Cycle pyrénéen
Petite fable affable
D’après La calèche et la charrette
de Joseph Bartélémy de Feraudy
Une coche fort brillamment armoriée,
Calèche d’un étoffé particulier
Qui se pensait valoir Prince du Sang sans doute,
Allait bon, tout autant que grand, train sur la route
Malgré l’étroitesse d’icelle et ses cahots,
Ses chevaux de race levant le pied haut.
Une charrette, menée par un bouvier,
À la marche pesante sur un gravier
Crissant, sur le chemin l’attelage rencontre.
Son cocher ordonne qu’on fasse place, contre
Le manant, tempête et se met à enrager
Face à ces pestes qui tardent tant à se ranger.
Effrayées par ce tapage et ces cris les bêtes
En joug donnent à hue, à dia, l’assiette
Mal assurée, chutent au ravin longeant
Cette voie de muletiers, plongeant
Dans les eaux remueuses du torrent qui hurle
Au bas fond, sans remords de la part du banturle.
Ainsi disparurent, tout happé par le vide
Bœufs, charrois et vacher à cause de l’impavide
Postillon d’un carrosse pressé qui ne transportait
Qu’un quidam et sa vanité à laquelle attentait
Ce char qui menait aux villages que l’hiver isole
De quoi survivre quand neige et gels tout désolent.
Et il en est ainsi sur la voie de nos vies,
Où le faquin friqué, aimant foules futiles,
Prend le pas, ma foi, qu’on en ait ou non l’envie,
Sur le besogneux ne cherchant qu’à se rendre utile.
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