Petite fable affable
Ayant brouté, trotté et crotté le pays
Un bon mouton gras à lard songe
Haut : « Quel coin pourri ! » Mais une brebis trahit,
Malgré quelques pieux mensonges,
Une malheureuse phrase qui l’aurait fait
Bouter hors de cette terre de bienfaits.
Sentant sa dernière herbe venir, astrologue
Il se prétendit. Tout de go.
Étoiles et constellation en catalogue,
Il disait, contre viragos
Et mesquins, connaître ronde des planètes
Et plus, interpréter la course des comètes.
Tout roi lit son horoscope au petit matin,
Consulte devins et oracles,
Ouailles sont-elles plus malines, mâtin ?!
Il faut sans crier au miracle
Savoir anticiper tous les petits bonheurs,
Prévenir les grands malheurs,… selon l’embobineur.
Suintant de fièvre et suant d’effroi, ses frères
Et ses sœurs pour tout le consultent :
Pour connaître, avant les autres, le meilleur horaire
Pour bien paître ou voyager à Cythère, occultes
Égoïsmes, mais aussi pour administrer
Sous les hêtres un clystère ou se calamistrer.
Voulant profiter plus encor’ de sa nouvelle
Aura, il aimait apeurer
Cette plèbe ovine qui a moins de cervelle
Qu’agneau et souvent l’écœurait,
En prophétisant non le meilleur mais le pire
À venir, raffermissant ainsi son empire.
Hélas, on se lassa : si la Raison dort,
Elle n’aime point les Cassandre
Aux augures n’offrant pas poussière d’or
Tant désespèrent suie et cendres.
Le vent de la peur n’amenant pas nuées promises
On le chassa de cette nation soumise…
Qui veut son pouvoir faire longtemps perdurer
Donne aux sujets moins à craindre qu’à espérer…
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