Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

mardi 21 janvier 2014

LE COUCOU COCU

Petite fable affable


Cette histoire est née en des temps vétustes
Pour dire les mœurs d’oiseaux malappris.
On y voit que par arbres et arbustes,
La Justice est bien étroite d’esprit,
Prenant parfois des décisions injustes
Dont pères et petits paient le lourd prix .
Dieu merci, les Hommes sont bien plus justes !

Un coucou, marié de frais, est cocu ;
Chose, chez  bien des animaux, commune.
Mais sa coucoute, qui ne vaut pas un écu,
Qui couche, et découche, dessous la lune
À tout propos, pour un oui ou un non,
Et même pour des mots beaucoup moins longs,
Oublie mâle et œuf, sans vergogne aucune,
Dans leur nid que le coucou fit cocon.

Époux et père, il veille, couve, adule
Leur œuf. Mais ce coucou, n’est pas concon :
Remonté comme une vieille pendule
D’être empapaouté, et sans façon,
Il en appelle au tribunal des cimes,
Celui des oiseaux, qui a son estime.
Il veut renier des liens qui, féconds
Et légaux, ne lui sont plus légitimes.

Le juge des ailés, un freux affreux,
Entend chaque partie dans cette affaire :
Elle, pleure, implore son amoureux,…
Alors qu’elle revenait de se faire, 
Fortement, secouer le coucoutier,
Ce, la nuit durant, dans les églantiers.
Lui ne refuse que de se défaire
De leur oeuf qu’il soigne comme un rentier.

Mais le corbeau zélé a des principes :
Toute oiselle est née mère. Un point, c’est tout !
Mari marri et père pris en grippe,
Débouté, dégoûté, pour Tombouctou,
Notre coucou, sous les lazzis, s’envole.
Sa femelle n’en est pas moins frivole :
L’œuf qui lui fut, en procès, un atout,
L’embarrasse pour ses brêves convoles.

Le vieux corbac qui, sans joie ni passion,
Lui en avait donné, hier, la garde,
Au nom de la bonne Administration,
Par l’a priori de valeurs ringardes,
Ne voulut rien voir quand Dame Coucou
Abandonna sa couvée, tout d’un coup,
Chez des inconnus que notre paillarde
Avait floué de leur oeuf pour le coût !

Les tribunaux sont buissons épineux
Où, souvent, la brebis cherche refuge
Contre le loup, la bête à poil haineux,
Et d’où elle ne sort point, qu’on en juge,
Sans y avoir abandonné peu ou prou
De sa toison comme sortant d’un trou :
La loi protège moins qu’elle ne gruge !

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