Mosaïque de poésies prosaïques & de proses poétiques

parfois sous forme d'aphorismes, de chansons et surtout de fables…

vendredi 15 juillet 2011

LA PIÉTONNE &… SON DOUBLE

Cycle toulousain

                      Rue piétonne assommante et bourdonnante.
    Urbaine cohue, tourmente tonnante.
    Effet de foule sur pavés mouillés.
« Satisfait ou remboursé ». Ridicule !
« Affaire à faire ». On se presse et bouscule.
« Import », « Inédit » sur panneaux rouillés.
« Nouveautés exclusives » en feutrine ;
« Tout doit disparaître » en tube au néon.
« Réductions en caisse » en grosses lettrines.
« Occasions à saisir ». Trucs pour pigeons !
« Magie des soldes ». Affiche avenante :
« Échange gratuit »… À quel prix ? Vingt ? Trente !
    C’est la fièvre acheteuse. Faut fouiller.
    On discute un prix déjà minuscule.
« Trois pour le prix de deux ». Là tout bascule,
    Et, dans un sourire, on s’fait dépouiller.
    C’est samedi : quittons l’humeur chagrine !
    On grimace, on finasse et puis plongeon.
    Urbaine nasse où s’amassent vitrines
    Repues et gogos, non loin du donjon.
    Et puis, à l’agitation attenante,
  Trouveras-tu des beautés détonantes ?
    Regarde les meneaux débarbouillés
    Un mur qu’un colombage graticule,
    Et fuis loin d’un siècle qui gesticule.
    Suis plaques gravées, lettres embrouillées,
    Tours perdues que le soleil enfarine,…
    Reviens au temps du Chevalier d’Éon.
    Observe bien, sens à pleines narines,
    Mûrir en toi un Hier sauvageon
    Et vois, derrière les murs, d’étonnantes
    Cours pavées sourdes aux rues dissonantes,
    Où l’on entend quelque oiseau gazouiller ;
    Treillis de lierre et de roses brouillés,
    Escaliers noirs qui se désarticulent,
    Coursives de bois fané qui circulent,…
    On plonge alors dans l’ère mazarine,
    Entre pierre blanche qui, aux bourgeons    
    Unis, fleurit, sans tag ni badigeon,
    Répit et puits clos que le ciel burine…

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