Petite fable affable
Il était un astucieux débrouillard,
Du genre à vous découper le brouillard,
Dont la morne et morte saison est friande,
Avec le plus grand des couteaux à viande,
Ou, mieux, à pisser dans un violon
Pour en améliorer un peu le son,
Bref un de ces génies de sous-préfecture
Que met au monde, parfois, Dame Nature.
Lui vaquait au vert, le ciel bleu pour toiture,
Allait à poils, puisque c’était sa vêture.
Ce lapin car, ma foi, rongeur il était,
Avait été surpris, au clair de l’été,
À empapaouter sa proche voisine
De garenne, au surplus lointaine cousine.
Depuis le cocu voulait se revancher
Sans pour autant une guerre déclencher.
Il entreprit donc, dans une clairière,
L’épouse de « l’autre », une douairière
Ayant aux fesses non feu mais poudrière ;
Le cornu la prit donc à la guerrière !
Par dépit des cornes il en fit son fief,
Rongé de rage, ruminant ses griefs,
Notre mari marri dont la jeune et belle
Femme fut infidèle comme corbelle.
Il lavait son honneur sur un lit de thym,
La Loi du Talion faisant ses festins.
Mais jouissance sans joie que l’Agrippine,
Maîtresse pire qu’épine d’aubépine :
Elle opine au cul comme une galopine
Pourvu que le cœur, aussi, elle rapine !
Or il naquit de l’aventure un brailleur
Par trop semblable au cornu cocufieur.
Mais chez les lapins c’est la loi : qui engendre
Doit marier qui il a su si bien prendre !
Notre vengeur épousa le vieux croûton ;
Et son rival, en dommage, eut son toton !
Son vainqueur lui dit en riant sans censure :
« Qui veut, par flétrissure ou bien par morsure,
Foutre autrui dans la merde, je vous l’assure,
Ne doit pas se plaindre des éclaboussures ! »
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