Longue fable affable d'après D. Allemand
Au sortir d’une morte saison dont personne
Ne portera le deuil quoique son glas, jà, sonne,
(Du moins c’est ce que gazouillent ceux des oiseaux
Qui se cachent pour mourir ayant fui rets et museaux !)
À quelque fauteuil défait, un tabouret cherche
Noise : ce futur défunt exige un respect
Que le velours n’est, pas prêt à accorder, faux derche,
À quiconque, quel que soit son âge ou aspect,
De son rang et de son sang personne n’étant digne.
Alors un rustique rond de bois aux pieds
Même pas chantournés qui ose s’accoler
Au velours de ses accoudoirs, quel geste indigne !
Mais la querelle a mis le pauvre tabouret
Sur la sellette car, là, nul ne lui sait gré
De son insolence : pour l’antique causeuse
La cause est entendue ; pour l’authentique pouf’
Qu’est Dame chauffeuse, les bouseux et bouseuses
Ne méritent d’égards donc pourquoi ce barouf ?
Même simple bergère et Voltaire critique
Se rangent du côté du Prie-Dieu, caustique,
Pour qui toute charité, bien ordonnée,
Commence par soi-même car la chaire est faible !
Seul strapontin et escabelle ont pardonné
L’affront car ils en essuient plus qu’aux prés la hièble.
La boudeuse, râlant, a fait banquette ailleurs ;
Transat et pliant ont fui plaignants comme crieurs.
Sur le banc des accusés, le tabouret argue
Qu’il faut de tout pour faire le monde et qu’il est
Une place pour tous et qu’hélas nul ne nargue
Plus le petit que le grand aimant jubiler :
Après tout, tabouret et fauteuil ne servent
Qu’à recevoir les mêmes croupes, un les serves
L’autre les nobles, certes, mais un panier
Reste un panier même aux yeux des niais !
On ne mélange pas torchons et serviettes,
Que diable ! Chacun à sa place, chez soi
Si possible, et le monde sans ces mauviettes
Irait mieux : non, ne mêlons plus crasse et soie !
Les chaises jugent cette dispute-piège
Aux assises, dont les deux firent le siège,
L’un car sang et rang offrent la position
Et l’autre car n’importe que la fonction.
Au tribunal, on n’y va jamais que d’une fesse.
Mais là le dossier est lourd d’où la détresse
Du petit à qui juge dit : « Postérieur
Le mieux assis ne tient pas sur tes trois pattes !
- Nul trépied n’est branlant en intérieur,
Et tout fauteuil fait tapisserie et n’épate
Personne en extérieur, tout aussi bancal
Que si un pied fault à un lit médical !
Tout respect est démesuré et donc demeure
Sans fondement, ma foi, entre lui et moi ! »
On en appelle au trône et, avant qu’il ne meure,
Au divin divan fort souffrant qui, dans le mois,
Avec la caution d’un canapé de psy', clame :
« Céans, il n’est point bon, messieurs et mesdames,
D’avoir cul entre deux chaises et l’on sait
Que comme toute académie qui se respecte assez,
Celle de la Pythie était posée, à Delphes,
Sur un vieux trépied des plus simples, et non
Dans une marquise comme fessier d’elfe,
Et jamais, non, ne s’en plaignit. Crénom de nom !
Donc, ici-bas, foin de querelles si peu sages,
Sofa vaut bien selle et j’affirme et je crois :
De ceux dont tu as besoin, selon l’heure ou l’usage,
À l’un et l’autre même respect et même droits ! »
Ne portera le deuil quoique son glas, jà, sonne,
(Du moins c’est ce que gazouillent ceux des oiseaux
Qui se cachent pour mourir ayant fui rets et museaux !)
À quelque fauteuil défait, un tabouret cherche
Noise : ce futur défunt exige un respect
Que le velours n’est, pas prêt à accorder, faux derche,
À quiconque, quel que soit son âge ou aspect,
De son rang et de son sang personne n’étant digne.
Alors un rustique rond de bois aux pieds
Même pas chantournés qui ose s’accoler
Au velours de ses accoudoirs, quel geste indigne !
Mais la querelle a mis le pauvre tabouret
Sur la sellette car, là, nul ne lui sait gré
De son insolence : pour l’antique causeuse
La cause est entendue ; pour l’authentique pouf’
Qu’est Dame chauffeuse, les bouseux et bouseuses
Ne méritent d’égards donc pourquoi ce barouf ?
Même simple bergère et Voltaire critique
Se rangent du côté du Prie-Dieu, caustique,
Pour qui toute charité, bien ordonnée,
Commence par soi-même car la chaire est faible !
Seul strapontin et escabelle ont pardonné
L’affront car ils en essuient plus qu’aux prés la hièble.
La boudeuse, râlant, a fait banquette ailleurs ;
Transat et pliant ont fui plaignants comme crieurs.
Sur le banc des accusés, le tabouret argue
Qu’il faut de tout pour faire le monde et qu’il est
Une place pour tous et qu’hélas nul ne nargue
Plus le petit que le grand aimant jubiler :
Après tout, tabouret et fauteuil ne servent
Qu’à recevoir les mêmes croupes, un les serves
L’autre les nobles, certes, mais un panier
Reste un panier même aux yeux des niais !
On ne mélange pas torchons et serviettes,
Que diable ! Chacun à sa place, chez soi
Si possible, et le monde sans ces mauviettes
Irait mieux : non, ne mêlons plus crasse et soie !
Les chaises jugent cette dispute-piège
Aux assises, dont les deux firent le siège,
L’un car sang et rang offrent la position
Et l’autre car n’importe que la fonction.
Au tribunal, on n’y va jamais que d’une fesse.
Mais là le dossier est lourd d’où la détresse
Du petit à qui juge dit : « Postérieur
Le mieux assis ne tient pas sur tes trois pattes !
- Nul trépied n’est branlant en intérieur,
Et tout fauteuil fait tapisserie et n’épate
Personne en extérieur, tout aussi bancal
Que si un pied fault à un lit médical !
Tout respect est démesuré et donc demeure
Sans fondement, ma foi, entre lui et moi ! »
On en appelle au trône et, avant qu’il ne meure,
Au divin divan fort souffrant qui, dans le mois,
Avec la caution d’un canapé de psy', clame :
« Céans, il n’est point bon, messieurs et mesdames,
D’avoir cul entre deux chaises et l’on sait
Que comme toute académie qui se respecte assez,
Celle de la Pythie était posée, à Delphes,
Sur un vieux trépied des plus simples, et non
Dans une marquise comme fessier d’elfe,
Et jamais, non, ne s’en plaignit. Crénom de nom !
Donc, ici-bas, foin de querelles si peu sages,
Sofa vaut bien selle et j’affirme et je crois :
De ceux dont tu as besoin, selon l’heure ou l’usage,
À l’un et l’autre même respect et même droits ! »
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