Petite fable affable
Un brin cavalier, un très gros marteau voulut
Clouer le bec, un matin, à quelques semences,
Non sans une pointe d’amertume, je pense.
Déjà mi-plantées sur leur planche, les élues
Devaient l’être un peu plus, et sans trop de dépense.
Dans la vie, ‘vaut mieux river son clou, et profond,
À ces têtes d’hommes un peu basses de plafond.
Sans déplaisir ni se mettre martel en tête,
Le percuteur commence son œuvre. En esthète
Car, loin d’être un manche, un seul coup lui suffisait
Pour bien faire et au plus vite. Sur la dizaine
De victimes qui jouaient au mât de misaine
Une seule en réchappa et, haut, s’en grisait…
Les enfoncées, maigres comme des clous sans teinte
Qu’elles étaient, pleuraient prou mais d’aucuns jasaient
Sur leur sort : « Peu me chaut de devoir m’écraser,
Mais pourquoi a-t-il donc oublié l’autre pointe ?
- Parce qu’il est bon à mettre au clou, l’abrasé !
- Ou qu’il est complètement marteau, cette enflure !
- Bien le rebours ! C’est voulu, la chose est bien sûre :
“L’oublié” ne vaut pas un clou car il est tors,
De ceux qui ne valent pas un clou, Oui, par Thor !
Et si vous voulez être fixés, sachez qu’en ce monde,
On tape toujours sur celui qui va tout droit ;
Les tordus en général on les laisse, crois
Moi, bien tranquilles. Inutile de faire fronde ! »
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