Petite fable affable
Au détour d’une forêt profonde
Des îles lointaines de la Sonde,
L’éléphant, roi chez les animaux,
Croise, aux alentours d’un gros hameau,
Un buffle, bête de trait et somme,
Mais traité comme un roi chez les Hommes.
En raison de leur haute dignité
Respective - Quelle absurdité ! -
Chacun veut avoir le pas sur l’autre.
Ça discute, entre nos apôtres
De la préséance et du bon droit ;
Le Buffle se croit le plus adroit
Étant un familier de l’endroit.
Mais le face-à-face s’éternise.
Chacun sur ses positions s’enlise
Car s’affronter serait une erreur,
S’ignorer ne laisserait qu’aigreur.
Ces deux-là guettent la chape-chute…
Mais aucun ne cède. L’œil s’affûte,
Surtout chez l’éléphant, bête brute.
Pendant que nos animaux butés,
Sur des détails de civilité,
Palabraient tant et tant sans paresse,
Un dragon survient que le Temps presse.
Trop occupés à leur vain débat,
Ils n’ont rien vu, prêts pour le combat ;
Après les mots peut venir la lutte ;
Car il faut bien clore la dispute !
Il enflamme ces trop fiers gamins
Car ils obstruent, tous deux, son chemin.
Chipoter sur des détails empêche
De pressentir d’où viendra la flèche
Qui, un jour, mouchera votre mèche.
Dessin : David Sanjaume, 13 janvier 2011
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