Petite fable affable
Un vieux lion, jadis, vivait en son royaume
Comme le renard en poulailler.
Ses sujets houspillaient ministres et guillaumes
Qui l’entouraient. Cette Cour raillait
La plèbe ignorante et par trop pusillanime,
Attachée aux acquis, aux acquêts,
Toujours malcontente et pourtant, quoique unanime,
Ne sachant jouer que du caquet.
Qui donc flagorne plus qu’un laquais ?
Tout le pays bruissait, des montagnes aux roches.
Seule l’autruche ne disait rien.
Quand l’averse touchait un quidam, un sien proche,
Pareillement, cet oiseau terrien
Plantait sa tête vide au plus profond du sable.
Ainsi, elle ne voyait que chi’,
Ne se sentait touchée par rien, invulnérable,
Tandis que chacun souffre et fléchit,
Surtout si l’animal réfléchit.
Muette, aveugle et sourde à tout ce qui se passe,
Elle croyait qu’on ne l’avait vue,
Que l’oublieraient tourments et tourmente. Cocasse !
Or, le roi, en tournée imprévue
Sur ses terres, ne put qu’admirer cette bête
Des plus curieuses ; une ingénue,
Sans face, tout en cou et en grosses gambettes,
Attendant on ne sait quoi, cul nu,
Offerte aux cieux et aux inconnus.
Bien qu’elle fût à l’âge où, Mon Dieu, tout s’affaisse
Que croyez-vous qu’il lui advint ?
Sans voir ses joues flasques, ses seins las, ni ses fesses
Bien en berne, comme il lui convint
Notre lion abusa, sans aucune vergogne,
D’une tentante situation…
Et sa suite, ensuite, pareillement se cogne
L’oiseau resté sur sa position…
Il n’y eut nulle protestation !
Ami, quand le temps tourne au grain ou à l’orage
Ne fais pas l’autruche, quel que soit ton pouvoir,
Car ton sort sera pis, par manque de courage,
Que celui de tous ceux que tu ne veux pas voir !
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