Petite fable affable
Le pauvre Martin a une vache
Dont il trait au matin du bon lait
Quoiqu’il n’en boive pas de bolée :
Il doit le cens à qui le cravache
- Un bidon vaut mieux qu’un porcelet ! -
La dîme au prêtre, en rien un gringalet,
Et la taille au Roi qui, sans relâche,
Lâche ses soldats hors de son palais
- Ils pillent jusqu’au moindre agnelet ! -
Car le monarque, sage, ne lâche
Ses écus qu’après un long délai :
Le pays en fait les frais - C’est laid ! -
Et pis, Martin, qui a une vache.
Le pauvre Martin a une vache
Qu’il nourrit de juillet à juillet,
Et un vieux poulet, tout maigrelet,
Incontinent verbal qui se lâche :
« À quoi te sert d’avoir vache à lait
Si d’autres boivent ses ruisselets ?
- C’est grand malheur et me le rabâche
Mais je suis bon comme un frère lai
Et me reste l’espoir du lait.
Or il y a ici, que je sache,
Gens auxquels Dieu fit plus triste legs :
Tu as des ailes et ne peux voler,…
Quand le Martin, lui, a une vache ! »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire