Petite fable affable
Un troupeau de femelles d’humains,
Et le vain cheptel de leur marmaille,
Comme s’il risquait la mort demain,
Dans une indescriptible pagaille,
Se presse, comme brebis, à l’hyper’ :
Ces ouailles ont la fièvre acheteuse.
On s’y trouve, pleure ou crie, s’y perd,
S’y bouscule, y joue la sprinteuse,
- Et non sans mal avec les petits -
Jusqu’aux caisses où leurs abattis
Leur sont comptés à prix confettis
À ce que croient ces assujetties.
Une agnelle, qui avait bêlé
Haut pour obtenir la gourmandise
Qu’on lui refusait dans la mêlée,
Voit donc l’objet de sa convoitise
Passer dans la patte de la chèvre
De caisse et la réclame subito.
La caprine, le sourire aux lèvres,
La lui rend donc presque aussitôt.
Ni mot, ni miette. Maman colle
À l’agnelle un soufflet et la chole :
« “Merci” fait partie du protocole :
Qu’est-ce que l’on t’apprend à l’école ? »
Et la chèvre, à qui même un “bonjour”
N’a pas été dit par cette mère,
Aurait pu, comme on le fait toujours
Lui rapeller, l’âme un peu amère,
La parabole de l’arbre et du fruit.
Mais elle s’est tue,… et l’autre avait fuit.
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