Cycle toulousain
Rue piétonne assommante et bourdonnante.
Urbaine cohue, tourmente tonnante.
Effet de foule sur pavés mouillés.
« Satisfait ou remboursé ». Ridicule !
« Affaire à faire ». On se presse et bouscule.
« Import », « Inédit » sur panneaux rouillés.
« Nouveautés exclusives » en feutrine ;
« Tout doit disparaître » en tube au néon.
« Réductions en caisse » en grosses lettrines.
« Occasions à saisir ». Trucs pour pigeons !
« Magie des soldes ». Affiche avenante :
« Échange gratuit »… À quel prix ? Vingt ? Trente !
C’est la fièvre acheteuse. Faut fouiller.
On discute un prix déjà minuscule.
« Trois pour le prix de deux ». Là tout bascule,
Et, dans un sourire, on s’fait dépouiller.
C’est samedi : quittons l’humeur chagrine !
On grimace, on finasse et puis plongeon.
Urbaine nasse où s’amassent vitrines
Repues et gogos, non loin du donjon.
Et puis, à l’agitation attenante,
Trouveras-tu des beautés détonantes ?
Regarde les meneaux débarbouillés
Un mur qu’un colombage graticule,
Et fuis loin d’un siècle qui gesticule.
Suis plaques gravées, lettres embrouillées,
Tours perdues que le soleil enfarine,…
Reviens au temps du Chevalier d’Éon.
Observe bien, sens à pleines narines,
Mûrir en toi un Hier sauvageon
Et vois, derrière les murs, d’étonnantes
Cours pavées sourdes aux rues dissonantes,
Où l’on entend quelque oiseau gazouiller ;
Treillis de lierre et de roses brouillés,
Escaliers noirs qui se désarticulent,
Coursives de bois fané qui circulent,…
On plonge alors dans l’ère mazarine,
Entre pierre blanche qui, aux bourgeons
Unis, fleurit, sans tag ni badigeon,
Répit et puits clos que le ciel burine…
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