Petite fable affable
Il n’est rien de plus bête et impitoyable
Que le monde des bestioles, incroyables
Prédateurs et, pire, perfides félons,
Quelle que soit leur taille ou leur échelon…
Dans une vieille chambre où tenaient concile
Une mouche, un cafard et une araignée.
On ne peut être plus mal accompagné !
La tétaranhe avait une faim canine ;
Tout en matoiserie, les autres espionnaient
Et dénonçaient qui hantait la mezzanine
À la tisseuse qui en collationnait.
Que ne ferait-on pas pour avoir la vie sauve ?!
La chenille enflait - Ah, tentante guimauve ! -
S’en vantait ; un bavard conte ce qu’il faut
Dire et ce qu’il vaut mieux taire. Quel gros défaut !
Avant qu’elle s’encoconne comme évêque,
La velue au gosier altéré la becque…
« Ah, si jeunesse savait… », même à demi,
Elle se méfierait de certains amis.
*
* *
Qui nous montre qu’il n’est pas plus agréable,
Quand on n’est plus nourrisson au mamelon,
De passer à la casserole ou au poêlon…
Pour un papillon la vie est difficile,
Quand ses jours touchent au couchant codicille.
Voulant sauver ses quelques maigres deniers
Pour des enfants qu’il savait tous chicaniers,
L’un d’eux les confie à la pie qui rapine
Jour et nuit après avoir bien bedonné
Dans la Banque. C’est moins usant qu’à la mine !
Comptant son temps, se sachant prêt à canner,
L’insecte abandonne aussi au corbeau chauve
Son âme qui était moins noire que mauve.
Les deux oiseaux furent pire que gerfauts :
Bien mieux que la Camarde abattant sa faux,
Ils se partagèrent, à titre d’hypothèque,
Son corps encore vif comme une pastèque…
« Ah, si vieillesse pouvait… », même à demi,
À personne, elle ne se confierait mie.
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