La résille du gel couvrait la lande.
En pointes de cristal léger,
Aux genêts nus, pétrifiés, des guirlandes
Pleuraient, tout en larmes figées,
Retombant en dais affligés.
Là, le givre, en frêle et fine dentelle,
En saupoudrage sur la croix,
Se noyait dans quelques tombes sans stèles,
Ces flaques où se mirait, roi,
Le silence gris d’un ciel froid.
Sous le ciel engourdi, linceul de brumes
D’un air morne, lourd et froidi
Sur le sol durci, en manteau d’écume,
Rien ne réveillait l’écho endormi,
Par les frimas endolori.
Au miroir d’acier poli des ornières,
Au marbre des terres froissées,
Au granit de l’église des Bruyères,
Aux rideaux des perles glacées,
Le vent murmurait, comme étouffé.
Prises aux rets d’une mort papillonne,
Aux lacs de nuages cireux,
Les nues se déplumaient, là, monotones,
De leur duvet blanc et soyeux,
En lents ballets cérémonieux.
La lande, hélas emprisonnée de neige,
Drapée de sons tout assourdis
Aux pierres assoupies, dormait, grège.
Tout s’est assoupi, aujourd’hui,
Et le temps nous devient un puits.
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