Petite fable affable
Un toucan toqué d’autorité
Voulut régenter la vie de l’arbre
Où ce beau et bon bec s’abritait.
Un vieux pic, pour lui, grava sur marbre
« Tout fait étouffé sera puni !
Puisque cet endroit nous réunit :
Tout incident, tout ce qui se passe,
Doit m’être dit dès qu’il se produit ;
Tous ceux qui viennent, tous ceux qui passent,
Doivent me demander sauf-conduit ! »
Au décret, les oiseaux s’organisent
Car les êtres ailés sont zélés :
Et, dès qu’un moucheron agonise,
Ou qu’une liane est emmêlée,
Le toucan a un rapport précis.
Diligent, on lui fait un récit
Quand un ara, ici, se soulage,
Quand une feuille, là, tombe au sol,
Quand une ombre peut être un pelage,
Qu’un bruit sonne en la plutôt qu’en sol,…
Le toucan toqué d’autorité,
Désormais n’a plus une minute :
On l’informe avec célérité.
Sans fin, il dispute et il discute.
Jour et nuit. Il y perd le dormir,
Le manger, à entendre gémir,
Frémir, blêmir,… Le pic il appelle
Et lui fait inscrire en gros et gras :
« Que, désormais, on ne m’interpelle
Que lorsque l’urgence le voudra ! »
Il faut toujours obéir aux ordres,
Même les plus sots et les plus vains.
Se révolter contre eux, ou bien mordre,
Comme vous l’ont montré ces sylvains,
Fait bien moins que la docilité
Quand elle est pleine d’habileté !
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