Petite fable affable
L’âne d’un colporteur, plus têtu qu’une mule,
Se fait tancer et disputer
Par son maître, excédé, comme dit la formule.
Moins active qu’un député,
Voleuse et sournoise, plus que le vendeur même,
Cette graine était « de pendu »,
N’obéissant aux ordres jamais qu’au cinquième.
Chaque jour, il chapitrait
Ce mauvais compagnon, gras comme un chanoine,
Là menaçait de le cloîtrer,
Le sermonnait ici, lui flagellait la couenne,…
Mais, las, jamais rien n’y faisait :
Sans fin, il l’interpelle et toujours le querelle,
Sans guère d’amélioration ;
Il le menace s’il traînasse sous la grêle,
L’autre ignore la sommation ;
Il le réprimande tout bas pour qu’il s’amende
L’âne, fin, feint le repentir ;
Il le houspille s’il roupille, le gourmande
Quand ce gourmand, à s’abrutir,
Pille les haies, les champs qu’ils longent sur leur route,
Oui, il l’ignore à chaque fois !
S’il a dressé cet âne c’est contre lui, sans doute,
Tant l’autre est de mauvaise foi
Et pis, de plus mauvais vouloir, à chaque étape.
Qu’il proteste, l’air agressif,
Ou insinue, l’œil vers les nues : quand il l’attrape
L’autre se fait sourd et passif.
Cette anecdote-ci, qui n’a rien d’historique,
Nous montre qu’à vouloir vraiment
Laver la tête drue d’une sale bourrique,
On perd sa lessive,… et comment !
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