Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mercredi 31 octobre 2018

HAÏKU THÉ

Pourquoi l’Homme, époux marri, s'imagine-t-il si mal « au foyer » dans lequel il cantonnerait son épouse ou compagne ?!…
Depuis des siècles, ce mâle dominant n’a-t-il donc pas pris l’habitude de balayer devant sa porte et de dépoussiérer ses principes, de repasser ses leçons puis de faire bouillir la marmite, de laver des affronts autant que d’essuyer des insultes, de ranger sa chambre voire de nettoyer sa merde, de s’oublier ou de se sacrifier pour le bien de tous et surtout des autres, d’obéir sans discuter à son seigneur et maître puis à ses pairs et maire, d’élever son âme comme de cuisiner son prochain et même d’accoucher de projets… quand on ne les lui fait pas avorter ?

BI À PIE

Il n’y a pas pis que pies,
Même faisant œuvres pies.
Ces oiselles vont, chipies
Jusqu’à se faire harpies,
Et tout réduire en charpie
Même les pommes d’api
En toutes leurs satrapies.
Car ces glaneuses d’épis,
Et de casquettes à papis
Au visage tout crapi
Valent hélas moins que roupies.
Cela dit sans myopie.

Il n’y a pas pis que pies,
Même au pays d’Utopie
Où tout espoir est tapi,
Ou en territoire hopi,
Et même chez leurs groupies
Qui se voudraient leurs copies.
On n’y trouve que hippies
Nous causant le quiripi,
Accroupis sous leur teepee,
Levés tard et jà flapis,
Au pis, tout en atypie,
Dès qu’on gratte le crépi.

Il n’y a pas pis que pies,
Même chez les veaux au pis
Ayant chopé la pépie,
Elles n’ont que joies impies
À faire de nous toupies
Tournant sans nul répit
Jusqu’à choir sur le tapis,
Même coiffés de képis,
Sans espoir de thérapie !
Leur âme n’est qu’eau croupie
Non enivrant génépi.
Et pour cela, youpi !

mardi 30 octobre 2018

HAÏKU VERS NEMENT

Si « gouverner c’est conserver », pourquoi ceux qui s’y collent donnent l’impression que c’est « cons servir » ?

lundi 29 octobre 2018

HAÏKU TIERS

Comme ma mère, naguère, je tricote… mais des doigts : un mail à l’endroit, un mail à l’envers,…

LE VOL DU BOURDON

Petite fable affable
D’après D. Allemand, le Bourdon & les coquelicots

Un bourdon voyant champs à l’abandon,
Ternes friches emplies d’orties et de chardons,
Ou semis alignés comme combattante troupe
Rêvait au temps jadis où les coquelicots
Coqueliquaient fort, en solitaire ou en groupe,
Et coloraient les jours où trimaient les bourricots
Et où les chevaux labouraient les terres
Des métayers ou les glèbes des propriétaires.

Il avait conservé de cet ancien temps
Des graines de pavot, en guise d'orviétan,
En ses tristes jours et ensemença, fébrile,
Les lieux qu’il fréquentait, privés de beautés
Que d’aucuns pensaient sans parfum, sombres agriles
Au pays des fleurs de chez nous en vérité.
Ainsi revinrent des pétales écarlates,
Soie veloutée aux étamines violates.

Raides sur leurs tiges, ces cœurs tout chancelants
Offrent un printanier sommeil au vent dolent
Et donnent des couleurs aux champs les plus méchants,
Aux prés les moins apprêtés, aux landes arides,…
Le fabuliste est comme ce bourdon en ses chants
Puisant son pollen chez les apologues à rides
De naguère, fleurs aux noms déconnus ou pas,
Les offrant à un monde sans guère d’appâts.

dimanche 28 octobre 2018

samedi 27 octobre 2018

HAÏKU VERS NAY

Si « gouverner c’est prés voir », pourquoi ceux qui s’y emploient regardent si peu nos campagnes ?

CHERS PLATANES

Cycle toulousain
D’après M. Combernoux

Où êtes-vous passés platanes de mon avenue ?
Pourquoi routes d’ici vous a-t-on mises à nu ?
Les feuilles d’or, chocolats, caramels et rouille
Lâchées des branches lasses par le vent d’autan,
Illuminaient de leurs tourbillons qui brouillent,
Brouillonnant un soleil guère chaud par instants
Qui déjà songeait à partir loin, en vadrouille,
Des automnes scolaires en bogues de marrons.
Sous l’oeil rieur de la fontaine à mascaron,
Elles tapissaient le sol d’une grosse moquette
Craquant sous le pas las des gars et des coquettes.

Où êtes-vous passés platanes de mon avenue ?
Pourquoi routes d’ici vous a-t-on mises à nu ?
En hiver, chauves de toute feuille, les branches 
Se faisaient voûtes soutenant le ciel gris,
Arcs de triomphe offerts à la pluie froide et franche.
Fûts tavelés, écaillés, troncs à peine aigris,
Sont des colonnes d’une nef servant de anche
Aux vents, d’écrin à la neige par tous attendue
Pour nacrer des  destins pas encor’ distendus.
Les cieux s'azuraient par trouées et brillaient,
Annonciateurs de paysages grillés.

Où êtes-vous passés platanes de mon avenue ?
Pourquoi routes d’ici vous a-t-on mises à nu ?
Au printemps revenus, vos feuillages vert tendre
Promettaient de l’ombre sans la donner, s’offrant
À l’air soudain léger où on allait surprendre
Quelques parfums de tilleuls eux aussi en rang
Et des fragrances d’acacias à revendre.
Les catalpas habillés et parés répondaient
À ces perspectives qui déjà faisaient dais,
Balises à nos vies tout comme à nos chemins
Avec leur droite majesté sans lendemain.

Où êtes-vous passés platanes de mon avenue ?
Pourquoi routes d’ici vous a-t-on mises à nu ?
Les délices de l’été venus faisaient clôtures 
À claire-voie vos alignements si parfaits
Au long de prés reverdis, de labours natures
Ou de blés pas blondis par l’orage esclaffés.
À la fraîche, au village, jeunes et matures
Sous ces futaies poussaient leurs chaises, leurs bambins,
Jusqu’à la nuit, pour causer, jouer, pas lambins.
La nuit, l’entrain effeuillé, rendra chacun
À sa chacunière sots, bègues et tribuns.

jeudi 25 octobre 2018

HAÏKU’R MAIS

Craignez plus un « Oui mais… » qu’un « Non car… » !

CONTRE CES FURIES D’ENFER… TOUT CONTRE !

Petite fable affable

Un mâle désabusé pensait, l’air des plus ronchons : 
« Cornecul, on aurait une vraie vie de patachon 
Sans ces tiques de calice, ces Circé de ciboire,
Puces de paroisse et Gorgones hautes en Vertu ! »
Pour lui, sa femelle n’était pas la mer à boire
Mais sorcière tortue, rombière courbatue
À gloutir, bref un de ces chameaux à la fesse lasse :
Une gargouille de bénitiers du côté face,
Et de l’autre, ma foi, une abstinente fort têtue.

Pourtant ce brave poète de hasard n’ayant guère
L’usance comme femme de son épouse, naguère
Plus accorte et ployable qu’en ces vieilles chansons
Qui paillardent, sans tant languir, l’échine révérente
Et le dos soumis s’en fut enfin, comme un paillasson
Se livrer aux bons soins de cette dame rebutante,
Ménagère de ses charmes, économe de son corps
 - Et le ton gourmé ou la mine rebelute encor’ ! -
Ah ! ces bourgeoises au bourgeon défleuri sont irritantes !

Oc, il a beau la fustiger, toujours en son penser,
La moitié qu’il maria jadis sans nuancer,
Devenue pieuse, sauf du côté du pieu Madame,
Il ne la quitterait mie d’un seul jour ou d’une nuit
Quoi qu’elle le houspille et le dispute à drame,
La teigne. Voilà donc pour lui là où est l’ennui :
Qui, sur l’honneur, prend femme, aussi marri soit-il, est l’otage
De la fortune et pâtira non d’avoir, volage,
Liens dénoué mais de ne pas leur avoir nui,…

mercredi 24 octobre 2018

HAÏKU DU RISK

On prétend que « qui ne risque rien, n’a rien » mais « qui risque tout, perd tout » :
 alors prenez des risques… mais avec modération !

mardi 23 octobre 2018

HAÏKU ROUX

L'aphone qui utilise un muet comme porte-parole emprunte une voix sans issue !

AURORE RHABILLÉE

« Cette histoire est vraie puisque je l'ai inventée. »
Boris Vian, L'écume des jours, 1947

Il fallut rhabiller une nuit des plus chaudes
Avec une inconnue rencontrée en maraude.
À l’aube, cette nocturne fleur s’attifait
De ces étoffes et tissus qui affriolent :
Elle qui fut des heures ma fée Luciole,
N’était-elle, pieusement, de moi coiffée ?
Elle avait le geste lent, l’œil d’une galante.
Ces marques d’amour pour vous plaire dans l’instant,
Et pour se plaire aussi, ombraient sa peau tout autant
Laiteuse que celle d’une enfant nonchalante.

Dans l’auréole d’une aura chancelante,
Je la voyais recouvrir sa peau encor’ brulante :
Elle a glissé, lasse, un fourreau de sombre soie
Qui pénombrait de dentelles ses seins, câline,
Où, tentants boutons de rosée en percaline,
Pointaient deux bourgeons, si insolents en soi,
Appelant sans mots mes mains à tendre cueillette,
À pieuses caresses et sans retenue,
Fruits plus appétissants que lorsqu’ils étaient nus
Et offerts et que j’effeuillais cette caillette.

Au long de ses jambes, elle enfila, quiète,
De fins bas noir pour les gainer. La joliette
A lacé un bustier ; ajusté, noué
Un porte-jarretelles festonné en diable,
Ajouré à vous donner foi inoubliable,
L’envie de retomber dans le péché, enjoué.
Puis elle a posé au-dessus, écran fragile,
Un tout petit bout de tissu  écrin cachant
Le précieux trésor de son corps attachant
Dont j’avais fait mes amoureuses évangiles.

Nos dévotions et nos charnelles vigiles
Ont sculpté sans cesse son blanc corps d’argile,
Sous le ciel de mon lit et tous les cieux.
Je voulus réexplorer, âme scélérate,
Les chemins secrets de cette si peu ingrate
Partenaire, atours et contours délicieux
De cet amour vénal, saisis cette ribaude
Que j’embrassai et déshabillai aussitôt.
Ayant offert la nuit à la nuit, bientôt,
J’allais lui sacrifier le jour sans clabaude…

dimanche 21 octobre 2018

HAÏKU’RMANDISE

Les moyens de certains chanceux leur laissent assez de temps pour ne faire rien et le faire bien.

LE BRILLANT DANS LA BOUE

Petite fable affable d'après Fleury Flouch

Dans cette nuit d’encre, pas un seul chat vaillant.
Un petit diamant vécut l’éclat brillant
De la célébrité, pendue dessous l’oreille
D’une galante que l’on disait sans pareille,
N’aimant tous ses prochains que jusqu’au lendemain.
Mais par la faute des vils cahots du chemin
De retour, notre joyau chut dans l’ornière
Sans, las, qu’on le vît ni qu’on ne s’en inquiétât.
Voilà la gemme à terre parmi les bruyères,
Abandonnée, ayant perdu rang, rôle, état,…

Éclairant l’ombre de ses ses carats, notre pierre
Chatoie en éblouissant de sa lumière
Les cailloux sans façon ni facettes toisés
Par ce petit bout qui les laissa accoisés
Quand il tomba sus de toute sa hautesse.
Il plut ce soir-là, éclaboussant notre altesse,
Et la terre, giclant, crotta ce beau bijou
Le ternit et l’éteignit sans plus de vergogne.
À la parfin, moins gros qu’une noix de cajou,
Couvert de fange, il avait fort mauvaise trogne.

Ainsi, rien ne distinguait le diamant
Des graviers alentour au bout d’un moment.
Un galet que le façonné avait, dès sa chute,
Vexé, ayant l’humeur un peu à la chahute,
Tout bouffi d’orgueil bafoué alors lui dit :
« Le sort se joue de ta grandeur, l’ami ! … Maudit,
Comme nous te voilà toi qui te croyais un astre !

- Jamais, répond le diam’s qu’elle n’a qu’offensé
Alors qu’elle voulait l’humilier. Désastre
Ne dure pas à qui veut sa vie amender :
La toute prochaine pluie me rendra, sans doute,
Mon éclat irisé, mes carats ne redoutent
Pas cette gadoue qui ne pourra les user
Ni les éroder, tout juste les amuser.
Elle te renverra à l’insignifiance
En me rendant, illico, mon lustre d’antan :
Qui brilla puis fut éclipsé, confiance
Gardant, resplendira demain… et tout autant. »

vendredi 19 octobre 2018

HAÏKU’NCUSSION

Certaines « idées » voleront toujours trop haut pour les âmes les plus basses !

MAIGRE MATINÉE

Mon oreiller n'en fait qu'à sa tête, 
Mon drap s’est enfui au plus loin,
Ma couette fait des creux, des crêtes
Et l’édredon, lassé, s’en est disjoint,
Laissé à l’abandon, en désordre,
Dans un lit, où à n’en pas démordre,
Mon réveil n’est que brutalité
Comme ma nuit fut agitée.

Yeux collés, cheveux en bataille,
Reprenant, au jour, vie et vigueur 
Ma bouche grimace. Elle n’est qu’entaille.
Je me sens las et l’esprit fugueur.
Le geste gourd, prompt à paresse
Suis perclus, tout en maladresse,
Et me semble lent à concevoir,
Tardif à exécuter, piètre à voir,…

J’émerge, comme absent à moi-même,
En automate habitant mon corps
Rompu, brisé,… et ma face blême
Pas plus reposée, chiffon encor’.
Et si l’ombre enfin pose ses ailes
Mes rêves ne font, las aucun zèle
Pour me fabriquer des souvenirs,
Me donner élan pour revenir.

Et ainsi, dans un silence immense,
Pour moi, un tout nouveau jour commence.
Un jour qui sera sans joie ni jeux, 
Un jour sans feu ni foi, nuageux
Sous votre soleil, où je serai
Dans votre multitude, égaré,
Seul car toujours séparé de toi,
Alors qu’on festoie et se tutoie…

mercredi 17 octobre 2018

HAÏKU DE THÉÂTRE

L’impro' en amateur ?… C’est un peu paradoxal, non ?!

POSTILLON À TOUT VA !

Petite fable affable d’après Les deux postillons de Fleury Flouch

Hélas, plus on mérite de mépris
Plus on a de penchants à mépriser
Et parfois l’on en récolte le prix
Quand l’amour-propre pousse à la dispute,
Pour un pari qui fait de vous risée,
S’il ne contraint à mortelle culbute.

Un postillon trônait sur sa diligence,
L’air fendard et sans aucune indulgence
Envers ses pairs ou bien les passants.
Bousculant du coup les uns sans vergogne
Il se disait le roi des cochers, facteur
D’accidents à l’occasion - les cognes
Craignaient son carrosse fracassant ! -
Et usait nos patiences à la corde.
Phaéton en diable, des conducteurs
Le dieu puissant mais sans miséricorde,
Sur son nom la haine était à concorde !

Goujat fat tout à sa forfanterie,
Il défiait, folle plaisanterie,
Ses rivaux, tout comme les curieux,
À le battre lors d’une seule course
D’où il sortirait, las, affirmait-il,
Car il était fort homme de ressources,
Sans dol ni deuil, en grand victorieux.
On le laissait s’étourdir de querelles
Que nul ne cherchait au si peu subtil
Postier qui aimait une pastourelle
Laquelle chantait comme tourterelle.

Mais pour l’amour de cette coquettante 
Jeunesse, un goujat la voix haletante
Osa en remontrer au prétentieux
Dos droit, parole blaise et mine rufe,
« Sais-tu, mazette, au moins mon métier :
En Une de gazette, pauvre truffe
Tu vas finir car primé aux cieux ! »
L’un sans plus de mots s’asseoit en coche,
Rênes en main, coursiers altiers
Aux ordres et le fouet hors sa sacoche,
L’autre exultait, les deux yeux tout croches.

Le départ donné, la coche a des ailes,
Quand la diligence essaie, quant à elle,
Ne pouvant la dépasser que de peu
De l’accrocher, au tournant de la route,
À l’oblique, à une borne dressée
Pour mettre les moyeux à vaudéroute.
Mais le bègue, habile nocher, se peut
Aidé de Cupidon, passe et c’est l’autre
Fanfaron qui se voit lors décaissé
Et du siège éjecté. Cet apôtre
Rencontra donc Charon, au grand plaisir nôtre.

lundi 15 octobre 2018

HAÏKU’TÔT À GATO

Certaines « dames » ont un âge plus respectable que leur vêture, leur décolleté étant, hors leur sommeil, ce qu’elles ont de plus profond.

QUAND…

Quand nos chemins ne seront que de cailloux
Et que nos yeux ne verront plus ses bayous ;
Quand notre cœur se remettra à son compte
Et que notre amour ne sera plus qu’un conte ;
Quand nous vivrons une lourde chasteté,
Nos lèvres ne se goûtant qu’en chicheté,
Nous saurons lors la valeur d’une promesse
D’un serment qui s’est jadis passé de messe.

Quand nos mains ne caresseront plus que du vent
Et qu’hélas nos corps s’assoupiront avant
De s’entraimer entre folie et tendresse ;
Quand nous n’aurons que mots banals en adresse
Pour dire ce qui enflammait auparavant,
Que nous ne serons solides que l’un pour l’autre 
Et que nous ne tiendrons que l’un par l’autre
Nous saurons la vraie couleur des sentiments
Avec des souvenirs pour seul firmament.

Quand nos lignes de vie se liront en rides
Et que nos fronts devenus soudain arides
N’auront plus assez de pensers à partager
Ni de projets d’avenir à ménager,
Nos pas allant ensembles par habitude,
Leur train propre sans que pointe lassitude
Nous connaîtrons enfin la durée des « toujours »
Que l’on s’est dit à l’aube de nos beaux jours.

Quand nos doigts pour s’entrecroiser sans ambages
Ne se trouveront plus, rendus gourds par l’âge,
Mais pas assez pour éteindre feu en nous,
Que nous n’aurons plus d’horizon que nous-mêmes
Oubliés des autres, et de ceux qui nous aiment,
Quand nos voix trembleront comme nos genoux
Et qu’il nous restera l’essentiel - Nous ! -
Nous pourrons nous souhaiter une dernière
Bonne nuit, l’âme à voir notre vie fière…

dimanche 14 octobre 2018

samedi 13 octobre 2018

HAÏKU RHÔNE DANS TERRE

Certains ont les dents tellement longues qu’ils labourent le sol à chaque fois qu’ils reculent !

LE LAURÉAT

Petite fable affable

Un bachelier n’aimait guère labourer
À ses épais opus qui vous sont les mamelles
De tous les savoirs, préférant échauffourées
À l’aride philosophie et, pêle-mêle, 
Les mondanités aux saines Humanités,
Les filles publiques à la sèche rhétorique,…
Baillant attention et assiduité
Aux mots pratiques plus qu’aux maux théoriques.

À l’école de la Raison, il n’apprit
Nulle leçon allant de bordeaux en taverne,
Affairé tant et tant, arborant grand mépris
Pour tous les studieux, ermites en caverne.
Grande vie et petite vertu ainsi décorent
Au quotidien jeux et joies assurément.
Pourquoi donc tant fatiguer un esprit jeune encore ?
Il pourrait, las, s’user fort prématurément !

Il laissait tous les soins pénibles de l’étude
Au glaneurs de lauriers, ces vains lauréats
Impécunieux n’ayant pas sa latitude :
Il offrait, et sans compter, en alinéa
À ses copies de quoi huiler la conscience
De ses correcteurs, diplômés comme doyen.
Graisser le poignet à qui de droit est science
Toutes les fins justifiant quelques moyens.

Ainsi notre escholier eut par son jeu d’épices,
Bien plus que par la valeur de son labeur,
Un examen académique fort propice
À en faire un docteur, honoré du saint sceau
Du ministre, qui se sait sot paré d’un titre
Usurpé. Toujours, il réplique aux commensaux
Curieux de sonder ce cerveau de bélître :

« Pourquoi donc m’interroger plus avant :
Le parchemin ne fait-il pas le savant ? »

jeudi 11 octobre 2018

JAMB’HAÏKU

J’ai parfois commis des gestes regrettables que je n’ai, pourtant, jamais regrettés !

SUS CAMIS D’ENFANÇA

Cycle toulousain

Nos Anciens, en leurs vertes années délavées
Par le temps, faisaient sonner au pavé de leur village
Leurs esclops, martelant comme des sabots clavés
De cavale les camis fangueux des verts parages
Menant vers l’école, loin des terres emblavées,
En pèlerine bleue, béret vissé sur la teste
Pleine de la veillée d’hier au soir qui reste !

Là, dès la pique du jour, estéquits et grandets
Blouse grise, culottes courtes, chaussettes basses
Ces drolles allaient, guiboles grafigniées et dos dret, 
Genoux tout rouges ou bien écorchés, mine lasse
Mais nez qui rebique, par carrièras, pauvrets
Se trantolant, s’espatant - car on n’a pas la pète ! -
Jusqu’à ce que l’on voie le régent qui se la pète !

Il fera chouiner les drollettes et les titous,
Punira les goujats picaniers ou farnouse
Qui courent toujours à toute blinde, bestious,
Et les ceusses qui font les piots, celles qui gloussent,
Les galapians qui en classe font entrer un gous,
Pour qu’il fasse du rambal et se pailler de rire
Quand il trifougne partout, pastiche tout… ou pire !

Ces bécuts, vers leur tute, partiront, à fuste, au soir,
Courant, même les grandasses, par les rampaillous,
Jouant à monto-dabalo, il vous faut voir
Comme, ou à roule-barricot, tous plus canaillous.
Au risque, ces mécuts, ces madurs, sans tant surseoir
De s’atchouler, de se péter le caillou, ils dézinguent
Leurs frusques, ces fadas qu’être libres a rendu dingues !

Une fois à l’ostal, mâchés de s’être réchés,
Fallait se parer les paterles car maman rone :
« Boudu con, ils sont tout crottés ! » Et plus, mal léché,
« Mille dious de mille dious ! » papa ruque et tonne.
Esquintés, on a espouti les cluques espanchées,…
Il en a son sadoul de ces gaffets tartignoles :
La tatane vole haut et bas la torniole !

Seule la ménine ne fait pas le mourre : « Pauvrots,
Vous arrêterez de trafiquer avec vos tuffes,
Un de ces jours ? Vaï, on dirait des peilharots :
Pandourel au vent, pantalon pétassé !… Ah puf,
Tous ces traoucas, vous voilà pas fiérots,
Attiffés tout comme des gitous ou des pignouffes ;
Vous n’êtes plus des pitchouns, alors faîtes moins d’esbrouffe ! »

mardi 9 octobre 2018

HAÏKU’N GÉLO

Tous les gens givrés ne sont pas des cons gelés.

LE LOUP SOUVERAIN

Petite fable affable
Cycle pyrénéen

Un loup régnait sur des vaux et des monts
Où paissaient bêtes à cornes et à laine
Payant tribut à ce cruel démon
Douze fois l’an, comme d’usage en plaine,
En chair fraîche. Et de son piémont,
Jusqu’aux plus hauts et lointains amonts,
Sa loi s’exerçait sans aucun partage
Sur les habitués du vain broutage
Comme sur les animaux sauvages
Qu’aucun homme ne mit aux pâturages.

La devise du sanguinaire glouton,
Qu’il demandait à ses émissaires
D’appliquer, était : « Tondez le mouton
Sans l’écorcher : on n’est pas des corsaires  ! »
Ce que faisaient fort bien ces Tontons
Macoute-là, même les faux-jetons,
Leur maître étant aussi intraitable
Avec eux qu’avec ce bon gibier d’étable
Qui finirait un jour à l’autre à sa table
Et pas comme convive. Inévitable !

Or, un matin, notre terrible roi
Décida d’aller visiter un parent proche,
Habitant de lointaines roches, en proie
À une révolte de ses sujets, des gavroches
Sans feu ni lieu n’ayant plus effroi
À s’opposer à un souverain fort froid
Pourtant, impiteux et non moins tyrannique.
Pour s’éviter une pareille panique,
Notre garou laissa là sa meute à triques
Pour surveiller sa si paisible clique.

Alors tout ce bon peuple de valets,
Avec emportement, la mâle bête
Étant enfin loin, s’en prit, sans délai,
À ses sicaires, ses fils en tête,
Prêts toutefois à revenir vils agnelets
Et simples veaux, si son rocheux palais
La voyait, un beau matin, reparaître.
On eut de la Liberté le paraître,
Elle n’allait de sitôt disparaître
Débarrassé du lupin et de ses reîtres.

Si l’Ysengrin ne reparut jamais.
Un ours s’en avisa. Ce bon compère,
Avec ses pairs, mit lors prés et ramées
En coupe réglée pour un règne prospère
Au cri de : « Rasez de près le mouton
Puis le dépecez, c’est de bon ton ! »
On comprit dans ces verdureux parages
Que du Succès on se méfie : l’adage
Veut qu’on perde souvent son avantage
À ne voir qu’il peut apporter dommages !