Petite fable affable
Mon voisin avait un coq très beau.
Et le savait. Le coq. Pas mon voisin.
Il paradait, crête et verbe haut,
Gonflé d’orgueil, ignorant cousins
Fils, épouse et maîtresses autour.
Notre conquérant de basse-cour
Était plus puant que le fumier
Sur lequel il se perchait, cimier
Au vent et glotte prête au discours.
À l’aube, il devait cocoriquer ;
L’arrogant, crâne, était et méprisant,
Et présomptueux. Sans critiquer.
Tenant la dragée haute au faisan
Doré par ses couleurs, par son port
Au paon bouffi de fierté, l’apport
Du jour nouveau lui montrait la voie :
Il cessait de se casser la voix
Quand tous l’en priaient, sous son support.
Un matin, plus digne qu’un dindon,
Il se pavanait en dédaigneux
Et noble maître des lieux, bedon
Et torse altiers quand, sautant d’un bond
Sur la margelle du puits, il vit,
Là, sous lui, dans le trou, un Ravi,
Un rival qui le toise, arrogant.
Le vaniteux ne met pas de gants
Et lui chante des mots bien servis.
L’autre prétentieux, sans le laisser
Finir, cocoricote, en écho,
Pareille insulte sans se lasser.
L’affront du hautain, en mots fécaux,
Fait bouillir notre coq qui bondit
Dans le trou pour punir ce bandit,
Cet altier qui n’était pas plus, oui,
Que son reflet dans l’eau de ce puits
Où il se noya à ce qu'on dit.
La suffisance est une bêtise
Qui conduit, pas besoin d’expertise,
Au pire… Alors gardons-nous en,
Que l’on ait, ou pas, la plume au vent !
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