Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

samedi 5 novembre 2011

CHRONIQUE D'UN QUARTIER

Cycle toulousain

Le quartier où vous étiez,
Où vous viviez, existiez,
Avait bottiers, savetiers,
Boutiquiers, cabaretiers,
Un facteur de coquetiers,
Un commerce de gantier
Et un de passementier
À côté d’un gargotier
Sans portier et sans liftier,…
Ce quartier, aux rues-sentiers,
Ne vivait pas à moitié
Avec tous ses petits métiers.
Le quartier où vous étiez,
Où vous viviez, existiez,
Au bon temps des canotiers
Des jupes et des bustiers,
Sillonné de muletiers,
N’était pas ce grand chantier
Qui n’accueille que rentiers
Ou banquiers banqueroutiers,
Bijoutiers griffés Cartier
Et argentiers cachottiers
Ne rêvant qu’aux cocotiers
D’îles aux climats entiers.

Le quartier où vous étiez,
Où vous viviez, existiez,
Quand jadis vous le chantiez
Ma foi, comptait un luthier,
Un menuisier-miroitier,
Un sculpteur de bénitier
Jurant comme un charretier,
Non loin du vieux grainetier
Et des gâcheurs de mortier
Qui, dès l’heure du laitier,
Causaient avec le potier,
Le corsetier-culottier.

Le quartier où vous étiez,
Où vous viviez, existiez,
Est, aujourd’hui, sans postier
Et sans lustreur de boîtiers.
Il n’a plus de cafetier,
Ni d’artisan-bonnetier,…
Il abrite courtiers,
Échotier et gazetiers,
Tous des fils, des héritiers,
Autant de gâte-métiers,
De flibustiers sans pitié,
Volontiers boursicotiers.

Le quartier où vous étiez,
Où vous viviez, existiez,
Avant l’âge du dentier,
N’était pas aussi altier
Et moins encor’ chipotier ;
Sentant suif, arbre fruitier
Et sueur du p’tit puisatier,
Y criaient un pelletier
Et son putain de ratier,
Le primeur, un bouquetier,
Y chantaient le ferblantier,
Et l’enclume du cloutier.

Le quartier où vous étiez,
Où vous viviez, existiez,
Compte encore un panetier
Qui cuit - c’est ça, son métier ! -
Un grossiste papetier,
Deux paires de lunetiers, 
Plus un vrai chocolatier,
L’épicier fin-charcutier,
L’automate-guichetier,…
Oui, ce quartier tout entier
Vit, désormais, à moitié
Sans tous ces petits métiers. 

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