Petit fable affable
Dans quelque cité de Grèce d'Orient
Vivait un vieillard qu'on disait fort brillant,
Homme entre les hommes, tout d'intuitions
Mais resté dans son humble condition.
Cet Ancien-là était antiquité
Menaçant ruine mais sa sagacité,
Car il n’était pas un mauvais cheval
Était recherchée, amont comme aval.
Ce sage possédait pour tout savoir
Une vie passée à entendre et voir.
« Mais cette rossinante est un tocard !
Étalons se fient-ils à un briscard
Qui ne fut las qu’un vil cheval de trait
Pour qui le trivium était sans attrait ;
C'est même pas un cheval de retour :
Un vieux bourrin ! » C’est ainsi, sans détour,
Qu’un rhéteur novice, pauvre en vécu
Mais prou riche en conseils, avait vaincu
L’aura du Vieux auprès des plébéiens
À qui le doyen ne voulait que du bien.
Ce jeune tribun était à cheval
Sur ses bons principes et si son rival,
Certes, avait du bon sens, lui il savait
Les grands auteurs et, chez eux, se servait
Les citant d’abondance ; l’orateur
Était chez ses pairs un maitre étalon.
Ses connaissances en disaient bien plus long
Que ses discours soufflaient ses zélateurs.
Or, un jour une haquenée de bon lieu
Eut une fièvre de cheval, Grands Dieux.
L’Ancêtre, consulté, préconisa
Un remède idoine mais sans le visa
Du savant que faire ?… Notre cerveau,
Intervint, monta sur ses grands chevaux.
Paraphrasant Caton et Cicéron,
Invoquant Ovide et même Néron,
Il prouva - son dada ! - par « a » plus « b »
Que le mieux à faire, sans regimber,
Était… de ne rien faire. Et la jument
Trouva la mort râlant et écumant…
Fuyons, au loin et en choeur, cette engeance
Qui confond « culture » et « intelligence » !
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