Lassé de jouer La Fontaine
Et de courir la prétentaine,
Fatigué des pluies du printemps
J’ai mis mes vers au vert. Un temps.
Mais ton cri, dans ma quarantaine
Sous des nues par trop incertaines,
Fit l’hiver au seuil de l’été,
Me doucha des eaux du Léthé
Mais j’ai peur de faire pitaine
Pour l’Ukrainien, l’Homme de rien
Qui est si loin, que je sens mien,
Oui, j’ai bien peur de faire antienne
Face à l’Ogre de Moscovie
Auquel ton pays fait envie.
Déjà, il y a capitaines
Et soldats par centaines !
Plain-chant par les champs et la plaine
Pleins feux sur ambitions et haine,
Toi, l’Ukrainien, Homme de bien,
Toi qui m’es loin, toi qui es mien,
Sur qui les coups pleuvent, s’enchaînent
À toute heure sur toute chaîne,
Tu vas du sombre et vain cahot
Initial au noir chaos,
Vil et final, qui tue les peines.
Pour l’être de glaise, restant
De marbre en ces nouveaux temps
De fer et de feu, honte hautaine,
C’est peur, indifférence, oubli,
Attente ou quête du profit.
L’espoir est moins gant que mitaine
Et la Mort, elle, est bien certaine !
Les ifs au vent vif s’aliènent,
Il fait crue d’une coupe pleine
Alors que le temps, à cet instant,
Fait sa roue, las, presqu’insistant,
Avec nos boues, croquemitaine.
Il va tout dévorer : le soir
Et l’aurore encore au nichoir.
Rêves-tu calice et patène,
Toi l’Ukrainien, parti pour rien,
Toujours plus loin, toujours plus mien ?!
Et moi, l’âme samaritaine,
Je viens fleurir ta tombe, Ami.
Je le fais, vois-tu, à demi…
Qu’espèrer de mieux sous huitaine ?
Rien de l’apathie puritaine !
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