Ainsi causait quelque cinoque
Qui maria un vrai tendron,
Avant de venir vioque,
La rosière du canton 
Chaste et pieuse comme nonne.
Il rajoute, lorgnant la bonne :
« Entre époux ce n’est mésséant
Et s’y soustraire inconvenant !

- Monsieur, plût à mon Dieu 
Qu’ainsi il se fît ; pour les Cieux
Ce serait péché que cela
Se fasse, hélas… Restons en là ! »

L’autre maugrée, la mort dans l’âme :
« C’est trop pour un mari que femme
Coquette et dévote à la fois ;
Elle se devrait à un choix ! »

dimanche 27 mars 2022

HAÏKU RAPIDE

Se hâter ou tarder n’allégeront jamais ta tâche ni ton bât.


AUTOPORTÉ

« Parlent mes mots de moi
Avant de parler pour moi »
Lucienne Maville-Anku

Je gis comme une barque échouée 
Sur une plage désertée, par les vagues
Battu, tout esseulé, sans bouée,
Attendant et, aussi, craignant cette dague
Qu’est l’inspirante grande marée
Qui viendra, matin, submerger les sables
Et pourra enfin désamarrer
Mon optimisme désespéré, friable
Comme falaise calcaire érodée,
Et ma mélancolie souvent trop joyeuse
Pour voguer loin, en vers galvaudés,
De conserve avec ma nostalgie trompeuse…

samedi 26 mars 2022

SALE HAÏKU DU TAON

En matière de ponctualité, arriver à la dernière minute vous évite de passer un sale quart d’heure !

vendredi 25 mars 2022

HAÏKU À RIUM

Du premier cri au dernier souffle, on mène une vie où l’on peine à respirer !

LE RATON AMOUREUX

Petite fable affable

 Beau parleur mais hélas mauvais plaisant, 
Un raton trouva à son goût une ratonne.
Jusque là, vrai, rien de malaisant.
Mais leurs amours étaient, au goût de la matrone
Qui servait de belle-mère à l’aimée,
Ici trop voyantes, là vraiment trop bruyantes :
« Ah, gestes tendres et baisers langoureux
Sont pour l’intimité ! disait la malveillante.
Il n’est besoin de se montrer si heureux !
Discrétion et retenue sont seules vêtures
Des amours qui durent : c’est malséant
Et malsain de se jeter ainsi en pâture
Au médire et aux médisants, céans.

- Madame, vos bons propos fielleux de sournoise,
Je m’assois dessus. Je suis convaincu
Que c’est là, une façon aimable te courtoise
De vous dire que je me les mets au cul.
À tout va à tout vent, effeuillez la capucine ;
La marguerite est plus à notre goût :
S’il ne fait point, alentour, de jaloux
Un bonheur n’est point un bonheur ! a dit Racine. »

mercredi 23 mars 2022

HAÏKU À PAYER

Le seul cens inique, le sens du ridicule !

LE NEZ AU CIEL

Dans ce parc qui repousse béton et bitume,
Sans regret gourd et sans rémanente amertume,
Sous les traits de blanches nuées tout étirées
Qui semblent, enfin, emporter notre hiver plus durable
Qu’une saison vers les plus lointaines contrées,
Tous les arbres offrent au soleil timide leur râble
Et leurs branches encore duvetées. Allégées,
Dans un décor désembrumé, en bois alerte,
Là, elles s’accrochent à l’espoir de nuits abrégées,
À la venue de nues ravivées, découvertes,…
Déjà, on sent poindre en elles des jours nouveaux 
En sève suave et l'envie du renouveau…

lundi 21 mars 2022

HAÏKU GENRÉ

La chair est faible aussi chez le sexe fort !

L’ENJÔLEUR DÉJOUÉ

Petite fable affable

Un brin persifleur et un tant cajoleur,
Un bourdon paradant parmi les couleurs
De mille fleurs, voulant que d’aucuns profitent
De son expertise et faire de l’esprit,
À défaut d’en avoir, non sans vil mépris,
Causait haut “conquêtes” à quelques néophytes.

« Croyez-moi Dom Juan et Casanova
Il n’y a que ça qui plaise à ces divas !
Avec elles, il faut toujours avoir un « Je 
Veux ! » sur le bout de la la langue, Mes Amis.
Mais souvenez-vous ce n’est rien qu’un jeu
Auquel on ne se livre pas à demi :
Une fille se baise, une femme se culbute
Une maîtresse s’honore et, sans dispute,
Une domestique se trousse. Et c’est tout !
À l’endroit du beau sexe, de manière
Ou de façons dans les prés, les tréflières,
Que nenni. De la superbe, mes Loulous !

- Celle qui fait les goujats ou les maroufles ?
Lança une apidé passant dans un souffle.
Crois-tu qu’on aime malotrus ou butors ?
Les farauds n’intéressent, las, que les pucelles
Qui ignorent l’Amour, insecte retors !
Car c’est infâme de s’en prendre aux jouvencelles…
Avec le beau sexe, même entretenu,
Même vénal, sois toujours en retenue. »

dimanche 20 mars 2022

HAÏKU DE PORTÉE

Même s’il connait la musique, ma mie, un fat las a souvent une gueule de raie et rarement bon dos… surtout s’il est près du sol !


samedi 19 mars 2022

HAÏKU LÉTAL

La raison de vivre de certains donne trop souvent l’occasion de mourir à d'autres.

AU MILIEU DE GISANTS DEBOUT

Sur une photo de Marc-Yvan Custeau (Montréal, mars 2021)

Tout voilé par les ailes de la brume,
Alors que votre bon monde est pendu
À vos pendules et vos beaux nez aux rhumes,
J’erre, hélas, dans un paradis perdu
Où les doigts secs et décharnés des branches
Squelettiques implorent les grands sapins
Aux parures blanchies qui, par trop, tranchent
Sur des verts fort sombres, comme repeints.

Toutes engluées d’ailes de blanche brume,
Ces mille phalanges gelées, figées,
S’accrochent mal aux frissons du costume
De l’air posant, là, des bleus négligés
Aux dos de dunes où rien ne voltige,
Aspirent à ce qu’on les aide à franchir 
Leur morte saison, qui, ce jour, m’afflige,
Dont nul soleil ne peut les affranchir…

Toutes embuées par ces ailes de brume,
Griffes frémissantes et désespérées,
Ces serres supplient, prière posthume,
La livrée fournie des rois des forêts
De draper les corps nus fantomatiques
De troncs givrés, abandonnés aux nues
Indifférentes, glacées, lunatiques,
D’où un lourd linceul de neige est venu.

Tout voilé par les ailes de la brume, 
Je vous laisse ces horloges ordonnant
Votre temps, fixant jusqu'à vos coutumes
Toutes d’ennui. En me promenant
Dans ces limbes froides qui se retirent
Sur un petit matin qui revient
De loin, moi, je plains ces mains qui attirent
À elles le printemps qui nous vient…



jeudi 17 mars 2022

HAÏKU DE TABAC

Qui va clopant et vous en fiche plein le cigare, finit par casser sa pipe !

LES ÂNES & LES MOUTONS

Petite fable affable

Traînant leur laine et leur peines dans la plaine,
Avec la mine de ceux pour qui la coupe est pleine,
Les moutons se demandaient qui ils étaient, 
D’où ils venaient ou allaient, au gré d’étés
Semblables suivant des temps à froide haleine.
Allant en pâtis en prés tous les jours pairs
Et de pâture en herbage les impairs,
Des ânes passaient, paissaient, pissaient, la Parque
Leur filant des jours heureux qui sont marque
De tous ceux pour qui tout est clair et appert.

Ces ânes-là étaient devenus philosophes.
Il est bien des chiens policiers ou des lapins
Chasseurs !… Pourquoi ces crédules poltrons, clampins
Parmi les crétins, n’auraient pas cette étoffe
Qui donne sage félicité au bleu de chauffe ?
Avec leurs joies simples, ils fuyaient les propos
Trompeurs, les feintes caresses qui font la peau
Du plus rustique animal si perméable
À la bêtise, refusant ces pitoyables
Oripeaux de la pensée qu’on fait drapeau.

Pas d’ennemi ou d’ignoble à pourfendre.
Nos oreillards refusant de s’homicider,
Ou de défuncter, pour rompeuses idées,
Idéal, idéologie à défendre,
Vivaient heureux sans trop le crâne se fendre.
Et aux questions profondes des bêlants
Ouailles apeurées d’abord par leur ombre,
Ils répliquaient avec cette mine sombre
De qui sait : « Nous sommes bétail au pas lent,
Venus d’abris et y retournant, nonchalants !
Où mène à tant se torturer les méninges
Quand on n’est jamais qu’esclaves d’un singe,
Maître qui peut changer, quand notre destin
Lui n’évoluera pas plus que nos instincts,
Qu’hier ressemble à demain ?… Joue à la sphinge,
Au  penseur qui a panse pleine à ras
Et l’esprit vide de ces lourds embarras
Du quotidien. Les autres, vile engeance
Laissée avec obligeance à l’indigence,
Vont et viennent… et sans se faire gras !
Alors autant que cela soit l’âme libre
De tous ces stériles questionnements… »

mardi 15 mars 2022

HAÏKU EN L’AIR

Je ne manque à personne et ne me rate guère moi-même !

PRINTEMPS 2022

Comment peut-il y avoir un printemps en Ukraine
Quand on n’y sème que des obus comme graines ?
Quand n’y fleurissent que des feux, que le malheur
Seul, y bourgeonne, arrosé de cent milles pleurs ?

Comment peut-il y avoir un printemps en Ukraine
Quand les hirondelles sont aéronefs qui gangrènent
Le ciel, pourrissent la terre, broient des gens
Qui ne peuvent fuir, flammes et fer les piégeant ?

Comment peut-il y avoir un printemps en Ukraine
Quand le chaos en ses villes fait son arène ?
Quand on ne lui promet, hélas, comme moissons,
Demain, qu’apocalypse, sans plus de façon ?

Comment peut-il y avoir un printemps en Ukraine
En Galice, en Ombrie, en Bavière, en Lorraine,…
Quand l’Ogre de Moscovie dévore l’espoir
Même de son peuple, aussi condamné au noir ?



dimanche 13 mars 2022

HAÏKU MESURÉ

La plupart de gens de haute extraction ne sont bons qu’aux basses besognes.

NE SOYONS PAS BENOIT AVEC LES BENÊTS

Petite fable affable

Courant bruyères et genêts, un genet,
Un peu jeunot certes, surtout prou benêt,
Flatté, et de toujours, par son amour-propre,
Plus que par tous ses pairs qu’il jugeait malpropres,
Et fort jaloux, se pensait “Grand”, se voulait
“Noble” car natif d’ “Espagne”, ce boulet !
Or dans ce beau pays, où l’Ibère est rude,
Tout “péon” se veut “hidalgo”, habitude
Qui fait porter très haut la crête et vous rend
Chatouilleux par trop l’honneur. On le comprend.

Ce canasson n’avait, de sa vie, posé
Sabot en ce pays de châteaux. Oser
Le lui rappeler valait, si tôt, cabrades 
Et parfois traîtresses et mortelles ruades.
Seul le bon chien du lieu, qui trouvait
Croquants craquants et passants passables, avait
Le mauvais goût de dire son fait au fat, tête
De cochon se moquant, n’étant un esthète
De la langue, des raffinements de l’esprit,
Des nuances du cœur pour cracher son mépris.

Ce cabot, philosophe chagrin à ses heures,
Répétait : « Ce monde, sur lequel je pleure,
Fait idiot sûr de lui et sensé
Plein de doutes. Et, à bien y penser,
Cavale, les ridicules et les grotesques
De ton acabit y sont carnavalesque
Légion et spectacle peu ragoûtant.

- Hep, je te demande un tout petit instant
Insupportable clébard : c’est la bataille
Mon destin, celle qui toujours la mangeaille
Et le festin précède, qui fait “un nom”,
Une gloire éternelle au son du canon.

- Quel combat et quel renom ?… Au labourage
Tu devras ta fortune et aux pâturages
Tes ripailles ; quant aux décorations,
Le fouet fera amplement ton affaire.
Ainsi vont les choses, pauvre mammifère :
Dans la vie on a rarement ce qu’on veut
Mais plus sûrement, hélas, ce que l’on peut. »

vendredi 11 mars 2022

HAÏKU DE NAGEOIRE

Si les enfants apprennent si vite à nager, c’est que les petits bouchons, ça flotte !

SÉRÉNITÉ IMMACULÉE

Griffant et agrippant les bleutés des nues
 Mille branches nues s’accrochent 
Aux bras glacés du vent d’hiver revenu.
Et il grave au cœur des roches
Ses froidures, comme il dépose en leurs creux
Tapis de cristaux de givre
Et larmes de gel que fige, vaporeux;
L’air pétrifiant le livre
Vierge qu’est le sol de ce val blanchi
Couvert de cent monticules avachis.

En longue file d’attente
De fantômes dépités, les arbres morts
Veillent la neige éclatante
Qui couvre l’éboulis gris et aigre-mort,
Assourdit les sons et feutre
Les bruits. Désormais, le silence est roi.
À glacer le sang des pleutres…
Et c’est là, tout ce qu’il reste, je le crois
Et le crains, si tu veux ma pensée la plus franche,
Las, du village avalé par l’avalanche !


Tableau : Elisa Satgé, novembre 2020


mercredi 9 mars 2022

HAÏKU DE PIED… À COULISSE

Quand on s’adresse à un maître, il vaut mieux mesurer ses paroles.

L’HONNEUR D’UN MINISTRE

Petite fable affable

Dans un monde neuf et sous un ciel naissant,
Quelques ânes de Provence allaient paissant.
L’air grave, dit-on, ils n’ont pas le mérite
Du discernement ni de l’entendement,
Et du beau nom de « ministres », évidemment,
On a baptisé ces humbles sybarites
Aussi fiers qu’oublieux : leurs qualités
Multiples confirment ce si beau sobriquet.

Matin, l’un d’eux se prend le crin en broussaille
Et brait au secours, fichant fort la pagaille
Dans sa pâture, affolant les animaux
D’alentour, les domestiques et les sauvages.

Plus curieux que peureux, un chevreuil
S’approche de celui qui, dans l’ombrage,
Crie sa détresse à défeuiller tout son breuil.

On ne sait comment il démêle et dépêtre
Le grison qui à remercier se prête.
Cet oreillard, flattant le brave cervidé,
Se perd en gratitude, on peut le cuider ;
Se dit lors son affidé de reconnaissantes
Bénédictions en mille jurements
D’assurés retours, de faire diligence
À l’obliger à son tour, assurément.

Et l’on se quitte sur ces bons mots amènes
D’amitié plus durable qu’ère romaine.
À peu de là, notre chevreuil fut coursé
Par des chasseurs voulant, las, se rembourser
De lupines rapines et prit donc la route
Du pâtis de nos ministres tant brouteurs
Pour y chercher asile ou mettre en déroute
Tous ces traqueurs et leurs chiens rabatteurs.

L’âne qui se disait son ami, naguère,
L’éconduit, allant aux siens, grégaire.
Ainsi périt qui prit un valet pour un as.

Garde-toi de ceux qui ne se souviennent
Des services qu’on leur rend, quoi qu’il advienne,
Que dans le bref temps qu’ils les reçoivent… hélas.

mardi 8 mars 2022

lundi 7 mars 2022

HAÏKU MIEUX MIEUX

J’ai souvent le tort d’avoir raison.

УКРАЇНА*

Au lendemain du 24 février 2022

Dans cette boucherie toute en asymétrie
En coupables mensonges et  en effronteries,
Tu écris en grand « Liberté » Ukrayina

Sur le bleu de ton ciel que les obus strient
Avec le sang versé de ton peuple meurtri
Tu graves « Souveraineté » Ukrayina

Sur le jaune de champs que les chars ont flétri
Sous les décombres fumantes où gît ta patrie
Tu as inscrit « Identité » Ukrayina

Face à ce tyran de certitudes pétri
Qui t’a envahie et n’en sera mie contrit 
Tu cries haut toujours « Dignité » Ukrayina

Alors que ta fine fleur au loin s’expatrie
Pour fuir la moscovite coupable industrie
Lève-toi encore et résiste Ukrayina

* Ukrayina.

samedi 5 mars 2022

HAÏKU PAS CABANA

Sans vouloir faire dans le cliché, avec certaines photos, il y a du grain à moudre !

CELLES D’À CÔTÉ

Petite fable affable

On dit “Bon sang ne saurait mentir” et qu'on est
Marqué des vertus de la terre où on l’on est né.
L’histoire qui suit vous le dira sans ambages
Quoi que causant surtout de bons veaux et pâturages…

 ‌Un paysan de nos montagnes, désireux
De bonifier son cheptel fut fort heureux
D’aller acheter, très cher, n’étant point gavache,
Vaï, dans la grand’ vallée d’à côté, une vache.

Revenant donc à ses prés gras, au vu du prix
Payé, il met l’animal à saillir au mâle
Qui fait sa fortune. Mais, las, tout en mépris,
La belle rétive, à chaque coup, se fait la malle
Plus loin. Et voilà notre bonhomme malengroin :
« Il n’est pas, Crénom, pour arrondir son pécule
De mauvaise saison, Dieu m’en est témoin :
Que tu ailles de droite ou de gauche, recules
Ou avances… et même rues, mon brave taureau
Aura raison de toi. Dussé-je de cravache
User ou te faire forcer, au prix d’un broc,
Au travail du ferrant ! » hurle notre bravache.

Son bon voisin, le berger, soupire à le voir
Peiner à faire accomplir son simple devoir,
Le jour durant, à cette tant belle génisse
Et souffrir et subir tous ces bovins caprices.
 « Elle vient de la grand’ vallée d’à côté ? »
Demanda-t-il, tantôt, non sans avoir ôté
Son béret, politesse envers qui prou enrage
Par monts et par vaux, par pâtis et pâturages.

« Comment tu sais ? » fait-il comme soufflet s’abat.

L’autre soupire : « Ma femme aussi est de là-bas ! »

jeudi 3 mars 2022

HAÏKU LIÉ

Péter dans des draps de soie à deux ne fait pas oublier qu’on finira dans le lin, seul !

LE BOEUF DES BEAUFS

Aux dents d’ivoire du piano
Courent des doigts, sautillants moineaux.

La batterie roule sa caisse.
Du coup, les cymbales encaissent.
Une trompette sourde, en suivant,
Dénoue nos sens et démêle ses vents.
La basse vibre comme on s’accorde
Et pousse le son dans les cordes.

Déjà la jam, aux rythmes cadencés,
A commencé à nous faire danser…
Même la plus coincée fredonne
Et le moins zazou, là, se donne.
Que des airs qui font siffler ; et souffler
Des corps habitués à pantoufler !

C’est ça la vraie musique qui jase
En standards qui, pour toujours, jazzent

mardi 1 mars 2022

HAÏKU FINANCIER

Qui ne prête qu’aux riches prend souvent aux pauvres.

LE CABOT & LE CLÉBARD

Petite fable affable

Un chien de haute lignée promenait
Son bon humain ; quelque foutriquet de race
Certes, mais plutôt du genre fin de race,
Par les rues que Noël a illuminées.
Il va, l’âme servile et la dent vorace, 
Plus vain et plus hautain qu’un ministre crasse,
Il toise tous les lieux tous les minets.

Le brave freluquet faisait de même,
Quand ils croisent, par hasard, un clebs bohème,
Visiteur de poubelles, un chien errant
Qui dort sur les trottoirs et qui, sans dilemme,
Tout le jour traîne au cul des autos sa flemme.
Ce vain bâtard, sans position ni rang,
Est apostrophé crûment par le gros dogue
D’un aboi enragé, brutal au ton rogue,
À peu près en ces termes, peu chaleureux !
« N’as-tu point, à traîner ainsi, de vergogne ?!…
Tu fais honte à notre espèce !… Vois ta trogne !

- Te crois-tu, l’Ami, pour autant plus heureux ?!

- Parce que l’on pourvoit à mon bien-être ;
Partout, en tout, pour tout, je suis mon maître !…
Et toi, Croquant ? Fait le sang pur sans allant.

- De ma liberté ne voulant me démettre,
Pour tout, en tout, partout, je suis mon maître !
Répond l’outragé sans forcer son talent.
Qui vit en harmonie avec lui-même
N’a aucun besoin de jeter l’anathème ! »