Petite fable affable
Entouré de tous ses sbires
Mafflus, joufflus et fessus,
Dans leurs tissus qui transpirent,
Le vieux juge aussi pansu
Que l’exigent, sans médire,
À Nankin, ses fonctions,
Revenus et pension,
Reçoit au yamen le pire
Des malfrats qu’on aperçut
Jamais au Céleste Empire.
Cet être ossu et bossu
S’entendit haut et fort dire :
« Tes mauvaises actions
Te valent punition ! »
Mais le fripon, lui, soupire :
« Las, je suis de ceux qui suent
Pour nourrir tous les vampires
Et les plus cossues sangsues… »
On stoppa net son délire.
« Tu dois, vil et vain scion,
N’être qu’abnégation !
Il n’est par nos champs et villes,
En notre époque tranquille,
Que paisibles citoyens
Tremblants, jeunes ou doyens,
Devant la Loi, seul moyen
Pour offrir la paix civile
À tous ainsi qu’à chacun.
L’État est tout, il est un ! »
Fit le juge non sans bile
À cet insolent faquin.
« De ce procès, sans médire,
Je ne doute de l’issue :
Ce sera, bien sûr, la pire.
Car je suis, à mon insu,
Du mauvais côté, sans rire,
De lois qui me font gugus
Et font de toi un Négus.
Mais à tout prendre, le pire
C’est que nous avons perçu,
Tous deux, Cher Pair de l’Empire,
Que vivre bien au-dessus
Vaut le plus beau cachemire !
Si misère est un malus
Qui éloigne des bibus,
Nous faisons, pour ainsi dire,
La même chose. Déçu ?
On est donc chacun, Messire,
D’un côté de lois conçues
Pour que celui qui tapire
Les textes, profite plus,
Aie le plus beau tumulus ! »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire