Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 11 mai 2012

LE LOUP DEVENU CHIEN

Petite fable affable


Sire loup qui n’a, pour tout oripeau,
Que sa liberté et se garde
D’approcher à nouveau, chien, berger ou troupeau
Ne s’en porte pas mieux. Pas plus gras qu’une écharde,
Il veut donc changer de métier.
Espérant faire assez pitié
Il s’en revient, vaille que vaille,
Auprès de cette valetaille
De chien qui parlait brillamment.
Maigre, traînant la patte, il ment
Au cerbère dont un seul coup de dents
Aurait suffi pour qu’il expire.
« L’air du temps, il n’y a pas pire,
Si ce n’est eau claire, amour et vents pour mon bien !
Par ces froids, je me ferais chien,
Nourri et couchant à l’étable,
Plutôt que de tirer le diable
Par la queue. Bref, je voudrais me joindre enfin
À toi. Oui, je me range : c’est fini de chiper.
Si tu veux de moi : peu épais
Mais expérimenté, des miens faisons festin ! »
Le chien convainquit son berger de faire
Confiance à la bête : le faible ou l’indigent
Sait être reconnaissant !
Le loup, dès l’adoption, fit tout et bien pour plaire
Et touchait son maigre salaire
Sans rechigner un brin, en brave et bon garçon. 
Il reprit, dès les bourgeons,
Du poil, des crocs et de la graisse
Alors que le berger, conquis, félicitait
Ce bel animal qui se dresse
Contre voleurs, pilleurs de tout poil sans qu’on ait
Jamais à le héler, les déroute, s’impose
À eux,… Il finissait, ma foi, par s’attacher
À lui qui n’est pas lassé de sa laisse, chose
Rare chez les bêtes qui, marchant sur nos pas,
Font notre fortune. Or, un matin, à sa porte,
Le loup fit : « J’ai eu, en repos et repas,
Mon répit. Il faut que j’en sorte !
La faim justifie tout mais ma nature dort
Depuis bien trop longtemps ! »… Et il tua tout alors !

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