La « Grande Histoire » que l’on apprend aux enfants n’est que le fruit de petites qu’il vaut mieux qu’on leur taise.
Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques
parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…
jeudi 31 mai 2018
QUESTION EXISTENTIELLE
« Papa, dis, c’est quoi un homme ?
- Un homme, mon fils, en somme
C’est quelqu’un qui, du matin
Au soir, s’occupe sans fin
De sa petite famille,
De sa maison,… Des jonquilles
Aux jonquilles. Bienveillant,
Il est toujours là, veillant
À ce que jamais personne
Ne manque de rien.
- Ah, je comprends bien
Mieux : Papa, par la Madone,
Je te jure que plus tard,
J’aurai aussi des moutards
Et serai un homme.
Simplement.
Com’ t’as dit. Bref comme
Ma maman ! »
mercredi 30 mai 2018
mardi 29 mai 2018
LE MISÉREUX
Petite fable affable
Pain parcimonieux et chiche flamme,
À l’heure où le fumier fume au champ,
Un pauvre hère se plaint que son âme
S’en va dans la misère où des méchants
L’ont jetée, jadis, quand ses jours et heures
N’étaient que joie et jeux. Privé depuis
De famille, de travail, de demeure,…
Sa vie est un noir et fort profond puits
Où le fil de son temps et ses espoirs
S’étaient hélas noyés soir après soir.
Son chien, le dernier de ses proches
Et le seul de ses prochains à rester,
L’écoute pleurer son sort, le reproche
Plus que la larme à l’œil. Il n’est pas rat
L’animal mais souvent, il lui répète :
« Qui ne veut rien faire trouvera
Une excuse quand celui qui, pépettes
Ou pas, ici ou là, jeune ou doyen,
Veut vraiment “faire” trouve un moyen ! »
lundi 28 mai 2018
dimanche 27 mai 2018
COIN DE MA RUE
Cycle toulousain
« Le poète est un monde enfermé dans un homme » (V. Hugo)
« Le poète est un monde enfermé dans un homme » (V. Hugo)
Je ne verrai plus ce petit coin de rue
Que ma mémoire lasse a rendue giboyeuse
D’aubes ensoleillées ou de soirées joyeuses,
Aujourd’hui révolues, et presque incongrues.
Je l’ai tant couru, et parcouru, étant « drole »,
Je ne verrais plus ce petit coin de rue
Jadis, tout en cabrioles et en rocamboles.
Je ne verrai plus ce petit coin de rue.
Dans tous ses regards défilaient mes années folles,
Il me les rendait au présent et fort ventrues…
Je ne verrai plus ce petit coin de rue,
Là où mon enfance a poussé, insoucieuse,
Où ma jeunesse a joué, tendre et chamailleuse,
Puis, dans un sourire et un baiser, disparu.
Que ma mémoire lasse a rendue giboyeuse
D’aubes ensoleillées ou de soirées joyeuses,
Aujourd’hui révolues, et presque incongrues.
Je l’ai tant couru, et parcouru, étant « drole »,
Je ne verrais plus ce petit coin de rue
Jadis, tout en cabrioles et en rocamboles.
Je ne verrai plus ce petit coin de rue.
Dans tous ses regards défilaient mes années folles,
Il me les rendait au présent et fort ventrues…
Je ne verrai plus ce petit coin de rue,
Là où mon enfance a poussé, insoucieuse,
Où ma jeunesse a joué, tendre et chamailleuse,
Puis, dans un sourire et un baiser, disparu.
samedi 26 mai 2018
HAÏKU’R MENT
Certains font de vivre un but, d’autres un moyen, les plus raisonnables en font un mobile.
vendredi 25 mai 2018
LA BÉCASSE TOURNANT HÉRON
Petite fable affable
Entre l’humus et la mousse, un matin,
Là, une bécasse admirait son ombre.
Ayant, à l’ordinaire, plus d’instinct
Que d’intelligence, dans les décombres
De sa tête on trouve embrouillamini
Moins que jugeote et donc, en l’occurrence,
Elle se voit héron, et sans déni,
Dans la tâche au sol, sans concurrence,
Si grande et haute, appelant révérence.
Son esprit, stérile comme un mulet,
Et, ma foi tout aussi opiniâtre,
La pousse à se proclamer sans délai,
Reine des rives qui sont le théâtre
De sa vie, elle l’esquille zélée
Du genre aviaire, belle incapable
- Donc ambitieuse ! - quoique fêlée
Selon toutes ses semblables ailés.
La voilà donc, perchée sur ses papattes
Fière de sa nouvelle identité,
Qui veut en imposer à tous, en hâte,
Cherchant respect à perpétuité
Mais un flamant, tout rose de mépris,
Osa, vendeur de vent jaseur, immonde,
- Outrecuidant ! - lui dire sans prix :
« Il n’est pire illusion en ce monde
Que celle qui naît du manque d’esprit ! »
Là, une bécasse admirait son ombre.
Ayant, à l’ordinaire, plus d’instinct
Que d’intelligence, dans les décombres
De sa tête on trouve embrouillamini
Moins que jugeote et donc, en l’occurrence,
Elle se voit héron, et sans déni,
Dans la tâche au sol, sans concurrence,
Si grande et haute, appelant révérence.
Son esprit, stérile comme un mulet,
Et, ma foi tout aussi opiniâtre,
La pousse à se proclamer sans délai,
Reine des rives qui sont le théâtre
De sa vie, elle l’esquille zélée
Du genre aviaire, belle incapable
- Donc ambitieuse ! - quoique fêlée
Selon toutes ses semblables ailés.
La voilà donc, perchée sur ses papattes
Fière de sa nouvelle identité,
Qui veut en imposer à tous, en hâte,
Cherchant respect à perpétuité
Mais un flamant, tout rose de mépris,
Osa, vendeur de vent jaseur, immonde,
- Outrecuidant ! - lui dire sans prix :
« Il n’est pire illusion en ce monde
Que celle qui naît du manque d’esprit ! »
jeudi 24 mai 2018
mercredi 23 mai 2018
PARTIR
Pose tes lèvres,
Oh mon genièvre,
Sur l’combiné,
Fronce ton nez,
Dis, à voix basse,
Qu’hélas tu n’es
Pas seule, et lasse,
Un ton plus haut
Qu’il y en a marre.
- Faux numéro ! -
Puis sans chamarre :
« Je dois partir ! »
Faut convenir
Qu’aimer un autre,
Et démentir
Cet amour nôtre
L’circonvenir
N’a pas d’av’nir…
Au téléphone,
J’serais aphone
De mon côté,
À redouter
Que mon épouse
Puisse s’douter…
Elle est jalouse !
C’sera le boulot
Qui, las, m’appelle,
Ça c’est ballot
- Aix-la-Chapelle ?! -
« Je dois partir ! »
Fait convenir
Qu’aimer une autre
C’est lui mentir.
Cet amour nôtre
N’peut devenir
Que souvenirs…
Ça fout la fièvre
Même si c’est mièvre
Et condamné,
Qu’on soit damnés,
Quand on s’enlace,
D’instants glanés
En heures crasses,
Volées… Fléaux
Que ces amarres,
Que ces anneaux,
Y’en a marre :
On va partir !
Pour s’appart’nir
Seuls, l’un à l’autre,
Et plus contenir
Cet amour nôtre
L’entretenir
Faut y parv’nir…
Sans tintamarre
Foin d’simarres :
On doit partir !
mardi 22 mai 2018
lundi 21 mai 2018
HAÏKU’M COMBRE
Homme réfléchi qui s’élève sait, par lui-même, fléchir quand l’irréfléchi ne sait que défléchir.
LE RENARD DOMESTIQUÉ
Petite fable affable
Surveillée par un patou digne de garder
La Gueule des Enfers où flammes aiment à arder
Si tant est que telle entrée nécessite un cerbère,
La basse-cour s’ébat comme en pays berbère :
Ici, tout n’est que luxe, calme et volupté,
Sous l’oeil de Maître Coq, roi par tous accepté.
Souverain trônant sur son fumier, il scrute
Son monde entre deux volailles à la culbute.
Dame Goupil venue larronner des poulets
Avait laissé un orphelin tétant son lait
Seul, ici-bas… Et, par charité, à la ferme
On avait recueilli ce beau roublard en germe.
Il grandit et fut éduqué comme un chien,
Se comportant, au jour le jour, aussi bien
Qu’un toutou, nourri et choyé d’abondance.
La Crédulité étant fille d’Ignorance,
On s’attendait, las, presque à l’entendre aboyer
Chez ceux où il logeait sans payer de loyer.
Seul le gardien du lieu sur ses gardes
Restait, ayant la griffe aigüe et croc qui larde.
Le Roux pourtant n’était ni fourbe ni retors.
Aussi donnait-on au sceptique plus que tort
D’une vigilance justifiant pitance
Et existence par ailleurs… Que d’inconstance !
Et ce vieux molosse avait bien raison
De se méfier d’un rusé dans la maison
Qui n’attendait que vienne, un beau jour, son heure
Pour piller toute la poulaille en sa demeure.
Et ce dernier, matois en tout et pour tout,
Crut, quand on relégua, fort lassé par sa toux
D’abois, notre cabot au pré avec les chèvres,
Pouvoir ripailler comme lièvre en genièvre.
Mais la Providence devait être, ce jour
Là, distraite : à peine eut-il posé, au séjour
Des poulets, la patte qu’une gueule béante
Le happe et que résonne une voix effrayante :
« Je savais bien qu’un renard change de poil,
Non de caractère* c’est, las, adverbial ! »
La Gueule des Enfers où flammes aiment à arder
Si tant est que telle entrée nécessite un cerbère,
La basse-cour s’ébat comme en pays berbère :
Ici, tout n’est que luxe, calme et volupté,
Sous l’oeil de Maître Coq, roi par tous accepté.
Souverain trônant sur son fumier, il scrute
Son monde entre deux volailles à la culbute.
Dame Goupil venue larronner des poulets
Avait laissé un orphelin tétant son lait
Seul, ici-bas… Et, par charité, à la ferme
On avait recueilli ce beau roublard en germe.
Il grandit et fut éduqué comme un chien,
Se comportant, au jour le jour, aussi bien
Qu’un toutou, nourri et choyé d’abondance.
La Crédulité étant fille d’Ignorance,
On s’attendait, las, presque à l’entendre aboyer
Chez ceux où il logeait sans payer de loyer.
Seul le gardien du lieu sur ses gardes
Restait, ayant la griffe aigüe et croc qui larde.
Le Roux pourtant n’était ni fourbe ni retors.
Aussi donnait-on au sceptique plus que tort
D’une vigilance justifiant pitance
Et existence par ailleurs… Que d’inconstance !
Et ce vieux molosse avait bien raison
De se méfier d’un rusé dans la maison
Qui n’attendait que vienne, un beau jour, son heure
Pour piller toute la poulaille en sa demeure.
Et ce dernier, matois en tout et pour tout,
Crut, quand on relégua, fort lassé par sa toux
D’abois, notre cabot au pré avec les chèvres,
Pouvoir ripailler comme lièvre en genièvre.
Mais la Providence devait être, ce jour
Là, distraite : à peine eut-il posé, au séjour
Des poulets, la patte qu’une gueule béante
Le happe et que résonne une voix effrayante :
« Je savais bien qu’un renard change de poil,
Non de caractère* c’est, las, adverbial ! »
* D’après Suétone.
dimanche 20 mai 2018
samedi 19 mai 2018
SAOULE MUSIQUE
Dès que luisent les lanternes,
Avec les goujats de casernes,
Les jouvenceaux et les badernes,
Gobelets séchons, bocks vidons,
Tombons la veste et le blouson,
Sans raison, à toute saison,
Débout, au zinc, au guéridon,…
Avec les goujats de casernes,
Les jouvenceaux et les badernes,
Nos maux et peines abreuvons,
Trinquons et buvons à foison ;
Chopes et godets éclusons,
Chassons au vin cafard, bourdon,…
Alors que brillent les lanternes,
Jouvenceaux, goujats ou badernes,
On court tous boire à la taverne
Tombons la veste et le blouson,
Et des flacons, et des litrons
À la gloire des vignerons.
Sans raison. À toute saison.
Dès que luisent les lanternes,
On court tous boire à la taverne
Chopes et godets éclusons
Et rouler sous la table, ronds
Comme les pires des pochtrons.
Trinquons et buvons à foison !
Et quand s’éteignent les lanternes,
Jouvenceaux, goujats et badernes,
Chantent encore à la taverne :
« Tombons la veste et le blouson,
Gobelets séchons, bocks vidons,
Débout, au zinc, au guéridon.
Sans raison. à toute saison. »
Jouvenceaux, goujats et badernes,
Chantent encore à la taverne :
« Trinquons et buvons à foison,
Nos maux et peines abreuvons
Chassons au vin cafard, bourdon,…
Chopes et godets éclusons ! »
Avec les goujats de casernes,
Les jouvenceaux et les badernes,
Gobelets séchons, bocks vidons,
Tombons la veste et le blouson,
Sans raison, à toute saison,
Débout, au zinc, au guéridon,…
Avec les goujats de casernes,
Les jouvenceaux et les badernes,
Nos maux et peines abreuvons,
Trinquons et buvons à foison ;
Chopes et godets éclusons,
Chassons au vin cafard, bourdon,…
Alors que brillent les lanternes,
Jouvenceaux, goujats ou badernes,
On court tous boire à la taverne
Tombons la veste et le blouson,
Et des flacons, et des litrons
À la gloire des vignerons.
Sans raison. À toute saison.
Dès que luisent les lanternes,
On court tous boire à la taverne
Chopes et godets éclusons
Et rouler sous la table, ronds
Comme les pires des pochtrons.
Trinquons et buvons à foison !
Et quand s’éteignent les lanternes,
Jouvenceaux, goujats et badernes,
Chantent encore à la taverne :
« Tombons la veste et le blouson,
Gobelets séchons, bocks vidons,
Débout, au zinc, au guéridon.
Sans raison. à toute saison. »
Jouvenceaux, goujats et badernes,
Chantent encore à la taverne :
« Trinquons et buvons à foison,
Nos maux et peines abreuvons
Chassons au vin cafard, bourdon,…
Chopes et godets éclusons ! »
vendredi 18 mai 2018
HAÏKU’PERET EN BISEAU
D’aucuns arguent, à tort, qu’il n’est de mauvais moyen pour faire avancer une bonne cause.
jeudi 17 mai 2018
PAS SI BÊTES, LES BÊTES ! (Voltaire)
Édito’ d’avril pour RuedesFables
Une question m’a été posée : « Mais quand écrivez-vous vos apologues, grains d’un fablier pluri-centenaire ? » La réponse est simple, Simplet : puisque ennui à minuit nuit à la nuit et que « la nuit, tous les chats… dorment », comme aime le seriner le philosophe français du second XXe siècle, Patrick Timsit, c’est en nocturne, pendant que d’aucuns dorment comme des marmottes, que transpire ma plume, qui prend la mouche autant qu’elle accouche de cafards, ne me laissant plus un poil de sec. C’est ainsi, chez moi, l’obscurité la plus totale n’a jamais empêché une nuit blanche surtout quand je suis gris. Et mon encre bleue de la sorte sue mon sombre amour des Hommes, que je travestis en bêtes, surtout ceux de ma Patrie puisque « les Français sont des veaux », comme l’avait affirmé le premier d’entre eux, Charles de Gaulle, en son temps désormais révolu. Et, avançant plus comme une tortue qui a le bourdon que filant comme un lièvre qu’on aurait levé à défaut de posé, à l’image de Jean de La Fontaine à l’ombre duquel je déploie mes “L” et toutes les autres lettres de l’alphabet : « Je me sers des animaux pour instruire les hommes » qui se croient pourtant, leur mémoire d’éléphant claquant du bec, si bien éduqués en tout modèles à singer. Et puis j’écoute ce bon génie de Léonard n’incitait-il : « Va prendre tes leçons dans la nature » ; et je suis, comme en écho, George Sand disant « le seul maître à étudier, c'est la nature » qui rend chèvre. Édifiant non à l’heure où la paresse d’esprit consume à grande flemme ce monde ?
Sans vendre la peau de l’ours que je n’ai nulle envie de tuer, pourquoi parler d’animaux, alors ? Mais parce que « le singe (est) un homme qui n'a pas réussi » comme l’écrivait ce vieux Renard de Jules et aussi parce que, pour reprendre, son contemporain ne comptant pas pour rien, George Bernard Shaw, qui comme moi a toujours préféré la grâce grasse à l’éthique étique : « Les êtres humains sont les seuls animaux dont j'ai réellement peur. » Et s’il est des auteurs qui n’évoquent les autres que pour mieux parler d’eux-mêmes, modestement je parle de nous, pour que toi et moi ne finissent pas en noue, préférant, bon dragueur, deviser avant de tirer, même si, parfois, des haines recuites me poussent au parler cru. Sans donner de leçon à quiconque, je me refuse pourtant à la position démissionnaire sur bien des sujets. Bien sûr, adorable lectrice et aimable lecteur, tu dois te dire à me lire qu’il est des gens qui ne manquent pas d’air mais ne peuvent s’empêcher de le brasser pour mieux te pomper le tien. Tant pis, comme disent les vaches de mes Pyrénées où certains vieux pères encore verts aiment à répéter, pour justifier que la patience d’une femme est aussi courte qu’est brève la sagesse d’un homme, que peu importe que le bouc soit vieux si la chèvre est prête.
Ayant du chien, je ne songe qu’à ouvrir mes lourds yeux de rêveur éveillé sur ce qui nous entoure. Et convenez que l’Homme, soit dit entre nous la plus piètre conquête du cheval, myope comme une taupe sur lui-même et œil de lynx clairvoyant sur son voisin, « est un animal si égoïste » que l’on peut dire, sans méchanceté aucune, avec Jules Verne que « la férocité humaine dépasse celle de la nature » surtout lorsque cet animal, plus social que sociable se déplace en troupeau, véritable panier de crabes excluant tout mouton à cinq pattes, où jeunes loups ayant les crocs le disputent aux vieux renards pas vraiment sereins. Et pour ce faire, la déraison se donne toujours toutes les raisons. Car notre Humanité, de tout temps, s’entend comme chiens et chats, entre jungle et zoo, entre verbes impératifs et adjectifs possessifs. Donc, mangeant du lion à force d’avaler des couleuvres, c’est dans ma nature d’en causer quoi qu’il m’en coûte car il n’est pas d’écrits où on ne laisse de plumes. Puisqu’aujourd’hui, on médite plus qu’on ne m’édite, me voilà dans le creux de la vague avec mes maximes et morales et, donc, ne vais pas tarder à finir sur le sable. En effet, ici-bas s’il est des vérités qui ne sont pas bonnes à dire, il en est plus encore qu’il vaut mieux ne pas croire quoiqu’elles fassent florès dans une société que je n’ai pas choisie, en un temps qu’on m’a imposé où j’essaie de vivre en bonne intelligence avec une tripotée d’imbéciles qui s’ignorent.
Et bien qu’un auteur qui se livre, soit-il facteur de fables, soit un peu comme un canard qui se confie, je reste désabusé mais fabuleusement vôtre…
Sans vendre la peau de l’ours que je n’ai nulle envie de tuer, pourquoi parler d’animaux, alors ? Mais parce que « le singe (est) un homme qui n'a pas réussi » comme l’écrivait ce vieux Renard de Jules et aussi parce que, pour reprendre, son contemporain ne comptant pas pour rien, George Bernard Shaw, qui comme moi a toujours préféré la grâce grasse à l’éthique étique : « Les êtres humains sont les seuls animaux dont j'ai réellement peur. » Et s’il est des auteurs qui n’évoquent les autres que pour mieux parler d’eux-mêmes, modestement je parle de nous, pour que toi et moi ne finissent pas en noue, préférant, bon dragueur, deviser avant de tirer, même si, parfois, des haines recuites me poussent au parler cru. Sans donner de leçon à quiconque, je me refuse pourtant à la position démissionnaire sur bien des sujets. Bien sûr, adorable lectrice et aimable lecteur, tu dois te dire à me lire qu’il est des gens qui ne manquent pas d’air mais ne peuvent s’empêcher de le brasser pour mieux te pomper le tien. Tant pis, comme disent les vaches de mes Pyrénées où certains vieux pères encore verts aiment à répéter, pour justifier que la patience d’une femme est aussi courte qu’est brève la sagesse d’un homme, que peu importe que le bouc soit vieux si la chèvre est prête.
Ayant du chien, je ne songe qu’à ouvrir mes lourds yeux de rêveur éveillé sur ce qui nous entoure. Et convenez que l’Homme, soit dit entre nous la plus piètre conquête du cheval, myope comme une taupe sur lui-même et œil de lynx clairvoyant sur son voisin, « est un animal si égoïste » que l’on peut dire, sans méchanceté aucune, avec Jules Verne que « la férocité humaine dépasse celle de la nature » surtout lorsque cet animal, plus social que sociable se déplace en troupeau, véritable panier de crabes excluant tout mouton à cinq pattes, où jeunes loups ayant les crocs le disputent aux vieux renards pas vraiment sereins. Et pour ce faire, la déraison se donne toujours toutes les raisons. Car notre Humanité, de tout temps, s’entend comme chiens et chats, entre jungle et zoo, entre verbes impératifs et adjectifs possessifs. Donc, mangeant du lion à force d’avaler des couleuvres, c’est dans ma nature d’en causer quoi qu’il m’en coûte car il n’est pas d’écrits où on ne laisse de plumes. Puisqu’aujourd’hui, on médite plus qu’on ne m’édite, me voilà dans le creux de la vague avec mes maximes et morales et, donc, ne vais pas tarder à finir sur le sable. En effet, ici-bas s’il est des vérités qui ne sont pas bonnes à dire, il en est plus encore qu’il vaut mieux ne pas croire quoiqu’elles fassent florès dans une société que je n’ai pas choisie, en un temps qu’on m’a imposé où j’essaie de vivre en bonne intelligence avec une tripotée d’imbéciles qui s’ignorent.
Et bien qu’un auteur qui se livre, soit-il facteur de fables, soit un peu comme un canard qui se confie, je reste désabusé mais fabuleusement vôtre…
mercredi 16 mai 2018
mardi 15 mai 2018
LA VOLIÈRE
Cycle toulousain
Au lavoir du lieu, dès la pique du jour,C’est forte presse et très grand chahut de toujours :
On y cancane et jase sans plus de prière.
Filles et femmes, ne sachant langue garder,
Battoir en main, linge déballé, sans tarder,
Débinent soubrettes, ribaudes, chambrières,…
Qu’on soit vieillie ou en ses vertes années
D’un sous-entendu, d’un mot on va condamner
Le laideron, le tendron ou la rosière
Mal arrosée puis la notable cocue,
La mère exemplaire ou la sainte un peu cul-cul,…
Qu’elles soient des nanties ou simples fermières.
On cause ainsi, sans fard, de ces vieilles pies
Dont l’honneur part vite en lambeaux voire en charpie,
De ces pastourelles au corsage un peu trop sage
Qui ne sont que sottes caillettes face aux butors
Et ces oies blanches aux pensers pervers et retors
Qui sont les seules vraies volages du village ;
Les bécasses faisant Pâques avant les Rameaux,
La vieille chouette aimant même les marmots,
Mères poules prisées du curé au passage,
Ne valent toutes, en fait, guère mieux, crénom
De Dieu, que des grues de rue en grand renom.
On laisse quelques plumes au commun blanchissage !
On suppose, on brode jusqu’à s’acertainer
Sur la vertu de l’une ou le passé damné
De l’autre, pour ne plus voir, et sans tendresse,
Que cocotte et poule aimant être aiguillonnée,
Ou tête de linotte prête à bouillonner,
Et brouillonner pourvu qu’un faisan ait l’adresse
D’aimer la panse avant la danse et, pas manchot,
Pigeonne la triple buse qui a trop chaud.
Qu’elle ait ou non la bague au doigt, cette bougresse
Aura beau se paonner tout haut d’honnêteté,
On gloussera vite ce qu’il en a été :
Amies, voisines, c’est fait pour ça ! Et sans paresse…
On reste bouchée bée, on pousse cris d’orfraie
Quand « on apprend » la rumeur, qui en fait les frais,
Priant, en secret, de n’être pas la prochaine
À en pâtir, disant qu’ainsi, oui, va la vie :
« Tout, ici bas, hélas, n’est que vice et envies ! »,
« Pourquoi faire l’autruche ? Il est glands sous le chêne
Et blanches colombes n’aimant que les corbeaux,
Des coucous se cachant chez les poulets ! », « À beaux
Gars et belles garces qu’importeront les chaînes,
La moralité leur est roupie d’sansonnet,
L’Amour miroir aux alouettes ! », « Bien née,
Maumariée ! »,… Et les bons mots sans fin s’enchainent.
Parbleu, les noms d’oiseaux volent bas, papegayes
En bandes, que l’on soit, jusqu’au soir, sage et gaie
Comme un pinson ou ivre, hélas, comme une grive,
Éprise d’un merle blanc qui fait des jaloux,
Ou amie d’un vieux rossignol cantalou,…
Chacun et chacune, quelle que soit la rive
Où sa vie s’ébat sera vautour ou dindon
De force farces, un bon canard boiteux sans don
Ni dents,… Ce, qu’il ait été déniché à Brive
Ou ait eu nid ici : il faut se méfier
De l’oiseau rare et ne guère plus se fier
À celui de passage qui fait qu’on dérive.
Entre œil d’aigle et de perdrix, dames, demoiselles
Ne seraient donc, ici, que de drôles d’oiselles
Quand, messieurs déplumés, chevelus damoiseaux,
Sont, même coqs de village, drôles d’oiseaux…
lundi 14 mai 2018
dimanche 13 mai 2018
HAÏKU’LECTIF
Ayant l’esprit moins sectaire que Saint-Nectaire, je cherche à intégrer un cercle fermé offrant table ouverte.
LES DEUX LIONS
Petite fable affable
Un lion, souverain en sa savane
Envie au grand jour l’un de ses bons pairs
Qui toujours en majesté se pavane,
Prenant à tous les vents, par tous temps, des airs
Qu’on dit, à l’alentour, « de circonstance »,
Faisant, aussi, à tout venant, des mines
Sentant la sentence ou l’accointance
Qu’on vécut au palais ou en chaumine.
Ses peuples étaient en adoration,
Chantant haut sa puissance et sa gloire,
Louant son règne et sa modération.
Notre jaloux, l’esprit comme en bouilloire,
Décide d’imiter, idée d’animal,
Ce brave roi : il feint le saint, il mime
La grandeur, contrefait le libéral,
Joue le juste, en mots et pantomime,
Attendant des hymnes vantant son nom.
Hélas, trois fois hélas, chose pareille
N’advint point : il perd renom
Et autorité… Qu’ouït son oreille ?
On se gausse ?!… On le moque ?!… Par Dieu,
Il veut en avoir le cœur net. Sur l’heure.
Il va trouver son rival en lieu
Neutre et lui demande raison comme on pleure.
Et l’autre répond à l’ardélion :
« Parce que, mon ami, tu vagabondes :
Un lion qui copie un lion
Devient un singe* aux yeux du monde ! »
Envie au grand jour l’un de ses bons pairs
Qui toujours en majesté se pavane,
Prenant à tous les vents, par tous temps, des airs
Qu’on dit, à l’alentour, « de circonstance »,
Faisant, aussi, à tout venant, des mines
Sentant la sentence ou l’accointance
Qu’on vécut au palais ou en chaumine.
Ses peuples étaient en adoration,
Chantant haut sa puissance et sa gloire,
Louant son règne et sa modération.
Notre jaloux, l’esprit comme en bouilloire,
Décide d’imiter, idée d’animal,
Ce brave roi : il feint le saint, il mime
La grandeur, contrefait le libéral,
Joue le juste, en mots et pantomime,
Attendant des hymnes vantant son nom.
Hélas, trois fois hélas, chose pareille
N’advint point : il perd renom
Et autorité… Qu’ouït son oreille ?
On se gausse ?!… On le moque ?!… Par Dieu,
Il veut en avoir le cœur net. Sur l’heure.
Il va trouver son rival en lieu
Neutre et lui demande raison comme on pleure.
Et l’autre répond à l’ardélion :
« Parce que, mon ami, tu vagabondes :
Un lion qui copie un lion
Devient un singe* aux yeux du monde ! »
* D’après Victor Hugo.
samedi 12 mai 2018
vendredi 11 mai 2018
QUI… ?
Qui pourra voir ma tristesse
Mes sens tout en sécheresse ?
Cassé, brisé et détruit,
Je vaque ici, là, et ne suis
Qu’inutilité, ennui,…
Errant dans les poussières
D’un passé décomposé,
Comptant heures grossières,
Aux pensers juxtaposés,…
Qui donc saura ma détresse
Et ma souffrance traîtresse,
Qui anéantit, détruit :
Tout m’est vacuité, bruit…
L’oubli se cache, Byzance !,
Dans un sommeil qui me fuit,
Riche d’ennui, lourd d’absence,
En ces jours de pleurs en pluie…
Qui voudra voir ma tristesse,
Sensation pécheresse,
Car cassé, brisé, détruit,
La vie ne m’est plus que nuit…
L’esprit m’est un loup en rage
Au cœur gourd mais revanchard
Qu’un matin on désencage
Et qui se fait mortel fauchard…
Mes sens tout en sécheresse ?
Cassé, brisé et détruit,
Je vaque ici, là, et ne suis
Qu’inutilité, ennui,…
Errant dans les poussières
D’un passé décomposé,
Comptant heures grossières,
Aux pensers juxtaposés,…
Qui donc saura ma détresse
Et ma souffrance traîtresse,
Qui anéantit, détruit :
Tout m’est vacuité, bruit…
L’oubli se cache, Byzance !,
Dans un sommeil qui me fuit,
Riche d’ennui, lourd d’absence,
En ces jours de pleurs en pluie…
Qui voudra voir ma tristesse,
Sensation pécheresse,
Car cassé, brisé, détruit,
La vie ne m’est plus que nuit…
L’esprit m’est un loup en rage
Au cœur gourd mais revanchard
Qu’un matin on désencage
Et qui se fait mortel fauchard…
LES PORTABLES EN RADE
D’après « La télé en panne » (Pierre Perret)
C’était un soir messieurs mesdames
Où nos portables étaient en rade
Ah cert’ ça n’a pas duré longtemps
Mais c’fut un sacré bon moment
On allait causer tranquillement
Sans êt’ le nez sur nos écrans,
Sans qu’un texto nous cass’ les couilles
Ou jouer tout seuls com’ des andouilles
C’était un soir messieurs mesdames
Où nos portables étaient en rade
On allait s’éloigner c’est sûr
De not’ Fac’book, ah quel coup dur
De tweets d’ « amis » du bout du monde
Emplis d’paroles nauséabondes
D’imag’ Youtub’ de cabots à mémées
Ou de glandeurs dégénérés
C’était un soir messieurs mesdames
Où nos portables étaient en rade
Ça a pris tout l’monde de court
Même la télé app’lait au s’cours
Et tous les gens ont, pour se parler
Dû se sortir l’cul d’leur canapé
Et s’rencontrer pour protester
Contre ce crim’ d’lèse-majesté
C’était un soir messieurs mesdames
Où nos portables étaient en rade
Où on a mangé sans se bouffer l’nez
Sans se presser et sans s’gêner
Où on s’est regardé dans les yeux
Et on a rigolé crevindieu
En oubliant les réseaux sociaux
Qui nous rendaient tous asociaux
C’était un soir messieurs mesdames
Où nos portables étaient en rade
Qui fait qu’on est copains et qu’on l’reste
Qu’ l’on s’invit’ qu’on tomb’ la veste
Qu’on pass’ pour des olibrius
Des arriérés et des gugus,
Qui font des vues à satiété
Sur les portabl’ de tous côtés
Où nos portables étaient en rade
Ah cert’ ça n’a pas duré longtemps
Mais c’fut un sacré bon moment
On allait causer tranquillement
Sans êt’ le nez sur nos écrans,
Sans qu’un texto nous cass’ les couilles
Ou jouer tout seuls com’ des andouilles
C’était un soir messieurs mesdames
Où nos portables étaient en rade
On allait s’éloigner c’est sûr
De not’ Fac’book, ah quel coup dur
De tweets d’ « amis » du bout du monde
Emplis d’paroles nauséabondes
D’imag’ Youtub’ de cabots à mémées
Ou de glandeurs dégénérés
C’était un soir messieurs mesdames
Où nos portables étaient en rade
Ça a pris tout l’monde de court
Même la télé app’lait au s’cours
Et tous les gens ont, pour se parler
Dû se sortir l’cul d’leur canapé
Et s’rencontrer pour protester
Contre ce crim’ d’lèse-majesté
C’était un soir messieurs mesdames
Où nos portables étaient en rade
Où on a mangé sans se bouffer l’nez
Sans se presser et sans s’gêner
Où on s’est regardé dans les yeux
Et on a rigolé crevindieu
En oubliant les réseaux sociaux
Qui nous rendaient tous asociaux
C’était un soir messieurs mesdames
Où nos portables étaient en rade
Qui fait qu’on est copains et qu’on l’reste
Qu’ l’on s’invit’ qu’on tomb’ la veste
Qu’on pass’ pour des olibrius
Des arriérés et des gugus,
Qui font des vues à satiété
Sur les portabl’ de tous côtés
jeudi 10 mai 2018
mercredi 9 mai 2018
LE MÉTIER DE PARENTS
Petite fable affable
Quand pères et mères on écoute
Que de soins les enfants coûtent,
Dès le premier matin,
De tourments et peines ils causent
Et ce, sans arrêt ni pause ;
Mais quoique traîne-patins
Combien d’espoirs ils engendrent,
De rêves ils vous offrent à prendre.
Or pour savoir tout cela
Parents il faut être. Et là,
Les choses, hélas, se compliquent
Car chaque espèce s’applique,
Quitte à être décriée,
À se différencier
De son voisin, pour ce faire.
Chez les oiseaux, c’est affaire
Qui fait tant et tant causer,
Se disputer, s’opposer,…
Fauvettes et Rossignols,
Nichés loin des campagnols,
Perchent leurs nids au grand risque
Que choient, quand tourne leur disque,
Leur touts petits casse-cous ;
Les moquent ceux, qui aux cimes,
Font nid vastes, fortissimes :
Dame pie qui bâtit haut,
L’aigle, des airs le fléau.
C’est danger fort inutile
Pour le hibou, volatile
Pour qui tronc est bon abri,
Mais piège et coupe-gorge
Aux yeux du rouge-gorge
Qui se préfère auprès du sol,
Un fourré pour parasol.
Facilité qui irrite,
Qui un peu plus haut s’abrite,
Le noble pinson des haies
Qui se sacrifiera, Té,
Si quelque ennemi menace
Sa couvée à peine en place.
Ne disons rien du coucou
Que tous fustigent beaucoup…
Et là quelle est la leçon ?
Quelle que soit la façon
D’élever enfants en ce monde
Tu seras, et à la ronde,
En fronde, toujours critiqué,
Alors laisse à sa faconde
Qui aime polémiquer
Et fait selon ton cœur, ma blonde !
Que de soins les enfants coûtent,
Dès le premier matin,
De tourments et peines ils causent
Et ce, sans arrêt ni pause ;
Mais quoique traîne-patins
Combien d’espoirs ils engendrent,
De rêves ils vous offrent à prendre.
Or pour savoir tout cela
Parents il faut être. Et là,
Les choses, hélas, se compliquent
Car chaque espèce s’applique,
Quitte à être décriée,
À se différencier
De son voisin, pour ce faire.
Chez les oiseaux, c’est affaire
Qui fait tant et tant causer,
Se disputer, s’opposer,…
Fauvettes et Rossignols,
Nichés loin des campagnols,
Perchent leurs nids au grand risque
Que choient, quand tourne leur disque,
Leur touts petits casse-cous ;
Les moquent ceux, qui aux cimes,
Font nid vastes, fortissimes :
Dame pie qui bâtit haut,
L’aigle, des airs le fléau.
C’est danger fort inutile
Pour le hibou, volatile
Pour qui tronc est bon abri,
Mais piège et coupe-gorge
Aux yeux du rouge-gorge
Qui se préfère auprès du sol,
Un fourré pour parasol.
Facilité qui irrite,
Qui un peu plus haut s’abrite,
Le noble pinson des haies
Qui se sacrifiera, Té,
Si quelque ennemi menace
Sa couvée à peine en place.
Ne disons rien du coucou
Que tous fustigent beaucoup…
Et là quelle est la leçon ?
Quelle que soit la façon
D’élever enfants en ce monde
Tu seras, et à la ronde,
En fronde, toujours critiqué,
Alors laisse à sa faconde
Qui aime polémiquer
Et fait selon ton cœur, ma blonde !
mardi 8 mai 2018
HAÏKU’A SOULET
C’est parce que le ventre est considéré par d’aucuns comme notre « deuxième cerveau » qu’on l’appelle aussi « la panse » ?
lundi 7 mai 2018
SOUVENIRS DE L’EAU DE LÀ
Cycle pyrénéen
La source parlait tout bas à l’orée du village,
En un long soliloque né au début des âges
Que n’interrompit, dit-on, nul hiver nul été.
On la fit chanter, seule et cristalline, en fontaine
Abreuvant la cruche des Fanchon en bas de laine
Ou désoiffant le bœuf las et l’âne débatté,
Le fils du crû, l’étranger passant sans se hâter,…
Son eau brillait en abreuvoirs, riait en rigoles
Irriguant les rues pentues qu’enfant on dégringole
Quand on caracole, et les pierres d’évier
Usées par des madones devenues des matrones,
Inondait le lavoir où l’étronnaient ces bougonnes,
Non sans avoir beaucoup tourné là et ici dévié,
N’oubliant ni le corniaud ni le lévrier.
Irriguant les rues pentues qu’enfant on dégringole
Quand on caracole, et les pierres d’évier
Usées par des madones devenues des matrones,
Inondait le lavoir où l’étronnaient ces bougonnes,
Non sans avoir beaucoup tourné là et ici dévié,
N’oubliant ni le corniaud ni le lévrier.
Le moineau assoiffé comme la petite coque
De noix qui fait voile pour le pays des phoques
Ou celui des alizés rêvé par un gamin
Savaient la générosité de cette onde
Toujours fraîche, domptée mais offerte à tout le monde
Avant de se noyer au gave en bout de chemin,
Courant sans fin qu’on avait hier, qu’on aurait demain.
Progrès et commodités ont posé leurs valises
Chez nous, un matin. Auraient parlé des analyses.
Les marchands de flotte ont la vieille source capté,
Placé robinets et compteurs, partout, sans vergogne :
L’eau s’est tarie aux abreuvoirs contre lesquels grognent
Des autos, dans les rues asséchées et asphaltées ;
Le lavoir vidé n’est plus que ruines et saletés…
Chez nous, un matin. Auraient parlé des analyses.
Les marchands de flotte ont la vieille source capté,
Placé robinets et compteurs, partout, sans vergogne :
L’eau s’est tarie aux abreuvoirs contre lesquels grognent
Des autos, dans les rues asséchées et asphaltées ;
Le lavoir vidé n’est plus que ruines et saletés…
dimanche 6 mai 2018
samedi 5 mai 2018
LE DOCTE & CLERC DE GÉNIE
Petite fable affable
En un lieu où on avait dit adieu
À un Dieu, hélas, devenu odieux
À d’aucuns, au nom du progrès le plus moderne
On se référait au Savant, sage ou baderne,
Pour répondre à toute taraudante question
Et conduire notre vie à sa destination.
Devenu un profond puisard de science,
L’un d’eux fut promu directeur de conscience.
Roide comme un simple poteau d’exécution,
Et sentencieux dans son élocution,
Nul mot ne passait le nœud serré de sa gorge
Qui ne fut pris pour ordre ou fort nourrissante orge.
De sa race, il était donc le plus écouté
Malgré sa sécheresse et son austérité :
Son savoir semblait sur tout sujet sans limite ;
Il était un modèle, un de ceux qu’on imite ;
Révéré par tous et même adoré partout,
Ce chaste érudit menant sainte vie surtout.
La modération était sa seule idole,
L’abnégation, ma foi, sa seule auréole.
Mais notre intransigeant était un intrigant,
Plus Tartuffe et Janus que le pire brigand :
À la nuit advenue, il abaissait son masque
Et sous le baldaquin des étoiles était fantasque.
Rut aux reins malgré sa conscience d’airain,
Notre bon gaillard se faisait paillard nourrain,
Lui qui méprisait plaisirs, gâteaux et crèmes
Jetait alors à bas sa face de carême,
Faisant passer la panse avant la danse, ici,
Là, régnant sur la commune voyoucratie…
On le trouva mort de ses excès, perdit fame
Et aura, sauf auprès de quelques bonnes femmes
Cherchant trop les lueurs de ces êtres brillants,
Qu’elles pensent aussi purs que certains diamants,
Alors qu’il n’existe de ville lumière
Qui n’ait ses ruelles sombres, ses chaumières,… !
À un Dieu, hélas, devenu odieux
À d’aucuns, au nom du progrès le plus moderne
On se référait au Savant, sage ou baderne,
Pour répondre à toute taraudante question
Et conduire notre vie à sa destination.
Devenu un profond puisard de science,
L’un d’eux fut promu directeur de conscience.
Roide comme un simple poteau d’exécution,
Et sentencieux dans son élocution,
Nul mot ne passait le nœud serré de sa gorge
Qui ne fut pris pour ordre ou fort nourrissante orge.
De sa race, il était donc le plus écouté
Malgré sa sécheresse et son austérité :
Son savoir semblait sur tout sujet sans limite ;
Il était un modèle, un de ceux qu’on imite ;
Révéré par tous et même adoré partout,
Ce chaste érudit menant sainte vie surtout.
La modération était sa seule idole,
L’abnégation, ma foi, sa seule auréole.
Mais notre intransigeant était un intrigant,
Plus Tartuffe et Janus que le pire brigand :
À la nuit advenue, il abaissait son masque
Et sous le baldaquin des étoiles était fantasque.
Rut aux reins malgré sa conscience d’airain,
Notre bon gaillard se faisait paillard nourrain,
Lui qui méprisait plaisirs, gâteaux et crèmes
Jetait alors à bas sa face de carême,
Faisant passer la panse avant la danse, ici,
Là, régnant sur la commune voyoucratie…
On le trouva mort de ses excès, perdit fame
Et aura, sauf auprès de quelques bonnes femmes
Cherchant trop les lueurs de ces êtres brillants,
Qu’elles pensent aussi purs que certains diamants,
Alors qu’il n’existe de ville lumière
Qui n’ait ses ruelles sombres, ses chaumières,… !
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